9. Le livreur des reclus

Poursuivi par une horde de fantômes, un cachalot aussi petit qu’un gant s’enfuyait. Pour l’aider, Merle le suivit. Ils accélèrent dans une allée de pierre où des joncs violets se balançaient lourdement. Tout était suspendu dans une lumière bleutée. Au virage, ils bifurquèrent et un immense rocher leur barra la route. À y regarder de plus près, ce n’était pas tout à fait un rocher ordinaire : des milliers de minuscules organismes y broutaient une mousse grise. Merle pensa aux gigantesques fourmilières qui jonchaient la forêt.

— Monsieur est encore couché, fit soudain la voix de Maximilien.

— Monsieur espère qu’on lui apporte le petit-déjeuner au lit, peut-être.

— Monsieur se fourvoie.

Merle perdit de vue la fourmilière et se retrouva nez à nez avec les triplés. Il n’était pas certain d’avoir gagné au change.

— Il reste du café.

— Dans la cuisine.

— Bonne journée.

Ils partirent d’un pas enthousiaste, dévalèrent les escaliers et claquèrent la porte d’entrée. Le soleil tentait de percer les rideaux. Merle évita du regard le lit vide en face du sien et se redressa, encore secoué par son cauchemar.

 

Il descendit l’escalier aux marches fines. Ses parents l’avaient construit peu avant sa naissance, pour remplacer l’échelle qui menait au grenier. Ils avaient ajouté un mur là-haut pour y installer la chambre du nourrisson. Il y faisait chaud l’été et froid l’hiver, mais Merle appréciait ce royaume perché.

Il se servit du café, qu’il trouva encore chaud, en regardant les traces de passage matinal des parents et des triplés : des miettes sur le comptoir, le placard ouvert des tasses, le bol à clés vide hormis un trousseau. Merle gardait les siennes au bout d’une chaînette accrochée à l’intérieur de son sac à dos. Enfant, il oubliait ses affaires partout, alors il avait développé des systèmes.

Il avait une envie dévorante de s’enterrer dans la solitude de la maison pour une journée, d’oublier l’univers entier. Son existence lui rappelait le crissement du râteau qui ramassait les feuilles mortes à chaque fois qu’elles tombaient. Ses parents disaient toujours qu’il était né sans humour ; tout le reste était là : les orteils, les doigts, le nez, mais les plaisanteries s’échouaient sur lui comme les baleines sur un rivage.

Rien qu’un cimetière à baleines.

 

Au magasin, il trouva Serge qui montrait les lieux à un confrère, reconnaissable par ses épaulettes bleues et son air suffisant.

— Merle, ah, Monsieur le confrère attendait devant ton magasin, donc j’ai fini par le faire rentrer, expliqua Serge en agitant son double des clés, et puis je suis resté pour m’assurer que tout allait bien.

— Et ?

— Quoi ?

— Tout va bien ?

— Tout-tout va bien.

— Formidable, conclut Merle en posant son sac derrière le comptoir.

Il embrassa du regard les figurines de renard ; la perspective d’y passer encore une journée lui parut insupportable. Il prit un nouveau morceau de bois et vit, à travers le superflu qui le recouvrait encore, ce qu’il allait devenir : un cachalot — sa première création marine. Diane allait être ravie. Qu’est-ce que c’était, la légende qu’elle avait mentionnée déjà ? Le cachalot et quoi ?

Il sursauta lorsque Serge s’approcha du comptoir : il avait oublié qu’il n’était pas seul.

— Il fait tout le temps ça, balaya Serge aimablement en direction du confrère, qui observait avec une loupe les jouets près de l’entrée. Merle, chuchota-t-il d’un ton urgent, confrère Louis envisage de racheter les murs. Sois aimable.

Merle ne voyait ni en quoi ça le concernait, ni comment se rendre aimable.

— Léon lui enverra mon contrat, répondit-il sans baisser la voix.

Serge gesticula fébrilement pour le faire taire.

— À l’achat, il pourrait décider de résilier ton bail avec une lunaison de préavis. Tu pourrais perdre ton magasin, simplifia-t-il.

Merle resta tout à fait immobile quelques instants, puis il acquiesça. Il ressentait un vif poinçon dans son plexus. Confrère Louis plissait les lèvres face aux jouets. Tel un vautour, il venait arracher les derniers nerfs qui reliaient Merle à la société.

— Explique ton retard, lui intima Serge dans un murmure affolé.

— J’arrive plus tôt d’habitude, dit Merle au confrère, qui tourna les yeux vers lui, mais aujourd’hui je n’avais pas envie de venir.

Il jeta un œil à Serge, qui secoua la tête mais ne rectifia rien. Il fallut encore un long silence avant le départ des deux hommes.

Seul, Merle soupira. Il n’avait obtenu ce bail que parce que les triplés avaient fait leurs classes avec Léon. Ce nouveau venu ne serait pas simple à convaincre.

 

La clochette de la porte retentit à nouveau. C’était une cliente à la lourde chevelure blonde et au manteau plus pesant encore. Elle était déjà passée deux fois au magasin, avait fait un tour, et était repartie.

Serge lui avait dit de se rendre aimable.

— Vous avez des enfants ?

— Je vous demande pardon ?

La question était sans doute trop personnelle. Les gens veulent qu’on s’intéresse à eux, mais pas de trop près.

