Un homme venait.
D'un murmure presque indistinct, ténu comme un filet d'eau que l'on verrait à peine et qui ne suffirait pas quand on a soif, la rumeur s'était ensuite faite petit flot rond et rassurant, puis grosse rivière difficile à apprivoiser quand on se rend compte qu'au fond, on ne sait pas vraiment bien nager. Peu à peu, elle avait gonflé, enflé comme le ventre d'une grenouille qui a trop bu, et qui ne sait plus faire le bon cri.
Le dos bien droit dans le Grand Hall, les orphelins avaient ainsi en eux le bourdonnement des jours bruyants, vaseux, qui paraissent ne pas finir. Certains préparaient avec soin le sourire le plus assorti à leur costume – un sourire plus ou moins vieux et plein d'accrocs, mais propre, tout fraîchement ressorti de l'armoire. Pour se mettre dedans, ils s'étaient lavés partout et jusqu'entre les dents avec du beau savon.
Pourtant, à mesure que le bout de la plus longue aiguille roulait sur le cadran, les sourires démangeaient. On commençait à se souvenir qu'il était difficile de plaire sans savoir à qui plaire, à se dire que l'homme, peut-être, n'était même jamais venu, ou n'allait jamais venir. En réalité, personne ne l'avait vu.
Lazare était allé cacher son carnet rouge plus tôt que prévu, la mine sacrément basse. Il ne comprenait pas pourquoi, au fond, il devait plaire à cet homme qu'il ne connaissait pas. Plaire était pour les gens qui trichent, coincés dans des costumes de mieux-que-soi, de plus-que-soi, or lui n'avait pas grand-chose d'autre à mettre sur lui que lui-même – même s'il avait essayé, il ne se mentait pas.
Quelques grandes personnes étaient en effet venues et reparties, au fil des années : des personnes pour lesquelles lui aussi avait souri, au début, et savonné ses doigts barbouillés d'encre. Aucune, pourtant, n'avait paru remarquer la propreté exceptionnelle de son plus beau lui-même – tout au plus avaient-elles regardé son œil et l'avaient-elles questionné, parfois. Il s'était alors interrogé : était-il encore trop sale ? Trop laid ? Trop petit ? Trop court ? Trop bête ?
Un jour, finalement, il avait décidé de se dire que les grandes personnes n'étaient peut-être simplement pas capables de faire la différence entre un lui propre et un lui habituel, un peu moins savonné. Et que pour le reste, il n'y pouvait pas grand-chose. Il était « juste » Lazare.
Privé de son carnet et assis par terre dans le coin le plus sombre du Grand Hall, il patientait donc en griffonnant sur le papier d'une tartelette tout juste dérobée dans les cuisines, sur le chemin de retour de l'Escalier Nord. Ce n'était pas vraiment voler, Miche l'avait laissé faire.
Lorsque la porte du Bureau Vert s'ouvrit d'un coup, le bourdonnement des orphelins parut soudain plongé sous l'eau. Lazare vint rejoindre le rang sans faire un bruit, la moue lasse et le petit papier froissé dissimulé sous son veston à la va-vite.
– Tenez-vous droits, garçons.
Le directeur de l'Orphelinat posté droit sur le seuil avait toute l'apparence d'un homme court, tout court. Sa tête chauve, un peu lustrée sous les lumières, pointait comme une bulle sur un tronc dénué de cou et piqué de quatre minuscules membres raides. Il semblait avoir vécu toute sa vie dans un endroit trop petit et trop étroit pour bien grandir, et chacun de ses pas était vif et pressé l'un contre l'autre, comme ceux d'une puce qui voudrait fuir.
Il avait une moustache, cependant, une gigantesque moustache à l'impériale qui faisait de lui bien plus qu'un homme court, tout court. Frémissant au-delà de ses joues telles deux virgules impeccablement noires, elle paraissait parfois plus vivante que lui, et plus observatrice, aussi.
