Chapitre 5 - La Grande Arrivée

Par Keina

« Les pieds dans le vide j'ai l'impression de ne jamais avoir eu autant les pieds sur terre. »

Maxou, Dream

 

Dans les ombres du soir, elle ne distingua d’abord que les deux larges routes qui perçaient les montagnes, séparées par la Rivière du Milieu. Le ciel était si clair que les portes de la Trouée se détachaient à l’horizon. Il fallut quelques secondes à Keina pour s’apercevoir qu’elles étaient ouvertes ; et un peu de temps encore pour découvrir les nombreuses silhouettes qui s’en par la échappaient. Enfin, petit à petit, les routes s’obscurcirent, tandis qu’une clameur diffuse enflait dans l’atmosphère.

Ils arrivent…

Certains galopaient, d’autres s’étaient mis au pas et discutaient avec des amis retrouvés. Les premières silhouettes se précisèrent, et quelques résidents jaillirent à leur rencontre avec des cris de joie. Keina remarqua que des elfides transportaient des blessés, qui reposaient contre leur bulle comme des poupées désarticulées. L’image lui octroya un frisson. D’autres caracolaient entre leurs semblables, dos nus. Le guerrier avait chu, et ne se relèverait plus.

— Regardez, la cellule cinquante-huit arrive au complet ! s’exclama Lynn en battant des mains. Oh ! Par contre, Karl a le bras en écharpe, ajouta-t-elle, désappointée.

— Vois-tu si Toby, Pierre et les autres sont à leur côté ? demanda Maria d’une toute petite voix angoissée, les doigts agrippés à la manche de sa voisine.

Cette dernière secoua la tête d’un air navré. Luni rassura la grande blonde.

— Toby n’est pas un débutant, Maria. Il ne va pas tarder à apparaître, ne t’en fais pas.

Andrew se redressa tout à coup, si vite que Cinni eut à peine le temps de le retenir par la taille pour éviter qu’il ne tombe. Keina réprima un haut-le-corps nerveux.

— Je vois père ! Je vois père !

Il désigna une forme sombre juchée sur une grande elfide noire pourvue d’ailes de corbeau.

— C’est exact ! Veux-tu que nous allions l’accueillir ? proposa le silfe.

— Oh oui !

Le jeune garçon sauta du parapet, entraînant Cinni à sa suite.

Ils étaient maintenant des centaines à cheminer le long de la rivière. Aucun des équidés qu’ils chevauchaient n’avait la même taille ni le même aspect. Arrivés à proximité du Château, beaucoup quittaient leur monture pour saluer des proches. Les elfides délaissées galopaient alors dans les collines, à la rencontre de leurs pairs. De temps à autre, Lynn agitait le bras en criant, et un ou plusieurs cavaliers levaient la tête pour répondre à l’appel.

— Si Georgianna était parmi nous, elle te trouverait parfaitement inconvenante, Lynn, lâcha Keina dans un sourire.

Eoin pivota le menton vers elle, curieux.

— Qui est Georgianna ?

— Oh, une personne que j’ai connue en Angleterre… autrefois…

Le dernier mot mourut dans sa gorge.

Autrefois… Il y a si longtemps.

Le silfe roux hocha la tête.

— Mais on n’vit pas dans le monde des hommes ! Ici, les peuples sont libres, ya pas d’ces codes ni d’ces manières des gens d’la Haute ! À ce que j’en sais, rectifia-t-il en relevant du pouce le bord de son couvre-chef.

— Là ! Voilà la Reine Blanche !

Le cri provenait de Lynn, qui s’était inclinée un peu plus au bord du promontoire. Keina réprima un frisson. Elle détourna le regard et le fixa sur les arrivants.

— Où est-elle ? Je ne la vois pas…

La silfine retint son souffle. Luni venait d’appuyer sa joue contre la sienne. Une main ferme se plaqua contre son cou et guida son attention.

— Là-bas, entre les deux cavaliers en rouge… Elle porte le diadème. La vois-tu, à présent ?

— Oui ! Qu’elle est belle !

Son elfide aux tons chamarrés, dotée d’une corne frontale étincelante, marchait au pas, comme pour souligner sa prestance. Droite et fière sur son dos, la Reine soutenait une tiare aux mille feux qui s’amusaient avec la lumière du couchant. La gemme en son centre irradiait les alentours d’un halo d’émeraude.

