Chapitre 9 - Septembre

Par Keina

« Elle tremblait.

De froid.

De désir.

De peur. »

Vanessa, Life ain’t a game

 

Seule sous la pluie, Keina cligna des yeux, l’esprit confus. L’atmosphère s’était encore assombrie. Un orage imminent roulait dans le lointain. Peu à peu, sous la pluie battante, ses idées s’éclaircirent. Elle se souvint de ce qu’elle s’était juré avant sa visite, et résolut soudain d’accomplir sa promesse. Obnubilée par cette nouvelle idée, elle se dirigea en hâte vers le cercle de transport, et en quelques secondes se retrouva à nouveau sur la petite place envahie de sycomores, dont l’atmosphère chagrine détonnait avec le souvenir joyeux qu’elle en gardait. Elle s’arma de courage, les deux poings serrés et le buste droit, et trancha le rideau de pluie, en direction d’une demeure qu’elle connaissait déjà.

 

Lorsque l’alf lui ouvrit, elle n’émit cette fois nul sursaut, et passa devant lui en l’ignorant, attitude qu’il lui retourna en digne maître d’hôtel, pestant toutefois contre les flaques qu’elle semait à sa suite. Inondée de la tête aux pieds, elle traversa l’antichambre d’un pas déterminé et ouvrit sans sourciller les deux battants de la porte de chêne.

Affairé à son bureau, cheveux paille en désordre et gilet ouvert, Luni se redressa dès qu’il la vit.

— Keina ! commença-t-il sur un ton un peu embarrassé. Que viens-tu faire ici ? Nous avions rendez-vous ? Ne me blâme pas si j’ai oublié, je suis un peu débordé ces temps-ci et…

Il n’eut même pas le loisir de conclure son propos.

Cinglante comme autant d’amertumes et de déceptions refoulées, la gifle siffla dans l’air et s’abattit sans compassion sur la joue du jeune dandy.

— Ça, c’est pour m’avoir interdit de rencontrer certaines personnes sans même que j’en fusse informée ! Et tu vas me faire le plaisir de me dire qui est cette Atalante que je ne suis pas censée connaître !

Soulagée, Keina se détendit enfin et dégagea d’une main une mèche collée contre son front. Pour une fois qu’elle ne se laissait pas charmer par le silfe avant de pouvoir se décharger de sa rancune !

Ce dernier se massait la mâchoire, l’air ennuyé.

— Oh… Ida et Hedda ont encore trop parlé, c’est ça ? Ce sont de telles commères, j’aurais dû y songer.

— N’essaie pas de détourner la conversation, Luni ! Qui est Atalante ?

La voix de l’orpheline s’éteignit, lavée de son assurance, et sonna à son oreille comme le jappement d’un jeune chiot. Un jappement plaintif, misérable, ridicule. Elle se détesta à nouveau.

Luni soupira.

— Je suppose que je ne l’ai pas volée… Tu es trempée, Nana

À l’évocation de ce sobriquet dont Anna-Maria l’avait également gratifiée, un frisson saisit la silfine.

— Je vais appeler Karol, pour qu’il nous fasse du thé et allume un bon feu dans la cheminée. Allons dans le salon, je te donnerai toutes les explications que tu voudras.

Dépouillée de ses forces, elle se laissait guider par les mains nerveuses de son hôte.

 

*

 

À demi allongée sur un divan parme, une couverture chaude autour de sa nuque et un thé fumant entre les doigts, Keina laissa son regard se promener sur le mobilier simple et coquet du salon de Luni. La lueur du foyer mordait les contours de la pièce dans un halo flammé qui vacillait au gré du hasard. Au dehors, l’orage lançait ses armées de Walkyries sur le Royaume.

— L’as-tu rencontrée ? commença abruptement le blond installé sur un pouf marocain, le buste penché en avant et les mains jointes le long de ses cuisses.  

Son invitée leva sur lui un œil perplexe.

— Atalante, poursuivit-il en guise d’explication.

Elle haussa les épaules et répondit d’un ton las :

— Bien sûr que non, j’ignore même qui elle est ! Je voulais revoir Anna-Maria. Je voulais connaître son histoire.

— Tu l’as vue ? Que t’as-t-elle dit ?

Haussement d’épaules, encore.

— Pas grand-chose. Que je devrais partir. Que Nephir possède des yeux au Royaume. Personne ne daigne me parler autrement que par énigme !

Keina ramassa contre elle ses pieds nus – ses bottines trempées gisaient dans le vestibules – et se pelotonna un peu plus dans le creux du divan. Cette attitude défiait toute bienséance, et aurait octroyé un haut-le-corps à Georgianna, mais elle s’en moquait.

— Anna-Maria n’a plus toute sa tête, tu…

— Qui lui a fait ça ? Comment a-t-elle perdu la raison ?

Les deux questions fusèrent entre les lèvres de la brune, ne laissant guère le temps au silfe d’achever. Il darda un regard fuyant vers les éclairs qui zébraient les carreaux de sa porte fenêtre et reprit d’une voix plus douce.

— C’est une drôle d’histoire que ceci. Enfin, plutôt triste à dire vrai. Anna-Maria aimait éperdument un silfe du nom d’Esteban. Esteban ist Caledon.

Luni s’interrompit pour siroter une gorgée. Keina laissa le nom d’Esteban musarder dans son esprit tandis qu’elle humait l’arôme musqué de son thé noir. Elle l’avait entendu à plusieurs reprises dans la bouche de l’ancienne reine, et tentait à présent de se remémorer tout ce qu’elle savait ou croyait savoir à son égard. Esteban, fils de Caledon…

Le tonnerre éclata. Luni reprit la parole.

