Haine et Amour ; Guerre et Paix

Par Sabi

Une nouvelle guerre a débuté en Ukraine. Ou du moins, c'est ce qu'il semble en apparence. La guerre en Ukraine n'a rien de nouveau, elle dure depuis 2014 environ. C'est juste que l'on en entendait plus parler depuis des années.

Pourtant, cela a causé un choc énorme à tout le monde, moi compris. Parce que pour la première fois depuis 30 ans, il y a de nouveau une vraie guerre en Europe. Et cela révèle tellement de choses sur nous.

J'ai honte. Non pas qu'une guerre recommence. Mais plutôt que l'on ait pu s'illusionner au point de croire que nous étions trop évolués pour faire la guerre. Parce que la vérité, c'est que nous avons grandi dans une société où les mots "conflit", "violence", "colère", "guerre" sont considérés comme des choses du passé, barbares, à proscrire et à bannir. On punit pour "incitation à la haine". Et si cela part d'un bon sentiment, ma lucidité personnelle voit clairement que cet ostracisme de la violence et de la haine naît de la haine... La haine de la haine, la colère face à la colère. Et du coup, on utilise la violence face à la violence !

On voit les anti fascistes comme des êtres du bien. Mais a-t-on pensé que d'une certaine manière, ces gens sont les fascistes des fascistes ? Parce que, sous couvert de défendre la liberté, j'aimerais poser une question capitale : est-on libre d'être fasciste ou non ?

Je reformule ma question (rhétorique) pour qu'elle soit bien comprise : les fascistes sont-ils des êtres humains ? 

Même s'il est évident qu'être fasciste est une position des plus discutables, cela fait-il du fasciste un non-humain ? Ce sont les fascistes qui, pourtant, considéraient les juifs comme des non-humains... Sous prétexte que la haine est mauvaise, qui nous a dit que haïr la haine était meilleur ? Dans tous les cas, que nous haïssions ou que nous haïssions haïr, nous sommes dans la haine !

La vérité, c'est que nous sommes toujours dans une société où la haine règne. Ce qui nous rend plus détestable que les autres nations du monde, c'est que nous sommes des hypocrites à ce sujet. Nous dissimulons notre haine. Nous jouons les saints. Nous nous étonnons et nous jouons les offusqués quand une guerre éclate (alors que cela fait longtemps qu'elle a éclaté qui plus est), mais je n'ai pas vu les mêmes réactions (chez moi y compris) lorsque la guerre éclatait en Afghanistan, en Iraq, en Afrique. Après tout, cela se passe loin de chez nous, et puis, ils ne sont pas comme nous, Européens. Non, allez savoir pourquoi, l'attaque russe en Ukraine a créé un choc plus profond, cela nous a davantage touché. Comme c'est bizarre !

Ce retour de la guerre en Europe, il faut bien l'admettre, était une question de temps. Je dirais même que, malheureusement, il s'agit bien d'une libération. Cette violence que nous avions refoulé rééclate au grand jour. Nous, les êtres humains, sommes une espèce violente. C'est un fait que les siècles démontrent à nul autre pareil.

Pour autant, cela ne fait pas de nous une espèce haïssable. S'il y a bien quelque chose que nous devons cesser, c'est de nous cracher dessus. Parce que s'il y a quelque chose que je vois en Europe, c'est que nous haïssons les haineux. Et donc, que nous nous détestons nous-mêmes. 
Nous avons été éduqué dans le rejet de la violence. Si bien que nous avons tenté de refouler nos pulsions naturelles, pulsions dont nous sommes plus ou moins conscients. Comment ne pas se trouver minable, avoir honte de soi quand l'on est confronté à ce que l'on perçoit comme de la violence en nous ?

"Oh mon Dieu, j'ai envie de baiser cette femme devant moi, je suis un porc !"

"Merde ! Ce mec m'énerve ! Mais je ne dois pas le laisser voir ça, ce n'est pas beau !"

Voila ce qu'il m'est arrivé de penser plus d'une fois au cours de mon adolescence, et même encore aujourd'hui. Vous croyez que c'est le fruit d'une éducation saine ? Est-ce que vous percevez toute la haine que j'avais contre moi-même ? Non, ne vous inquiétez pas, c'est normal si ça vous dit quelque chose.

Vous voulez savoir comment certains Russes nous perçoivent ? Comme des tafioles qui n'assument pas la violence, des tafioles qui s'indignent de voir un pays défendre ses intérêts géostratégiques.
Et sans approuver la façon de penser russe, je les comprends.

J'aurais encore bien des choses à dire sur la violence, les conflits, la colère. Mais tout cela n'est pas encore mûr. La remise en question est violente et longue. 

Non, au contraire, j'aimerais terminer sur là où j'en suis avec la haine de soi.

Je dépose la hache de guerre avec moi-même, et accepte qui je suis en totalité, y compris la part animale et violente de moi-même. C'est qui je suis, et je le suis pour une excellente raison même si elle m'échappe encore. J'accepte de m'aimer.

 C'est en s'aimant soi-même que l'on devient capable d'aimer les autres, c'est ce que je crois.

Comme j'écris cela le jour de la Résurrection, je terminerai sur ces mots :

Le Christ est réssuscité ! L'Amour est toujours vainqueur. 

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