Si Lazare n'avait ainsi qu'un œil, beaucoup considéraient que La Moustache en avait quatre – et l'une des premières règles de l'Orphelinat, c'est qu'on ne regardait certainement pas ce La Moustache dans ses quatre yeux.
– Lazare... Approche.
La bouche du jeune garçon s'assécha si vite que sa langue devint étrangement lourde et pataude. Sortant du rang à petits pas et le dos rond, comme pour se faire disparaître, il entendit ses camarades retenir leur souffle, là derrière lui – entendit que soudain, il n'entendait plus rien.
Lorsqu'il fut enfin parvenu devant Monsieur La Moustache, ce dernier le considéra du bout frissonnant de ses appendices puis pointa un doigt – court, lui aussi – vers son visage, tout près du nez. Lazare aurait voulu loucher, mais il ne pouvait pas.
– Les miettes d'une tartelette.
Le doigt descendit lentement jusqu'à son veston, suspendit tout net son vol, puis s'enfonça en ligne droite dans sa poitrine. Juste au-dessous, mal caché entre son cœur et sa chemise, le papier de la-dite tartelette sembla lui aussi se rabougrir. Après quelques instants, le directeur tendit la main, la paume en l'air, et patienta. Il n'avait pas à demander : les gens d'importance ne demandaient pas.
Lazare pensait avoir compris, mais il hésitait. Il n'était pas bien sûr que donner son papier soit la meilleure chose à faire.
Les gens que dessinait Lazare s'inspiraient des vrais gens mais n'étaient pas de vrais gens. On les reconnaissait parce qu'il prenait toujours grand soin à ne pas oublier les détails importants – l'arrondi caractéristique d'une narine ou le pli singulier d'une paupière – mais ils avaient toujours en commun un petit quelque chose de lointain, de difforme, de grotesque. A l'Orphelinat, il lui était devenu facile, avec le temps, de croquer certains visages les yeux fermés, à sa façon – il avait même parfois la sensation de pouvoir sentir leurs angles pousser ou se creuser jusque sous sa propre peau.
La Moustache, lui, n'avait presque pas d'angles dans son visage. Lazare avait ainsi appris à le dessiner comme s'il était étrangement mou, comme une grosse boule de pâte à pain que Miche lui aurait donnée à pétrir du bout du doigt. Il lui dessinait des yeux trop petits dans des orbites à peines creusées et une moustache trop grande, dressée sur des joues dont la peau un peu baveuse paraissait couler goutte à goutte vers le sol. Son nez, lui, disparaissait presque toujours : s'il en avait eu un, le directeur n'aurait certainement pas tant abusé de cette cologne qui sentait fort le clou de girofle et faisait éternuer quiconque s'approchait trop. D'ailleurs le nez de Lazare, bien présent, le démangeait.
Sur le papier caché dans son veston, le visage mou de La Moustache, étalé parmi les taches d'huile de sa tartelette vite engloutie, n'attendait ainsi pas vraiment d'être contemplé par son propriétaire. Non.
Lazare venait donc de décider qu'il ne bougerait pas lorsqu'une toux légère se fit entendre, tout au fond du Bureau Vert. Aussitôt, les souffles dans son dos reprirent d'un coup, palpitants de concert comme un seul et même pouls trop longtemps privé d'air.
L'homme était venu, finalement.
Le directeur lâcha un petit soupir contrarié – le petit soupir des vrais gens d'importance – et fit peser sa main sur l'épaule de l'enfant.
– A l'écart, garçon.
Placé le dos contre le mur par cette main dont le poids le dérangea, Lazare sentit un picotement lui mordre les paupières. Il avait beau ne plus croire en sa chance depuis longtemps -–tous, à l'Orphelinat, savaient que « le borgne » ne quitterait pas les lieux avant d'avoir atteint l'âge adulte – jamais encore il n'avait eu à subir l'humiliation de se voir ôter son statut d'éventualité, de possibilité. Il ne lui avait pas été trop difficile de se résigner seul, c'était vrai, mais il trouvait en revanche étrangement douloureux de se trouver si soudainement effacé par quelqu'un.
