DEBOUT LE MORT !

Par Sabi

Il est vraiment incroyable et ahurissant de voir à quel point nous nous faisons marcher dessus. Par là, je ne veux pas dire "en ce moment plus qu'à une autre époque", même s'il est vrai qu'on atteint un sommet encore inédit en ce moment.

Non, je parle de quelque chose de plus systémique, de plus ancré dans notre quotidien depuis des siècles en occident. Je parle du système socio-économique mis en place depuis l'Antiquité babylonienne. Si on regarde, c'est un système qui est caractérisé par le rapport de force dominant-dominé/ inférieur-supérieur. Quelqu'un de plus "haut" que toi t'impose une situation, une contrainte, une "obligation" dont tu aimerais te débarasser. Mais tu as trop peur pour le faire pour de bon. Peur de quoi ? Des représailles.

Et sur ce point, nous n'avons pas évolué d'un iota depuis cinq mille ans. Rien n'a bougé ! Des empires sont tombés, des royaumes se sont créés puis se sont effondrés, des républiques "démocratiques" sont apparues, et pourtant... Pourtant nous vivons toujours dans ce même rapport du fort qui écrase le faible.

Exemple : moi jeune professeur depuis 2 ans en lycée, je tremble à l'idée de poser un arrêt maladie pour cause de "ras le bol", par peur des représailles ! J'ai peur de la violence que le "haut" pourrait m'infliger. De même je limite ma créativité en cours parce que je sais que si je dépasse un certain taux de fréquence de joie, à faire ce qui me plaît et ce qui plaît aux élèves, je vais me faire repérer et exterminer par les supérieurs...

C'est normal pour vous ? C'est ça la liberté ? Non, c'est faux bien entendu. Nous vivons dans une vraie prison. La prison de la morne répétitivité, à reproduire toujours les mêmes modes de vie parce que la moindre initiative qui fait vraiment bouger les choses sera réprimée par un fourgon de CRS blindés !

Je rêve de pouvoir dire à mes élèves : "Venez les djeuns ! (oui je leur parle comme ça). Au lieu de faire cours en salle, on va aller faire cours dehors à l'air libre et profiter du soleil !" Vous croyez qu'on me laisserait faire impunément ?

Non, non et non, c'est mort. Je prends la décision de quitter lentement mais sûrement ce système socio-économique qui n'est qu'une taule à ciel ouvert où on n'attend de crever d'ennui. Faites ce que vous voulez. Vous êtes libres de vos choix quoi qu'on puisse vous faire croire. Moi, en toute liberté, je prends cette décision.

C'est que j'ai des rêves, des rêves d'enfant. Je me souviens très bien de ce que voyais du monde quand j'étais encore en primaire : un monde gigantesque, mystérieux et incroyable. Je me souviens de la liberté, du goût que ça a. Celui qui me dit que la réalité n'est pas ainsi faite, il est libre d'y croire. Moi, je choisis de suivre l'enfant que je suis, mais avec des moyens et une maturité d'adulte.

Je suis responsable de ma propre personne, et je suis infiniment capable de m'occuper de moi-même, de me mettre en sécurité. Sachant cela, qu'ai-je à craindre du danger ?

Non, le vrai danger, c'est d'ouvrir les yeux un jour où je serai vieux et décati, et que je me rendrai compte que j'ai passé une vie entière à ne rien oser et à ne rien tenter. Quel gâchis de temps ! 

La vie est une toile de peinture vierge où chaque choix est un coup de pinceau. J'aimerais que ma toile reflète cet enfant persuadé que ses rêves d'aventure sont réels au point de les manifester dans la réalité. J'aimerais que les gens s'arrêtent devant ma vie et se disent "c'est coloré !"

J'entends la Vie me souffler à l'oreille : DEBOUT LE MORT !

Pas la peine de crier, j'ai entendu ! ... Tu peux encore me donner juste cinq minutes ?...

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