Le premier jour de cours (partie 2)

Par Nuity
Notes de l’auteur : Bonjour !! Après la publication de ce chapitre, je prendrai un rythme d'un chapitre par semaine, très probablement publié le week-end. Pour suivre l'avancement de l'écriture de mes projets, je vous invite à aller me suivre sur insta @nolwennlennegezh !!

Journal.

Nan, trop strict, trop sec, j'aime pas. Je vais réfléchir à autre chose.

J'ai terminé mon repas auprès des membres de l'association féministe dans la joie et la bonne humeur. Je pensais qu'on allait parler féminisme à chaque seconde, mais ce n'était pas le cas. Quand j'ai expliqué à Agatha que j'étais surprise de voir tout le monde parler d'autre chose, elle a laissé échapper un petit rire.

— Le féminisme, c'est pour toutes les facettes de notre existence, ça c'est vrai. Mais militer, c'est épuisant, et parfois, y penser tout le temps à toutes ces violences, ça fait du mal. Nous sommes toujours féministes, mais il faut bien se vider l'esprit et penser à autre chose de temps en temps. Après tout, nous sommes faites pour vivre normalement, pas pour nous battre constamment, même si c'est devenu nécessaire. C'est fatiguant, mais c'est comme ça ! Et puis, si jamais tu rejoins notre association, je te promets que tu auras de nombreuses occasions pour en apprendre plus. Mais en attendant, j'avais vraiment besoin de parler de mon chat à Kate. J'adore mon chat. Tu veux que je te montre des photos de mon chat ?

Alors, Agatha m'a montré des photos de son chat. C'est vrai que ça fait du bien, même si je n'ai pas encore plongé la tête la première dans toutes ces notions. Je sais vaguement ce qu'est le patriarcat, j'en ai découvert sa définition en faisant des recherches à la bibliothèque universitaire de Mara. Je me rappelle avoir été surprise en voyant ce que ça voulait dire «Le patriarcat est la manifestation et l'institution de la domination masculine sur les femmes et les enfants dans la famille et l'extension de cette dominance sur les femmes dans la société en général » (ça vient d'une certaine Gerda Lerner. Je n'ai pas encore lu ses écrits, mais c'est prévu.). J'avais eu énormément de mal à me rendre compte de l'étendue de cette fameuse domination et de tous ses impacts, surtout au début de mes recherches. Même encore aujourd'hui, malgré mes connaissances, je sais que j'ai encore beaucoup à apprendre. C'est aussi pour ça que je voulais absolument partir dans le monde des humains.

Je me suis inscrite immédiatement après le repas — car oui, ma décision était prise depuis le départ, je voulais absolument rejoindre cette association — et Jenny m'a dit que l'association allait être ouverte jusqu'à 18h. Elle avait d'ailleurs un air très fier quand je lui ai annoncé que je voulais les rejoindre. Jenny a mis sa main sur mon épaule, et a dit :

— Promis, nous ferons en sorte de t'aider dans ta quête de connaissances du féminisme.

Elle m'a ensuite tendu un papier et un stylo. Je devais y renseigner mon nom, prénom, filière d'études, et si j'étais une étudiante réalisant un échange. Une fois le tout rempli, Jenny a affiché un grand sourire, s'est emparée de la feuille, et l'a rangée dans un dossier en carton rouge, avec écrit dessus « Administration ». Les associations doivent donc aussi faire face à l'administration. Les pauvres.

— Et voilà, tu es inscrite ! On va t'ajouter à la conversation de groupe pour que tu puisses suivre les événements. Oh, et voici aussi un badge ! Tu n'es pas obligée de le porter, mais personnellement je le trouve très cool, alors je l'ai mis sur ma trousse.

Effectivement, le badge était très cool. Tout comme la carte que m'avait donnée Agatha, le badge était rose, et le nom « Feministas » était écrit en lettres dorées. Des roses de toutes les couleurs avec des épines s'entremêlaient dans les lettres composant le nom de l'association. Quand j'aurai le temps, j'en ferai un dessin.

— Merci beaucoup ! Je ne sais pas encore où je vais le mettre, mais je vais le porter, ça c'est sûr. C'est vous qui l'avez fait ?
— L'idée de base vient de notre présidente d'honneur Jameela. Elle s'est alliée au club d'art et a payé une des filles qui y était pour le créer, et c'est le même badge depuis le début de l'association ! Eh oui, être féministe, c'est aussi soutenir financièrement ses copines artistes.

