Les cassis

Par Kieren
Notes de l’auteur : Bon, cette histoire est sans doute inadaptée pour les enfants, mais elle est importante pour ceux qui cherchent à découvrir mon univers. Vous allez découvrir ce que j'appelle la "magie".

Entre temps, ma correctrice n'a pas pu me corriger mes textes, faute de temps et ça se comprend.
Du coup je vous adresse mes dernières conquêtes, et je compte sur vous pour repérer mes coquilles, je me suis amélioré avec le temps mais il m'arrive presque toujours de rater une faute.
En espérant que ce désagrément ne vous empêche pas de profiter de la lecture.
Bonne lecture et portez-vous bien =)

Le vivant utilise ce qu'il trouve sur sa route pour pouvoir créer.

Prenons le monde de l'art, il est possible d'obtenir une peinture violette avec du jus de cassis, et même si ces petites baies sucrées et acides sont délicieuses, il ne faudra pas manger le tableau, sous peine de faire une sacrée indigestion. Un autre exemple, les touches de piano, elles sont faites en bois d'acacia japonais pour certaines, et on les recouvre d'ébène pour les noires et de plastique pour les blanches.

Voilà ce que nous faisons aujourd'hui, mais avant, on utilisait de l'ivoire d'éléphant. On leur coupait les défenses à ces pauvres bêtes ! Alors heureusement que l'on a arrêté, mais il ne faut pas nier l'évidence non plus, même les touches en plastique ne sont pas aussi pures qu'on ne le croit. Le plastique, d'où croyez-vous que cela vienne ? Ça ne pousse pas sur les arbres ce genre de chose, cela vient du sol, cela vient des hydrocarbures.

 

Cela vient des cadavres des animaux qui ont vécu des millions d'années avant nous.

 

Cela vient de nos ancêtres.

 

Beaucoup l'ont oublié, beaucoup l'ont ignoré, beaucoup l'on nié.

Mais pas le petit peuple.

 

Vous le connaissez sûrement sous les noms de : lutins, fées, nains, korrigans... Ils ont beaucoup de noms, car à l'inverse des hommes qui se sont entre-tués, ces petites créatures ont appris à se respecter, malgré leurs coutumes ésotériques.

Le peuple dont je veux vous parler est un peuple maudit, en pleine perdition, mais dont la culture n'en est pas moins intéressante. Il s'agit des croqueurs d'os.

 

Hauts de 50 cm pour les plus grands, ces êtres craintifs vivent dans les cimetières, entourés de squelettes dont ils se servent pour décorer leurs tanières et leurs haillons. Ils creusent des galeries qui mènent de cryptes en catacombes. Car c'est là que se trouvent leurs unique source de nourriture : ils ne mangent que la chair en putréfaction.

 

Attention à ce que vous pourriez penser d'eux. Nous ne devenons pas tout ce que nous sommes uniquement par choix, nous le devenons aussi par nécessité. La Nature a horreur du vide, et le petit peuple se trouve partout sur Terre : dans les champs comme dans les villes, dans les forêts comme dans les ruines. Ils sont le reflet de ce qu'est le monde, et nous humains, nous en sommes en grande partie responsable.

Les croqueurs d'os se sont désignés pour vivre dans les cimetières, et ils en sont fiers, même si cela leur en coûte. Ils aident à retourner le corps à la terre, ils rendent hommage à la fin d'un parcours, de celui de notre enveloppe qui nous a soutenu toute notre vie. Ils mangent ce qui a tout mangé, avant de s'étouffer.

 

Il y en a un, toutefois, qui n'est pas comme les autres. Le décrire comme ''ancien'' serait inapproprié. Prononcer son nom serait impossible pour un humain, nous n’entendrions que le bruit de la boue qui digère, mais une traduction m'a été donné. Son peuple l'appelle l'Encrier du Vacuum.