La Moustache, d'ailleurs, s'éloignait déjà de lui pour s'adresser à la longue ligne à laquelle il n'appartenait plus :
– Écoutez-moi avec attention, tous. Ce Monsieur souhaite trouver parmi vous celui qui sera apte à le seconder dans sa tâche. Il tient un...
Il hésita quelques secondes, pris d'un léger frisson qui agita ses épaules, puis se frotta les paumes – une fois, deux fois, trois fois – avant de reprendre :
– ... un commerce. Dans les beaux quartiers. Un commerce d'importance.
Un peu ragaillardi, son pas se fit plus large, martial, tandis qu'il parcourait le rang. Un instant, sa moustache sembla frémir à la vue d'un col jauni ou d'un veston mal boutonné, mais il était trop tard. Déjà, sa voix s'était faite plus impérieuse :
– Il est donc nécessaire que le garçon qu'il va choisir parmi vous sache lui démontrer qu'il a été bien éduqué en ces lieux. Il se devra d'être obéissant, discret et efficace. Comprenez-vous ?
Tous hochèrent la tête dans un seul et même bruissement, sans même être bien sûrs d'avoir compris. Lazare aussi, parce qu'il ne savait pas si sa réponse comptait encore ou non, contre le mur.
Dans un geste vif et plein d'air qui paraissait destiné à les englober tous, le directeur clôtura alors son inspection puis se tourna vers l'homme demeuré sur le seuil, immobile, silencieux et dans l'ombre. Plusieurs secondes passèrent avant que ce dernier ne s'avance à demi dans le Grand Hall, et Lazare, malgré lui, sentit son œil se tendre.
L'homme ressemblait à un 1. Sa silhouette haute et maigre, maigre à pouvoir se glisser sous une porte, bougeait à peine – un simple coup de vent ou un éternuement aurait semblé pouvoir la balayer. Pas aussi soigneusement habillé que La Moustache – aucune étoffe un peu brillante ou trop serrée –, il paraissait porter ce qui avait été cousu pour lui, comme si chaque point, chaque pli, avait choisi sa place. Il n'était pas de ceux qui s'habillent pour les autres, et sans que quiconque ne puisse vraiment savoir pourquoi, cela le rendait différent.
L'homme, d'ailleurs, ne portait pas de gants : ses mains étaient tachées, noueuses et pleines de veines saillantes. Sans cesse agitées de petits mouvements fins et gracieux, elles constituaient à première vue le seul élément vraiment vivant d'une vieille mécanique à l'arrêt – des papillons dont les ailes cogneraient la surface trop inerte d'un tambour. Lazare, soudainement fasciné, regretta de ne pas pouvoir s'approcher. Son œil remonta lentement, plus attentif, vers un visage d'un gris un peu crayeux, un front trop haut barré d'un gros sourcil. Des cheveux trop longs, d'un châtain qui lui parut fané par le manque de soleil, que l'homme n'avait pas attachés comme le faisaient les messieurs du dehors. Puis, comme en point final, son œil cligna sur deux yeux étonnamment lumineux et immenses, impossibles à cacher derrière une minuscule monture perchée tout au bout d'un nez sec.
L'homme s'approcha des orphelins avec la délicatesse un peu étrange d'une créature venue de loin. Il leur demanda de relever la tête sans les toucher, d'un geste, à peine, et leur adressa des sourires parfois perdus, parfois confus – témoignages de chaleur qui semblaient toujours le placer un peu à l'écart de lui-même. Le temps qu'il passa à les observer tous leur parut infini. Lazare, lui, avait patienté avec précaution mais n'avait pas même obtenu un regard de sa part.
