... ("Les conversations de marché, très peu pour moi")

Par Liné

Agaçant. Pourquoi signe-t-il toujours ses textos par son prénom ? Je le lui ai dit et répété, pourtant, qu’un texto n’était pas une lettre : ça ne se signe pas. Il est journaliste, il devrait maîtriser ce code d’écriture.

« Olivier ». Avec ce O gros comme un ballon, qui empêche de faire le tour du prénom et de saisir pleinement le message, qui bloque dès l’entrée. Suivi de ce l trop haut, trop long, nouvel obstacle. Un parcours du combattant. Tant qu’à faire, « Papa » ce serait bien aussi, non ?

Je répondrai plus tard. Peut-être que je ne répondrai pas du tout.

- Ma Vivi, tu voulais faire des courses ? Je me souviens plus.

Je range mon téléphone dans mon sac et rejoins ma grand-mère dans la véranda. Quelques fruits, je réponds, mais on n’est pas obligées de faire un grand tour.

- C’est bien, des fruits, c’est très bien. Ça te dit d’aller chez la Sandrine ? Ça fait longtemps que je l’ai pas vue.

Elle est elle-même, dans un bon jour : joyeuse mais pas trop, enthousiaste à l’idée de croiser la commerçante qu’elle connaît depuis des siècles. Elle empoigne sa béquille, tapote plusieurs fois le sol pour s’assurer de son confort, et me fait signe qu’elle est prête. D’habitude, elle refuse de se montrer avec ces trucs de vioques qui font bonjour l’hospice – au lieu de quoi il faut la soutenir soi-même, épaule contre épaule, dans un bras-dessus-bras-dessous serré. 

On sort, je ferme la porte à clef et surveille ma grand-mère du coin de l’œil. Elle avance plutôt bien, avec précaution et assurance, le dos courbé mais le menton relevé. Je la suis de près, la laisse initier le rythme de notre promenade. Sa béquille frappe le bitume entre chaque pas, des échos éclatent sur le paysage. On longe l’allée bordée de terrasses et quelques voisins nous font des signes de mains. Le port se dresse à l’horizon, sorti du cadre de la fenêtre auquel je l’avais habitué : je me rends compte que je ne sors plus de la maison, si ce n’est pour remplir une mission.

- Dis donc, me dit-elle, t’as pas mieux à faire de ta vie ?

- Quoi ?

- Ça va pas te plaire trop longtemps, de venir assister une vieille. Je comprends. Quand Mathilde reviendra, je lui en toucherai deux mots. C’est pas à toi de t’occuper de tout ça, t’as ta vie de jeune, faut que t’en profites.

Elle a donc compris que sa fille n’était plus dans les parages. Je n’ose pas aborder le sujet.

- Et puis ton truc de… de murène, là…

Je souris. Mon premier roman graphique raconte l’histoire d’une jeune femme persuadée qu’une murène se terre dans ses placards, dans ses meubles, prête à l’attaquer à tout moment.

- C’était vachement bien ! Je vais pas te mentir, j’ai pas tout compris. Avec toutes ces cases et ces personnages qui parlent dans des hublots… Mais je vais te dire, ce que t’as fait, ça j’ai compris et je suis contente. C’est bien, de pouvoir parler de violences comme ça, et passer par le biais d’une histoire pour enrober le tout, c’est intelligent et c’est très fort.

Je la regarde avec stupéfaction. Je savais qu’elle avait lu mon roman, elle m’avait complimentée en deux ou trois mots banals. Mais c’est la première fois qu’elle m’en parle avec autant de précision. Elle me demande s’il y aura une suite, je lui dis que non, enfin pas tout à fait : pour exister, La pieuvre éphémère doit d’abord grandir de quelques tentacules.

- Ha, ben dis donc. T’es friande de bêtes gluantes, toi. J’aime ni les murènes, ni les pieuvres. Même, je déteste ça. Par contre, tu mettrais la palourde en étendard, là j’applaudirais. Et ça ferait un super clin d’œil à Soleuze.  

