Prologue

Par Sabi

Quelques semaines après l’arrêt du supercalculateur

 

Les nuits d’Aélita étaient toujours menacées par les cauchemars. Ceux-ci n’étaient pas systématiques. Mais lorsqu’ils se produisaient, la même impression de terreur rampante qu’auparavant revenait. En cela, l’extinction de Xana et la mise à l’arrêt du supercalculateur n’avaient rien changé.

La jeune adolescente de quinze ans revoyait celle qu’elle avait été enfant, dans ce chalet des Rocheuses où le malheur avait frappé une première fois. Aélita devait revivre l’impuissance, l’incompréhension de ce qui se passait. Pourquoi maman était-elle partie ? Pourquoi le chalet avait-il brûlé ? Pourquoi devait-elle prendre des cours par correspondance ? La sensation d’être une poupée ballotée par les événements était terrible.

Puis était venu Lyoko, et surtout Xana. Et tout ce qui avait précédé avait dû être mis sous le tapis face à l’urgence et le danger que représentait ce programme informatique.

Mais maintenant que la page Xana était tournée, que sa mission personnelle était accomplie, restaient ces vieux traumatismes aux relents de peur, de tristesse, de solitude. Xana vaincu, restait cette petite fille pleurant la disparition de sa mère et la mort de son père.

Tant que le supercalculateur était resté allumé, cela avait formé une sorte de lien intangible avec Franz Hopper, et Aélita s’était accrochée à l’idée que cela lui permettrait de le retrouver. Jérémie avait par ailleurs maintes fois consolidé cet espoir.

Mais il y avait une autre chose que la jeune collégienne n’avait avoué à personne, même pas à elle-même. Tout au fond de sa conscience, elle avait entretenu la folle espérance que cette machine, ce monde virtuel seraient une sorte d’étoile dans le ciel qui permettrait à sa mère de la retrouver.

Désormais, tout était fini. Son père s’était sacrifié, et les probabilités de retrouver sa mère étaient infinitésimales. Pour commencer, était-elle morte ou vivante ? Incapable de répondre à cette simple question, Aélita se voyait condamnée à rester dans le flou toute sa vie.

C’est pourquoi, après s’être réveillée pour la énième fois en sueur et en pleurs d’un de ses cauchemars de loup et de neige, la princesse aux cheveux roses sut que jamais elle ne pourrait supporter de vivre de cette manière. C’était tout simplement par trop intolérable.

Aussi décida-t-elle à ce moment-là quelque chose qu’aucun lyokoguerrier, elle comprise, n’aurait pensé devoir faire un jour.

 

De nuit, l’usine abandonnée avait toujours renvoyé une impression de délabrement, mais aussi de peur. C’était l’endroit parfait pour des fantômes tapis dans l’ombre, ou des monstres se glissant sans bruit entre les poutres métalliques et froides. Et en ce qui concernait Aélita, les fantômes et les monstres étaient réels en ce lieu. Des souvenirs anciens, mais aussi pour certains encore très récents, vagabondaient sans but dans cet édifice isolé ; beaucoup d’entre eux d’ailleurs étaient des événements qui ne s’étaient pas produits dans cette ligne de temps grâce au retour vers le passé. Et puis, il y avait LE monstre, tapi dans les entrailles de l’usine…

Le vieux monte-charge rouillé fonctionnait comme à son habitude, et pourtant pour Aélita, tout lui paraissait différent cette nuit-là.

Avant, ses amis étaient avec elle, complices, même lorsqu’elle était seule à descendre au labo à bord de cette cage brinquebalante. Mais maintenant, elle était seule : ni Odd, ni Ulrich, ni William, ni Yumi, et encore moins Jérémie, ne savaient ce qu’elle s’apprêtait à faire.

Complètement seule avec sa décision, Aélita était désormais sans défense face à la vérité nue qu’elle avait pu ignorer jusque là : elle avait peur de l’usine et la détestait même depuis le retour de ses souvenirs. Cet endroit lui avait pris beaucoup trop de choses précieuses.

Le faux mur disparut et après avoir entré le code sur le clavier mural, la porte blindée se déverrouilla et s’ouvrit sur la salle du supercalculateur. L’atmosphère glaciale qui ne l’avait jamais dérangée jusqu’à présent la frappa à ce moment de toute sa force, et la princesse frissonna. Lentement, la bête émergea de son socle de métal, luisant de brume gelée, laissant s’échapper des vapeurs réfrigérées.

Le levier d’activation était là, face à elle. Quelques secondes, la jeune fille hésita, repassant dans sa tête toutes les raisons qui la poussaient à agir ainsi. Et toutes lui paraissaient si égoïstes, si dérisoires ! Juste pour se redonner l’espoir de revoir sa mère, elle allait rallumer ce supercalculateur de malheur ? Mais l’appel intérieur était implacable, ferme et fermé à tout contre-argument logique. Aélita avait besoin de savoir.

« Je suis en train de commettre une énorme bêtise. »

Empoignant le levier, après une grande inspiration, la collégienne aux cheveux roses rouvrit la boîte de Pandore. Une demi-seconde plus tard, le grondement caractéristique du supercalculateur se fit de nouveau entendre dans les salles du laboratoire souterrain.

 

Dans le dortoir du collège Kadic, l’ordinateur de la chambre de Jérémie Belpois émit un signal d’alarme sonore que le garçon, pourtant endormi, reconnut entre tous pour l’avoir entendu beaucoup trop souvent ces deux dernières années.Comme sous électrochoc, le jeune génie sursauta violemment à ce son vif et brusque. Pris au dépourvu, hagard et un peu paniqué, l’adolescent se releva en catastrophe et enfila ses lunettes. Avait-il rêvé ? Était-ce une illusion auditive ? Jetant un œil sur l’écran de son ordinateur, il vit les fenêtres ouvertes qui n’y étaient pas lorsqu’il était allé se coucher. Le coeur battant, Jérémie s’assit à son bureau.

« Mais qu’est-ce que c’est que ça, encore ? »

Le système d’exploitation importé du laboratoire était de nouveau en marche et recevait des données. 

« Mais c’est pas vrai ?! Je rêve, c’est pas possible ! »

Quelqu’un avait rallumé le supercalculateur.

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Elly Rose
Posté le 29/12/2022
Bonsoir,
Je viens de tomber par hasard sur ton histoire et comment dire en voyant écrit "codeLyoko" je n'ai pu m'empêcher de sourire! Ce dessin animé à bercé une partie de mon enfance et je suis véritablement heureuse de pouvoir retrouver ces personnages! Tu as tellement su rendre à Jérémie sa personnalité en quelques lignes et Aelita mérite tellement d'avoir des réponses!
J'ai hâte de voir si le reste de la bande sera également au rendez-vous!
Sabi
Posté le 30/12/2022
Bonjour !
Code Lyoko a bercé mon enfance et mon adolescence. J'étais vraiment fan. Si bien que quand j'étais adolescent, je rêvais au fond de moi de faire une fanfic sur Code Lyoko, mais je ne l'ai jamais faite par manque de confiance en moi, je suppose.
Ces derniers temps, je m'en suis souvenu, et je me suis dit qu'il était grand temps que je me sorte les mains des poches.

J'espère que cette histoire saura te faire plaisir. Merci pour les compliments. Je ne sais pas si la suite sera aussi bonne en terme de "personnalité" des personnages. Nous verrons bien.
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