— Est-ce que vous cherchez un cadeau ?

La femme secoua la tête et jeta un œil à la porte. Trouvait-elle ça honteux de vouloir des jouets alors qu’elle était adulte ?

— La directrice de mon ancienne école en a mis dans sa vitrine, dans le bureau où elle accueille les parents. Elle m’a dit qu’elle avait reçu des compliments.

— Oui, mais elle travaille dans l’éducation.

— Quelqu’un va se moquer de vous dans votre maison ?

— Mon mari, ses sœurs, les miennes, sans parler des domestiques.

Merle acquiesça, compréhensif.

— Et si vous le gardiez dans la poche de votre manteau ? Quand il fera froid, vous pourrez y glisser votre main et sentir les contours du jouet, comme un ami qui vous accompagne.

Le visage de son interlocutrice s’illumina et son soulagement imprégna le magasin. Ils cherchèrent ensemble parmi ses souvenirs d’enfance quel pourrait être le meilleur compagnon secret, celui qu’elle emmènerait ensuite aux réceptions mondaines qui la rendaient si nerveuse. Ils finirent par opter pour un faon, en souvenir de celui qu’elle avait vu lorsqu’elle avait traversé la forêt méridionale pour se rendre en famille à la station balnéaire de Smilte.

 

Tout autant ravi qu’épuisé par cette vente, Merle en eut d’autres moins captivantes : des enfants capricieux qui jouaient à la guerre avec ses figurines et les renversaient d’un revers de main. Ce fut lucratif, cependant, car chaque ami voulait briller devant les autres et négociait avec ses parents pour repartir avec le plus de jouets possibles. Celui qui perdit cette compétition déclara fièrement que son parrain, l’ambassadeur de Fedha, lui en achèterait plein d’autres pour son anniversaire. Tout le monde leva les yeux au ciel, sauf Merle, qui tenta de lui faire un sourire compatissant. L’enfant eut l’air horrifié.

Le magasin cessa de bourdonner de voix en fin d’après-midi. Merle fit les comptes dans le registre qu’il tenait minutieusement.

 

Une caisse en bois dans les mains, il parcourut ensuite le Marché en consultant la liste de provisions qu’il devait apporter en forêt : deux plumes, une fine et une épaisse, un pinceau et de la peinture bleue ; des agrumes de Fedha, une sacoche en toile, une centaine de bougies, sept chandeliers, un carnet grand format au papier beige ; des restes de légumes des bacs, une louche, dix bols, deux seaux. Les demandes extravagantes, comme les chandeliers, lui valurent des regards étranges. Il en avait l’habitude, mais cette fois la femme réprimanda son mari d’un coup de coude :

— L’embête pas, le pauvre, avec sa sœur, là.

N’en ayant parlé à personne, Merle était hébété que la nouvelle eût traversé le marché. Il n’en montra rien et se consola en se disant que peut-être ils parlaient d’autre chose, d’une famille tout à fait différente dont l’aînée se serait cassé un bras en dégringolant dans les escaliers.

 

Ce qui attira le plus de coups d’œil fut lorsqu’il se servit dans les bacs de restes destinés aux animaux et aux indigents. Des feuilles de chou-fleur collaient suspicieusement mais atterrirent dans la caisse comme les troncs de brocolis, les laitues noircies et les têtes et queues des carottes et courgettes.

 

Il s’approcha de sa maison avec l’envie d’y entrer et que tout fût inchangé : sa sœur y serait, et elle s’émerveillerait de trivialités merveilleuses, et elle l’accepterait tel qu’il était.

— Je n’ai pas beaucoup de temps, annonça-t-il dès qu’il rentra.

Il mit la table et tous vinrent dîner.

— Monsieur est très occupé.

— Monsieur est très important.

— Et pourtant, Monsieur ne paye pas de loyer.

Benjamin s’esclaffa mais Isabelle secoua la tête.

— Assez, les M.

— Les appelle pas comme ça, dit Merle, ça les encourage.

— Monsieur est trop bien pour les surnoms ?

— C’est vrai que Monsieur peut faire des voyages astraux, lui.

— Monsieur devient déjà aussi arrogant que tante Eugénie.

— Eugénie n’était pas arrogante, répliqua-t-il.

— Alors pourquoi elle ne venait jamais nous voir ? demanda sa mère d’un ton aussi cinglant que blessé.

Monsieur et Madame Abillion n’avaient pas pardonné à Eugénie sa longue disparition. Elle avait ressurgi à l’Orée, devenue révérende, et n’avait donné aucune explication. Merle trouvait leur rancune déplacée : elle était morte, après tout.

— Aymée rentre bientôt ? demanda son père pour changer de sujet.

— C’est quand même fou cette histoire, se lamenta sa mère, je comprends qu’ils n’autorisent pas les visites mais c’est sacrément mal tombé.

Entre les mensonges de sa sœur et les siens, Merle, qui n’était pas très doué pour emberlificoter, s’était complètement emmêlé les pinceaux. À force de questions et réponses, il en était venu à plus ou moins laisser entendre qu’Aymée était dans une clinique du sommeil, où deux cas graves de lupinisme avaient été détectés, causant un isolement des patients jusqu’à nouvel ordre. Le lupinisme avait été éradiqué depuis des siècles, mais restait une menace traditionnelle : « si tu n’es pas sage, tu vas te transformer en souris » — ou en mille-pattes, ou en vache, en fonction de ce que l’enfant craignait le plus ; pour Merle, ç’avait été les chevaux : il était convaincu qu’ils fonctionnaient comme une secte et qu’ils manigançaient des trucs pas nets quand ils hennissaient.

