Cette nuit d’hiver là, il n'y avait que la pluie claire et lourde pour redonner à la ville un peu de son relief, pour se laisser mollement glisser le long des toits glacés. Du dessus, rien ne vivait, rien ne bruissait : les carillons ne cochaient plus les heures, les cheminées vapotaient à peine parmi les gouttes et les félins s'étaient lovés dans les recoins. Tout était d'un noir bleuté, sans fond, le noir parfait d'une ardoise neuve.
Mais en remontant la Grande Avenue et en levant le nez comme pour sentir, on pouvait distinguer du bout des yeux un petit halo, jaune comme du miel de mimosa — le halo d'une bougie volée par un tout jeune garçon tentant de garder les yeux ouverts sur un grand cahier rouge. La nuit, la nuit froide, tout était à lui. Parce que le dehors n'appartenait plus à personne, parce que chaque quelqu'un avait su retrouver son chemin, son esprit pouvait à loisir traverser la fenêtre la plus haute et se glisser partout.
Il était un peu né au-dehors, d'ailleurs. Six ans plus tôt, alors qu'il était à peine plus grand qu'une main, des ramoneurs l'avaient découvert dans une gouttière sur les toits de la Royale Chocolaterie. « Lazare », c'était le nom que les joues bien rondes de Miche avait fait rebondir à son arrivée, entre deux nuages de farine. « Un miracle, ce gamin. » avait-elle dit en penchant loin son nez sur ce bébé presque tout bleu. Ils s'étaient regardés avec la prunelle claire des gens qui apprennent à se connaître, longtemps, puis le nourrisson avait fini par s'endormir. Elle avait caressé son visage minuscule du bout d'un doigt poudreux, un peu émue derrière ses non-manières et sous sa grosse poitrine. « Pas seulement un miracle. Une résurrection. »
Mais c'était quoi, une résurrection ? Plus tard, il avait cherché, demandé, tiré la manche des grandes personnes, pleuré un peu, mais tous avaient fait cette moue étrange des gens qui ne souhaitent pas parler, pour ne pas trop en dire. Pour ne pas trop montrer qu'ils ne savent pas, peut-être. Seuls Miche et Perce-Mur s'étaient un jour laissé aller à lui livrer comme un secret un bout de cette histoire particulière : les toits, les ramoneurs et la chocolaterie. Ce n'était pas beaucoup. Après avoir un temps froissé les petits poils drus de son menton, Perce-Mur avait toqué son front à lui, entre deux mèches.
– Sois pas déçu, gamin. Ce qu'on s'écrit tous là, à l'intérieur du caisson, c'est ça qui compte. Le corps et tout ce qu'il y a autour, c'est rien qu'une enveloppe et une grande boîte aux lettres. Ça va, ça vient, ça prend l'eau, des fois... On peut rien contre ça. Ce qui compte vraiment, c'est ce qui s'écrit à l'intérieur, bien au chaud dans l'enveloppe. Ça, ça vient de nulle part ailleurs, gamin. Personne écrit pour toi.
Lazare avait hoché la tête bravement, avec en lui la certitude d'avoir un peu grandi. Qu'importe qu'il n'ait pas encore su écrire à l'époque, il s'en était retourné au dortoir le dos bien droit, investi, solennel jusqu'aux orteils — ses orteils en hameçons dans ses chaussures bien trop étroites.
Lazare n'était pas commun. Il n'était pas excentrique, non, pas fantaisiste, pas saugrenu. Simplement, il avait en lui assez de bon sens pour constater que les autres évitaient soigneusement ses abords, le posant à l'écart comme un bibelot fragile. A l’écart dans les angles des murs.
Lorsque, enfin, il avait appris à écrire, Miche et Perce-Mur lui avaient offert un grand cahier à la couverture tissée, bien épaisse, rouge comme le rideau des vrais théâtres qu'il ne verrait jamais. Camouflé sous la trente-sixième marche de l'Escalier Nord, il contenait depuis bien plus de monde que tous les orphelinats de la capitale : du petit monde, du grand monde, du monde à bretelles, à gibus, à bedaine, du monde à piquants et à plumes, du monde comme autant de petites gouttes dans la Grande Mare, au fond du parc. Du monde imaginaire, qui savait lui tenir plus chaud encore que les recoins lors des moments patraques. Il n'avait pas vraiment besoin des Autres. Il avait les siens.