J'étais très impressionnée. Chez nous, on n'a pas vraiment cette idée d'une association avec une véritable identité, on ne cherche pas vraiment à se démarquer les unes des autres. Le club de sport s'appelle « Club de sport », tout simplement, et c'est comme ça dans toutes les facultés du royaume. J'aime bien cette idée d'identité et de personnalité, ça rend l'association plus vivante.

Tandis que je réfléchissais à l'emplacement de mon badge (et j'y réfléchis encore...), Ntina a laissé échapper un grognement.

— Quelle plaie, ma migraine ne va pas me lâcher tant que je ne vais pas dormir. En plus, je recommence à perdre la vue. Jenny, je peux squatter le canapé même si tu retournes en cours dans...

Ntina consulta son portable, mais semblait avoir du mal à lire sur l'écran.

—...je crois qu'il est 13:15. Même si tu reprends à 14h ?
— Pas de soucis. Est-ce que quelqu'un d'autre souhaite rester ici en attendant de reprendre les cours ?
— Agatha et moi on va aller à la bibliothèque pour chercher les livres que Mme Thomas nous a recommandé de lire ce matin, on va y rester jusqu'à 16h, répondit Kate.
— Moi j'ai cours dans 15 minutes, donc la question ne se pose pas, murmura Samira.
— Parfait. Et toi Opale ?
— Si Ntina souhaite rester dans le calme, je vais aller à la bibliothèque avec Agatha et Lisa, sinon je veux bien rester jusqu'à 16h, car j'ai cours après.

Nous nous sommes tournées vers Ntina, en l'attente d'une réponse. Elle était déjà affalée dans un canapé en tissu, et s'était enroulée dans une grosse couverture, un peu comme un burrito. Oui, nous aussi on mange des burritos à Moonstone. Beaucoup disent que c'est nous qui l'avons inventé, mais je suspecte les « inventeurs » de ne pas assumer qu'une invention humaine puisse être aussi cool. Faudrait vraiment qu'on se détende, tout ce que les humains font n'est pas catastrophique. Ils savent largement se défendre en matière de nourriture. Regardez la pizza, ça c'est génial. Bref. Ntina a sorti la tête du burrit- euh pardon de la couverture, et a dit :

— Ma petite Opale, si t'es silencieuse, y'a pas de souci pour moi. T'auras même le privilège d'appeler les pompiers si ça part trop loin, mais normalement cette fois-ci ça devrait aller... maintenant, au dodo.

Ntina a tourné sa tête face au dossier du canapé et est devenue immobile. En moins de deux minutes, j'ai entendu un ronflement. J'avoue qu'à cet instant j'étais fortement impressionnée, s'endormir à une telle vitesse, c'est rare même chez nous. Jenny m'a murmuré :

— Tu peux rester. Si tu veux trouver certains livres, la bibliothèque a de nombreux modèles numérisés, il suffit juste de rentrer tes identifiants étudiant sur l'intranet de la fac. Et euh pour Ntina... si jamais elle te dit qu'il faut appeler les urgences, fais-le, ça veut dire que ses médicaments ne sont pas passés et qu'elle doit se faire perfuser. Voilà le numéro.

Jenny m'a tendu un papier avec inscrit dessus le numéro des urgences. Quand elle a dit perfuser, j'ai un peu tiqué.

— Perfuser... genre...

J'ai imité une aiguille s'enfonçant dans le creux du bras. Juste en y repensant, je ne me sens pas bien.

— Yup. C'est rare, mais ça arrive. Bon, si elle a dit que ça devrait aller... tu devrais pouvoir étudier tranquille sans devoir causer anglais aux pompiers, même si tu te débrouilles très bien !

J'ai rougi un petit peu, même si je trichais totalement grâce à mon sortilège, c'était quand même cool d'avoir un compliment sur la qualité de ma langue. Après tout, ça signifie que mon sortilège fonctionne bien !