La famille de Merle s’était accommodée de ces mensonges et attendait sagement le retour d’Aymée. C’était déjà ça.

Dès qu’il engloutit sa dernière bouchée, Merle ramena son assiette à la cuisine, salua tout le monde et embarqua sa caisse dans la nuit.

 

L’obscurité était dense lorsqu’il atteignit la forêt. Il n’avait pas peur, cependant : il y avait déjà dormi seul et l’avait parcourue tant de fois jusqu’à l’Orée qu’il en connaissait jusqu’aux souches mortes qui s’inondaient de bave de limaces, toiles d’araignées et brindilles de fourmis.

Il passa d’abord par la cabane qu’il avait construite en haut d’un chêne centenaire. Il avait entraîné Aymée pour qu’elle dirige sa magie sur les cordes et poulies qui la montaient, telle une princesse juchée sur un destrier volant.

En l’entendant, elle se redressa et s’installa en tailleur.

— Tu viens tard aujourd’hui. J’ai des nouvelles !

Il déposa le matériel de peinture qu’elle lui avait commandé.

— Diane est revenue me voir, là où je dessine à la rivière : elle m’a raconté des histoires et on a parlé de la forêt. Et là, devine quoi.

— Siloë est arrivée ? supposa Merle, connaissant le chic qu’avec la chamane pour débouler par surprise face aux nouveaux visiteurs de Landamæri.

— Oui ! Alors que je lui avais dit qu’elle n’avait pas besoin de venir me voir aujourd’hui !

— En même temps, je lui ai demandé de passer tous les jours…

— Bien sûr, elle est totalement fascinante donc Diane s’est prise de passion pour elle. Et devine quoi !

La fin de l’histoire ne pouvait être qu’une invitation, mais c’était impossible. Même Aymée n’avait jamais été invitée. Pourquoi Diane ?

— Bah, tu dis rien ?

Il la regarda d’un air si ahuri qu’elle éclata de rire.

— Elle a été conviée. Officiellement. Ta copine a reçu une invitation.

— Ce n’est pas ma copine.

C’était inouï. Diane n’était même pas madéenne. De toute façon, chaque fois qu’il avait essayé de comprendre les décisions de Siloë, ça lui avait fait un nœud au cerveau. Il haussa les épaules.

— Bon, et ces cartes, alors, tu en es où ?

Aymée déroula un parchemin d’un geste théâtral et la pièce se remplit des couleurs vives qui dansaient sur le papier. C’était une énième version de son chef-d’œuvre : la carte complète de Canopée, qu’elle remplissait échantillon à échantillon, bâtiment à bâtiment, avec une myriade inouïe de détails.

— Incroyable, murmura Merle.

Il se demanda si son don contrebalançait sa maladie, comme un échange, un équilibre cosmique. Était-ce cela que les gens entendaient par Les meilleurs partent toujours les premiers ?

— Elle sera pour toi, celle-ci… déclara la cartographe.

Merle fit une révérence.

— … si tu me promets de mieux boutonner ta chemise demain.

Il baissa les yeux vers ses carreaux bruns et gris et découvrit qu’ils étaient tous de travers.

— Je l’ai portée comme ça toute la journée ! s’écria-t-il catastrophé.

— Oh, tu sais, les gens doivent avoir l’habitude, le taquina Aymée.

 

Le cœur plus léger, Merle pourfendit ensuite les ombres jusqu’à l’Orée. C’était le pourtour de la forêt : elle s’étalait autour de la rivière Naomh, qui elle-même protégeait le Bois Originel. Ces cercles concentriques rappelaient à Merle les anneaux de vie sur les troncs d’arbres, là où on pouvait lire leur histoire décennie à décennie. Des légendes disaient qu’Inkala était le noyau du monde ; à chaque fois qu’il s’en approchait, qu’il sentait l’énergie vibrer sous ses pieds et dans ses cheveux et croyait donc les conteurs qui en chantaient les miracles.

Si certaines huttes étaient déjà endormies, d’autres avaient encore leur porte ouverte vers l’unique pièce, d’où les poules et cochons entraient et sortaient à leur aise. Contrairement aux canopéens, les révérends vivaient à même le sol : ils considéraient comme un privilège sacré le contact avec la terre, gardienne des racines et du mycélium.

Merle se rendit d’un pas assuré devant chaque hutte qui lui avait passé commande. Si la porte était fermée, il plaçait les articles dans un panier suspendu au chambranle. Lorsque c’était ouvert, il entrait quelques instants, acceptait de goûter un gâteau sec, de boire une tasse de thé froid, de recevoir une bénédiction. Il déposa un énième galet gris de la rivière Naomh sur le rebord de fenêtre de la hutte qui avait appartenu à Eugénie. Par la vitre, il vit les meubles qu’elle avait construits elle-même, colorés, maladroits.

Sans elle, le monde était rigide.

Il fit des réponses convenues à tous, sauf à Joséphine, qu’il connaissait depuis des voltes.

— Et tu es sûr que c’est ça ? demanda-t-elle finalement.