Lentement mais sûrement, on descend la colline qui sert de perchoir à notre maison. Je connais ces rues par cœur jusqu’au moindre cabossage du bitume. Je repère le parcours des plantes qui s’étendent puis meurent le long des murs et sur les rebords de fenêtre, les plaques de rue se dessinent toutes seules sur mon chemin sans que j’aie besoin de les regarder, et le bruit du centre-ville nous parvient comme une banderole se déroulant pour mieux nous guider.

Il suffit d’un détour de rue, et nous voilà dans la cohue de Soleuze. Depuis que le printemps a pointé le bout de son nez, de nouvelles vagues de touristes affluent chaque jour : on les voit qui errent gaiement de magasin en magasin, habillés n’importe comment, un sac d’achat dans une main et une glace dans l’autre. Ils se ressemblent tous. Les Soleuziens, eux, sont derrière des comptoirs, à servir.

On entre dans le marché couvert, la foule y est plus dense. Ma grand-mère se raidit, déstabilisée mais déterminée à ne pas se laisser écraser. Les gens s’écartent sur notre passage, on rejoint le stand de Sandrine.

- Ça alors, la Nellie ! Comment tu vas, ma belle ? Et cette grande Victoire, bonjour toi !

Je la salue en retour et m’écarte. Les conversations de marché, très peu pour moi. Je ne peux pas m’empêcher de les trouver effrayantes. Glaçantes. Il y a toujours beaucoup de sourires, de bras qui s’ouvrent ; de chaleur dans les voix et de notes soudain aiguës, comme si le moindre mot forçait à se dresser sur la pointe des pieds. C’est ça : des pantins, ils ne sont que des pantins, avec des fils de partout qui obligent à gesticuler, et moi, en face, je ne perçois plus rien d’humain. Toutes ces personnes derrière autant de comptoirs, dans les marchés, les magasins, les cafés et les bars, qui vous connaissent sous un seul angle, celui de la ville – qui croient vous connaître au seul prétexte qu’elles vous ont vus grandir, partir et revenir – je les trouve insidieuses. Ces sourires et ces bras et cette chaleur s’immiscent en vous et vous immergent sans que vous ne puissiez jamais vous en défaire. Et aux « ça va ? » ordinaires, on ne peut que renvoyer une réponse fade, commune, et trop souvent trompeuse.

Elles discutent, donc. Ça parle de fruits, évidemment, de la météo et des enfants. Je me contente de sourire gentiment, l’air absent. Je remplis mon sac de pommes, de prunes et de nectarines, je paie. Sandrine me demande quelques nouvelles, je réagis du bout des lèvres et ne lui livre que l’essentiel.

- C’est bien, un peu de soleil, ça te changera de Paris ! En tout cas, ma Nellie, t’as l’air en pleine forme ! Je suis contente de te voir, ça oui, je suis contente ! Je sais que c’est dur parfois, mais faut que tu continues à garder la tête sur les épaules. Et puis t’es bien entourée, t’as vu ! On passera te voir bientôt, hein ? Un petit apéro ?

Elle ne viendra pas, je sais qu’elle ne viendra pas. On dit toujours qu’on passera, qu’on se retrouvera autour d’un verre ou d’un repas, mais ce sont des paroles en l’air. L’occasion de se montrer poli et concerné. Toutefois le reste de sa réplique m’étonne et me touche. C’est rare, d’évoquer la vulnérabilité des autres.

- Vous repasserez, hein ! Allez, à bientôt !

On s’éloigne du stand, on sort du marché, et je suis soulagée de retrouver le soleil. Je me sens toujours mieux à l’air libre. Je ne propose pas à ma grand-mère d’allonger notre balade : je la sais fatiguée, et la remontée de la colline promet d’être éprouvante. Sans se concerter, on prend le chemin du retour.