— La Reine Noire n’est pas très loin derrière, sur l’autre rive, fit Maria en désignant une femme qui caracolait avec fougue. Elle porte le diadème également.

— Quand l’une prend l’initiative, l’autre n’est jamais en reste…

— Ont-elles travaillé dans le même monde ?

— Je ne crois pas, non, réfléchit Caledon. Dame Aëlle s’occupait d’un univers médiéval ; elle devait régler un litige entre deux royaumes ennemis, je crois. Dame Tamara au contraire se trouvait au cœur d’une révolution industrielle. Une histoire de découverte scientifique qu’il fallait à tout prix retarder. (À ces mots, Lynn poussa une exclamation farouche. Il lui était inconcevable d’empêcher ainsi la marche du progrès !) Excuse-moi, Lynn, reprit-il avec un sourire, mais tu n’ignores pas que les ordres proviennent des Onze, et ils savent ce qu’ils font. Oh, voilà Anna-Maria qui, comme à son habitude, vient accueillir les arrivants !

— Et comme d’habitude, la Reine Blanche n’sait que faire pour s’en débarrasser.

— Elle me fait réellement pitié. Elle qui a été si grande, et si courageuse ! Ce n’est plus qu’une pauvre folle à présent. Regardez-la s’entretenir avec l’elfide de la Reine !

— À qui la faute ? lâcha sombrement Caledon.

Un silence gêné accueillit sa remarque, comme s’il était lui-même le coupable. Intriguée, Keina chercha l’objet de leur discussion. Enfin, ses yeux se posèrent sur une femme maigre et échevelée, toute de blanc vêtue, qui s’efforçait d’aider la Reine Blanche à descendre de sa monture. Elle poussa une exclamation.

— Qu’y a-t-il ? s’enquit Luni dans son dos.

— Cette femme… je… je l’ai rencontrée, je crois, en sortant de chez toi. Qui est-ce ?

— Tu as croisé Anna-Maria ? Que t’a-t-elle dit ?

La silfine hésita, bouche ouverte.

Elle m’a donné un journal, un journal rédigé par la plume d’Alderick… Que cela signifie-t-il donc ? Comment ce journal s’est-il retrouvé entre ses mains ?

Non. Mieux valait taire ces informations.

— Je ne sais pas… Elle parlait une langue que je ne comprenais pas.

— Du suédois, certainement, affirma Lynn sur un ton didactique. Bientôt, grâce à la magie, tu comprendras toutes les langues du Royaume, Keina ! Elle venait de Suède quand elle est arrivée au Royaume. (La blonde marqua une pause, puis reprit.) C’était la Reine Blanche, durant la guerre.

Un temps. Keina assimila doucement l’information qu’on lui avait donnée.

— Elle a été reine ? Avant Aëlle ? Mais comment… ? Pourquoi… ?

Les mots se bousculèrent tout à coup. Elle savait que le titre de Reine n’était pas attribué à vie, comme cela se faisait dans le monde des hommes, mais se transmettait à intervalle régulier, tous les vingt ans environ. Néanmoins, elle n’avait jamais songé à celles qui avaient affronté la guerre. Des bribes du couronnement auquel elle avait assisté dans son enfance lui revinrent en mémoire. Elle n’avait que trois ans à l’époque. Elle n’en gardait que quelques impressions – majestueux, bruyant, coloré – mais revit également les Onze Mages, mystérieux et inaccessibles, qui avaient apposé leur marque dans son cœur. Des quatre Reines, passées et à venir, ne lui restait aucun souvenir.

Pourtant, deux d’entre elles avaient essuyé une guerre, et l’une des deux, aujourd’hui, passait pour folle aux yeux de tous.

Que s’était-il produit ?

Keina se tourna vers Luni, à la recherche d’une réponse. Ce dernier évita son regard avec soin.

— Maria, sois rassurée ! Je vois Toby, là-bas, suivi de Pierre, de Felix et d’Olga. Tous se portent bien, dirait-on !

La timide jeune femme aux traits fatigués réprima un sursaut d’allégresse et se pencha pour constater la nouvelle par elle-même.