— Je suis allé voir six autres médecins.

Le dernier docteur avait dû être alerté par ses collègues, parce que sa secrétaire avait décrété qu’il n’avait pas de rendez-vous libre pour les trois prochaines voltes. Merle l’avait intercepté sur sa route de déjeuner et lui avait débité les symptômes et les dates jusqu’à obtenir un silence navré. Le médecin avait détourné les yeux, confirmant ainsi le verdict de ses collègues.

— Est-ce que vous pourriez faire quelque chose ? demanda Merle avec un geste vers les huttes.

— La cendrure agit comme un trou noir. Elle aspire toute la lumière. Ce n’est pas tant une affliction qu’un compte à rebours. Je suis désolée.

Merle se concentra sur les bourgeons qui parsemaient les branches nues, le grondement de la rivière gorgée des neiges qui fondaient au nord, la Lune qui réclamait son territoire au-dessus de leurs têtes.

— Notre vraie reine, soupira Joséphine en levant les yeux aussi.

Merle se leva et épousseta son pantalon. Il trouvait ironique que ce commentaire fût un blasphème, un acte révolutionnaire, dans une société qui pourtant suivait un calendrier lunaire ; c’était ces incohérences qui lui donnaient envie de vivre seul dans les bois, loin, très loin du moindre être humain.

Il souhaita une bonne nuit à Joséphine et s’en alla rejoindre la haut-perchée. Sa caisse était plus légère mais ses réflexions étaient pesantes, disgracieuses, comme les sauts de poissons sur la grève après avoir été pêchés.

 

— Bonsoir, hirondelle rousseline, l’accueillit Siloë sur sa terrasse, comment se sont passées tes livraisons aux reclus aujourd’hui ?

Une bougie y scintillait, comme chaque soir, et la chamane y brûlait des feuilles noircies d’encre. C’était ses notes de la journée : états d’âme, observations, poèmes, recettes. Elle les offrait au temps qui passe et ne revient jamais. Merle lui avait demandé une fois pourquoi écrire tous ces mots s’ils étaient condamnés à disparaître quelques heures plus tard. « Je ne comprends le monde qu’en l’écrivant », avait-elle répondu.

Il s’assit en silence sur le fauteuil en osier à côté d’elle. La Lune n’éclairait que des parcelles de la forêt, laissant le reste s’assoupir dans l’obscurité.

Siloë ne dit rien. Elle savait qu’avec lui, essayer d’engager la conversation était la meilleure façon de le pousser au silence. À l’inverse, lorsque les mots avaient le temps de surgir, il s’ouvrait doucement.

— Ils ont dit que je devenais arrogant comme Eugénie.

— Jusqu’à quand laisseras-tu les railleries de tes frères t’atteindre ?

— Les parents avaient l’air d’accord.

— Ça n’a pas été facile pour eux.

— C’est facile pour personne…

— Qu’est-ce que tu leur reproches exactement ?

Merle se mura dans un refus obstiné de s’expliquer. Il n’en savait rien. Il ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce qui le heurtait à ce point dans sa famille. Ils ne le frappaient pas ; ils ne l’insultaient pas. Alors pourquoi ne parvenait-il pas à sentir qu’il appartenait ? Qu’il avait sa place parmi eux ?

— Les révérends ne peuvent pas aider. Les médecins non plus.

Ce fut au tour de Siloë de rester silencieuse. Elle observa les sourcils froncés de Merle, sa peau où même les taches de rousseur avaient pâli, ses cernes. Quand il se tourna vers elle, elle secoua la tête.

— Tu sais que je ne peux rien faire, dit-elle.

— Tu pourrais s’ils étaient d’accord. Tu pourrais leur demander.

Ils n’avaient fait que repousser cette conversation en espérant l’un et l’autre qu’elle ne viendrait pas. Maintenant qu’elle était là, Siloë souffla la bougie, se recula sur son fauteuil et ferma les yeux. Elle avait besoin de toute son énergie et sa concentration pour accueillir les vagues de colère et détresse de Merle sans les prendre personnellement.

— Ça coûterait rien de demander, insista-t-il.

— Ce serait comme te supplier d’insuffler la vie à tes jouets, répondit Siloë. Tu n’es pas un astre. Eux non plus.

— Mais tu dis tout le temps qu’ils garantissent l’équilibre entre la vie et la mort !

— Justement.

— Et toutes les histoires qu’on raconte sur eux et les constellations et les animaux marins…

— C’était il y a des centaines de milliers de voltes. Les dragons de maintenant n’ont pas plus créé les méduses que tu n’as créé les citronniers.

Le pied de Merle commença à battre sur le sol. Il avait besoin que Siloë cède. Elle était son dernier rempart.

— C’est eux qui ont empoisonné les humains, accusa-t-il. La moindre des choses serait de les guérir.

— Merle, on en a déjà parlé.

— Pourquoi je te croirais toi plutôt que toute la communauté médicale de la Triade ?

— Tu as parlé à chaque médecin de la Triade ?

— Je veux en parler avec eux.

— Il n’y a que toi qui peux choisir quoi et qui croire. La vérité sera toujours plus compliquée que les histoires qu’on raconte.

— Où sont-ils ?