Les filles sont toutes parties quelques minutes après. Je me suis installée et j'ai ouvert mon ordinateur pour consulter la liste des livres à lire pour le cours de théorie féministe dans la littérature britannique. J'ai tenté de faire le moins de bruit possible, par respect pour Ntina. Elle respirait fort et semblait encore souffrir. Par curiosité, j'ai décidé d'observer son cerveau. Oui, littéralement observer son cerveau. Nous, sorciers de catégorie argent, avons une magie axée sur le corps, la santé, et les soins. Une de nos particularités, c'est que lorsqu'on observe le corps d'un patient, nos yeux prennent une couleur argent. Quand on a cette couleur, nous sommes capables de tout voir du corps humain : les veines, les organes, les muscles, le sang qui circule... C'est très pratique pour un premier examen. Ensuite, on a des sortilèges qui poussent la vision beaucoup plus loin. Ma mère est capable d'analyser le sang d'une personne sans passer par la série de sortilèges et d'analyses habituelle, juste avec ses yeux et un sortilège amplificateur. J'ai pas encore assez d'expérience, mais je peux quand même bien voir ce qu'il se passe dans le corps humain, et je voyais une belle inflammation enrobant l'une des veines traversant le cerveau de Ntina. Vu comment sa veine était pincée et l'inflammation bien installée, elle allait mettre plusieurs heures à s'en remettre. Agir, pas agir ? Je ne voulais pas la laisser dans cet état, car nous aussi on sait ce que sont les migraines, et même si nos médicaments sont efficaces, on souffre le temps que ça agisse. Mais je restais malgré tout une sorcière d'argent : même si je n'ai pas poursuivi mes études pour devenir soigneur, j'ai un petit diplôme m'autorisant à prodiguer des soins d'urgences ou des actions simples. Pour les soins d'urgence, pas le temps de demander au patient, mais pour les actons simples, le consentement est requis, et c'est totalement normal. Mais ici... ben, je ne pouvais pas révéler à Ntina que je peux la soigner avec mes pouvoirs pour m'assurer de son consentement. Mais en même temps, mon sortilège n'aura aucun effet secondaire... et ça la soulagerait... et puis vu que je connaissais son état, ça aurait été très mauvais de ma part de ne pas l'aider alors que j'en ai toutes les capacités...

Je me suis levée et rapprochée à pas de loup de Ntina. J'ai réactivé mes yeux d'argent, et je me suis attelée à la tâche : ici, je devais détendre la veine pincée en douceur tout en réduisant l'inflammation. Un geste trop brusque allait la faire sacrément souffrir. Mes pouvoirs me permettent d'affecter la circulation sanguine, les veines, et leur état, par exemple l'inflammation. J'ai replacé la veine dans son état normal et stoppé l'inflammation en quelques minutes. C'était pas compliqué, car le cerveau humain est extrêmement proche du nôtre, à quelques détails près. J'ai compris que j'avais réussi ma mission lorsque les traits de Ntina se sont détendus, et que sa respiration est devenue plus calme. Dans ce genre de situation, même à Moonstone, je suis heureuse de pouvoir être utile avec ma magie. Beaucoup pensent que la magie pourrait être extrêmement utile aux humains pour se développer, mais un grand nombre a peur qu' les humains utilisent ces pouvoirs à des fins malhonnêtes voire criminelles. Ce serait lié à leur nature méchante et vicieuse d'après eux. C'est indéniable que certains agiraient de la sorte, même moi qui ait étudié les humains, je sais que je ne peux pas faire confiance à un grand nombre d'entre eux. Mais sont-ils tous comme ça ? Je ne pense pas. Par exemple, si Jenny avait eu mes pouvoirs de guérison, elle aurait soulagé la souffrance de Ntina bien plus rapidement, ou Ntina aurait pu se soigner si elle en avait le pouvoir. Au lieu de ça, elle a souffert toute la matinée, alors que j'aurais pu l'aider si j'avais été seule avec elle dès le départ. Je trouve ça un peu injuste. Mais faudrait-il instaurer un système de méritocratie chez les humains, ceux qui le méritent obtiennent des pouvoirs ? Je ne pense pas non plus. Ça créerait des inégalités, de l'injustice, et surtout de la jalousie. Les humains sont très jaloux les uns des autres. C'est quelque chose qui se travaille, mais tout le monde ne le fait pas, alors ce serait dangereux. C'est triste. J'ai cependant encore besoin d'observer les humains avant d'avoir un avis définitif sur la question.