Il n’est pas loin de midi. Le soleil se dresse par-dessus les rues, les terrasses, les verres de vin et les premières assiettes, ne laisse place à aucune ombre. Les gens attablés dehors ont l’air d’aimer cette sensation, les rayons du soleil qui frappent le nez et réchauffent les épaules. Je les comprends tellement. Rien qu’à les voir s’animer, trinquer, une forte envie de les étreindre me saisit soudain – l’envie de les rejoindre, de me fondre dans leur décor, de glisser sous le même soleil et de me laisser happer par sa chaleur. On ne s’étonnerait pas de ma présence, je ferai partie de Soleuze, de ce printemps en terrasse, comme n’importe qui, avec ma petite robe, mes lunettes de soleil et mon sourire. J’aurais des amis qui m’attendraient, peut-être même de la famille, et on vivrait ce rendez-vous de midi sans réaliser la chance que c’est, se rencontrer en toute simplicité. Portée par mon élan, je passe un bras sous celui de ma grand-mère et me serre un peu contre elle. Elle n’a pas l’air surprise – plutôt contente. Et on continue notre route.

Le brouhaha du marché s’estompe dans notre dos. Devant nous, la foule s’amenuise déjà. Ma grand-mère se débrouille toujours aussi bien avec sa béquille, mais je sens qu’elle s’appuie un peu plus sur mon bras. Son poc sur le sol déraille de temps en temps, le son n’est plus en rythme. Je tends alors l’oreille mais n’ai pas le temps de m’inquiéter que, déjà, la béquille rejoint correctement sa partition de musique. Et puis, les déraillements se succèdent. Un peu trop. Encore. Je contracte mon bras, demande si tout va bien. Elle ne me répond pas. Je ralentis le pas, persuadée qu’elle fatigue et qu’il vaut mieux la ménager. Ce n’est pas la première fois.

Tout à coup, elle s’arrête. Je m’arrête aussi, la regarde, tente de décrypter sur son visage ce qu’elle ne parvient sans doute pas à dire. Elle est pâle. Elle tremble. Je la prends par les épaules, la frotte gentiment et tâche de la rassurer. Elle a les yeux écarquillés et le regard qui me traverse, braqué sur… Je me retourne : il n’y a que la rue, les magasins, un début de foule – rien. Toute vacillante, elle lève un bras et pointe quelque chose du doigt.

- Là… lui… là…

Le jeune homme qu’elle désigne est en train de marcher en direction du centre-ville. Je ne lui trouve rien de particulier.

- C’est…

Il continue d’avancer, tranquillement. Le doigt de Nellie ne le lâche pas, décrit un arc-de-cercle aussi précis qu’au compas. Ça n’a aucun sens, je demande des explications mais c’est à croire que je n’existe pas. Enfin, le jeune homme nous remarque, voit cette petite vieille le bras tendu vers lui, index accusateur, et cette fille, moi, qui la contient entre ses deux mains. Le tableau lui paraît étrange, c’est bien normal, il ouvre de grands yeux ronds et ne s’arrête pas. Il continue de marcher. Ma grand-mère tremble, tremble encore plus, bientôt mes mains posées sur ses épaules tremblent avec elle. Lui disparaît de notre champ de vision, tout naturellement, et alors ma grand-mère se met à hurler. À se débattre. Elle crie, je ne comprends pas tout, mais elle crie C’est lui ! elle répète Je le reconnais ! et aussi, violent, choquant Je l’ai tué ! je l’ai tué ! Sa voix s’enraille, son corps se tend, autour de nous quelques passants s’arrêtent, tous nous regardent et je ne sais pas quoi faire. Mes mots ne surplombent pas les siens. Elle ne m’entend pas.