— Merle, ils ne peuvent pas t’aider. S’ils avaient le pouvoir de ressusciter les morts, ne penses-tu pas qu’ils auraient ramené les leurs ? La dragonnelle de trois ans traquée et tuée par les éclairés ?

— Mais à quoi ils servent alors ? Pourquoi tu les protèges ? Pourquoi tu les caches ? Pourquoi j’ai passé ma vie à aider des gens qui ne sont pas foutus de m’aider en retour quand j’en ai besoin ?

Merle se prit la tête dans les mains, et laissa le silence dévorer ses tremblements. Il se sentait caillou flottant dans la noirceur édentée de l’espace, miette dans une bouche visqueuse qui se refermait sur lui.

Ni lui, ni Siloë ne prononcèrent un mot de plus.

Il partit lorsque son envie de brûler chaque arbre de la forêt se fut dissipée.

 

En rentrant, il passa à nouveau sous la cabane. Les chandelles étaient allumées. Aymée travaillait-elle encore ? Elle devait se reposer… Avec un soupir, il grimpa et entendit sa sœur dire à quelqu’un :

— Il va falloir que t’arrêtes de me sauver la vie, parce que là je vais pas pouvoir payer ma dette.

Il jeta un œil discret à l’intérieur et vit Diane, de dos, qui répondait d’une voix préoccupée :

— Attends, je ne suis pas sûre de t’obtenir une place et surtout je ne sais pas ce que vaut ce traitement. Basile et Éléonore avaient l’air de dire que c’était une première tentative, dont ils espéraient surtout qu’elles fassent avancer leurs recherches.

— De quoi vous parlez ? couina Merle.

Elles sursautèrent, puis tournèrent leurs quatre yeux vers lui. Aymée souriait d’un air plaisantin.

— Tu vas jamais deviner, ce coup-ci. Le patron de Diane lance un traitement expérimental sur les cendrés, là-bas, à Ilyn, et Diane va demander si je peux participer.

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EryBlack
Posté le 14/09/2023
Hey ! Eh beh, ce chapitre me laisse des émotions assez contradictoires. ça va encore être un commentaire en vrac, navrée !
Au début, j'ai eu l'impression de surprendre les personnages dans des moments de vie en dehors de l'histoire. Je sais pas trop expliquer ça, comme si les scènes ne faisaient pas partie du "grand récit" mais étaient plus des petits moments de vie. Je me doute que ce sont des graines semées pour plus tard. Ça m'a fait drôle, sans que ce soit désagréable mais comme si je lisais en me disant "ah, oh, dacc, très bien. Et donc... ?"
Mais à l'inverse, la fin du chapitre amène tellement d'énormes révélations j'ai l'impression ! Qui ne sont pas du tout traitées en tant que telles en plus, qui sont des composantes normales de la vie de Merle. C'est très surprenant ! Donc : Merle est en contact avec une "troupe" (?) de shamans, dont sa tante Eugénie faisait partie avant de décéder, il leur rend des services (parce qu'ils ne peuvent pas aller en ville ?) et est particulièrement lié avec certaines d'entre eux, notamment Siloë. Celle-ci est connue aussi à Ilyn, Diane l'a mentionnée sans savoir que c'était une vraie personne et pas juste un personnage. Et cette Siloë est en contact avec les dragons ! Et Merle le sait ! Ça, c'est hyper spécial, vraiment très inattendu pour moi. J'ai aimé leur discussion que j'ai trouvée bien orchestrée, mais wouah...
Je trouve étonnant que tu aies choisi de relater la rencontre de Diane et Siloë de cette façon, par personnage interposé, sans détails ; de même pour la proposition à Aymée à la fin. Pas une mauvaise chose du tout, je suis adepte des ellipses quand il faut, mais c'est vraiment original !
En tout cas, ça ne traîne pas. Le rythme me donne une drôle de sensation dans cette histoire. Un genre d'emballement paisible et constant. Je suis tout ça avec plaisir, tes personnages sont méga attachants, ton écriture me réjouit par plein de petites touches, la dimension matérielle de ton histoire m'est très chère (je suis accro aux textures. Les cailloux sur le rebord de la fenêtre, le bois, les miettes sur la table, le contenu de la caisse : je kiffe).
À très vite :))
Petit relevé au passage :
"à chaque fois qu’il s’en approchait, qu’il* (il ?) sentait l’énergie vibrer sous ses pieds et dans ses cheveux et croyait donc les conteurs qui en chantaient les miracles."
"Alors pourquoi ne parvenait-il pas à sentir qu’il appartenait ?" -> Je pense que c'est un anglicisme. Il y a ce super verbe anglais "to belong" qui pourrait se traduire comme ça, mais ça ne se dit pas vraiment en français. C'est bien embêtant car je ne vois pas quoi te proposer d'autre... mais je suis sûre qu'on doit pouvoir trouver une belle formulation pas anglicisée pour dire ça. Tu le fais si bien avec des tas de métaphores <3 (je suis pas la plus acharnée contre les anglicismes, note, quand il n'y a pas d'équivalent français facile et que c'est nettement compréhensible : je dis "confusant", mais je n'aime pas qu'on dise qu'on "supporte" quelqu'un alors qu'on le soutient... Bon, c'est très subjectif tout ça : fais ce qui te semblera juste !)
Nanouchka
Posté le 28/09/2023
Coucouuuu,

Aaaaaah on partage l’amour des textures. Les textures, c’est la vie.