Parvenu au bout de la file, l'homme parut enfin se courber un peu, comme par lassitude. Les souffles s'étaient à nouveau tus. Il revint se placer lentement près de La Moustache, replaça son long corps sur une ligne, conserva un instant dans ses mains soudain calmes les silences pleins d'espoirs. Le directeur le considéra, interdit.
– Qu'en dites-vous ?
L'homme n'eut pas grand chose à dire. Du bout d'un doigt crochu, il désigna l'élu.
– Lui.
Et au bout du doigt crochu, il y avait Lazare.
Un chapitre encore très bien écrit, on en apprend cette fois-ci un passage tout aussi important de la vie de Lazare, la façon dont il est arrivé dans ce fameux commerce étrange.
Un chapitre très réussi !
Ton histoire est toujours aussi prenante, mais je me demande si, dans ce chapitre, certaines longues phrases ne gagneraient pas à être coupées.
Toujours un plaisir.
Si la chute est attendue, je trouve que la manière dont tu l'écrit, en partant du doigt crochu jusqu'à Lazare fonctionne extrêmement bien et la rend vraiment percutante !
Les dessins de Lazare sont une nouvelle caractéristique qui rendent le personnage encore plus attachant. On est curieux de savoir ce qui va lui arriver une fois parti de son orphelinat.
J'ai bien aimé le passage où tu décris l'échange de regard entre l'oeil de Lazard et les quatre yeux supposés du surveillant. C'était très bien fait.
L'écriture est toujours aussi aboutie.
Un plaisir,
A bientôt !
Si jamais vous comptez le publier, soyez sûre que je vais l'acheter.
Petite question : Est-ce qu'il vous arrive de commencer un texte et après de l'arrêter, sans l'avoir fini ? Si oui, comment vous faites pour replonger dans l'univers et continuer à l'écrire ?
La question de l'édition ne se posait pas encore vraiment jusqu'à il y a deux-trois ans, je la tenais loin parce que je ne me sentais pas capable d'assumer les refus. Les retours de PA m'ont beaucoup aidée à cheminer là-dessus, suffisamment pour espérer soumettre tout ça à une ou deux maisons, dans quelques mois. Nous verrons bien. :)
ça fait une éternité que je ne suis pas passée par là mais je suis déterminée à avancer dans ma PAL et à suivre les aventures de ce cher Lazare !
J'ai été ravie de me replonger dans ce monde un peu sombre après des soupçons de merveilleux :)
Décidément, Lazare n'a pas eu une enfance facile... avec ce chapitre court et efficace, tu nous montres exactement ce qu'il faut, ce n'est ni trop, ni pas assez !
à "sentit son oeil se tendre" je me suis demandé comment Lazare pouvait voir l'homme, vu que Lazare est tourné vers un mur. Est-ce qu'il regarde discrètement par-dessus son épaule ou est-ce que son oeil unique a des propriétés spéciales qui lui permettent depuis cette position ?
Je file au chapitre suivant ^^
On en découvre de plus en plus sur cet univers et surtout sur Lazare. Même si c'est un récit à la troisième personne comme je les aime, on se sent vraiment dans la tête de Lazare, avec ses émotions et ses sensations rattachées à chaque mot. C'est vraiment très joli et j'aime beaucoup la toute dernière phrase, je ne sais pas pourquoi.
La focalisation change un peu au court du récit, j'espère que cela ne te décevra pas.
- posté droit sur le seuil = virgule avant "posté"
– entendit que soudain, il n'entendait plus rien = je n'ai pas compris cette précision
-A l'Orphelinat/ A l'écart = alt+0192 pour À
- D'ailleurs le nez de Lazare = virgule après "d'ailleurs"
-qu'il ne bougerait pas = virgule après "pas"
-alors son inspection puis... = virgule avant le "puis"
Lazare est acteur de sa vie mais est aussi une sorte marionnette (insignifiante) manipulée par un univers intriguant. Le va-et-vient entre les deux fait qu'on s'attache aux personnages, mais de loin. De cette façon le lecteur est comme invité à se poser, à prendre le temps d'absorber les informations s'il veut voir les rouages du récit, de l'univers que tu proposes et de ses personnages. Joli tour de force !