Tout à coup ses yeux se révulsent. Elle cesse de crier, émet des borborygmes inquiétants – comme si elle s’étouffait. Je la tiens fort contre moi pour qu’elle ne tombe pas, mais quelqu’un – je ne sais pas qui – nous sépare et la fait s’assoir. On la pose sur le trottoir, les pieds sur la route. Elle tremble toujours. Garde la bouche ouverte sur des mots qui ne sortent pas, ou plus, coincés dans sa gorge. Je tente de la raccrocher à ma voix Mamiemamie… Mais elle n’est pas là.

- Va falloir appeler un docteur, conclut un passant.

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anapoesis
Posté le 21/08/2023
C'est excellent! Vraiment. On s'attache à la grand-mère, et on a envie de la secourir et d'en savoir plus. On avance dans l'histoire petit à petit, où les dialogues sont bien agencés, et les descriptions savoureuses. On s'attache à Victoire que l'on suit page après page, chapitre après chapitre. Le suspense est bien là. Bravo.
Liné
Posté le 21/08/2023
Décidément, que de compliments ! Merci encore !
Pluma Atramenta
Posté le 28/07/2023
Coucou Liné !
Quelle joie de retrouver ton univers ! J'aime déjà énormément le personnage de Victoire, avec son univers gluant de pieuvres et de murènes. Je la rejoins pas mal sur beaucoup de réflexions, aussi - sur les ambiances de supermarché, notamment x) Sur ces personnes qui pensent vous connaître à vous avoir vu grandir, ou souvent passer.
"(...) Ces sourires et ces bras et cette chaleur s’immiscent en vous et vous immergent sans que vous ne puissiez jamais vous en défaire. Et aux « ça va ? » ordinaires, on ne peut que renvoyer une réponse fade, commune, et trop souvent trompeuse." Bref, j'ai trouvé tout ce passage très beau, très réussi et parlant :)
Je me perds encore avec le nom de tous ces personnages, mais c'est sûrement parce que c'est le début et qu'il y en a pas mal, il me faut juste du temps pour tous les mémoriser.
L'intrigue grossit, l'élément déclencheur est arrivé : je me demande où tu nous emmène avec ce nouveau roman... Mais c'est toujours un plaisir et un très bon moment de lecture <3

Des tartiflettes d'inspiration pour toi !!
Pluma.
Liné
Posté le 24/08/2023
Coucou Pluma ! Très heureuse de te retrouver par ici !

Je tenais à mettre en avant cette partie de Victoire, le fait de ne plus pouvoir se contenter d'échanges superficiels. C'est quelque chose que je ressens moi-même beaucoup et que je trouve très peu (jamais ?) représenté.

Je note pour les noms des persos ! C'est vrai que je joue avec les points de vue, parfois les temporalités, et que les thématiques englobent toute la famille de l'héroïne. Certains sont simplement cités pour présenter le contexte, mais ne seront pas développés.

A bientôt ! Avec de la tartiflette, en plus !
Claire May
Posté le 16/01/2023
Bonjour Liné,

C'est un plaisir de retrouver ton histoire. L'histoire s'installe, les paysages se dessinent, les personnages gagnent en épaisseur, et quelle surprise, cette scène finale, la grand-mère qui se dit meurtrière d'un jeune homme qui ne fait que passer ! Très jolie plume, j'ai hâte de lire la suite !