Alors, les elliiiiipses. Elles viennent de ce fameux plan (eh oui, toujours lui), parce que la seule façon que j’avais eu d’organiser mes chapitres avait été par un rythme ternaire un peu compliqué à expliquer mais qui alternait les POV de Diane et Merle. Sauf que l’intrigue avance pendant ce temps. Et du coup quand un truc se produit d’un côté mais que j’étais de l’autre POV, j’étais en mode bon tant pis ellipse, hahahaha. Maintenant que je m'accorde plus de liberté structurelle (liberté pour les chapitres ! liberté pour les scènes ! que tout le monde respire !), je verrai si je raconte ces scènes ou pas.

T’as raison pour appartenir. J’adore ceci dit utiliser « appartenance » dans le sens de « belonging », cette autre définition correspond bien à ce nom je trouve, ça lui va comme une autre tenue. Le verbe un peu moins, de fait, donc je vais voir si je trouve une image.

Merciiiii ♥
Zlaw
Posté le 26/03/2023
Bonjour Nanouchka !


Je pense que ce commentaire-ci va se présenter un peu comme une liste de détails qui m'ont plu ou fait me questionner au fil de ma lecture. Une impression d'ensemble ne m'est pas venue tout de suite, parce que ce chapitre est au final un suivi assez fluide de la journée de Merle, de point en point, donc il y a moins de gros élément d'intrigue à décortiquer que les autres fois, j'ai trouvé. Mais c'est une bonne chose, c'est équilibré, tout va bien. =)

- Le premier paragraphe, qui décrit le rêve (d'Aymée, je pense) dans lequel Merle est embarqué, est particulièrement confus. Mais je pense que c'était voulu, donc mission accomplie pour toi. ^^

- C'est idiot, mais j'adore le cliché des triplés qui font tout ensemble, y compris prendre le relais les un des autres pour parler. xD

- Là aussi c'est un gros détail, mais ça paraît un poil contre-intuitif que la nouvelle chambre construite juste avant la naissance de Merle soit devenue la sienne, au lieu de celle des aînés. Typiquement, il me semble qu'on garde les nourrissons proches des parents, au début, et ce sont les enfants déjà un peu plus âgés qui déménagent un peu plus loin s'il le faut. Mais peut-être que ce sont les parents qui ont changé de chambre, emménagé là-haut pour être près de lui ? (Oui, je m'arrête à des trucs vraiment bêtes, je sais, tu peux m'ignorer, c'est pas important. ><)

- Les portes de placard laissées ouvertes et la perte systématique des clés sonnent tellement vrai ! Je suis responsable des portes ouvertes, au grand désarroi de mon père pendant des années, et ma mère est une championne pour ne jamais retrouver ses clés. Je ne sais pas si c'est du vécu pour toi aussi, mais en tous cas l'ambiance de maison familiale était très bien rendue, dans cette description de la cuisine post petit-déjeuner.

- L'histoire de la cliente qui n'ose pas s'acheter de jouet était trop mignonne. Pendant un instant, j'ai eu peur que Merle fasse les frais d'une nouvelle aristocrate déconnectée, mais non. Merci pour ça ! Même si, juste après, il y a plein de mômes insupportables, mais bon... On ne peut pas tout avoir ! Au moins il a fait un peu de chiffre d'affaire. ^^

- Tiens, c'est drôle, j'ai un collègue qui se méfie des chevaux, lui aussi. J'adore tous les animaux donc ça me laisse toujours un peu perplexe qu'on en ait peur à ce point (disons que j'ai parfois le travers inverse de ne pas assez me méfier), mais j'ai trouvé l'explication sur le côté suspect des hennissements vraiment très drôle. xD

- J'ai peut-être oublié un truc, mais pourquoi est-ce que le reste de la famille d'Aymée ne semble pas être au courant de son diagnostic ? Ou alors c'est juste le fait qu'elle a été déplacée, qu'ils ignorent ? Mais dans ce cas, pourquoi s'attendre à ce qu'elle rentre à la maison bientôt ? Est-ce que c'est Aymée qui ne voulait pas les inquiéter ? Ou Merle ? Ou les deux ?

- Question purement logistique : comment est-ce que tout ce qui était sur la liste de courses rentre dans une seule caisse ? Que Merle peut transporter seul, et sans diable ni rien. Rien qu'une centaine de bougies, ça me paraît volumineux ! Et des chandeliers ? Quelles sont les dimensions de cette caisse, et quelle est la forme physique exacte de Merle ? xD (Je dis ça, et j'ai déjà réussi à faire retirer ses chaussettes à mon narrateur sans les mains et en marchant, et j'ai aussi fait monter une tortue sur l'épaule de quelqu'un, donc là encore, c'est pas important du tout. ^^)

- Honnêtement (et honteusement), je n'avais plus souvenir que Merle avait décidé de déplacer Aymée sur les conseils de Diane. En conséquence, qu'il aille lui rendre visite dans la cabane dans les bois m'a un peu surprise, de prime abord. Peut-être qu'un rappel du fait qu'elle y est parce qu'elle n'est pas en sécurité dans l'aile dédiée de l'hôpital serait bienvenu ? Juste une phrase, rien de fou, pour les amnésiques comme moi. ^^

- Question intrigue et univers : qui sont donc ces "révérends" ou "reclus"", parmi qui la tante de Merle est allée vivre avant sa mort ? Merle semble les mettre sur un pied d'égalité avec les médecins, en ce qui concerne les traitements possibles pour sa sœur. Pourquoi ? Une magie particulière, peut-être ? Et Siloë (qui vit parmi eux, ou en tous cas pas loin), semble avoir un moyen d'entrer en contact avec les dragons, mais ne s'y prête pas facilement du tout. Va-t-elle se laisser convaincre, à terme ?