— Si nous descendions pour les accueillir ? proposa Lynn.

Elle ne laissa pas le temps à Maria de répondre et, l’attrapant par le poignet, se sauva du promontoire. Keina hésita un instant, contrariée d’être laissée pour compte par sa nouvelle camarade.

Jalouse ?

Non, bien sûr que non. Elle n’ignorait pas que Lynn avait eu d’autres amies avant elle, et – eh bien, n’avait pas le droit de le lui reprocher, n’est-ce pas ? Mais alors, pourquoi ce sentiment d’abandon lui tenaillait-il le cœur ?

Elle chercha le soutien de Luni, qui l’encouragea d’un hochement de tête. 

— Viens, suivons-les. Ainsi, je te présenterai !

Il lui offrit son bras. Keina le saisit avec gratitude.

— Ça fait longtemps que Maria et Lynn se connaissent ? questionna-t-elle tandis qu’ils se rendaient au cercle de transport le plus proche.

— Elles se sont rapprochées durant la guerre, je crois. Au moins, celle-ci a-t-elle contribué à amorcer une éventuelle réunion entre la Blanche et la Noire. Et ce, malgré les nombreuses frictions entre les deux reines… Ai-je bien pris mon chapeau ? Ah, oui, il est là !

Il posa son haut-de-forme gris sur sa tête avec désinvolture. À ses côtés, Keina ne pouvait plus tarir sa curiosité.

— Ah bon ? Quels étaient les motifs de ces frictions ?

— Elle n’était pas d’accord sur la manière d’aborder le problème… Mais je crois qu’il va nous falloir cesser d’en parler.

Une bouffée d’aigreur s’empara de la silfine.

— Pourquoi ? Est-ce parce que je suis « trop petite » pour comprendre ? Ou bien dois-je encore en imputer la faute à mes parents ?

Luni esquissa une grimace.

— S’il te plaît…

— Je devrais me taire, c’est ça ? « Sois une gentille fille et tais-toi », hein ? Eh bien, je m’excuse de te l’annoncer, mais je ne suis pas une gentille Virginie aux ordres de son crétin de Paul ! hurla Keina, le visage empourpré, en se plaçant face au silfe.

— Je n’en doute pas, c’est juste que… nous sommes arrivés au cercle de transport !

— Oh.

Elle opéra un tour de vision et s’aperçut qu’ils stationnaient à la porte d’une vaste salle éclairée de flambeaux. Des individus de toutes sortes circulaient, entrant et sortant du tracé au centre de la pièce. Certains d’entre eux observaient, amusés, le spectacle qu’offrait la silfine. Vexée, celle-ci s’engagea au sein du halo de jade. Luni la suivit, sourire aux lèvres.

— Si tu voyais ton visage, souffla-t-il à ses côtés.

— Tu ne perds rien pour attendre, répliqua Keina entre ses dents tandis qu’elle attendait la vague qui allait l’emporter au loin.

 

*

 

Une fois au bas du Château, l’effervescence atteignait son comble. Ce n’était que cris, discussions, rires et autres manifestations sonores. Luni et Keina se frayèrent un passage au travers du gigantesque hall d’entrée et sortirent à l’air libre. Ils ne tardèrent pas à retrouver Lynn et Maria, qui discutaient avec un groupe dont les traits affichaient fatigue et soulagement. La première riait en compagnie d’un ours au visage buriné, tandis que la seconde buvait les paroles d’un Viking à la mâchoire carrée.

— Encore des présentations ! grogna Keina lorsqu’ils arrivèrent à leur hauteur. Je crois que ce soir, j’ai eu mon compte de nouvelles têtes.

— Accordez-moi au moins le temps d’un salut, rétorqua un jeune homme aux yeux espiègles, dans un anglais aux consonances françaises. Mademoiselle… À qui donc ai-je l’honneur ?

Le buste rigide, à la manière des grands seigneurs, il s’inclina avec délicatesse, une main dans son dos et l’autre sur sa poitrine.

— Je te présente mon ami Pierre, déclara Luni, avec dans la voix une nuance d’irritation qui intrigua la silfine. Pierre, voici Keina Ist Akrista-Ateyalle, la pupille de Cinni et Ekaterina. Elle vient tout juste de réintégrer le Royaume.