Un jour, un nouveau s'était approché, pourtant, et l'avait regardé un moment en silence. Il avait des yeux sombres, petits et brillants comme des boutons de bottines, et les cheveux qui moussent.
– Ils te l'ont volé ?
Volé ? Volé quoi ?
– Ils te l'ont volé, ton œil ?
Lazare avait hésité un instant entre rire et pleurer, tout balancé d'avoir presque – encore – oublié ce détail. Comme si, à force, il s'effaçait aux yeux des autres. Comme si, au fond, c'était aux autres qu'il manquait un œil. Car Lazare n'avait pas d’œil droit. Ou plutôt si, il avait un globe oculaire droit, rond et bien présent, mais blanc, tout blanc comme un œuf dur dont on aurait pris soin de froisser et d'émietter la coque. Si blanc que certains inconnus arrêtaient un temps les leurs, d'yeux, dessus, comme pour admirer leur reflet sur sa surface bien polie ou pour voir au travers, pour creuser l'intérieur de sa tête et comprendre pourquoi. Comme s'il y avait un pourquoi, finalement. Lui ne l'avait pas trouvé, en tout cas.
– Je l'ai échangé. Contre un trésor...
Ce jour encore, Lazare s'était forcé à sourire, un peu, le temps que l'empreinte toute fraîche prenne bien la peau et devienne un vrai et beau sourire, là dans le coin. Lorsqu'il s'était enfin fermement accroché à sa joue, le garçon l'avait savouré avec soin, comme n'importe quel autre — après tout, eux aussi avaient bon goût, les bonheurs fabriqués dans les plis.
– ... mais il valait le coup.
Il lui avait alors adressé un clin d’œil qui avait fait palpiter sa paupière sur son globe blanc, et inévitablement, le nouveau s'était enfui.
Une histoire qui, pour l'instant, reste vraiment très mystérieuse !
C'est bien écrit, il n'y a rien à redire. Le chapitre apporte plein d'infos mine de rien sur Lazare, mais pas grand chose sur la façon dont ce monde fonctionne, juste de quoi attiser la curiosité, et c'est parfait comme ça ! :)
Je dirai que tu as le verbe sensible et un don pour susciter et partager des émotions.
Je suis venue avec "Le bingo de Paen" dans la catégorie : chapitre lu en grignotant quelque chose. Franchement je n'ai eu aucune envie de grignoter tant je me suis laissée prendre dans les filets de Lazare !
Un plaisir.
A bientôt
Moi qui voulais en apprendre plus sur Lazare, me voila servi ! Apprendre l'histoire de ses origines est vraiment intéressant. Apprendre qu'il est borgne dans le 2e chapitre et pas le 1er est cool je trouve, l'effet de surprise n'en est que meilleur. La manière dont il le prend, en expliquant qu'il l'a échangé contre un trésor, est assez touchante.
Le personnage est déjà attachant, curieux de découvrir son histoire !
J'attaque la suite (=
En tout cas, merci pour ce beau moment, tu as un talent fou ! Je lirais la suite avec délectation
Pour être tout à fait honnête, ce "suspense" s'est un peu construit de lui-même et ne résulte pas d'une grande manoeuvre de ma part. L'écriture du préambule s'est faite plusieurs mois avant ce premier vrai chapitre, je n'envisageais pas encore d'en faire une histoire... Je connaissais déjà l'image de Lazare, mais il m'a fallu un moment avant de savoir si j'allais la partager (et si oui comment).
Pour une raison que j'ignore, je n'ai pas pu commenter sur le préambule !
J'adore ta plume, je la trouve vraiment fluide et singulière.
L'univers que tu nous présente est vraiment riche enppromesses et Lazare est à la fois touchant et intrigant, j'ai hâte de le découvrir !
Je ne sais pas encore si tu as continué ou non ta lecture (je rattrape mon incorrigible retard de commentaires...), mais je suis toujours très touchée que l'on prenne le temps de m'écrire quelques ressentis et/ou encouragements.
J'espère que la suite de cet univers continuera de te plaire !
Cette histoire est fascinante ! Tu mets en place un certain mystère autour de l'existence de Lazare... En revanche, je n'ai pas trop compris le cadre spatio-temporel... Il n'est pas encore dans la boutique à souvenirs si ? C'est avant qu'il rencontre Binocle il me semble ?