- C'est choupinet, le terme "dragonelle". L'équivalent de demoiselle ? Ça m'amène à me demander comment vont se présenter les dragons dans ton univers. Je soupçonne qu'ils sont doués de parole, mais peut-être même d'une forme de civilisation assez avancée, en tous cas plus que les classiques tas d'or et éventuelles armures. Très hâte de voir ça !

- La rapprochement entre Aymée et son frère et Diane se passe un peu hors champ, mais à la limite pourquoi pas. On a bien senti la dernière fois que Diane s'était assez vite investie dans ce cas, et Aymée est d'une naturel doux et accueillant, donc c'est une juste continuité des choses. Au passage, je n'ai pas manqué la boutade d'Aymée à Merle sur le fait que Diane soit sa "copine". ^^

Enfin voilà. Comme je l'ai dit, un chapitre fluide qui saute un peu de petite saynète en petite saynète (mot que je n'aurais pas écrit comme ça instinctivement, tiens) au fil de la journée de Merle. La conclusion se veut pleine de suspens, on va voir ce que ça va donner. Je n'arrive pas à savoir si Diane se précipite ou bien si ça va mener à quelque chose. On va bien voir ! =)


À bientôt !

P.S.: peut-être que je n'ai pas été aussi attentive que d'habitude, mais je n'ai pas trouvé de coquillage cette fois. Bien joué ! ^^
Nanouchka
Posté le 26/03/2023
Salut Zlaw et merci beaucoup pour ton passage <3

→ Je repasserai peut-être un coup sur le cauchemar quand même, parce qu'en le relisant, je me dis que j'ai gardé beaucoup d'informations cruciales dans ma tête ahahaha.
→ Moi aussi j'adore le cliché des triplés. Je me pose la question de si c'est trop vu (surtout en fantasy) mais j'adore les M.
→ Alors, dans ma tête (et je confirme en relisant que ce n'est pas du tout compréhensible dans le texte), les parents ont transformé le grenier en chambre pour la naissance d'Aymée. Ils ont déplacé Merle là-haut (avant, il partageait sa chambre avec les triplés) et, après les premiers mois d'allaitement et nuits complexes, ils ont casé Aymée avec lui. Mon but, avec ce détail, c'était de faire ressortir le sentiment de Merle d'avoir eu des parents négligents quant à Aymée et lui, qu'il n'y en a toujours eu que pour les triplés.
→ J'imaginais des bougies riquiquis mais effectivement faut peut-être que je revoie la cargaison dans la caisse ahahaha. Merle est plutôt musclé je pense, mais tout de même.
→ Alors, en fin de chapitre 6, Aymée fait promettre à Merle de ne pas révéler le diagnostic à ses parents : elle le fera quand elle sera prête. Mais si t'as oublié, je me dis que ça vaut le coup que je mette un petit rappel par ici, discrétos. Et j'en profiterai pour mettre un petit rappel qu'il l'a déplacée dans la forêt.
→ Aaaaah, les révérends choupinets. J'ai vraiment laissé le mystère planer sur eux, pour zéro raison en plus, c'était juste histoire de pas me tourner vers le lecteur en mode "laissez-moi vous expliquer". Je vais tenter de caser quelques détails en plus.
→ Tellement hâte de vous présenter les dragons, ahlala. Oui, dragonnelle c'est une bébé dragon femelle.

Merci encore pour ta lecture attentive :)
Zlaw
Posté le 26/03/2023
Petite réponse rapide quand même :
- Ça n'engage que moi, qui suis une puriste d'être soi-même et qui n'ai aucune ambition de plaire à un grand public, mais j'ai quand même envie de dire qu'on s'en fiche, si le truc des triplés est potentiellement trop vu. Que ce soit le cas ou non, si ça te plaît, je ne vois pas ça comme une raison de t'en priver. ^w^
- Par rapport aux révérends, que les détails viennent maintenant ou plus tard ne serait pas un souci de mon point de vue. Je n'ai pas eu l'impression d'avoir raté quoi que ce soit en ce qui les concerne. Comme tu le dis, une explication livresque au beau milieu de la narration n'est pas forcément agréable à écrire. Et à la lecture, comme on sent que ton univers est riche, on a confiance sur le fait que les réponses viendront un jour. Donc pas d'urgence, je pense ; ici ou plus tard ça ira. =D
- Par rapport aux rappels de ce qui s'est passé avant, je pense qu'il est extrêmement difficile d'en mettre trop. Même si ça ne sert pas à tous les lecteurs, ce n'est pas grave, à mon avis.
- Par rapport aux détails potentiellement "manquants" vis-à-vis du cauchemar ou du ressenti de Merle au sujet de sa chambre, là, c'est entièrement à toi de voir ce que tu ajoutes. En tous cas, ton explication se tient, cette histoire de chambres a plus de sens avec les éléments que tu viens de m'apporter. =)
Sorryf
Posté le 15/03/2023
"Il n’était pas certain d’avoir gagné au chang." -> change

Ayé, j'ai tout rattrapé ! Désolée de ne pas avoir laissé beaucoup de commentaires, maintenant que je suis à jour je pourrais en faire au fur et à mesure.