— Seigneur Dieu ! Une beauté si ensorcelante devait certainement dépérir loin de la magie ! Êtes-vous heureuse de retrouver vos semblables ?

Charmée par l’allure affable et les compliments du jeune homme, Keina répondit poliment, un sourire mutin sur les lèvres.

— Eh bien… Ça n’a pas été facile au début, car je laissais de bonnes amies de l’autre côté de la Trouée, mais…

 — Lûûûni ! Quel plaisiiiirrr de te rrrevôar, cheeeeerrr ami !

Keina s’arrêta, surprise par l’intervention inopinée d’une immense brune vêtue comme un homme. Elle jeta un coup d’œil au silfe à ses côtés, et le vit présenter ses hommages avec une légère obséquiosité. Ses traits se tordirent. Qui donc était cette asperge à l’accent russe prononcé ?

— Olga, ma chère, la mission ne semble pas vous avoir éprouvée. Vous êtes fraîche comme une rose !

La silfine se pinça une lèvre. À l’instar de son ami, Luni maniait le compliment comme un escrimeur manipule son fleuret. Pourquoi ne lui disait-il jamais ces jolies choses, à elle ?

Idiote ! se morigéna-t-elle.

— Viiiiile flateurrr…

Olga ramena une main devant sa bouche démesurée, dans une pose timide qui jurait avec son allure dégourdie.

Est-ce que Luni et elle… ?

Keina sursauta.

Les doigts de Lynn venaient de se poser sur son épaule.

— Keina, as-tu fait la connaissance de la cellule trente-deux ?

— Eh bien… en réalité, jusqu’à maintenant, je n’ai été présentée qu’à Pierre, fit-elle en désignant le concerné, qui répondit par un mouvement de tête courtois.

— Oh ! Je vais donc terminer la tâche. Voici Felix, enchaîna la blonde, le doigt pointé sur l’ours qui flattait son elfide. Là-bas, Toby en pleines retrouvailles avec Maria… (Elle se pencha sur la silfine et lui murmura à l’oreille.) Ils sont fiancés… Mais je ne t’ai rien dit, n’est-ce pas ! se rattrapa-t-elle à haute voix. Elle continua : Enfin, la grande dame qui fait les yeux doux à Luni n’est autre que la duchesse Olga Filipovna Alexeïeva, qui fut proche de la tsarine Alexandra avant d’arriver au Royaume. (Elle soupira, les yeux dans le vague, puis reprit comme si de rien n’était.) Quoi qu'il en soit, ici, elle est Olga, simplement.

Keina les salua un par un, fidèle aux bonnes manières que lui avaient inculquées Mrs Richardson. Le dernier rayon de soleil disparut derrière les cimes, et visages et silhouettes se fondirent dans l’ombre de la nuit. Olga décida qu’il était temps pour eux de regagner l’intérieur. Peu à peu, l’espace s’éclaircissait ; les habitants du Royaume se repliaient progressivement dans la sécurité du Château, abandonnant les vallées herbeuses aux elfides qui s’ébattaient en petits groupes. La duchesse offrit son bras à Luni, Lynn accepta celui de Felix et Maria, naturellement, celui de Toby. Ne restaient que Pierre et Keina, qui suivirent à leur tour.

Dans un état second, la silfine se laissa guider par son cavalier. Quelques bribes de la conversation entre Luni et Olga parvinrent à son oreille.

— Figurrre-toi, cherrr ami, que nous avons eu le plaiiisiiiirrr de trrravailler avec la délicieuuuse Domenikkka. Une sorrrdide histoirrre de sorrrcelerrrie à Saint Peterrrsbourrrg…

— Vraiment ? Comment va-t-elle ?

— Admirrrablement bien, depuis que je lui ai prrrocurrré cette place au Palais. Quelle charrrrmante demoiselle !  (Un ton en dessous, quasi en confidence.) Et le petit Fiodorrrr est prrresque un homme, aujourrrd’hui !

— J’en suis heureux.

La silfine crut percevoir une légère émotion dans la voix de Luni. Elle se crispa sur le bras de Pierre. 