Bon ben voilà, mieux vaut tard que jamais, j'imagine, je me lance dans la suite de Lazare avec une intrigue grandissante.
J'ai dû relire le préambule au préalable, parce que je me rappelais plus exactement de tout, et puis, au fur et à mesure, je me suis souvenu de mon engouement et de la raison pour laquelle j'étais aussi pressé d'avancer.
Ta plume est vibrante, elle touche les cordes sensibles de l'âme, elle délie les nœuds et embellit tout, au moins un peu. C'est d'une délicatesse absolue, c'est fin, élégant, bref je suis tout à fait fasciné, je pense pouvoir le dire.
J'ajoute que je trouve ta façon de tourner les phrases ou de présenter les choses vraiment intéressante, parce que c'est totalement inhabituel ! Tu sembles te loger dans les détails minuscules, même quand tu racontes le plus grand, et ça donne une perspective totalement unique. Mais surtout : en tant que lecteur, ça implique aussi un vrai travail d'analyse et de réflexion, tu nous lâches un peu dans le grand bain (ou plutôt dans la petite flaque, en l'occurrence !), et c'est à nous de nous orienter, à nous de prendre nos marques et de nous positionner correctement. Réussir à tenir en haleine tout en employant ce style, moi je dis : chapeau, c'est fort, c'est très très fort.
Je dois aussi dire que j'aime beaucoup les noms de tes personnages ! C'est plus anecdotique, mais je peux pas trop m'épandre sur leur caractère vu que je les connais pas encore (vivement, vivement !!).
Lazare m'a tout l'air d'un petit être très intrigant, et j'ai vraiment hâte de voir ce que tu vas en faire par la suite. Est-ce que tu vas continuer à nous raconter ses souvenirs ? Est-ce que tu vas nous introduire plus en détail à ton mystérieux univers ? Je verrai bien, me diras-tu x)
J'ai noté les phrases que j'ai préférées à mesure que je lisais, je pense que je vais les ajouter dans mon commentaire. Ça présente pas un grand intérêt, c'est surtout des phrases qui me touchent à titre personnel sans que je puisse trop te dire pourquoi. Je sais pas, elles font bouger les choses en moi, elles m'émeuvent tout particulièrement par leur rythme ou par leur douceur, bref, je pense faire ça a la fin de tous mes commentaires parce que je trouve que c'est une idée plutôt chouette, dis-moi ce que t'en penses !!
Je te laisse là-dessus, du coup :
"Tout était d'un noir bleuté, sans fond, le noir parfait d'une ardoise neuve."
"Pas seulement un miracle. Une résurrection."
"Personne écrit pour toi."
"les autres évitaient soigneusement ses abords, le posant à l'écart comme un bibelot fragile. A l’écart dans les angles des murs."
"du petit monde, du grand monde, du monde à bretelles, à gibus, à bedaine, du monde à piquants et à plumes, du monde comme autant de petites gouttes dans la Grande Mare, au fond du parc. Du monde imaginaire, qui savait lui tenir plus chaud encore que les recoins lors des moments patraques. Il n'avait pas vraiment besoin des Autres. Il avait les siens."
"après tout, eux aussi avaient bon goût, les bonheurs fabriqués dans les plis."
Je suis ravie que tu prennes le temps de me laisser à chaque fois les petites bribes que tu préfères, je trouve ça très enrichissant et très éclairant pour la suite, lorsqu'il s'agira pour moi de passer à l'étape de la réécriture... Découvrir ce qui peut plaire, en particulier, constitue un super aiguillage pour la suite.
J'espère en tout cas que la suite de l'histoire ne vous décevra pas, toi et ton enthousiasme !
J'ai vu que t'avais réussi à terminer le "I" pour passer au "II", c'est génial, bravo !!
C'est noté pour les jolies phrases, je continuerai à faire comme ça.
A très vite :)
Ton univers et ton style sont vraiment originaux, très nouveaux... Et passionnants.
Ça me fait de plus en plus penser à La Passe-Miroir, au niveau de l'ambiance, du style, du personnage... Et c'est fort plaisant.
Je continue !
C.est intéressant de revenir sur le passé de Lazare. Ça nous donne plus de liens avec lui, ça lui donne plus de profondeur, même si le tout début du texte, on se demande où tu nous emmènes.