— Esteban paraissait lui-même très épris de la Reine. Mais il avait grandi auprès d’Alderick, qu’il considérait comme son mentor. Alderick était un homme très charismatique, tu sais… Et quand la guerre a éclaté…

— Esteban a abandonné Anna-Maria pour se battre aux côtés d’Alderick, c’est ça ?

Luni acquiesça, avant de continuer :

— Cependant, Anna-Maria l’aimait toujours. Je pensais… Nous pensions tous qu’elle parviendrait à le détourner de l’influence de son mentor et de sa sorcière de fille. Leur amour semblait si profond ! Qui aurait pu croire… ? (Il hésita un instant, avant de reprendre avec amertume :) Mais il s’est avéré que les charmes de Nephir supplantaient ceux de la reine.

La phrase fut prononcée d’une voix lente, grave, qui ondoya dans le cœur de la silfine. Un temps. Puis, sombrement :

— Il l’a trahie. De la pire des façons, bien que je ne connaisse pas de manières agréables de trahir. Sous prétextes d’un rendez-vous galant, il l’a livrée à Nephir. Naïve et amoureuse Anna-Maria, qui s’est laissée prendre au piège comme une néophyte ! Nephir n’avait qu’un but : s’emparer de son diadème et monter sur le trône à sa place. Oh, oui, pour elle, ces histoires de pierre brisée et de prophétie n’ont jamais été qu’un prétexte, un prétexte à la démesure de son ambition ! (Silence – réflexion.) Pour ma part, je pense que c’est à ce moment-là de la guerre qu’Alderick a compris que sa fille était complètement folle. Et même lorsqu’il s’en est aperçu, il est probable qu’il ait été encore bien loin de la vérité. Et la pauvre Anna- Maria… Avec toute la noirceur de sa magie, Nephir l’a torturée, suppliciée, humiliée, sous les yeux impavides de son misérable amant. Nous avons monté une expédition de sauvetage, composée de quatre personnes : tes parents, Caledon et moi. Quelle honte pour le père, voir son fils à ce point perverti par le charme d’une démone ! Comme je l’ai plains, à cet instant ! Mais Caledon est un silfe admirable ; il a su garder la mesure de son devoir, et laisser de côté ses sentiments paternels. Lorsque nous avons secouru la Reine, emprisonnée au fond d’une geôle infâme, son esprit n’était plus qu’une guenille, un haillon, une enveloppe vide de tout sentiment, de toute sensation. Nephir, avant de nous échapper, l’avait détruite ; elle n’était plus rien. Esteban s’était enfui avec sa noire maîtresse. Malgré tout, nous avons rendu sa tiare à la Reine, et grâce aux pouvoirs de Thaesan, la gemme miraculeuse, elle a su se maintenir debout et continuer à régner, comme autrefois. Bien qu’elle s’en défende, sa Reine-Sœur Shashana l’a fort soutenue, et nous avons tous œuvrés à donner le change, pour le bien du Royaume. Ce fut seulement une fois découronnée qu’elle s’effondra. C’était à prévoir. Les dernières bribes de raison qui lui restaient se brisèrent et elle devint la folle que tu connais, vivant dans le vain espoir du retour d’Esteban et dans le souvenir de son amour.

— C’est horrible !

L’attention de Keina s’était accrue au fur et à mesure du récit. Elle tenta de se représenter la grande Anna-Maria, du temps de son règne. Du temps de sa raison. Elle s’imagina les deux amants enlacés, promis à un destin tragique. Une si profonde tristesse noyait les yeux de l’aimable démente ! Quelles blessures irréversibles cachaient donc ses propos insensés ? Il l’avait trahie… Il en aimait une autre… Et elle, innocente, qui l’attendait patiemment du fond de son obscure misère… La silfine regretta alors de ne pas avoir pu  – de ne pas avoir su – rester auprès d’elle afin de lui apporter un peu de chaleur. Comme elle devait en manquer dans sa funeste et glaciale demeure !

— À la fin de la guerre, Esteban et Nephir ont été bannis, comme il se doit. Et… (hésitation, subtile) Et nous nous sommes évidemment assurés qu’elle ne pratiquerait plus sa magie sur personne, reprit Luni après quelques secondes de silence. Comprends-tu à présent pour quelles raisons nous nous sommes battus ?

La silfine acquiesça, doucement.

— Et Atalante ? demanda-t-elle alors. Qui est-ce ? Pourquoi ne puis-je donc pas lui parler ?

Une ombre passa sur le visage du silfe, tandis qu’il répliquait :

— La quatrième…

— La quoi ?

Son invitée l’observa sans comprendre. La foudre illumina ses traits attentifs.

— Ils étaient quatre. Alderick, Nephir, Esteban et Atalante. Les quatre rebelles qui ont mené la guerre jusqu’à son paroxysme. Atalante, la quatrième, était la maîtresse d’Alderick. Elle s’est livrée aux Onze, peu de temps avant la dernière bataille. C’est… (Une hésitation, encore) C’est elle qui nous a conduit jusqu’à Anna-Maria. On dit qu’elle s’est repentie…

— Elle n’a pas été bannie, comme les autres ?

Mouvement discret de la tête. Une main passée dans les cheveux. L’orage pesta dans le lointain.

— Elle vit sur la falaise. En recluse. Keina… Si j’ai interdit que tu la rencontres, c’est parce que j’avais peur que… qu’elle apprenne qui tu es…

— Qui je suis : voilà une question que je me pose également, marmonna la jeune Anglaise en glissant son regard sur le côté afin de ne pas rencontrer les pupilles perçantes de son hôte. Puis, comme en écho : Sais-tu que j’ai rencontré des elfes, il y a peu ?

À sa grande surprise, le silfe mima de son menton un geste affirmatif.