Alors déjà, ton style est toujours (plus) fou ! Je ne sais pas, j'accroche hyper bien !
La façon dont tu racontes les choses fait qu'on suit l'histoire moins par les personnages en eux-mêmes que par le déroulement de l'histoire. Je ne sais pas comment expliquer, mais on a comme le sentiment d'être dans un flou, de subir complètement ce qui arrive, et de ne pas réussir à être simplement lecteur, à suivre ce qui se passe.
Si, en fait, je sais. On est Lazare. On voit le monde comme Lazare. Tout est comme nouveau, et on comprend ce qui nous entoure sans le comprendre vraiment... Enfin c'est le ressenti que j'ai ;)
Merci (encore) ! <3
Ton style est vraiment captivant, je ne saurait pas comment expliquer ça, mais on dirait vraiment que chaque personnage est un pantin, comme ils sont presque des caricatures ... et là, je me rends compte que ce que je dis ne veut pas dire grand-chose ... mais ce que je veux dire, c'est que ce regard un peu curieux et étonné à travers lequel on observe les scènes rend vraiment le récit assez unique, et m'aide personnellement à m'immerger jusqu'au bout du crâne dans l'histoire ... je suis toute admirative : ]
(Et je crois que je comprends ce que tu veux dire concernant le regard curieux et étonné, je tente toujours de faire en sorte que chaque regard posé sur les choses et les gens soit celui de la découverte... Un regard peut-être pas vierge de tout jugement, même si j'essaye, mais... candide, je suppose. Ou naïf, sans tout ce que l'on peut mettre de péjoratif dans ce terme.)
Quoi qu'il en soit, j'espère sincèrement que la suite te plaira autant. :)
Lorsque je parle de "faire mes preuves", il s'agit de quelque chose qui me concerne entièrement. Ecrire est je trouve quelque chose d'assez difficile (comme pour plein de gens, qu'ils soient sur PA ou pas), et même si je tâche de ne pas attendre les retours de lecteurs et lectrices pour avancer, parce que j'écris pour moi avant tout, chaque commentaire me donne confiance. A chaque fois, je me dis que finalement, je suis peut-être capable de parvenir au bout de cette histoire (et j'y arrive, d'ailleurs, tout au bout de ce premier jet. Portée par un enthousiasme que je n'imaginais pas.) :)
Mon commentaire n'avait absolument pas pour but de laisser transparaître que j'aurais mal pris ou été attristée par le tien, je suis désolée si je te l'ai laissé croire. Et sois assuré que chaque commentaire a pour moi la même valeur. Ce n'est pas la première fois que des gens s'excusent de ne pas être "constructifs", et ça me surprend toujours beaucoup. Je me sens tout à fait "construite" par la seule perspective que des inconnu-e-s puissent s'arrêter ici pour me livrer leur ressenti avec autant de bienveillance. Je trouve ça toujours fou. :)
Ça faisait un moment que cette histoire me faisait de l’œil, mais PaL interminable, journées de 24h, toussa, tu connais :P Du coup je profite de la motivation des HOs pour enfin passer par chez toi !