Mais l’information sur l’œil de Lazare remet d’un coup un intérêt, on comprend aussi ses difficultés et c’est intriguant.
Pas grand chose à dire ici. Je continue
Je ne sais pas si tu as lu Liné, mais elle aussi, elle a cet oeil particulier, dans un style différent.
J'ai une petite remarque très subjective : j'ai vu que tu aimais beaucoup les répétitions volontaires. Celles où tu démarres une phrase avec la fin de la précédente. L'effet est très sympa pour mettre la focale sur un aspect important tout en tenant le lecteur en haleine, et ça s'adapte bien au ton de conte que tu as choisi pour ton texte. Mais je pense que c'est comme tout, il faut être vigilant et ne pas le faire trop souvent, au risque de faire perdre sa force à cette forme.
En tout cas, Lazare promet d'être un personnage très intéressant et inhabituel !
Pour le petit bémol, je comprends tout à fait et je tâcherai d'être vigilante à ce sujet pour la suite !
Le style reste constamment élégant, c’est chouette qu’il n’y ait pas de creux. J’ai été un peu déstabilisée par certains passages, où je crois que l’onirisme dessert la clarté.
Par exemple le passage avec Miche, j’ai mis un temps à comprendre que nous n’étions plus avec les ramoneurs. Ça dure une phrase, mais je crois qu’il faut quand même faire la transition et ici j’ai un peu coincé. Aussi, sur le carnet, comparé à la couleur des rideaux de théâtre : j’ai cru un instant que le monde décrit était celui qui se rendait au théâtre, et non étaient des personnages du carnet rouge.
Je trouve que la relation avec Miche et Perce-Mur manque un peu de clarté. Ou peut-être est-ce moins la relation que leur identité qui m’apparaît totalement floue. J’imagine que, même en étant à l’orphelinat, Lazare a toujours des contacts avec eux ? Ou ce sont des gens qui travaillent à l’orphelinat ?
Tu distilles tranquillou des petits mystères qui, j’espère, trouveront réponse (la résurrection, par exemple). J’aime beaucoup ton texte mais je te recommanderais de veiller à ce que la poésie ne détache pas totalement ton texte de la tangibilité de ton univers. (Bon dis comme ça ça fait horrible mais ce n’est pas le cas, ton texte se lit très bien dans l’ensemble, et mes remarques ne sont rien que des petites corrections ne pourront arranger (si tu souhaites aller dans mon sens ;) ))
« parce que chaque quelqu'un » chacun ?
« en levant le nez comme pour sentir » il me semble que sentir réclame un complément
Plein de bisous !
J'aime vraiment énormément la poésie de ton style. C'est parfois "lourd", mais jamais indigeste. C'est une patte qu'on n'oublie pas, une voix qui transmet énormément de choses. De ce point de vue, c'est bien que tes chapitres soient courts : comme ils sont denses, cela nous laisse le temps de les savourer.
J'aime la malice du petit Lazare, sa bizarrerie tendre et rassurante, tout le mystère que tu construis autour de lui. C'est très habile d'avoir posé des questions dans le préambule, et d'enchaîner sur autre chose pour nous ramener, j'imagine, à la thématique des souvenirs.
Bref, pour le moment, très intriguée ! :)
Puisse ton imagination s'étirer jusqu'aux étoiles !
Pluma.
J'ai souri à l'évocation du style "lourd-léger" parce que c'est à la fois l'une de mes craintes (d'écrire de façon indigeste) et l'une des choses que je tente le plus de travailler... Même si je sais que toutes ces métaphores ne contribuent pas toujours à rendre la lecture très fluide. Je suis au moins heureuse de savoir que de ton côté, tu as pu y distinguer aussi une forme de légèreté !
<3
//Il y a juste le tout début « cette nuit d’hiver là » qui fait bizarre (formulation)/ Cette nuit là, au coeur de l’hiver ? Sinon « cette nuit là » et plus loin, tu parles d’un froid glacial…
Super aussi la métaphore de la lettre et les explications de Perce mur!
C'est vraiment très bien écrit je trouve, et j'aime bien l'ambiance qui se dégage de ton univers. L'histoire est prenante, même sans avoir une action de dingue dès le départ, on ne s'ennuie pas. ça me donne envie d'aller voir la suite !