— Tu le savais ? Et tu ne m’en as rien dit ?

Keina fit un brusque demi-tour et laissa ses jambes retomber à terre, l’attention soudain retenue.

— Tu ne me l’as pas demandé ! se défendit Luni dans une attitude enfantine qui arracha un soupir agacé à son vis-à-vis. Il poursuivit cependant d’une voix plus posée : C’est… moi. Je… J’ai sollicité Pierre pour qu’il te conduise à eux.

— Pourquoi ? siffla son amie.

— Tu semblais avoir des difficultés à faire accepter la magie par ton organisme. J’ai… pensé qu’ils sauraient t’aider…

Son explication sonnait légèrement faux, mais elle n’y prit garde, submergée par la colère.

— Oh, parfait ! Il est vrai que monsieur se pique de réfléchir à ma place !

De nouveau, elle était furieuse. Quoi ! Ainsi, il s’appropriait tous les droits ? Se croyait-il son maître absolu, pour diriger sa vie de cette façon ? Elle se redressa d’un bond et se dirigea vers la porte-fenêtre, bras croisés sur sa poitrine. La couverture avait chu au pied du divan, comme pour attester que la jeune brune ne réclamerait plus d’attention.

— Keina…

— Je n’ai pas besoin de ta sollicitude ! cracha-t-elle avec force en se tournant vers lui, poings fermés et buste en avant.

— Je suis ton professeur, Keina ! J’ai juste fait ce qu’il me semblait nécessaire !

Luni se redressa à son tour. Sa haute stature dominait à présent son amie, dont le corps vibrait d’indignation. Au dehors, l’orage s’était calmé. Les rayons du couchant trouèrent la voûte de plomb pour envelopper les deux silhouettes d’un halo d’or et de vermeil. L’atmosphère s’apaisa. Durant quelques secondes, ils se contemplèrent en silence, face à face, laissant la lumière découper leur profil, ombres chinoises jouant un drame à la fin incertaine.

Puis, un murmure, comme une confidence laissée au creux de l’oreille :

— Tu es si difficile à saisir, petite fille…

Keina leva ses yeux sombres et les ancra solidement dans le regard de Luni, craignant d’y retrouver cette distance qu’elle haïssait. Mais il la scrutait avec un tel désarroi qu’elle sentit une fois de plus ses remparts intérieurs se fissurer.

— C’est tout ce que je suis pour toi ? Une petite fille ? chuchota-t-elle, la voix cassée par l’émotion.

Un temps. Luni se pencha sur son visage et vint cueillir ses mots avec une douceur qui lui coupa le souffle, cœur palpitant et joues en feu. Jamais jusqu’alors elle ne s’était laissée embrasser avec autant d’appréhension et de désir partagé. Elle passa une main le long de sa nuque pour le guider sur ses lèvres frémissantes et approfondir l’échange. 

Leurs bouches se séparèrent, et Luni posa son front sur celui de la jeune fille.

— Je… ne devrais pas, souffla-t-il, comme une excuse.

Son baiser possédait la saveur du Harelbeke qu’il avait l’habitude de fumer, du thé noir et de l’anis. La saveur de l’interdit, également. Un goût étrange et savoureux, qu’elle n’arrivait pas à saisir mais qu’elle brûlait d’apprécier à nouveau.

— Et si, moi, j’estime qu’il le faut ? lança-t-elle avec une nuance de défi.

Il ouvrit les yeux et passa son index sur la joue de la silfine.

— Keina… Tu n’en as toujours fait qu’à ta tête… Mais que se passerait-il si les gens te savaient seule avec moi en cet endroit ? Je ne suis pas un honnête homme, Nana. Je ne voudrais pas qu’on pense de toi…

Elle lui ferma le clapet d’une nouvelle embrassade, farouche, fébrile, qu’il accueillit avec la même urgence, comme s’il s’agissait là de la dernière chose à accomplir en ce monde, avant de se séparer à nouveau, haletants, frissonnants.

Mais ce baiser-là n’avait déjà plus le même goût. Une suffocation étreignit la gorge de Keina, tandis qu’elle se plongeait dans les iris bleues de son aimé, dont les reflets coupables la déchiraient comme autant de lames acérées. Pour elle ne savait quelle raison, elle se prit soudain à songer à Esteban et Anna-Maria. Cela ne dura pas.

— Non, souffla-t-elle à son tour.

Puis, avec plus de virulence, la voix brûlante de colère et de frustration, alors qu’elle se dégageait de son étreinte :

— Pourquoi ? Pourquoi ce baiser ? Tout à l’heure il me semblait percevoir du désir dans ton regard et maintenant je n’y trouve plus que cette absence que je déteste tant ! Tes lèvres ont un goût d’amertume et de regrets. Elles m’ont soufflé qu’il n’y aurait pas de troisième fois. Pourquoi m’as-tu embrassée si tu ne comptes pas m’aimer ? Me crois-tu assez sotte pour m’accrocher à de veines promesses ? Tu es un libertin, j’en suis parfaitement informée ! Penses-tu que je l’ignorais ? Mais moi je suis une femme, Luni ! Une femme qui aime et qui souffre ! Est-ce que tu espérais embrasser la petite fille qui naguère te plaçait sur un piédestal ?  Elle n’existe plus, et tu devras t’y faire ! Qu’attends-tu de moi exactement ?

Ces quelques mots la libérèrent plus que la plus cinglante des gifles. Elle serra les poings et les martela sur la poitrine du silfe. Puis des larmes incontrôlables jaillirent en cascade tandis qu’elle se laissait aller contre ce torse qu’elle chérissait. Timide, il lui murmura des mots d’excuse confus et maladroits, un bras passé le long de sa nuque et l’autre reposant autour de sa taille.