A bientôt
Liné
Posté le 04/02/2023
Hello Claire May,

Très contente de te revoir par ici ! Merci pour tes encouragements !
Tac
Posté le 11/12/2022
Yo !
Heu............ ooooooups ??? l'Olivier c'est aussi le père de Victoire, oh la la ça va m'être dur de pas projeter du mien sur le sien, là xD Rholala la coïncidence (enfin j'espère que c'en est une et que tu n'es pas allée farfouiller dans mon arbre généalogique comme une écrivaine très creepy :P )
J'aime trop le passage sur les gens qui croient nous connaître parce qu'ils nous ont vus grandir ; je trouve que ça s'applique aussi à la famille plus ou moins éloignée, dans la façon dont tu l'as décrit ; j'ai trouvé ça ultra juste.
C'est moi qui surcharge peut-être mais la petite discussion sur la bande dessinée avec les gens dans des cases, qui parlent dans des hublots... J'y vois trop un discours sur les idées préconçues et tout, j'ai trouvé ça quasi transparent mais de manière très... innocente ? Genre si tu veux faire un gros déni dessus et pas le voir tu peux xD Ce que j'essaie de dire, c'est que ça passe très naturel, pour moi, en mode "je vous le mets de manière obvious sous le nez mais c'est si bien inséré dans le récit que je suis inattaquable même avec e la mauvaise foi"
Plein de bisous !
Liné
Posté le 16/12/2022
C'est entièrement, parfaitement, innocemment une coïncidence (*toussote*).

... Plus sérieusement, j'avais besoin de prénoms masculins qui disent "il a sans doute plus de quarante ans" sans que ce soit trop criant ou cliché. Et j'évite évidemment les assimilations avec des personnes que je connais. Olivier ça me paraissait bien, il y a aussi des hommes plus jeunes qui portent ce prénom, et j'aime bien la symbolique de l'arbre.

Le passage avec la marchande reste bien en tête, à tel point qu'il a été pris comme extrait pour les HO. C'est assez inattendu pour moi, je pensais pas qu'il allait avoir autant d'effets ! (Oui je me jette des fleurs, ça change).

Les hublots, je t'avoue que oui, j'y ai pensé... Elle a pas dit "scaphandre", mais le niveau supérieur, ça aurait été ce mot-là ! J'aime bien que tu l'aies repéré mais que ça ne soit pas si transparent que ça pour tout le monde. Et en fait, plus j'écris et plus je me rends compte que je sème des indices partout, mais vraiment partout... qui sont assez rarement repérés. Récemment j'ai un le dernier essai d'Alice Zeniter, et elle mentionne très bien cet aspect-là, l'envie de dire parfois aux lecteurices "mais regardez, c'était sous votre nez et tellement pas caché !" alors qu'en fait, les lecteurices en question se sont juste laissé-es porter... Team manipulation, hinhiin !
Tac
Posté le 17/12/2022
Mais oui jette toi des fleurs enfin !
Je suis un peu quiche d'ordinaire pour repérer les indices ; en vrai c'est agréable de se laisser porter par l'histoire, d'autant que si tu relis une deuxième fois du coup tu redécouvres des trucs et ça rend les lectures encore plus savoureuses ! donc je crcois pas que tu doives être triste que les gens ne repèrent pas les indices ;)
JeannieC.
Posté le 26/11/2022
Salutations !
Un plaisir de reprendre cette lecture <3

Olivier était donc le père de Victoire - c'est surprenant effectivement de ne pas mettre "Papa". Ou même plutôt rien du tout, vu qu'on ne signe pas tellement les SMS en général x) En tout cas je trouve que ça participe, ce genre de petits détails, à camper des personnages très vrais. Très vivants dans leurs petits gestes. On connaît tous en effet une personne un peu vieux jeu qui signe ses textos xD

Puis une fois le message et le portable rempochés, la vie reprend avec cette sortie au marché. Une fois encore quel réalisme ! Une ambiance douce-amère, avec certes des gens qui viennent papoter avec Victoire et sa grand-mère, mais en même temps ce sentiment qu'ils disent des banalités et des paroles en l'air. Ah lala, le coup classique de la personne qui te croise et te dit "on se voit un de ces quatre ! On boit un coup hein ?" mais qui en fait ne te recontactent pas x)
J'aime comme tu retranscrit la présente-absence de Victoire, un peu blasée de ce qui se joue autour d'elle. Ses interactions avec sa grand-mère sont toujours aussi émouvantes, pleines d'humanité. Moment de partage en l'occurrence sur le travail de Victoire... ses "bêtes gluantes" ahah... et puis wow, arrive cette chute. Pauvre Nellie. Qu'est-ce qui a bien pu tant la saisir à la vue de ce jeune homme ? Que se cache-t-il derrière cet aveu - sous le coup de la démence certes, mais sûrement révélateur de quelque chose.
Liné
Posté le 30/11/2022
Salutations tambien ! :-D