Ah, et j'aime beaucoup les images et les figures de style utilisées !
Toujours un délice cette lecture. On se laisse prendre à cette découverte avec beaucoup de joie et de douceur. Ce chapitre est très joli et j’aime beaucoup le rythme. J’aime surtout ta façon d’amener cette fin (sur l’œil). Pauvre Lazare, il n’a pas été gâté par la nature à priori. <3 On a très envie de découvrir le lien entre le préambule (beau et glaçant) et ce chapitre. Voir comment ce Lazare en est arrivé là. En tout cas, c’est un garçon plein de poésie.
Un micro (mais pas vraiment) bémol, mais c’est mon côté fan d’histoire, on a du mal à se situer dans le temps. Mais ça, j’imagine que c’est fait exprès et c’est ce qui fait le charme de ton histoire. On imagine un XIXème, début XXème siècle, mais je n’en suis pas sûre.
Bravo pour ce bel univers, vraiment !
PS : ouiiii je continue !!!
Je comprends tout à fait ton micro-bémol même si je ne tiens pas vraiment à dater cette histoire (le monde dans lequel elle se déroule n'a pas vocation à être rattaché au réel...). En revanche tu as vu tout à fait juste, je me suis inspirée du XIXe - tout à fait librement, car certains détails sont d'un anachronisme monstrueux. La faute à Dickens, je crois, qui est l'un des auteur.ice.s avec lesquel.le.s j'ai le plus grandi !
J'espère que la suite te plaira toujours, en tout cas. :)
Je suis heureuse d'en apprendre plus sur Lazare.
Son début dans la vie n'est pas facile comme le laissais entendre le préambule. Pourtant on sens de grande resources chez ce personnage à l'oeil blanc :)
J'essaye effectivement de faire en sorte que Lazare demeure un petit garçon un peu inattendu, avec quelques petites choses cachées... C'est ainsi qu'il m'est apparu, et j'espère lui rendre un peu justice en le restituant au mieux !
Un chapitre très prometteur, tout comme ton préambule. Je ne sais pas quoi dire d’autre... à part Waouh.
Une vie ne me suffirait pas pour savoir écrire aussi bien... Désolée si ma question est bête, mais, écris-tu tes chapitres aussi naturellement que le laisse supposer la qualité de ton texte, où passes-tu des heures et des heures à les retravailler ?
Ça m’intrigue ^^ Je suis du genre à remanier mon texte si souvent que j’ai arrêté de compter !
Très bonne continuation,
Elo
Ta question n'est pas bête du tout, et je risque de te décevoir en disant que non, l'écriture n'est pas un travail facile, chez moi... Je travaille beaucoup au son, au rythme, et malheureusement, cela prend un temps fou. Je suis capable de passer plusieurs heures sur une portion de phrase minuscule, une miette, juste parce que je ne trouve pas qu'elle sonne "juste". Je suis heureuse, cependant, que ça ait l'air plus naturel que ça ne l'est, en réalité. C'est sans doute le signe que je ne m'égare pas trop. :)
(Si tu souhaites imaginer ce que donnent mes brouillons, tu peux comparer ce début avec les trois dernières scènes publiées sur PA, qui sont beaucoup moins travaillées... Je tente d'avancer un peu en lâchant prise, en ce moment.)
J'espère que la suite de cette histoire te plaira, en tout cas, quelle qu'en soit la forme !
Bonne continuation à toi !
Elo
J'ai beaucoup aimé ta manière d'écrire ce chapitre introductif. Tout d'abord, les descriptions sont charmantes. Ensuite, c'était assez cinématographique au sens où je me suis vraiment vue arriver du ciel et, peu à peu, j'ai pénétré l'univers de Lazare. C'est un garçon pour le moins énigmatique !
Ton narrateur externe et le plus que parfait donne une impression de "conte". On pourrait très bien imaginer une mamie, au coin du feu, en train de faire la lecture de ton histoire à sa marmaille.
A bientôt ;)
Je suis heureuse de lire ton ressenti au sujet de ce changement de temps et de narrateur, l'impression que cela t'a donnée (cette atmosphère de conte) est précisément ce que je recherchais à transmettre pour ce début.
En espérant que la suite te plaise aussi !