J'ai passé les heures d'après à chercher les biographies de toutes les écrivaines féministes mentionnées dans la liste de Mme Thomas, c'était très intéressant. J'ai surtout aimé apprendre les motivations de ces femmes, ce qui les a poussées à s'exprimer par l'écriture. Les humains sont doués pour transmettre des idées et des histoires à travers l'art, et j'ai toujours pensé que l'écriture était la meilleure façon d'y parvenir. Ce n'est que mon opinion personnelle, mais je trouve que les mots nous touchent un peu plus profondément que les formes et les couleurs. C'est sûrement moi qui le ressent de cette façon, mais les mots sont plus directs et résonnent dans notre esprit. On peut tout ressentir grâce aux mots, et c'est tout bonnement fascinant.

A 15h30, j'ai réveillé Ntina pour qu'elle puisse se préparer et aller en cours. Elle semblait un peu vaseuse en ouvrant le yeux, mais a vite repris ses esprits.

— Merci de m'avoir réveillée. C'est incroyable... je n'ai plus mal du tout ! C'est même pas sensible !

Elle touchait son crâne, là où était sa migraine.

— D'habitude il me faut une journée et demie pour que ça parte complètement... Je vais pouvoir profiter de ma soirée pour une fois ! Ce canapé est magique.

Elle tapota le dossier en tissu, et rangea le plaid dans une boîte. Les corps des humains sont plus fragiles, c'est pourquoi ils doivent faire attention quand ils guérissent, car un faux pas peut détruire tous les efforts faits. C'est pareil pour Ntina : si je n'avais pas agi, elle se serait certes sentie mieux, mais elle aurait dû limiter énormément ses efforts pour ne pas re-déclencher une inflammation. C'est fou comme les humains peuvent être à la fois extrêmement résistants et extrêmement faibles.

Pendant que Ntina rangeait, j'ai regardé l'emploi du temps que j'avais noté. Le tutorial était avec un certain Mr Dickens, comme l'auteur.

— Dis Ntina, toi aussi t'as cours avec Mr Dickens pour le tutorial ?

— Avec QUI ?

— Dickens. C'est bien comme ça que ça se prononce ?

Je lui ai tendu mon emploi du temps. Non, pas celui inscrit dans mon journal, mais celui inscrit dans mon portable, avec le nom des profs. Elle a lu le nom, et j'ai vu son visage se décomposer peu à peu.

— Oh nan, c'est pas vrai... c'est l'hôpital qui se fout de la charité...

— Pourquoi ?

— Parce que Mr Dickens est le pire trou du cul existant dans cette fac. Ils ont eu l'audace de nous le mettre pour le tutorial de théorie féministe alors que c'est le mec le plus misogyne que j'ai pu croiser. Même les quinquagénaires blancs qui me mattent dans la rue me dégoûtent moins que ce type.

Elle a soudain sorti d'un tiroir un espèce de gros stylo.

— Cette fois-ci, hors de question de se faire avoir. Je vais enregistrer tout ce qu'il dit pendant le cours, et en toucher deux mots à Jenny après. Je suis sûre que Mme Thomas était contre, mais que l'administration ne lui a pas laissé le choix et l'a forcée à prendre cet abruti pour le tutorial. Pas de chance pour l'administration, Jenny s'est déjà frittée avec lui, et Dickens en a peur.

Elle a semblé réfléchir pendant quelques secondes, puis m'a tendu le stylo.

— Tiens, c'est un stylo enregistreur, une pure merveille pour accumuler des preuves en cas de harcèlement moral ou sexuel. Je le mettrai en route pour toi, mais je ne peux pas le garder, avec moi c'est trop cramé, alors que toi il ne te connaît pas.

Avec les mots de Ntina, je suis allée en cours la boule au ventre. J'étais parfois stressée en allant à des examens, c'est un peu normal, mais là, je n'étais pas du tout rassurée. Et malheureusement, mes doutes se sont confirmés quand je suis entrée dans la salle de classe : le type regardait toutes les filles d'un air condescendant, et les rares garçons d'un air dégoûté. Il a commencé par faire l'appel, pendant que Ntina mettait en route le stylo enregistreur. Quand il est arrivé à mon nom, il m'a lancé un regard dédaigneux, et a craché les mots suivants :

— Ah, encore une grognasse incapable de faire autre chose que lire en anglais, et qui veut se la péter en faisant un échange.