Présence-absence de Victoire, c'est très juste ! J'essaie de montrer plus ou moins subtilement que Victoire se sent et agit en dehors comme en dedans des choses, un pied dans plusieurs étriers, avec ce que ça peut générer de frustrations et de blocages.

Merci beaucoup pour tes retours, et à très vite !
AudreyLys
Posté le 21/11/2022
Coucou !
Ah ! Je ne suis pas la seule à m'énerver de ceux qui signent leur SMS, merci x)
Sinon j'ai beaucoup aimé ce chapitre qui met Nellie un peu plus en avant. Le commentaire sur les relations sociales est intéressant et approfondi la narratrice^^ Je n'ai pas été choqué par la non-réaction du jeune homme, devant un geste aussi impoli et gênant j'aurais sans doute fait mine de rien x)
À bientôt pour la suite !
Liné
Posté le 24/11/2022
Hello AudreyLys !
Hahaa, oui, ça fait étrangement vieux-jeu (pas dans un bon sens, je trouve), les gens qui signent les textos alors que tu connais l'expéditeur...
Merci pour ton commentaire ! Sur ce tronçon du roman, j'avais un peu peur que Nellie prenne trop de place, du coup tu me rassures.
Rachael
Posté le 19/11/2022
Coucou, me revoilà.
Très subtil, ce passage au marché, qui montre la superficialité de certaines relations humaines, et l'envie de les fuir. Avec son contrepoint, le paragraphe sur les gens attablés qui incarneraient l'inverse, des relations profondes et apaisées. Victoire rejette visiblement les premières, et aimerait vivre les secondes, mais cela semble compliqué dans sa famille et dans sa vie...
Je n'ai pas été particulièrement choqué de la réaction du jeune homme. Même sans smartphone à la main, il peut être perdu dans ses pensées, avoir un rendez-vous, ou simplement ne pas aimer ce genre de situations.
Liné
Posté le 24/11/2022
Hello Rach' !
Toute l’ambiguïté des relations humaines, entre superficialité et réelle construction... D'autant que certaines personnes apprécient ce que moi je nomme superficialité, donc bon... !
Je note pour la réaction du jeune homme, en l'état ce passage a suscité la même réaction à AudreyLys : ça passe !
Rachael
Posté le 24/11/2022
On pourrait dire que d'une certaine manière, c'est mieux d'avoir ce genre de rapports que pas de rapports humains du tout.
Et certaines fois, cela peut conduire à des choses plus profondes... mais il est vrai que certaines relations semblent vouées à rester superficielles, circonscrites dans un cadre bien défini, dont il est rare de sortir.
Cette question de la "profondeur" des relations humaines, en tout cas, c'est un thème passionnant...
Liné
Posté le 24/11/2022
Je suis tout à fait d'accord avec toi ! Je pense que pas mal de personnes isolées sont ravies voire soulagées de parler ne serait-ce que de la pluie et du beau temps - c'est mieux que de n'avoir aucune interaction, comme tu dis.
Et puis on est pas tous égaux ni compatibles devant la parole et la dialogue, l'idéal est sans doute de trouver les bonnes personnes pour parler de certaines choses, que ce soit jugé superficiel ou profond.
Effectivement, un thème passionnant et qui se prête bien à la création littéraire !
Nanouchka
Posté le 25/10/2022
◊ J'aime beaucoup ces paragraphe qui te ressemblent : celui sur les conversations du marché, et ce malaise de l'hypocrisie, du semblant ; et celui sur les terrasses au soleil.
◊ Très belle relation entre Victoire et Nellie, qui passe autant par les mots que par le corps.
◊ J'ai le sentiment que ton chapitre pourrait s'arrêter avant la remarque du passant. Elle m'a semblé de trop, mais c'est peut-être juste moi.
◊ Bien aimé le fragment, et le début du chapitre, avec cette figure de père absent, encore un absent.
◊ Si une vieille dame me montrait du doigt dans la rue, avec sa petite-fille au bras, j'ai quand même le sentiment que j'irais les voir, pour demander si tout va bien.
Liné
Posté le 31/10/2022
Ah, tu vises juste avec la réaction du jeune homme ! Je pense lui ajouter un téléphone dans la main : il marche, il est en pleine conversation, il voit la scène mais reste mi-sidéré mi-occupé. Ça semblera sans doute déjà plus juste...