Comme je t’aime…

La phrase s’était glissée au creux de son oreille, hésitante. L’avait-elle réellement entendue ? Non, impossible… Elle leva les pupilles avec soupçon, mais il n’y avait plus que de l’ardeur dans le regard de son confident.

Étrangement triste et heureuse à la fois, elle tourna le menton vers l’extérieur et observa, yeux mi-clos , le soleil qui déclinait peu à peu derrière les hautes tours du Château et enroulait ses lacets ardents sur les toits cuivrés de l’aile Noire.

— Demain, nous serons en septembre, déjà, murmura-t-elle simplement, comme une bribe de conversation lancée au hasard, tandis qu’il la couvrait de baisers brûlants.

Puis elle ferma complètement les paupières pour s’abandonner dans les bras de son aimé.

 

*

 

Il lui fit l’amour avec douceur et savoir-faire, en homme d’expérience. Elle se laissa porter par son désir, sourde à tout ce que sa raison pouvait lui hurler. Une fois installée dans le grand lit normand qui meublait la chambre du silfe, sa chevelure lâche et sa sauvage nudité offerte aux caresses, elle ne se lassa pas d’effleurer du bout de ses doigts fins les muscles qui se nouaient sous l’effort et de s’enivrer de son corps en sueur.

Je suis une femme…

En cet instant, alors qu’elle sentait son amant peser contre ses hanches, se glisser dans son intimité et déchirer son hymen, elle comprit tout ce qu’englobait cette affirmation. Il lui sembla qu’un écho lointain lui soufflait les mots qui se formaient dans son esprit.

Une femme, vibrante et aimante…

Elfes, magie, destinée… Tout s’effaça.

Ne subsista que la passion.

 

*

 

La route défile, défile, défile… On l’emmène, loin d’ici. On lui a dit que c’était pour son bien. C’est ce qu’on a tenté de lui faire croire. Mais quel bien y a-t-il à être arraché de sa maison ? Elle frissonne. Le froid l’a saisit d’un seul coup, sans prévenir. Les elfides se sont arrêtés, subitement. Elle ferme les yeux, les bras vigoureux qui l’enlacent ne suffisent pas à la réchauffer. Elle se sert un peu plus contre son protecteur, mais rien n’y fait.

Cris, mouvements, douleur. On l’a arrachée de son étreinte et jetée à terre. Le froid lui tord les entrailles, les larmes jaillissent de ses paupières. Ne pas pleurer ! C’est Lun’ qui le lui a demandé. Il lui a dit qu’elle était une grande fille maintenant. Les épées tintent autour d’elle, pourquoi pense-t-elle à Lun’ ? Quelqu’un a crié, mais elle n’a pas compris quoi. Elle court pour échapper à ce froid, pour échapper à la mort qui lui sourit, son beau visage auréolé d’une chevelure jais.

Elle court, elle trébuche, elle tombe – 

 

Réveil. Keina s’ébroua pour revenir à la réalité. Dieu merci, il ne s’agissait que d’un cauchemar ! Elle se tourna en soupirant, ramena le drap contre sa poitrine et ouvrit les yeux.

Il se tenait face à elle, assis sur l’extrême bord d’un tabouret, les deux mains jointes entre ses genoux, dans cette pose qu’il adoptait si souvent. Il la contemplait, une tristesse insondable au fond de ses pupilles. Il la contemplait comme on contemple…

… une morte ?

Elle se redressa subitement, cœur battant. Puis, pour se donner contenance :

— Quelle heure est-il ?

— Pas encore six heures. Le jour n’est pas complètement levé. As-tu bien dormi ?

Il parlait d’une voix douce, rassurante. Elle referma les paupières afin d’en apprécier le timbre. Quelques secondes plus tard seulement, elle répondit.

— Plutôt bien, oui. Mais je dois rentrer chez moi à présent ; personne n’est tenu de savoir que j’ai passé la nuit ici. Ton majordome sait-il tenir sa langue ? Il fait tellement peu de cas de son rôle de maître d’hôtel qu’il est bien capable de répandre la nouvelle dans le Royaume entier… Peux-tu m’aider à refermer ce satané corsage ?

Tandis qu’elle parlait, elle s’était levé, avait revêtu ses dessous de la veille et s’attardait à présent sur les attaches de son chemisier blanc. Bon gré, mal gré, Luni s’approcha pour lui venir en aide.

— Keina…

Le ton hésitant, comme pour annoncer une mauvaise nouvelle. La silfine sentit dans sa poitrine son cœur éclater comme du cristal. Elle se tourna, anxieuse.

— Je n’ai pas su te combler, c’est ça ? Je n’ai pas été à la hauteur de tes autres maîtresses. Oh, Lun’, laisse-moi une seconde chance, s’il te plaît !

Rire, léger.

— Il ne s’agit pas de ça, Keina. Tu as été très bien. Mais… je vais devoir m’en aller dès aujourd’hui. (La silfine fixa son amant, interdite.) La Reine m’a confié une mission spéciale, je n’assisterai donc pas à la Grande Réunion. Toi non plus, d’ailleurs. Dame Aëlle a estimé que tu n’étais pas encore prête. Pierre restera ici pour continuer à t’entraîner…

— Et pour me surveiller, c’est ça ? compléta la jeune brune avec courroux, se dégageant soudain du silfe.

— Voilà que tu boudes, comme Akrista autrefois, murmura-t-il, la voix soudain lointaine.

L’allusion fusa en elle comme une révélation. Elle se glaça.