J'aime toujours autant tes descriptions, ta prose, le choix des mots surprend et en même temps s'impose, c'est vraiment joli. J'aime bien aussi ce personnage, même si pour l'instant j'ai encore un peu de mal à m'y attacher, sur la fin du chapitre je sens que ça vient !
Un bémol : au début, j'ai eu un peu de mal à comprendre certaines choses. La mention de résurrection notamment, ainsi que toute la tirade de Perce-Mur ; d'ailleurs cette tirade-là, je l'ai trouvée très belle, mais à ce stade-là de l'histoire, quand on en sait encore si peu sur ce qui est arrivé à Lazare, et adressée à un enfant qui ne sait pas encore écrire, elle me surprend un peu.
Gros gros coup de coeur sur le dernier paragraphe sur le sourire, très bien trouvé cette métaphore, j'ai adoré !
Je suis heureuse de savoir que l'attachement pour Lazare vient peu à peu, c'est un petit garçon assez particulier mais qui a beaucoup de caractère, il peut décontenancer.
Concernant cette histoire de résurrection, elle fait référence au prénom de Lazare, emprunté au personnage du Nouveau Testament ayant été ressuscité par le Christ. J'ai toujours été fascinée par les analyses théologiques et philosophiques ayant gravité autour de cet épisode. :)
Et pour ce qui est enfin de ta remarque concernant l'âge de Lazare et son rapport à la tirade de Perce-Mur, j'en prends bonne note. J'ai conscience que cela puisse sembler étrange, mais j'ai jusqu'ici pris le parti de ne pas trop m'attacher à son âge, ou plutôt, à ce qu'il est censé savoir ou ne pas savoir à tel ou tel âge... Je verrai néanmoins si cela pose des soucis de compréhension pour la suite !
J'espère que l'histoire continuera de te plaire malgré tout. <3
J'adore tes descriptions , c'est si beau et VIVANT. On sent bien que les mots sont heureux quand tu les utilisent, ils frétiiiiillent. Merci beaucoup Fauchelevent de partager ces pépites avec nous.
(j'ai particulièrement appréciée ça : "Le corps et tout ce qu'il y a autour, c'est rien qu'une enveloppe et une grande boîte aux lettres" <3 <3, les orteils en hameçons et le passage descriptif sur l'oeil.)
Merci de faire voyager mon cerveau <3
Merci Ursule. <3
Je passe ici rapidement pour te dire que j'avais relu ces deux premières pépites de Lazare, et que je me suis régalée comme la première fois. Tes images sont toutes en couleurs et en douceurs, et elles coulent sous mes yeux curieux :-) Je guette la suite et, en attendant, tu m'as donné envie d'une petite séance d'écriture - alors je m'y jette !
À très vite
Linė
Je n'ai pas non plus bien compris cette phrase : « Je l'ai échangé. Contre un trésor... » et les paragraphes qui suivent. Ça doit être moi qui ne comprends rien XD
J'aime bien l'idée du globe complètement blanc, ça fait un peu Tim Burton je trouve. Enfin c'est avec cette esthétique que j'imagine Lazard, vu qu'il est décrit comme maigre et noueux, si j'ai bien suivi.
Il n'y a aucun mal à ne pas comprendre certaines choses, c'est peut-être aussi le signe que je ne suis pas suffisamment claire...
Lazare est donc un petit garçon borgne, mais quand on le lui fait remarquer - ou plutôt, quand on le lui rappelle, parce qu'il lui arrive parfois d'oublier - il préfère ici inventer une histoire un peu fantaisiste de pirate qui justifierait son handicap. C'est sa façon à lui de le rendre plus facile à porter, presque léger à assumer. :)
J'espère que cette petite explication t'aura un peu éclairée ! :)
Fauchelevent.
Vraiment, c'est un très grand bonheur de lire ta plume ! C'est court, mais qu'est-ce que c'est bon =D
On n'en sait pas beaucoup plus sur l'intrigue mais qu'importe, je me laisse aller à toutes tes images hautes en couleurs, et au son très fluide des phrases =)
Pour des remarques plus dans les détails, tu as gagné mon admiration A VIE en évoquant une "Royale Chocolaterie" !
ses orteils en hameçons dans ses chaussures bien trop étroites. -> Je suis amoureuse de cette image !
Le grand cahier comme un théâtre, l'oeil-oeuf, qui cligne... C'est très, très riche, vraiment agréable à l'oreille comme à l'oeil !