Pour la phrase de fin en trop : c'est vrai que le chapitre fonctionnerait très bien (mieux ?) sans elle. Ce n'est pas la première fois que tu remarques un trop-plein dans mes fins de chapitre, je pense notamment à la répétition de "je suis une mauvaise herbe" au tout début. Je vais y réfléchir, il y a sans doute un tic d'écriture ou en tout cas quelque chose d'un plus précis sur lequel mettre le doigt chez moi...
ZeGoldKat
Posté le 20/10/2022
Ah, donc Olivier est le père. Woah, curieux j’avoue de signer un SMS déjà, et de le signer de son prénom et pas en mettant "Papa". Et sinon j’adore ces moments avec la grand-mère. Comme Nothe je trouve que c’est super bien écrit et que les dialogues sonnent très vrais. C’est beau, ce moment de complicité où Nellie parle à sa petite-fille de son livre, ça dit beaucoup de choses sur elles deux tout en sous texte et j’ai souri à la façon dont Nellie parle de ces bêtes gluantes. Il y a de la tendresse et de la pudeur à la fois dans leurs interactions.
Et l’arrivée au marché, là encore tu y décris les impressions de Victoire avec des mots que je trouve très justes. Le côté emprisonnement de ce genre de moment où on reçoit des accolades, des "ça va ?" à quoi on ne peut que répondre des banalités, les échanges de sourires mais qui sont assez creux, l’effet brouhaha. Victoire a l’air de quelqu’un de discrète. Un peu évitante et réservée même. Mais quelqu’un de très sensible en même temps.
Wow puis la fin. Gros coup de massue avec cette crise de la grand-mère et ses "révélations" lorsqu'elle voit le jeune homme. Est-ce qu’elle délire ? Est-ce qu’il y a un fond de vrai ? Un nouveau fil à tirer, une nouvelle pièce de puzzle qui m’intrigue beaucoup. Vraiment curieux de comment tous ces éléments vont s’imbriquer.
Ce récit est super en tout cas. L’efficacité de la façon dont tu amènes les différentes pièces de mystère, l’agencement des différents chapitres autour de ces "échos", le rythme, le souci du détail et la façon très crédible dont tu rends le quotidien de tous ces personnages.
Je trouve les moments avec la grand-mère particulièrement émouvants. Ils me rappellent certaines épisodes que j’ai pu avoir avec des grands-parents en situation de vulnérabilité. Pertes de mémoire, difficultés à se déplacer dans les rues, confidences décousues.
Que d’émotions. J’adore !
A tantôt
Liné
Posté le 21/10/2022
Hello again ! Et merci !
Je suis particulièrement heureuse d'apprendre que les liens avec Nellie te parlent, en tant que personne concernée. Je me suis d'ailleurs demandé comment je poulais "mettre Nellie en scène", montrer ce qui ne va pas sans tomber dans le misérabilisme, le voyeurisme ou l'invraisemblance. Comment elle pourrait garder son humanité, en fait...
Nothe
Posté le 15/10/2022
Coucou Liné !

