L'éclair d'argent

Par Luz

Méline était en train de creuser la terre en chantant une formule magique. Sa robe verte était tachée et la fée semblait très fatiguée. Elle se releva en apercevant Galatée.

— C’est un sortilège pour que l’objet perdu se montre, expliqua-t-elle, je le répète en boucle pour m’en souvenir… Tiens, tu es venue avec quelqu’un ?

Myrtille, qui était perchée sur l’épaule de Galatée, se mit à couiner avec excitation. Galatée fit les présentations et Méline secoua la patte de la petite souris avec un grand sourire. Myrtille raconta alors ce qu’elle avait vu.

— Eh bien, dit Méline songeuse, je ne connais qu’une seule créature capable de faire un éclat argenté, et c’est une fée qui a longtemps habité ici. Elle s’appelle Silbérine. Elle est beaucoup plus âgée que moi et m’a enseigné beaucoup de choses ; elle était sévère, d’ailleurs. Peut-être est-elle revenue et a-t-elle voulu me donner une bonne leçon en voyant que j’avais laissé mon escarboucle par terre ?

Galatée voulait contacter tout de suite à la fée Silbérine pour lui demander directement si elle avait pris le diadème, mais Méline l’en dissuada.

— Je me souviens encore comment faire pour appeler mes semblables, dit-elle en lissant sa robe de ses grosses pattes. Ne lui disons pas tout de suite que j’ai perdu l’escarboucle, sinon je risque d’avoir des ennuis.

Elle se pencha alors sur le lac et murmura quelques mots dans une langue ancienne. Comme si elle avait jeté un galet, la surface de l’eau se mit à osciller en cercles concentriques, jusqu’à ce que l’image d’une fée aux cheveux argentés apparaisse. Elle portait un diadème brillant orné d’une émeraude et se trouvait dans un paysage de montagnes avec de grands sapins verts.

— Bonjour, Méline. Comment allez-vous ? Que puis-je faire pour vous ?

Myrtille et Galatée regardèrent la jeune fée, qui hésitait.

— Je… voulais savoir si vous étiez dans ma région dernièrement, finit-elle par dire.

Silbérine éclata de rire.

— Pas du tout ! Je suis en mission pour le Conseil des Fées dans les Carpates. Mais ça reste entre nous.

— Bien sûr, répliqua Méline. Je me suis juste demandée… Parce que quelqu’un a cru vous voir. La petite souris que voici a aperçu un éclair argenté.

Elle présenta Myrtille toute intimidée et Galatée. La petite sorcière et la souris firent en même temps une révérence. Silbérine leur sourit avec bienveillance et reporta son attention sur Méline.

— Tiens, vous n’avez pas votre diadème ? Où est-il ?

Méline se troubla.

— Je… Je l’ai enlevé pour m’occuper de… certaines choses.

Silbérine leva un sourcil.

— Je vous remercie de m’avoir consacré un peu de temps, et je ne vais pas vous déranger plus longtemps, bredouilla la jeune fée. Je vous souhaite beaucoup de réussite dans votre mission, Silbérine.

Après un bref échange de politesses, l’image de la fée se dissipa et l’eau du lac reprit sa couleur habituelle.

— Je crois qu’elle a tout deviné, murmura Méline.

— Mais non, la rassura Galatée. Comment l’aurait-elle pu ? Elle n’a vu que…

À cet instant, quelqu’un toussota derrière elles. Quand elles se retournèrent, un petit garçon très bizarre se tenait devant elles. Il avait la peau brunie par le soleil, des pattes de chèvre, des yeux d’un marron ambré, et une paire de cornes sur le front.

— Excusez-moi de vous déranger, madame la fée, dit-il en ärdsprächä, la langue des démons qui vivent sous terre. Je m’appelle Hansi. Notre peuple a un problème depuis quelques jours. Ils m’ont envoyé pour vous demander de l’aide.

Galatée avait appris un peu d’ärdpsrächä et put suivre son discours. Elle se tourna vers Méline, convaincue que cette dernière allait répondre avec sa gentillesse habituelle. Mais la jeune fée restait pétrifiée. Avec des larmes dans la voix, elle finit par avouer :

— Je… je ne comprends pas ce qu’il dit !

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