Tes lèvres au goût d’amertume et de regrets,

Et cette absence au fond de tes iris bleus…

Soudain, toute sa colère s’évapora, et un sentiment nouveau lui succéda. Un sentiment qu’elle ne s’était encore jamais connu et qu’elle n’arrivait pas à définir. Un sentiment… ou plutôt un soupçon. Comme un pic de glace qu’on enfonçait dans son cœur.

Elle se tourna, froide, en évitant soigneusement le regard du silfe.

— Nous ne nous reverrons donc pas avant la prochaine Grande Arrivée. Je te souhaite bonne chance, Luni.

Elle quitta la chambre avec célérité, incapable de rester un instant de plus en sa présence. Dire qu’elle avait acceptée ses avances, persuadée qu’il l’aimait !

Quelle idiote…

Ce n’était pas elle qui occupait les pensées du silfe, pas elle qui lui avait ravi le cœur et l’âme. 

C’était sa mère.

Petit à petit, le soupçon se changeait en certitude.

 

*

 

Elle regagna ses appartements avec hâte et s’effondra sur son lit dans un gémissement. Par chance, elle n’avait croisé âme qui vive. Il lui aurait été bien difficile d’expliquer cette sortie impromptue, si tôt le matin, dans ses habits de la veille !

Idiote, idiote, idiote !

Elle empoigna l’oreiller et y noya son visage.

Oh, bien sûr, elle savait pertinemment que Luni avait possédé – possédait encore, très certainement – nombre de maîtresses. Elle s’était faite une raison. Comme une grande partie de ses semblables, elle ne croyait pas en l’amour éternel, pas plus qu’en l’âme sœur. Ne subsistait en elle que ce besoin – vital, entier, sincère – de vivre l’instant présent, et d’aimer pareillement.

La silfine grimaça. Malgré ces belles paroles, imaginer Luni, son Luni dans les bras de sa propre mère… Non. Inconcevable, tout simplement. Peut-être celle-ci s’était-elle toujours refusée à ses avances ? Sa tutrice lui avait souvent conté l’amour de ses parents, un amour parfait, un amour de conte de fées. Mensonges ? Peut-être pas.

Cependant, il lui suffisait de se remémorer les paroles de Luni, la façon dont il l’observait, comme on scrute une silhouette dans le lointain, presque effacée…

Une morte…

Son attitude depuis le premier jour se parait d’une nouvelle coloration, à la lumière de ce simple constat. Évidemment ! Comment avait-elle pu croire que son comportement de la veille, si différent, n’était que la conséquence de ses propres charmes ?

C’était sa mère qu’il voyait lorsqu’il la contemplait, sa mère à qui il avait susurré des mots doux au creux de l’oreille, sa mère qu’il avait caressé du bout de ses doigts musclés. Sa mère et son visage d’ange, ceinte dans une robe de princesse, son triste sourire adressé au monde entier. Sa mère, disparue à jamais. Sa mère, sa mère, sa mère ! 

Idiote !

Et elle qui s’était donnée à lui, croyant que ces trois mots – Je t’aime… – lui étaient adressé ! Elle se tourna, la rage dévorant ses entrailles, rage contre elle-même et contre sa stupide, ridicule naïveté.

Je ne vaux pas mieux qu’Anna-Maria…

Elle se moquait bien des maîtresses de Luni et de son sulfureux passé. Mais comment espérer rivaliser avec une morte ? Elle se redressa, déterminée.

Non, elle ne rivaliserait pas. Mieux valait profiter de cette absence bienvenue pour rompre et s’efforcer de l’oublier. Elle n’était pas Anna-Maria ; elle ne supportait pas le goût de la trahison. Tant pis si elle avait perdu son innocence entre ses bras. Après tout, ce n’était pas comme si elle comptait un jour se marier et devenir une épouse modèle !

Elle n’était plus une petite fille. Et elle saurait faire face.

 

Elle se changea en hâte et dévala le couloir en direction de la salle commune, la tête emplie de grandes résolutions. Cependant, tout au fond de son coeur, tapie dans l’ombre de ses belles promesses, une mince fissure laissait entrevoir le gouffre sans fond qu’avait fait naître le soupçon qui la rongeait. Il ne l’aimait pas. Il ne l’avait jamais aimée. Elle tentait de dissimuler la souffrance infinie qu’exhalaient ce constat derrière un rempart de volonté qui n’avait rien à envier à la Grande Muraille de Chine.  Mais allait-elle seulement y arriver ?

Elle s’efforça ne plus y penser.

 

*

 

Au centre de la salle, attablée à son endroit préféré, Lynn lui fit de grands signes qui l’apaisèrent aussitôt. Elle chassa les tracas de son cœur et s’installa à ses côtés.

— Te voilà bien matinale, commenta la blonde silfine dans un sourire moqueur. Moi qui me faisais une joie de venir te tirer du lit d’ici une heure ou deux…

— Tu me vois navrée de devoir te priver de ta joie, répliqua du tac-au-tac son amie, avant de croquer dans une appétissante brioche garnie de pépites de chocolat.

Elle se prit à songer à ce que lui avait annoncé Luni, avant qu’elle ne le quitte.

Dame Aëlle a estimé que tu n’étais pas encore prête…

— J’imagine que tu vas à la Grande Réunion ? lança-t-elle sans préambule, une nouvelle idée en tête. Pourquoi ne pas nous y rendre ensemble ?

À sa grande surprise, Lynn afficha une moue renfrognée. Elle joua un instant avec l’omelette qui gisait au creux de son assiette et redressa la tête, le visage soudain radieux.

— Sais-tu que j’ai perfectionné mon automobile ? Nous pourrions l’essayer à nouveau, avant la fin des beaux jours !