Ca faisait un petit moment que je pensais à commenter Soleil Bleu et que je ne l'avais pas fait, mais en fait je suis content d'avoir laissé passer un peu de temps, parce que les chapitres que tu as ajoutés solidifient vraiment mes pensées sur ce texte et ajoutent beaucoup à ma pensée ! J'espère du coup pouvoir écrire quelque chose de cohérent, ahah !

Bref ! Une des premières choses dont j'aimerais parler, c'est le rythme de l'histoire ! J'aime énormément la manière dont tu as agencé tes chapitres et les brefs échos/fenêtres sur des petits morceaux annexes qui grâce au chapitrage prenent une place à part. Par exemple, j'ai beaucoup aimé que le texto d'Olivier ait droit à son propre chapitre, je trouve que ça souligne son importance aux yeux de Victoire et la place que ça prend pour elle même si elle n'en parle que très peu ! C'est vraiment des petites choses, mais j'aime vraiment bien ça, je trouve ça subtil, même si ce n'était pas ton intention.

Niveau style, j'ai été très agréablement surpris aussi ! Ton résumé m'avait fait penser que je lirais quelque chose de très éthéré, alors qu'au final tu arrives parfaitement à équilibrer le pragmatisme du quotidien avec les pensées plus imagées de Victoire. Par exemple, la scène de la préparation du dîner avec son beau-père où Victoire s'inquiète de ce qu'elle va préparer : techniquement, c'est tout bête, et pourtant tu arrives à insuffler une vie très juste dans ces moments qui du coup épaule vraiment bien les passages plus lyriques.

Pareil, je trouve que la conversation entre Victoire et Nellie sonne très juste, et j'aime beaucoup la manière dont Nellie réagit au fil des chapitres, oscillant entre la lucidité et l'aveuglement de la vieillesse. Ca donne des scènes assez poignantes, assez douce-amères, et les sentiments de Victoire sont très compréhensibles. C'est une héroïne qui paraît tour à tour froide/éloignée et très sensible, c'est très intéressant. C'est évident qu'elle fait ce devoir envers sa grand-mère par amour d'abord, mais que c'est aussi un peu pesant : et après tout, c'est normal, c'est une situation compliquée ! Bref, c'est des moments très subtils !

Et du coup, c'est enfin le début du mystère ! J'ai vraiment VRAIMENT très envie de savoir où ça va mener, c'est bête mais du coup moi qui suis friand d'énigmes et d'enquêtes, j'ai hâte de voir ce que ça va donner avec ton style et le ton que tu utilises. Je lirai les prochains chapitres avec plaisir !
Liné
Posté le 21/10/2022
Coucou toi ! Bienvenu au soleil !

Tes premiers ressentis me font chaud au cœur. Tu décris des éléments que je souhaitais voir transparaître, entre la recherche de subtilité, les impressions douces-amères, la tentative de justesse des interactions... Bref, ton commentaire me rassure !

Les "échos" sont une idée tardive, ça m'est venu une fois le plan bien ébauché et alors que je sentais qu'il me manquait quelque chose. Je n'avais pas envie de rester enfermée dans le point de vue de Victoire, et en même temps je ne voyais pas comment ni pourquoi écrire un roman-chorale alors que toute l'action et les psychologies tournent autour d'elle et de ses perceptions. Bref. Du coup, ces "échos" sont là pour montrer une fenêtre du monde extérieur, quelques autres points de vue, mais toujours par le prisme de son regard à elle.

A bientôt !
Lau_doria
Posté le 12/10/2022
Les mystères se multiplient, des tas de questions se posent...
J'ai hâte de découvrir si tout cela va finir en enquête dans le passé ou en toute autre chose.
J'apprécie l'ambiance, et cette petite grand-mère.
Liné
Posté le 14/10/2022
Merci Lau_doria !
Évidemment, compliqué de te répondre ;-) Mais si tu continues ta lecture, j'espère que les directions que prend l'histoire répondront à ta curiosité !
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