— Avez-vous déjà un cavalier, pour le bal de la Grande Arrivée ? s’enquit celui-ci avec naturel.

— Pardon ? Euh… non… non. Luni ne m’en a rien dit. Quand se déroule-t-il?

Un bal ? L’esprit de Keina s’éveilla en fanfare. Un bal ? Elle n’en gardait aucun souvenir, mais elle n’était qu’une enfant à l’époque, et ce genre d’événement ne la concernait pas. Depuis, son caractère avait mûri.

— D’ici quelques jours, je suppose. Le temps que chacun retrouve ses marques. Alors, accepteriez-vous de m’y accorder la première danse ? Pardonnez ma témérité.

— Je ne sais pas… Il faudrait que je demande à mes tuteurs…

Un sourire fin se dessina sur les lèvres du jeune homme.

— Voyons, n’êtes-vous pas en âge de prendre vos propres décisions, à présent ?

— À dire vrai, je ne sais pas du tout à quel âge un silfe peut être considéré comme majeur, répondit-elle sur le même ton.

Ce disant, elle pivota vers son compagnon, sourire aux lèvres. Celui-ci mourut à l’instant où leurs yeux se croisèrent.

Glace…

Une curieuse étincelle vacillait au fond des pupilles du jeune homme, comme un reflet lointain qu’elle n’arrivait pas à détailler. L’impression ne dura pas, mais suffit à semer le trouble dans son esprit. Pour elle ne savait quelle raison, le portrait de Nephir lui revint en mémoire. Même s’il n’y a plus rien à craindre d’elle, je n’aime pas la sentir si proche, susurra Lynn à son oreille.

Elle se retourna subitement.

Rien.

Un peu plus loin, la blonde conversait avec son cavalier, sans se soucier d’elle. Keina ferma les yeux puis les rouvrit, l’esprit plus clair. À quelques pas de là, Olga riait à gorge déployée des plaisanteries de Luni. Cette vision balaya ses pressentiments à la vitesse d’une bourrasque.

— Je serais ravie de me rendre au bal avec vous, Pierre, annonça-t-elle avec fermeté.

À ses côtés, le visage du jeune brun s’éclaira. La silfine se mordit une lèvre. Était-elle en train de perdre la raison ? Elle songea au journal d’Alderick et à ce qu’il relatait à propos du livre mystérieux de Keneros. Peut-être la magie qui en émanait s’était-elle emparée de son esprit…

Non, bien sûr que non. Tu es ridicule, voyons… Cette journée a été bien trop longue, voilà ce qu’il se passe.

Cette journée a été trop longue et tu es épuisée.

— Je crois que je ne vais pas vous accompagner dans le salon, murmura-t-elle à son cavalier, tandis qu’ils s’approchaient d’un cercle de transport.

Pierre leva un sourcil interrogateur.

— Je suis vraiment fatiguée, s’expliqua la silfine. Je souhaite me retirer dans mes appartements, si cela ne vous dérange pas.

Le Français s’inclina.

— Comme il vous plaira. J’espère au moins vous revoir avant le bal !

— Je ferai de mon mieux ! sourit-elle en entrant dans le cercle. Vous m’excuserez auprès des autres.

Elle ferma les yeux et chuchota « chez moi ». Tandis que la vague d’énergie déferlait en elle, les conversations se turent pour laisser place au silence. Lorsqu’elle rouvrit les paupières, la solitude d’un étroit couloir aux arches romanes l’accueillit comme une vieille compagne. Keina soupira et s’échappa du cercle.

Un peu de sommeil lui ferait le plus grand bien.