— Euh… Sans façon, grimaça-t-elle. Mais quel rapport y a-t-il avec la Grande Réunion ? Écoute, en réalité Dame Aëlle ne désire pas ma présence, mais j’ai pensé qu’à nous deux nous pourrions peut-être…

Elle sursauta. Lynn venait, dans un fracas métallique, de jeter sa fourchette sur la table.

— N’est-il possible de parler d’autre chose ? Pourquoi tout le monde est-il obnubilé par cette fichue réunion ? cracha-t-elle avec un élan de rancune dont Keina ignorait l’origine. De toute façon, je n’y vais pas, moi non plus.

À peine murmurés, les derniers mots se parèrent de mélancolie.

Interdite, la silfine observa son amie qui boudait, les deux poings repliés contre ses genoux. Un rire caverneux enfla dans son dos. Elle pivota sur son banc, pour se retrouver nez à nez avec Erich, qui déjeunait à la table d’à côté et que la situation avait rendu hilare.

— Ainsi, elle ne vous l’a jamais dit ? questionna-t-il après s’être calmé. Comme c’est curieux, une si bonne amie !

Un rictus sardonique flottait au coin de ses lèvres. Il se pencha, conspirateur, jusqu’à être si proche de Keina qu’elle recula de dégoût.

— Voyez-vous, Lynn n’ira jamais à aucune réunion, quelque soit son désir d’entrer dans le service actif !

— Hein ? Pourquoi ? ne put s’empêcher de demander la silfine.

Il darda sur la blonde un regard méprisant et esquissa un léger sourire.

— Les femmes n’ont pas leur place dans le service actif, je l’ai déjà dit. Celle-là encore moins que les autres ! La magie ne veut pas d’elle. Elle est tout bonnement incapable de la garder plus de quelques heures dans son corps. Une sacrée infirmité, au Royaume Caché, n’est-ce pas ? Visualisez la famille, à présent : une traîtresse, un coureur de jupon et une impotente… Joli tableau !

Il se tut, satisfait. Lynn s’était levée si soudainement de sa chaise que celle-ci gisait à présent sur le sol. Elle contempla un moment le silfe, son regard clair noyé par les larmes, puis se détourna dans un sanglot et détala vers la sortie. Keina s’élança à sa suite, le cœur pris de remords.

 

*

 

— Lynn, ouvre-moi, s’il te plaît !

Keina tapota doucement contre le bois de la porte, aux aguets. Elle s’en voulait. Après tout, elle attirait les particules magiques dont son amie était privée…

— Il faut que nous parlions !

— De quoi veux-tu parler ? Il n’y a rien à ajouter, bougonna une voix chagrine étouffée par l’épaisseur de la porte.

— Tant pis, tu ne connaîtras pas la conclusion du feuilleton du Petit Journal Illustré. Je le lirai seule, puisque je parle maintenant le français couramment !

Frou-frous secs d’une soierie traînant sur le parquet, un loquet qu’on déverrouille, et la porte s’ouvrit sur une Lynn boudeuse, échevelée et dévêtue. Keina la suivit à l’intérieur de son appartement et s’installa sans son invitation sur le sofa oriental qui ornait l’angle du salon. Son amie la rejoignit aussitôt, d’un air las.

— Eh bien, me voilà ! lança Keina, un demi-sourire au bord des lèvres. As-tu au moins la dernière édition du Petit Journal ?

Lynn pouffa et lui lança au visage l’un des coussins du sofa. 

— Te voilà de meilleure humeur ! enchérit la brune, le projectile en main. Je préfère ça.

La sœur de Luni, soudain plus calme, lui retourna un sourire triste qui en disait plus long que tous les discours de l’univers.

— Tu as raison, continua Keina d’une voix douce, le coussin sur ses genoux. On se fiche de cette réunion. Si nous nous rendions à Londres, toutes les deux ? Tu possèdes une elfide, n’est-ce pas ? Tu dois pouvoir sortir du Royaume ! Nous irions dévaliser les soieries chez Harrods, puis nous flânerions dans Hyde Park, je te présenterais à Gaétane et à Amy, et…

— Keina ! la coupa aussitôt son amie, une main posée sur la sienne. (Elle plongea ses grands iris bleus, qui ressemblaient tant à celles de son frère, dans les reflets noisette de Keina et dessina un sourire franc.) Je te remercie, acheva-t-elle dans un souffle.

En un instant, le cœur de la silfine se réchauffa. Après tout, qui savait ce que lui réservait le mois de septembre ?