Et waw, je regrette pas <3
J'ai lu ce début d'une traite, sans me poser plus de questions que nécessaire - j'allais écrire au départ "sans me poser de questions", mais c'est pas vrai, j'ai plein de question sur ton monde, mais juste ce qu'il faut pour me donner envie d'appuyer sur le petit bouton "suivant", encore et encore :P
Ton écriture a vraiment quelque chose de particulier, d'un côté ça coule tout seul, de l'autre c'est vraiment imagé, recherché. J'adore particulièrement tes comparaisons/métaphores/métonymies (mes cours de français sont trop flous haha), bref, tout ce qui participe à rapprocher ce que tu décris d'autre chose qu'il ne l'est pas, notamment pour le sentiments... Ouh, c'est alambiqué ce que je raconte là ! Mais voilà, j'aime vraiment beaucoup, et je sais pas trop quoi dire d'autre pour tout avouer :P
Juste une minuscule remarque : "range la fiole dans un étui à cigarettes métallique" (dans le préambule) -> pour moi, un étui de cigarettes, c'est vraiment très plat, du coup ça m'a perturbée par rapport à la taille de la fiole... Oui, quand je disais que c'était du chipotage, je blaguais pas xD
Bref, je mets cette histoire dans ma PaL, et je reviens dès que possible ! <3
J'avais déjà découvert la richesse de ton écriture, ta poésie conteuse, petite boite à musique d'images écarquillées entre la douceur et la rudesse du monde des personnes. Je m'y plais énormément, toujours. J'aimerais donc dire bravo, et aussi merci.
J'ai relevé quelques petites choses qui m'ont un peu déroutée sur ce chapitre, je te les laisse ici :
* « jamais encore il n'avait eu à subir l'humiliation de se voir ôter son statut d'éventualité, de possibilité. Il ne lui avait pas été trop difficile de se résigner seul, c'était vrai, mais il trouvait en revanche étrangement douloureux de se trouver si soudainement effacé par quelqu'un. » : C'est deux fois la même idée.
* Tu utilises quelques sauts de ligne, mais je ne comprends pas le sens que tu leur donnes ?
* « – Il est donc nécessaire que le garçon qu'il va choisir parmi vous sache lui démontrer qu'il a été bien éduqué en ces lieux. » : qu'il choisira ? Je trouve ça lourd les deux infinitif. Mais la phrase reste très étrange dans son fonctionnement : c'est pas le garçon qui va être choisit dans le futur qui doit démontrer son éducation (après avoir été choisi), ce sont tous les garçons pour espérer être choisi.
* « ou un éternuement aurait semblé pouvoir la balayer. » : un peu forcé le « aurait semblé pouvoir »
* « un front trop haut barré d'un gros sourcil. Des cheveux trop longs, d'un châtain » : les deux « trop » font ici une répétition plate, pas très heureuse.
Autant de détails pourraient donner un rythme trop lent’ ennuyeux mais cela marche ici et le détail amène l’action. Bien que peut être, parfois on s’attarde trop et réduire un peu donnerait plus de dynamisme.
J’avoue avoir balayer un peu la fin de certain paragraphe descriptif pour savoir ce qui allait se passer ensuite 😅 sont donc il vraiment utile dans cette longueur ? Je ne sais pas et chaque lecteur est différent. J’ai un pb de super activité et de concentration qui ne te donnera sans doute pas un avis objectif à ce sujet.
Pour ce qu’il en est du reste, j’aime l’introduction du marchand de souvenir, l’ambiance qui sonne juste et Lazare, discret mais touchant dans sa solitude et sa bulle d’innocence.
Quoi qu'il en soit, merci beaucoup de poursuivre ta lecture et de me faire part de tes réflexions. :)
Et à nouveau, les détails qui font la saveur de ton récit : les miettes de tartelettes, le dessin, les sourires et les vêtements du visiteur, les respirations angoissées des enfants... Décidément, ta façon de faire tisse une ambiance étrange et peu commune. Je suis admirative !
J'espère sincèrement que la suite te plaira autant. :)
C'est une scène très sensorielle, presque cinématographique.
C'est forcément touchant, cette histoire de petit bonhomme tordu dont tout le monde pense qu'il ne quittera pas l'orphelinat avant sa majorité. Ça crée une proximité immédiate avec le lecteur.
Le style est toujours aussi bien travaillé, c'est savoureux. Il y a peut-être quelques endroits où je simplifierais, par petites touches, pour gagner en rythme et renforcer l'effet de la poésie, mais c'est du pinaillage à ce stade.