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vefree
Posté le 06/11/2010
Qui est ce Pierre qui semble troubler Keina d'un mauvais pressentiment ?...
La Grande Arrivée donne enfin l'occasion de faire connaissance avec une ribambelle de personnages tous bien différents. On sent à travers leur descriptif tout le passé chargé qu'ils véhiculent et les liens bien différents qui les unissent (ou pas). C'est là qu'on voit aussi que la question des passages entre les Mondes sont parfaitement dans les usages et d'y agir aussi, chacun avec des motivations différentes ; blanche ou noire.
Maintenant, arrive ce bal qui surprend Keina, auquel elle n'est pas du tout préparée et qu'un cavalier s'est imposé, charmant, mais inquiétant... gasp ! Je ne le sens pas, lui. On dirait qu'il sait plein de choses sur le passé de Keina, sur ce qui fait qu'elle est peut-être coupable de quelque chose par héritage ou que sais-je. Bref, je m'inquiète. 
Et que fait Luni, alors ? Qui est cette volubile Olga et son accent traînant qui le prend par le bras ? 
Bon, il se fait tard, mais je promet de lire encore un chapitre ou deux demain...
Biz Vef' 
Keina
Posté le 06/11/2010
Ah, le mystère "Pierre"... mes lecteurs "à jour" ne savent toujours pas sur quel pied danser... ^^ Il sait des choses, c'est certain. Pour le bien ou pour le mal de Keina ? Mystère...
Je suis heureuse que tu ne te sois pas perdue entre tous ces personnages. Bon, là, par contre, tous n'ont pas un rôle primordial, certains n'apparaîtront même plus du tout. Oui, l'ingérence dans les monde parallèle est comme une mission que se sont donnés les dirigeants du Royaume depuis des lustres. C'est entré dans les moeurs, en quelque sorte. Pour le meilleur et pour le pire... 
Et pour Luni et Olga... rassure-toi, il n'y a rien entre eux qui puisse rendre réellement jalouse Keina. Mais Olga aime bien attirer l'attention, et forcément, Luni se laisse prendre au jeu ! ^^
J'espère que la suite ne te décevra pas, et surtout ne t'ennuyera pas trop. Les choses vont commencer à décoller lentement, mais c'est vrai qu'il y a pas mal d'explications et de présentations au début... 
Bisous !
Seja Administratrice
Posté le 24/08/2010
Ah tiens, une petite menion de Domenika et Fiodr :P<br /><br />Héhé, Keina et Luni, sont meugnons ces deux *o* Wah, ça en fait du monde tout d'un coup. Ils sont quand même un sacré paquet à rentrer. Le Royaume a tout l'air de se réveiller d'ailleurs. Si mes souvenirs sont bons, les chapitres suivants vont être un peu plus "remuants" ^^'<br /><br />C'est rigolo de retrouver tous ces personnages dans leur première apparition :P Ah Pierre *o* Et Olga :))<br /><br />T'excuseras la brieveté du commentaire, mais j'ai pas assez de neurones pour me lancer dans quelque chose de constructif :|
Keina
Posté le 24/08/2010
T'en fais pas pour la brièveté du commentaire ! Il est très bien. <3 
Ouiii, ça me fait plaisir que tu remarques cette première mention de Fiodor ! :) Tu as quand même sacrément bonne mémoire, dis donc !
C'est dingue, tu arrives tout de suite à saisir l'atmosphère générale de chaque chapitre... ici, oui, c'est clairement l'éveil du Royaume avec cette "Grande Arrivée". Il ne se passe pas grand chose, mais je voulais absolument décrire l'un de ces événements. J'introduis aussi assez consciemment plein de personnages, sachant que tous n'auront pas une importance capitale. Mais j'ai quand même appuyé sur les rencontres que j'estimais relativement importantes, à savoir celles d'Olga et de Pierre. Tous deux vont intervenir de façon plus ou moins direct dans l'histoire...
D'ailleurs j'espère que mon personnage russe ne te "choque" pas trop (dans le sens où il ne correspondrait pas à "l'esprit" de ce pays). Je l'ai créée avant de te connaître, sinon, tu penses bien, je t'aurais demandé conseil ! ^^ De toute façon, c'est pareil pour Anna-Maria la suédoise, je ne sais absolument pas si elle fait vraiment suédoise ou non... Pour les anglais, c'est un peu plus facile, je m'inspire de toutes mes lectures de littérature anglaise du XIXe siècle (quoique je crois avoir créé Olga après avoir lu "L'Idiot" de Dostoïevski). Je regrette maintenant de n'avoir pas introduit aussi des asiatiques, ou des indiens, ou des africains, etc. pour montrer que la population du Royaume est vraiment bigarrée et (relativement) égalitaire. Peut-être lors d'un retravail, j'y penserai... 
Repose tes neurones va, tu en as aussi besoin pour écrire ! ^^ 
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