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Dragonwing
Posté le 29/12/2010
C'est que ça crée de drôles d'idylles, les existences de sylphes. Avec toutes ces histoires de générations, ces gens qui vieillissent si lentement une fois atteint l'âge adulte, c'est une belle source d'intrigues amoureuses... Je ne sais pas si Keina a raison de soupçonner Luni de ne penser qu'à sa mère, mais une chose est sûre : avec le recul ça paraît en effet très probable ! Et malgré tout, elle ne passe pas des jours à se lamenter et à pleurer sur son lit, ni même des heures, et j'apprécie qu'elle soit assez forte pour essayer à tout prix d'aller de l'avant. Ca la rend bien plus attachante qu'une héroïne qui se laisse dramatiquement mourir d'amour. ^^ Mais comme tu le dis, difficile de croire aux âmes soeurs et à l'amour parfait quand on vit si longtemps...
Avec ce dénouement si surprenant entre Keina et Luni, on en viendrait presque à oublier ce qu'il a révélé plus tôt, et pourtant ces informations-là étaient très intéressantes. A commencer d'ailleurs par ce soudain désir de Luni d'aller envoyer Keina papoter avec ses ancêtres elfes. Parce que si ça lui tenait tant à coeur, pour commencer, pourquoi ne s'en est-il pas chargé lui-même plutôt que d'envoyer Pierre la "guider" ? Cet homme-là nous cache encore bien des choses, et zut à la fin, il mérite toutes les gifles que Keina arrivera à lui filer !
Keina
Posté le 29/12/2010
Eh oui, tu as raison, les intrigues amoureuses deviennent encore plus tarabiscotées chez un tel peuple ! Mais comme je l'ai dit, on découvre les événements sous le prisme de la perception de Keina, qui peut être biaisée... à ne jamais oublier ! Je suis heureuse en tout cas que ma Keina soit attachante pour toi. C'est vrai que je ne voulais pas d'une héroïne pleurnicheuse de toute façon, même si elle aura bien des raisons de pleurnicher plus tard, la pauvre ! Mais j'espère avoir bien géré son caractère du début à la fin. Ce n'est pas évident, mine de rien ! 
Et comme je le disais, tu as un sacré esprit d'analyse et de déduction ! On reconnait la matheuse... :) Tu as remarqué le détail sur "l'embrouille" autour de la venue de Keina auprès des elfes ! Bon, ceci dit, c'est un peu bête pour moi parce que du coup il va falloir que je l'explique, cette embrouille, et si c'était très clair dans ma tête à l'époque où je l'ai écrite, pas mal de détails dans mon synopsis ont changé depuis et ça ne l'est plus du tout aujourd'hui... xD Damned ! Je vais devoir cogiter là-dessus. En attendant, tu as raison, Luni mérite des gifles parfois ! J'espère quand même ne pas l'avoir rendu trop énervant ! 
vefree
Posté le 08/11/2010
ENFIN ILS L'ONT FAIT !!!!!!!!
Ce que c'était beau ! vraiment beau ! Jolie scène, pleine d'émotions, de désirs enfin révélés. C'était un peu comme une scène des Hurlevents... J'ai vraiment aimé lire cette belle scène d'amour même si elle se termine en eau de boudin. Un dandy coureur de jupons, certes, les lendemains sont toujours amers... snifff ! La scène est d'autant plus belle qu'on sent tout le passé chargé qui se trouve derrière. La simple intuition de Keina concernant sa mère que Luni aurait mis dans son lit... j'avoue qu'à sa place, je n'aurais pas été plus digne. Quel coup au coeur ! Et ce grand dadet qui lui dit juste après qu'il doit partir et elle aussi pour une mission non moins mystérieuse que tout le reste. Quelle déception ! j'oserai même dire que c'est dégueulasse !.... 
Non ?... bah, si, quand même ! Raaah, et ce Erich commence à me courir sur le haricot de plus en plus ! Qu'est-ce qu'il vient semer le trouble entre Keina et Lynn, lui ? On ne lui a rien demandé ! File d'ici, toi ! Va répandre ton venin ailleurs ! Pourquoi ne peuvent-elle pas aller à la Grande Réunion, les filles ? Toutes les filles ou elles seules ? Alors, les voilà à se consoler comme elles peuvent avec ce qu'elles aiment le plus pour ne pas penser au reste... 
Et donc, le mois de septembre s'annonce plein de surprises, hein ?!....  eh bien, on va aller lire ça, n'est-ce pas.
Biz Vef' 
Keina
Posté le 08/11/2010
Eh bien, je suis ravie que tu aimes ce chapitre ! C'est un peu mon chapitre "chouchou"... ^^ Mais j'ai toujours peur d'avoir un peu trop versé dans le sentimentalisme. Ceci dit, ça ne dure pas, hélas. Luni n'a pas le beau rôle... mais sans vouloir prendre la défense du beau blond, tout n'est peut-être pas aussi simple que semble le penser Keina. ^^' 
Et Erich qui vient enfoncer le clou... À son grand dam, les femmes sont en général admises à la Grande Réunion (après tout, comme le dit Lynn dans les premiers chapitres, le Royaume est bien gouverné par deux femmes !). Lynn n'y va pas parce qu'elle souffre d'un handicap (la privation de magie) qui lui interdit d'entrer dans le service actif. C'est surtout cette interdiction qui lui reste en travers de la gorge. Mais c'est une interdiction logique, parce que la magie "protège" quand même bien les agents en mission, et sans cette protection Lynn ne survivrait pas longtemps... Néanmoins Erich a le chic pour tourner ça de manière à en faire une insulte discriminante et à rabaisser encore plus Lynn.
En ce qui concerne Keina, c'est un peu différent, "on" ne la juge simplement pas prête à entrer dans le service actif. Mais peut-être n'est-ce qu'une excuse pour la garder "prisonnière" au Royaume un peu plus longtemps... :) Du coup, oui, elles se consolent comme elles le peuvent. ^^
Seja Administratrice
Posté le 25/08/2010
