Vendredi 20 mars 2020, 19h / La routine s'est installée dans l'appartement. Ce mot, routine, sonne faux aujourd'hui car il n'a plus rien à voir avec ses origines : la route.
Avant, dans notre quotidien, nous foulions l'asphalte des routes pour aller travailler ; aujourd'hui nous foulons le parquet, le carrelage ou le linoleum posé entre notre lit et notre bureau. Au regard de cette courte distance, les routes, aujourd'hui, forment des trajectoires infinies. Elles passent en bas de nos immeubles, elle viennent d'un endroit et vont quelque part, nous nous en doutons bien mais nous n'avons plus le loisir de l'explorer. La route, quand tout cela se terminera, sera notre premier exotisme. Notre premier ailleurs. Laquelle choisirons-nous quand il nous sera possible de partir ? Quelle sera notre première destination ? Qui voudrons-nous revoir absolument pour célébrer la fin de la pandémie ? La mobilité est un trésor inconnu, une chance inconsciente, c'est notre lien vers nos proches, une échappatoire à la monotonie de nos habitudes ; l'existence est toujours plus supportable quand il est possible de s'en évader.
Cette quarantaine nous oblige à inventer d'autres escapades, à créer d'autres choses pour se changer les idées car la route n'en fait plus partie. Et nous devons veiller à ce que la routine ne prenne pas trop de place dans nos vies ; ce monstre placide dort dans l'ombre de nos appartements et à trop le nourrir, il grossit. La superficie de nos logements est déjà trop exigüe pour l'étendue de nos esprits, il ne faut pas laisser autre chose s'y installer...
Peut-être ceci n'en finira-t-il jamais ? Peut-être ce mode de vie deviendra-t-il la norme ? Je ne sais si cela est souhaitable... Peut-être qu'un jour nous nous poserons cette question : mais dis-moi, au fait, d'où nous vient ce mot étrange : la routine ?
Joli texte, j'ai l'impression de me sentir moins seule :)
Je crois que ton journal n'est pas prêt de s'achever !
Honnêtement, j'espère mettre un point final à ce journal cet été. Et si je peux le faire avant, je ne m'en plaindrai pas !