Le con. Comme si je ne l'avais pas compris. J'ai un anglais parfait, parce que mon sortilège est parfait. Je suis également une scientifique, puisque je peux soigner les gens grâce à mes connaissances poussées en médecine et grâce à mes pouvoirs. J'ai horreur qu'on remette en question mes capacités intellectuelles. Le con. C'est une grave erreur d'énerver une sorcière. On s'énerve très rarement à Moonstone, c'est mauvais signe. Mais ici, chez les humains, je n'étais pas étonnée d'être énervée. Ntina était outrée, et les autres élèves ne savaient pas comment réagir. Pas besoin d'attendre Jenny, j'ai fait un massacre toute seule. Mais pour la forme, je n'ai pas prononcé un mot, j'ai souri bêtement, et j'ai laissé le stylo enregistrer tout ça. Je me mets rarement en colère, mais quand c'est le cas, il ne faut pas croiser mon chemin. Je deviens fourbe, parfois méchante, et je n'ai aucune honte à me venger. Certains individus ne comprennent pas la diplomatie, et chez les humains, c'est ultra fréquent. Alors je lui ai fait payer.

Tandis que ce crétin nous disait qu'on allait faire des dissertations (oui, juste des dissertations pendant le tutorial, puis des dissertations chez nous. Et ce sans nous donner la moindre méthodologie. Ciel, qu'il est con.), j'ai préparé un petit sortilège de ma spécialité. Ma spécialité, c'est que je peux soigner les gens, ça c'est vrai, mais je peux aussi les rendre malade. Amanita adorait quand je lui donnais des poussées de fièvre pour sécher l'école. Alors, j'ai donné à ce cher Mr Dickens une migraine carabinée, un truc de dingue. Dans un sens, j'ai vengé Ntina au passage, pour tout ce que ce type aurait pu lui dire. Du coup, il a passé le reste du tutorial à gémir de douleur, tandis que les autres élèves ne bougeaient pas d'un pouce. Et moi ? Ah bah, j'ai souri bêtement, après tout, je suis une grognasse incapable de faire autre chose que de lire en anglais, voyons. J'ai fait cesser le sortilège à la fin du cours, et me suis taillée bien vite avec Ntina. Il avait tellement souffert qu'il n'avait pas pu caler un seul mot du reste du cours. Ntina, elle, pouffait de rire.

— Alors ça, c'est énorme. Lui qui disait que je simulais mes maux de tête, c'est bien fait ! Je vais quand même transmettre à Jenny la partie où cet idiot t'insulte. J'espère juste qu'on ne va pas en baver toutes les semaines.

— Bah tu sais, la grognasse, elle sait se défendre aussi. Je n'y connais pas grand-chose en féminisme, mais je sais déjà que ce prof, je ne l'aime pas à cause de son comportement machiste. S'il veut la guerre, il va l'avoir, je vais être la pire des grognasses !

Ntina a explosé de rire, puis m'a quittée pour rattraper Jenny, qui traversait le couloir un peu plus loin.

Je suis finalement rentrée chez moi après cette longue journée de cours. Je sais, ce n'était pas si long que ça, mais il s'est passé beaucoup de choses. Le bilan est plutôt positif : les gens sont sympas, et les cours semblent prometteurs. Mais le Dickens là, je ne peux pas le blairer. Je ne comprends pas comment on peut autoriser un individu aussi mauvais enseigner. Et après on s'étonne que les humains sont mal éduqués. Ils devraient sélectionner avec soin leurs enseignants. Si ce type avait été à Moonstone, il aurait été renvoyé sur le champ, et mis sur une liste noire l'interdisant d'enseigner. J'espère juste que les autres cours ne me donneront pas envie d'utiliser à nouveau ma magie pour faire du mal. C'est triste, car nous prônons tous l'idée que la magie doit servir à faire le bien, et on dit que les humains seraient incapables de faire le bien avec, mais moi-même je n'ai pas pu résister à m'en servir pour me venger. Mais quand on voit comme les humains peuvent être méchants... Il faut que j'apprenne à me contrôler. Je n'ai jamais eu à me contrôler à Moonstone, car rien ne pouvait me pousser à mal me servir de ma magie. C'est seulement ma première semaine sur Terre, je dois faire attention à moi.

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