Je te l'ai déjà dit dans l'autre commentaire, j'aime beaucoup comment tu écris, et ton monde est vraiment beau et bien pensé, plein d'idées originales ! Mais parfois en lisant je perds le fil, je ne sais pas comment ça se fait, c'est très dense, avec des tournures implicites, j'ai l'impression que si je manque un mot ou une ligne, je rate une info essentielle et je ne comprends plus la suite :O (à remettre en contexte : j'ai lu tous les chapitres en une journée, et la lecture sur écran pousse à sauter des mots et c'est pas bien). Malgré mon attention, je sais que j'ai manqué des éléments. Une solution possible à laquelle j'ai pensé en cours de lecture pour que le texte soit plus "encaissable", ce serait que tu fasses des séparations de paragraphes quand le lieu / temps / information change. Je crois je n'en ai vu aucune, en tout cas pas dans les chapitres récents ? Je sais bien que sur internet un retour a la ligne = un changement de paragraphe, mais du coup tu pourrais faire des vrais paragraphes, plus marqués, ça aiderait le lecteur visuellement, perso je pense que c'est de ça que j'ai besoin (ou bien de sommeil, peut-être ? é.è)
C'est juste une idée comme ça, au cas ou d'autres lecteurs te font ce genre de remarque et que ça t'embête mais que tu vois pas quoi faire pour faciliter la compréhension. Mais évidemment tu fais ce que tu veux et je m'adapterai car ton histoire et ton style valent vraiment le coup !

L'histoire, donc : Diane me surprend toujours, j'ai beaucoup aimé découvrir son côté blagueuse, hahaha, je ne l'avais pas vue comme ça dans les premiers chapitres ! elle est vraiment top.
Merle et sa soeur me brisent le coeur. Quelle maladie horrible ;_;
Il y a un moment qui m'a émue d'un coup, super fort et a priori sans aucune raison, c'est quand Diane va a la boutique de Merle, la description que tu fais de la boutique à ce moment là à vraiment remué un truc chez moi, une nostalgie, c'était complètement inattendu !
L'équipage des Voltigeurs, aussi, j'aimerais y être avec eux ! D'ailleurs j'espère qu'on va les revoir, je veux connaitre tous leurs secrets !
Les trois M me font rire, et dans ce dernier chapitre j'étais enchantée de retrouver mon gars sûr Serge, mais il m'a moins fait rigoler, ça manquait de bols et de pensée positive xDDD (je dis ça pour déconner, hein, c'est pas une critique)
Je trouve que tes persos sont un gros point fort, tu sais les brosser en très peu de mots, quelques détails et on en a une idée très nette et plaisante, d'ailleurs c'est l'apparition du personnage de Bianca qui m'a fait me dire : woah ce texte va être trop bien. BIANCA, haha (Comment va-t-elle ? j'espère qu'elle s'ennuie pas trop avec ses domestiques)

Maintenant que je suis là, je veux tout savoir : ton rythme de publication, si l'histoire est toujours en cours, si t'as des chapitres d'avance ou si tu postes au fur et a mesure... J'ai vraiment passé un bon moment de lecture, et je suis déjà très attachée à tes persos !!!
Nanouchka
Posté le 26/03/2023
*_*
Merci infiniment <3

Alors, OUI, tu as tout à fait raison sur la respiration du texte. Je m'en suis rendu compte (comme de beaucoup de choses) en lisant L'Euphrosyne de Nothe. Ça aide beaucoup d'avoir des séparations entre scènes. Je commence donc à rajouter des sauts de ligne et des étoiles/astérisques. Je sais qu'en plus j'ai une écriture dense, donc c'est d'autant plus important que j'aère, en effet. — En l'occurrence, ma révélation date d'avant-hier, et ton commentaire vient me la confirmer à point nommé.

Je suis honorée et impressionnée que t'aies lu tout ça en une journée. Merci pour tes commentaires sur les personnages. Ça me fait rire que tu mentionnes les secrets des Voltigeurs, parce que j'ai délibérément fait un plan où on évoque des secrets pour les révéler ensuite, en croisant les doigts pour que ça marche.

La scène où Diane visite la boutique de Merle est la toute première scène que j'avais de ce roman. Elle a complètement changé depuis, mais ce sentiment que tu évoques, c'est ça qui m'a donné envie d'explorer ces deux personnages dans leurs moindres recoins. Il y a quelque chose dans ce magasin qui est d'une terrible et douce mélancolie, et seule Diane le voit, et ça me terrasse aussi. Contente que tu l'aies éprouvé.

J'ai 9 chapitres d'avance, et j'ai selon moi un rythme de publication d'une semaine, mais je n'ai pas été disciplinée dernièrement. Je m'engage donc solennellement à m'y tenir, et pour prouver ma bonne foi, je vais de ce pas poster le chapitre 10. De mon côté, je commence la rédaction du chapitre 22 et les corrections du chapitre 19.

Merci encore de ton passage et de tes encouragements, et à très vite <3
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