J'ai très envie de découvrir la suite !
Puisse ton talent émouvoir la Lune !
Pluma.
Aucune autre remarque ne me vient si ce n'est : waw.
Je continuerai ma lecture avec plaisir^^
Je m'interroge sur à qui tu veux l'envoyer (si le but est l'édition) parce que d'un côté on a l'histoire d'un enfant, orphelin, mais d'un autre, on a un style littéraire qui ne s'adresse pas du tout à des enfants ! après je pense qu'un lectorat "à partir de 15 ans" qui viserait les "Young Adults" me paraît cohérent !
Concernant ton interrogation sur l'édition, j'avoue commencer seulement à me poser la question... J'ai eu quelques retours qui m'encourageaient à proposer cette histoire en ME une fois achevée, et depuis l'idée fait son chemin. Mais effectivement, il y a la crainte que ça ne puisse pas trouver de vrai public... Nous verrons bien quand j'en aurai fini !
Ton chapitre est superbe, tout en poésie. Il est très triste et très beau en même temps. On perçoit la misère de cet orphelinat, la terrible vie de ses enfants, la cruauté de leurs gardiens. Que Lazare soit écarté, sans pouvoir « tenter sa chance » m’a crevé le cœur.
Heureusement que tu décris tout avec les yeux de Lazare et qu’il y a toujours son innocence en filigrane pour nous faire du bien. Je pense notamment à cette histoire de tarte aux fraises et ses tâches.
J’adore également les dessins qu’il fait. J’imagine très bien sa façon de les dessiner.
Et la fin est magistrale : « Et au bout du doigt crochu, il y avait Lazare. »
(J'espère que la suite t'enthousiasmera autant, ça me donne une petite pointe de pression tous ces compliments...)
La Moustache, c'est un nom bien trouvé !
Petite question : les noms des personnages sont réels (dans le récit) ou se sont les noms que leur attribue Lazare ?
Les descriptions sont écrites de telle façon qu'on ne peut s'en détacher. J'écris ça parce que dans certains romans, c'est le contraire qui se passe...
Petite remarque : j'ai trouvé beaucoup de "soudain" disséminés dans le texte (ça ne m'a pas du tout dérangée, simple remarque). :-)
Je n'ai d'autres choix que de poursuivre ma lecture, je crois...
Concernant les noms des personnages, j'ai tâché de faire en sorte que Lazare soit le seul de l'histoire à posséder un "vrai" prénom aux yeux des lecteurices. Les autres sont effectivement désignés exclusivement par des surnoms qu'ils se sont choisis, ou que Lazare leur a choisis. :)
J'espère que la suite te plaira autant... :)
J'espère sincèrement que la suite ne te décevra pas.
On arrive à se faire une idée précise des personnages et c'est très agréable :)
En lisant un paragraphe j'ai cependant une petite remarque : "Il lui dessinait des yeux trop petits dans des orbites à peines creusées et une moustache trop grande, dressée sur des joues dont la peau un peu baveuse paraissait couler goutte à goutte vers le sol. Son nez, lui, disparaissait presque toujours : s'il en avait eu un, le directeur n'aurait certainement pas tant abusé de cette cologne qui sentait fort le clou de girofle et faisait éternuer quiconque s'approchait trop. D'ailleurs son nez à lui, bien présent, le démangeait." Même si au final on comprend ce que tu veux dire, quand tu parle du nez (son nez,lui, disparaissait) on pourrait penser que tu parle de Lazare et non de La Moustache, ce qui est du coup un peu perturbant pour la phrase suivante (d'ailleurs son nez à lui, ...) Il faudrait peut-être préciser de qui tu parles :)
Voila une remarque sans méchanceté aucune c'est une réflexion que je me suis faite en lisant !
Sinon j'ai encore une fois beaucoup aimé et continue ma lecture avec envi !
