Prologue

La nouvelle était tombée sur France Inter, juste après le débat du midi – qui concernait aujourd’hui la « chasse à courre ». Le PDG de la firme « Lamazone Incorporation France » était mort. Son corps sans vie avait été retrouvé dans son bureau, un bureau pourtant dépourvu de fenêtres, et dont l’entrée était gardée et surveillée inlassablement depuis que sa mort avait été prédite la semaine précédente dans une annonce d'un petit journal de province.

Finalement, la commissaire Darais, de la brigade criminelle, avait compris. Le verre qui avait été proposé au mort avait été substitué à un autre entre le moment où on l’avait goûté (l'homme se méfiait : il avait confié cette tâche à deux grandes brutes postées à l'entrée de son officine) et le moment où le PDG en avait ingurgité le contenu cul sec. Le nouveau verre avait été empli de poison. La commissaire n’attendait plus que de savoir, de la part des légistes, de quel poison il s'agissait.

Sur le bureau du mort avait été retrouvée une nouvelle lettre, la dernière d’une multitude d'autres du même acabit, tapée à la machine à écrire, et sur laquelle on ne décelait ni fautes d’orthographe, ni empreinte digitale :

Empoisonné comme il empoisonnait ce monde, votre peu-aimé directeur, sans enfant, divorcé pour une jeunette vénale (infailliblement héritière, on ne mélange pas les races), riche, haï de tous ses employés, ne manquera à personne.

J’aurai fait des heureux.

 

C’est ainsi que s’achève mon travail ici.

Votre sauveur noir dévoué,

A.H.

Martine Darais avait seulement soupiré. Trop de questions s’imposaient à son esprit, trop de questions dont elle n’aurait sûrement jamais les réponses. Elle avait pourtant une faible idée de ce à quoi, ou plutôt à qui, pouvaient correspondre ces deux initiales. Tant pis. Que faire, de toute façon ? Le tueur devait déjà être loin, peut-être dans un pays au bout du monde, et il n’avait toujours pas de visage, et n'abandonnait jamais une seule preuve.

Et puis, peut-être que la dernière phrase signifiait que tout était fini. Peut-être que l’assassin ne reparaîtrait plus ? Peut-être que tous ces problèmes, que toutes ces morts, que toutes ces lettres…

Peut-être que toutes ces histoires arrivaient enfin à leur épilogue.

 

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Etienne Ycart
Posté le 13/11/2021
Un bon début!
Un polar social?
Le Pdg me rappelle vaguement quelqu'un
Mais je ne sais pas qui
La vente par crrespondance non?
ça donne envie de lire
juste une remarque
c'est trop direct
Un des plaisirs du polars c'est de chercher avec le commissaire
alors distille les infos
fait planer les incertitudes....
Le chat botté
Posté le 21/08/2021
Génial ! J'ai hâte de lire la suite ! Tu ne t'arrêtes jamais ! C'est impressionnant. J'imagine que si le personnage du serial killer est alléchant, c'est qu'il a son petit côté anticapitaliste. :)
Hugo Melmoth
Posté le 21/08/2021
Re, puisque je répond à tous mes commentaires !

Merci encore pour ce commentaire. Sois heureux, le premier chapitre a déjà été publié !
En effet, oui, haha ! :D

A très vite, j'espère !
H. M.
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