 

Toutes les personnes qui l'ont croisé l'ont vu avec le crane d'un animal sur sa tête, jamais le même. Il marche en s'appuyant sur un fémur, et ses poils de dos sont emmêlés à des amulettes de rouille et d'os. Il ne parle pas, ou si peu. Un moustique géant l'accompagne sur son épaule, où qu'il aille. Il s'agit d'un nomade, et contrairement à ses congénères, il ne craint pas d'être vu, du moins, pas devant certaines personnes.

En effet, il cherche en permanence des humains en deuil pour signer un contrat avec eux devant les écrits d'une pierre tombale.

 

Ce contrat stipule que l'Encrier du Vacuum prélève l'essence du disparu, le transforme en encre, et lui donne l'éternité dans la peau de celui qui le pleure. En échange, le reste de la carcasse sera consumé. Si vous acceptez, alors vous devrez déterrer le défunt durant la nuit, l'opération pourra alors commencer.

Le moustique piquera la dépouille, et l’asséchera du souvenir du corps, il gonflera et enflera ; alors le croqueur d'os le prendra dans ses mains, et, délicatement, en maniant sa trompe comme un stylo, il tatouera un animal sur votre peau. Il s'agira de la créature qui symbolisera le plus les actions et la vie du défunt. Il s'agira d'un tatouage vivant, aussi libre que l'air, il pourra se déplacer de votre main à votre bras, de votre bras à votre torse, de votre torse à votre tête, de votre tête à là où il voudra. Il vivra encore une fois, en vous.

 

Mais lorsque l'artiste aura fini son œuvre, il recevra ce qu'il était venu chercher.

Et où que vous soyez, vous l'entendrez mastiquer la chair, les muscles, les tendons.

Vous l'entendrez déchiqueter les ongles, les articulations, les cheveux.

Vous l'entendrez croquer les crane, les vertèbres, les côtes.

Et vous vous apercevrez que vous lui aurez laissé une carcasse vide, dont il aura pu se sustenter.

 

Le tatouage, d'un violet presque noir, passera votre vie avec vous. Jamais il ne vous quittera de votre vivant. Mais lorsque vous serez sous terre, lorsque les vers s'occuperont de vous, alors le tatouage se rassemblera et remontera à la surface pour se transformer en plante. En une plante qui produira de petites baies noires, sucrées et acides.

 

Et la nuit, lorsque personne ne les regardera, ces petites baies deviendront des animaux, aux yeux d'un violet presque noir, et elles se perdront dans une nuit où les étoiles serviront de berceaux à votre âme.

 

La Mousse

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Le Saltimbanque
Posté le 22/10/2020
Ahhh un petit conte alimentaire ! Ça faisait longtemps !

Très bon texte. Le début démarre très bien, et pourtant ce n'est pas gagné. Faire une description détaillée d'une race en particulier, seul Tolkien arrive à rendre ça passionnant normalement. Là, j'ai trouvé que c'était très réussi.

L'Encrier du Vacuum est... horrible. J'ai pas d'autres mots. Pleins de bonnes idées dans ce monstre qui le rendent assez inoubliable. Couplé à l'écriture très fluide et belle, et j'ai passé un TRÈS bon moment.

"Et vous vous apercevrez que vous lui aurez laisser une carcasse vide" => "aurez laissé" non ?
Kieren
Posté le 28/01/2021
Je me souviens avoir lu ce message il y a 3 mois, il m'avait fait très plaisir, et pourtant je n'ai pas osé y répondre. J'arrive à une impasse en ce moment, au niveau écriture, je vais faire en sorte de remédier à cela.
Merci encore pour ton soutien.
Kieren
Posté le 28/01/2021
Je me souviens avoir lu ce message il y a 3 mois, il m'avait fait très plaisir, et pourtant je n'ai pas osé y répondre. J'arrive à une impasse en ce moment, au niveau écriture, je vais faire en sorte de remédier à cela.
Merci encore pour ton soutien.
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