Je reviens rapidement sur ta réponse à mon précédent commentaire. Déjà, prépare-toi à accepter les compliments, parce que ce ne sont pas les derniers ;-) Ensuite, je serais très ravie d'échanger plus avec toi, parce que j'ai l'impression que, à travers ton style et tes images, tu "m'alimentes" en quelque sorte... Et j'aime beaucoup cette émulation ! (quoi, moi, intéressée ? Noooon)
Quant à l'idée que j'avais, que ton personnage principal pouvait réellement être un batracien... Aucune décéption s'il est humain ! Le plus important reste les impressions qui ressortent de ma lecture : tu m'as fait voyager suffisamment loin pour que je visualise un personnage humain sous forme de grenouille (entre autres visualisations)
A quand un 3e chapitre... ? =D
A très vite
Liné
Fauchelevent.
Tes personnages sont vraiment atypiques tout comme ton récit. J'ai vraiment hâte d'en connaitre la suite. Quelle merveilleuse (et atroce) idée de mettre les souvenirs en flacons pour les commercialiser ! Et puis pourquoi les gens s’intéressent-ils aux souvenirs de parfaits inconnus ? Quel suspense !
Par contre je ne comprends pas trop ton usage de l'italique. Je devine que c'est parce qu'il s'agit d'un souvenir mais comme le souvenir fait l'objet d'un chapitre entier ce n'est peut-être pas évident pour le lecteur de le repérer de suite.
Encore bravo !
Fauchelevent.
Je ne vais pas faire dans l'original : comme les autres, j'ai trouvé ton écriture très jolie, et ton début d'histoire intriguant.
Ton écriture est très imagée et musicale à la fois, les phrases ont un rythme harmonieux et sonnent bien. Ton héros a tout de suite une voix, une façon de s'exprimer enfantine mais comme quelqu'un qui a déjà saisi beaucoup de choses de la vie. Et puis tu le places tout de suite dans une situation qui nous permet de développer beaucoup d'empathie pour lui. (lui arracher son plus beau souvenir, quelle horreur !).
je m'interroge aussi un peu sur tes choix typographiques (dialogues, passages en italique), mais ça reste du détail. Attention aux longs passages en italique, c'est généralement moins confortable pour les lecteurs.
Bon courage pour la suite.
Fauchelevent.
Je repasse par ici et je vois que tu as tout changé. J'aime beaucoup cette nouvelle entrée en matière, avec Lazare au premier plan.
Ton écriture est toujours aussi belle sans être "intrusive", elle reste fluide et cela montre que la poésie n'empêche pas la facilité de lecture.
J'ai beaucoup aimé le passage : "pour se laisser mollement glisser le long des toits glacés"
Une seule mini remarque, je tique sur l'emploi du verbe "balancer" dans : "tout balancé d'avoir presque – encore – oublié ce détail." Il peut être chamboulé, retourné, mais balancé ?
Très poétique, parfois même peut-être un peu trop. J'ai peur d'être passée à côté de certaines métaphores, en particulier celle-ci : "Ce qu'on s'écrit tous là, à l'intérieur du caisson, c'est ça qui compte." S'agit-il du coeur ?
Il y a également quelques expressions qui m'ont paru étrange comme "les carillons ne COCHAIENT plus les heures" (sonnaient ?) ou "un peu émue derrière ses non-manières" (son manque de manière ?) Rien de bien grave, mais cela m'a demandé de faire preuve de concentration et d'imagination.
Ce n'est que mon ressenti, bien sûr. Tu as tout de même réussi à créer une ambiance assez froide et mystérieuse, on sent bien le désarroi du petit Lazare face à ses origines. Je serai là pour le chapitre suivant ^^
Merci beaucoup, Patbingsu !
Le manque d'oeil de Lazare n'est volontairement pas précisé lors de la première scène (qui est un préambule)... La focalisation passant de l'interne à l'omniscient d'une scène à l'autre, il faut attendre le second narrateur pour posséder un aperçu de ce à quoi ce petit personnage ressemble. :)
Pour ce qui est du "caisson", j'appréciais cette analogie justement parce qu'elle fait référence au coeur ou à la tête, selon les lecteurs. Comme ces deux éléments sont très souvent mis en opposition, je trouvais intéressant que chacun puisse décider que "ce qu'on s'écrit à l'intérieur" soit écrit par l'intellect, par raisonnement (pour la tête) ou par l'émotion, et par l'instinct (pour le coeur). Mais peut-être devrais-je la modifier, car tu n'es pas la seule à m'en avoir fait la remarque. :)
Pour les "carillons qui cochent", c'était un petit clin d'oeil à toutes ces cloches qui rythmaient, régulaient soigneusement les vies de l'époque, comme un rituel ou un pointage obligatoire.