Héhé, je me souviens bien de ce chapitre. Ta cruauté m'avait grandement marquée :P<br /><br />Le début était vraiment excellent *o* Tu m'as rendue toute chose *o* Je ne le répetterai jamais assez, mais je suis absolument charmée par ta manière d'écrire. Tu manies la plume de manière fabuleuse *o* La chose affreuse, c'est que cette histoire n'est pas finie et que je vais me retrouver dans un terrible manque à la sortie de ma lecture :'(<br /><br />L'histoire d'Anna-Maria est vraiment terrible... En survolant le commentaire de Clo, j'ai vu que tu prévoyais d'écrire cette histoire au début. Je crois que si t'avais choisi ça, t'aurais eu des lettres de menace de mort, c'est dangereux un lecteur poussé à bout :P Mais niveau ressort dramatique, ça aurait été le must *o* Non, parce que là, avec Keina et Luni, ça sera un bon petit happy end, n'est-ce pas ? Comment ça, non ? :((<br /><br />Amoureux d'une morte... J'avoue que pendant les chapitres qui ont suivi, je me suis complètement fait avoir. Et je te trouvais horrible avec cette pauvre Keina. L'homme qu'elle aime amoureux de sa défunte mère oO Tu es diabolique, petite Keina. Heureusement que la big révélation a déblayé quelques gros doutes. Mais pour une chose presque tout aussi horrible. Bref, de ça, j'en parlerai le moment venu, mais mon petit coeur est en morceaux.<br /><br />Et on en vient à la deuxième partie. Keina rentre donc chez elle, le moral dans les chaussettes, soufflée par ce qu'elle a cru percevoir dans l'attitude de Luni. Sadique, très sadique auteur. Puis vient la révélation de l'"anomalie" de la pauvre Lynne. C'est cruel, vraiment. Mais la reconcilliation avec Keina était vraiment chouette :)) Alors j'avais une question. Si elle ne peut pas retenir la magie en elle hors du Royaume, dans le Royaume, elle peut l'utiliser ? Oh et évidemment, la petite mention d'Atlante par Erich. Chouette famille en effet xD<br /><br />Un chapitre vraiment très intense, sans doute le meilleur que j'ai lu jusque là. La suite !
Keina
Posté le 25/08/2010
Hop, je m'attaque aux RAR. Désolée pour le retard !
Je ne me prononcerai pas pour Keina et Luni, mais c'est vrai que l'histoire entre Anna-Maria et Esteban est assez tragique. ^^' Ceci dit, je ne suis pas sûre que j'aurais réussi à vous faire aimer Esteban autant que Luni, parce qu'il a quand même de grosses faiblesses de caractère (voulues, mais pas forcément à son honneur). Et Anna-Maria n'est pas non plus le personnage le plus charismatique que j'ai créé, elle a un coeur d'artichaud et pas forcément la force de caractère pour prendre les bonnes décisions (même si, pourtant, elle a été reine). Ceci dit, j'aurais pu me recentrer sur l'histoire entre Alderick et Atalante, et là, ça aurait pu prendre une tournure très intéressante, vu le caractère d'Atalante ! ^^ 
Hé hé c'est vrai que cette première révélation brouille un peu les pistes, elle paraît tellement évidente pour Keina sur le coup ! Ceci dit, on sait que Luni a été très ami avec sa mère mais aussi avec son père, et c'est toujours à prendre en considération. :)
Comme tu l'as constaté déjà, j'explique un peu mieux les conséquences de "l'anomalie" de Lynn par la suite.
Merci en tout cas ! Je sais que j'avais mis beaucoup de coeur dans ce chapitre. J'espère cependant en écrire encore du même acabit ! ^^
La Ptite Clo
Posté le 21/08/2010
Et là, JUSTE AU MOMENT OÙ JE COMMENCE À LIRE LA SCÈNE D'AMOUR, là, juste là, mon ordinateur m'affiche une MISE À JOUR JAVA ! RAAAAAAAAAAAAAAAAH MAIS C'EST UN COMPLOOOT ! Quel romantisme, il a bousillé toute l'ambiance ! J'étais à fond dedans, diaaaaantre ! T_T
J'étais particulièrement enchantée par ce que je lisais, je nageais en plein rêve, je flottais sur un gros nuage, (et je reconnaissais même avec grande peine que je n'avais aucune chance avec Luni, même avec mes 140 ans en années chien, et que je devrais ne pas empiéter sur les plates bandes de Keina), quand tu m'as sauvagement poignardée dans le dos !
Héééé mais c'est quoi ce bin's avec la maman de Keina là ?! T_T Je n'arrive pas à croire que Luni ait eu ce genre de relations avec elle! Qu'ils étaient proches, genre, deux très bons amis, oui, ça, je veux bien mais... ils n'ont pas été amants tout de même ? T_T Puis dans le prologue, elle ne mentionnait pas Luni, et elle disait qu'il n'y avait que deux hommes dans sa vie ! Nononononon, je ne veux pas le croire (puis c'est dingue, hein, mais j'imaginais Luni plus jeune que la mère de Keina...).
Puis le fait qu'il se barre, comme ça... JE ME SENS TRAAAAAHIIIIIE ! *se jette dans les jupes de Keina-l'auteur et pleure de toutes les larmes de son corps*
Puis l'histoire d'Anna-Maria m'a pas mal attristée aussi... T_T Ce qui lui est arrivé est vraiment terrible (mais Nephir n'aura pas utiliser le diadème alors, heureusement).
Bref... Allez, je m'en vais lire la suite ! *_*
(Vilaine, vilaine, vilaine Keina sadique)
Keina
Posté le 21/08/2010
Bon, ça y est, je suis opérationnelle pour répondre. ^^ Déjà, merci beaucoup pour ce commentaire... eh oui, ce chapitre a déjà suscité quelques réactions violentes... ^^ Mais de là à parler de poignard dans le dos ! Roooh voyons, comme si tu n'étais pas toi-même du genre à faire subir ce genre d'obstacles à tes personnages ! Non, non, ne mens pas ! ;) 
Effectivement, dans le prologue Akrista ne mentionne pas Luni. Indice ? Ah ah... En tout cas je suis contente que l'histoire d'Anna-Maria et Esteban te plaise. À dire vrai, j'ai failli raconter cette histoire-là à la place de l'histoire de Keina (enfin, plutôt, mon premier projet de roman-préquelle c'était d'écrire l'histoire des quatre meneurs de la guerre, Alderick, Nephir, Esteban et Atalante). Mais là, pour le coup, mes lecteurs m'auraient trucidée parce que si l'histoire commence bien, elle se finit très, très, très mal pour tout le monde. ^^' Alors que là, il y a de l'espoir pour Keina et Luni, quand même... ;)
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