Une fois encore, je prends note et je comprends tout à fait ce que tu veux dire (c'est effectivement un petit moment qui m'a posé problème lors de l'écriture de ce passage, donc le voir soulevé ici ne m'étonne qu'à moitié ^^.) C'est toujours très enrichissant d'avoir les réflexions de chacun.e concernant ce qui va, ce qui coince... Je prends tout. :)
J'espère que la poursuite de ta lecture sera toujours aussi appréciable. <3
Très chouette chapitre où les dessins de Lazare irriguent tes propres descriptions de personnages. Je les trouve excellentes d'ailleurs, tes descriptions. Le nom des personnages, leur surnom, leur physionomie, la personnification d'un détail de leur anatomie... J'aime vraiment beaucoup.
A bientôt ;)
et waouuuh ! alors déjà : tu écris tellement bien ! c'est hyper poétique, envoutant !
L'histoire, pour le moment c'est un peu court pour que je puisse en dire quoi que ce soit, mais en tout cas c'est hyper prenant, Lazare a l'ai d'être un petit gars super ! J'ai adoré cette scène ou il se fait choisir sans meme un regard ! J'en veux encore ! encore ! <3
Je reviens voir ton histoire, et ma seconde lecture est aussi emballante que la première. Plus même, car j’ai le temps de la savourer. Ton écriture est tout en délicatesse, avec des images surprenantes et évocatrices. C’est extrêmement sensuel, dans les petits détails, les petits riens que tu retranscris si bien. J’adore la description du directeur de l’orphelinat par exemple et du dessin qu’en fait Lazare.
La vache, c’est vraiment dur de te faire une critique constructive, je n’ai que des louanges devant ton écriture. Certes, ce n’est pas de l’action trépidante, mais ce n’est pas le but… On s’y croirait dans cet orphelinat, avec ces enfants qui attendent un signe d’intérêt, quelque chose… Quant à Lazare, il est à l’écart, presque résigné à n’intéresser personne, vivant dans un monde différent des autres. Est-ce que c’est cela que l’homme a senti ? Cette particularité, cette façon unique d’être au monde ?
Je suis complètement happé par ton histoire, n’hésite pas à faire signe quand tu posteras la suite.
Bon courage
Détails
les cheminées vapotaient à peine (chap 2) : vapoter est un verbe moderne qui fait référence à la cigarette électronique, je ne suis pas sûre que ce soit approprié ici
"Il semblait avoir vécu toute sa vie dans un endroit trop petit et trop étroit pour bien grandir, et chacun de ses pas était vif et pressé l'un contre l'autre, comme ceux d'une puce qui voudrait fuir." : le deux parties de la phrase n'ont pas beaucoup de rapport, la liaison entre elles avec le "et" est un peu artificielle.
"Des cheveux trop longs, d'un châtain qui lui parut fané par le manque de soleil, que l'homme n'avait pas attachés comme le faisaient les messieurs du dehors.": cela me fait bizarre cette phrase sans verbe, parce que tu n'en emploies pas trop d'habitude. Et puis le "trop" est un peu redondant avec celui de la phrase précédente (front trop haut).
(j'avais averti que c'était de minuscules détails...)
Et je finis avec une réflexion magnifique que j'ai vraiment beaucoup aimé, je voulais le signaler : "Plaire était pour les gens qui trichent, coincés dans des costumes de mieux-que-soi, de plus-que-soi, or lui n'avait pas grand-chose d'autre à mettre sur lui que lui-même – même s'il avait essayé, il ne se mentait pas."
Et puis, plus concrètement, je reste intriguée par le personnage de Lazare, son univers, son oeil, et ce "commerce" dont il est fait allusion.
Courage pour la suite, je sais combien le processus d'écriture peut t'être pénible parfois. Et j'espère bien avoir bientôt la chance de lire les chapitres à venir :-)
Liné
J'ai beaucoup aimé la description du directeur aussi, avec beaucoup de métaphores. Ça marche bien !
Pas grand chose à dire de plus ! Hâte de lire la suite :)