Merci, en tout cas, pour tes conseils et tes encouragements !
Fauchelevent.
Comme les autres, j'ai été émerveillée par la qualité de ton écriture et par ta façon d'utiliser des figures de style. Tes comparaisons sont très savoureuses.
Je critique quand même un peu: il y a plusieurs phrases qui m'ont parut tout de même un peu trop alambiquées et j'ai du les relire 2-3 fois pour finalement me dire "Mouais, je comprend mais ce n'est pas parfait". D'autres égalment, sont un peu imperméables pour le lecteur (ex: "Ce qu'on s'écrit tous là, à l'intérieur du caisson, c'est ça qui compte." le mot caisson n'est pas habituel pour parler de la tête, même si contexte aide à rendre ce dialogue plus limpide) surtout que comme tu mets pas mal de comparaisons et métaphores, il suffit de relâcher son attention légèrement pour parfois se sentir perdu.
(J'avoue que je suis très fatiguée, donc ce genre de choses me saute particulièrement aux yeux).
En tout cas, rien qui ne se corrige facilement de mon point de vue. Je n'ai pas relevé les différents moments qui m'ont parut "fatiguants" en tant que lectrice, mais si ça t'intéresse, je pourrais te faire une béta.
Concernant l'histoire elle-même, on est dans un univers très poétique et la langue sert admirablementl'ambiance.
J'ai très hâte d'en savoir plus sur Lazar et les autres personnages. Et surtout, j'ai hâte de savoir pourquoi son oeil est tout blanc (je suis orthoptiqte alors il y a de la déformation professionnelle là-dedans :p).
En tout cas à très bientôt parce que cette histoire en vaut vraiment la peine.
De gros bisous,
Gueule-de-Loup
Concernant les tournures très retorses, je sais que c'est l'un de mes nombreux défauts, et j'ai des difficultés monstres à travailler là-dessus. Lorsque je m'attache à une image, à une analogie, je tâche toujours de la décrire de la façon la plus précise et la plus fidèle possible : fidèle à l'atmosphère, fidèle au(x) personnage(s), fidèle à l'intrigue (et aussi un peu fidèle à moi, cachée tout derrière). Dans la vraie vie, on me dit souvent aussi que ma vision des choses est compliquée (la faute à des particularités neurologiques, en grande partie). Pour autant, je tâche et vais tâcher de prendre en compte ce qui ne va pas, parce que je comprends que ça puisse être un peu (beaucoup) ennuyeux / fatiguant / agaçant. Donc merci de ce retour très riche.<3
Bisous aussi,
Fauchelevent.
Ton style nous emporte avec douceur et délicatesse dans le passé de Lazare, qui a pourtant des notes tragiques. Lazare était aussi petit qu'une main quand on l'a retrouvé tout bleu, abandonné dans une gouttière. Le pauvre... et c'est très mystérieux qui ait survécu dans ses conditions alors qu'il était prématuré. Peut-être qu'il n'est pas humain ou détient des pouvoirs ? Ou peut-être que quelque chose/ quelqu'un le protège ?
Ensuite, tu mêles le passé et le présent avec poésie et tu introduis un autre mystère, celui de son œil « manquant ». Tout cela est fort énigmatique. Il y a un petit côté conte de fée sombre quand il dit qu'il l'a échangé contre un trésor, j'ai bien aimé :) Je trouve ça cool aussi que Lazare, bien que les nouveaux observe cette particularité au milieu de son visage, ne s'en complexe pas du tout et a tendance à l'oublier. Maintenant, je comprends mieux pourquoi la femme du chapitre passé le reluquait autant. Moi, j'ai très très envie d'en savoir plus sur Lazare, surtout que je le trouve déjà attachant.
Evidemment, je serai au rendez-vous lorsque tu posteras la suite :)
Bonne scribouille et à bientôt !
Jowie
Fauchelevent.