Six - Lettre à moi-même

Notes de l’auteur : Être soi-même, c’est se faire exclure par certaines personnes. Être comme les autres, c’est s’exclure soi-même.
Jean Céré

Vous ne me connaissez pas encore, mais j’aimerais que vous sachiez que… C’est ainsi que vous voudriez que je commence, n’est-ce pas ? Pourtant, moi pas. Je n’ai pas envie de faire comme les autres. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça, et peut-être que je ne le saurai jamais. Peut-être que c’est aussi pour cela que j’aime porter des jupes longues, que je déteste la mode en général ou que je hais porter des jeans. C’est peut-être pour ça que je ne veux pas de téléphone portable, en dépit de tous les arguments que j’ai sorti. Est-ce la même raison ? Je l’ignore. Peut-être que je veux être… différente des autres, dans toute mon existence quotidienne.

Depuis toute petite, on m’a dit, ou plutôt à mes chers parents, que j’avais un intellect puissant. C’est peut-être à cause de cela que je me suis toujours sentie différente des autres, parce que je n’arrive pas à les comprendre. On m’a plusieurs fois demandé si je voulais sauter une classe, j’ai toujours refusé. Un jour, on m’a dit : « Tu auras beau sauter une classe, au bout d’un moment, tu t’ennuieras à nouveau, car tu as une incroyable facilité pour apprendre ». Mercredi, j’ai fondu en larmes à la maison, je ne sais pas trop pourquoi. Pourtant, j’ai bien ma petite idée, même si elle n’est pas encore fondée : peut-être est-ce parce que je m’attendais à mieux du collège, de cette année, à retrouver des personnes comme moi, qui me comprennent, qui vivent la même situation. Rien. Rien du tout. Personne. Une page se tourne, en entraînant une autre.

La lecture, pour moi, est comme une deuxième nature : je me souviendrai toujours de ma première lecture d’un livre. C’était un lundi après-midi ensoleillé, pendant que les autres suivaient le cours de catéchisme. J’ai lu un « Smol » : Smol est vert, très vert ». Depuis, je lis, lis et lis encore. Je pense que j’ai déjà dévoré des centaines et des centaines de livres. Et dans plus de la moitié, il y a de la magie à l’intérieur : A la Croisée de Mondes et la Trilogie de la Poussière de Philip Pullman, Percy Jackson et les Héros de l’Olympe, ainsi que les Travaux d’Apollon et Magnus Chase de Rick Riordan, le Pays des Contes, écrits par Chris Colfer, le traditionnel Harry Potter de J.K. Rowling, les Chroniques de Spiderwick de Holly Black et Tony DiTerlizzi, l’Ecole du Bien et du Mal de Soman Chainani, les sagas Twilight et Eternels, respectivement de Stephenie Meyer et Alyson Noël, Les Secrets de l’Immortel Nicolas Flamel de Michael Scott, les Chroniques Lunaires écrits par Marissa Meyer, le Cycle de l’Héritage (ou Eragon) du fabuleux écrivain Christopher Paolini, bien entendu le Seigneur des Anneaux et Bilbo le Hobbit de J.R.R. Tolkien, et, surtout, mon préféré : La Passe-Miroir, écrit par Christelle Dabos. Ils sont tous sortis d’un même univers, la magie, et parfois mêlés d’amour. C’est un phénomène ancestral, qui date de la nuit des temps. Certains écrivains/écrivaines sont comme moi, on le sent dans leurs œuvres et leurs personnages. En particulier, l’auteure de La Passe-Miroir est comme moi. Elle a donné son caractère aux héros, surtout Ophélie et Thorn. Je m’identifie à eux, ils sont comme de véritables modèles.

Quand je lis, je me plonge dans un univers plus ou moins proche du nôtre. Parfois, c’en est presque troublant, tellement ils sont proches et éloignés en même temps. J’oublie tout, je me mets à la place d’un des héros. C’est aussi une façon de se libérer l’esprit, de penser complètement à autre chose. Etre immergé dans la magie, c’est merveilleux. Je l’ai remarqué cette semaine, sans lecture, je panique. Je ne me sens pas bien, j’éprouve un manque. Pour se libérer, pour oublier, j’ai aussi découvert un autre truc, les Fest-Noz. Danser, cela libère l’esprit, on oublie tout.

J’ai trouvé deux autres personnes qui sont comme moi, en tout cas pour l’instant : la copine de mon cousin et un camarade du conservatoire. Le second, La Passe-Miroir me l’a prouvé, car il l’a compris. Vous trouverez sans doute étrange que je juge les gens par leurs lectures, mais voilà. C’est comme ça. Deux personnes uniquement sur toutes celles que je connais, ce n’est pas beaucoup, n’est-ce pas ? Même J.K. Rowling ne comprend pas, ça se sent dans ses livres.

J’espère que celui que j’épouserai sera comme moi. Mais c’est si improbable ! Sentez-vous touchée par ce que je viens de vous écrire, car vous êtes la première et peut-être la dernière à qui je me confie. Faites-moi l’honneur d’une réponse avec votre avis au plus tôt.

Bien à vous          

Sélène         

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Extrait du carnet créatif de Sélène,

Lettre à moi-même, écrit pour Mme Gasser

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