Chapitre VI - Où Hyriel se découvre une vocation (3/3)

Notes de l’auteur : [Version mise à jour le 24/10/22 après les premiers commentaires. Merci pour vos lectures et nous vous souhaitons, à vous qui arrivez, bon chemin du repentir ~]

Ils furent séparés en pénétrant dans le dortoir, où on se mit en rang d’oignon pour le vrai signe de croix – la tentation de rire fut pour Hyriel ardue à contrer. L’envie lui passa quand, à peine les dévotions achevées, le recteur fit irruption en compagnie de deux molosses. C’était alors comme si la terreur entrait dans son sillage, coulant son souffle d’effroi le long des vertèbres des détenus. Tous suspendirent la routine du coucher. Ils se redressèrent d’un coup, ils comprimèrent les poings dans le dos, certains ouvrirent des yeux effarés. Pitié, implora chacun, que je sois pas sa prochaine victime. Pourquoi cette visite ? Quelques-uns comprirent vite : 251 menaçait la discipline de fer de ce lieu. Il allait regretter son numéro, maintenant que le conciliant vicaire était loin. Estienne retint son souffle, la peur au ventre. Il déglutit quand le mauvais pressentiment qu’il avait tenté d’étouffer se révéla fondé : Berlinier et les gaffes étaient autour d’Hyriel, dont le cœur rata un battement.

— Tu dormiras à même le sol les sept prochaines nuits, décréta le recteur.

Il ne s’abaissa pas à justifier la sanction : tous en cette pièce en avaient saisi le motif. Hyriel ne leur fit pas le plaisir de s’accabler, d’autant que n’être pas châtié l’eût étonné. Il acquiesça sans contestation. Oui, ce résultat était à prévoir. Mais il ne le découragerait en rien.

Le duo d’officiers s’activa à dégager la caisse en bois et le matelas défraîchi servant de couche au 251. L’un d’eux se libéra le passage en poussant le béquilleux sur le côté. Autour, des camarades soupiraient, réjouis que la correction n’eût pas été pour eux au nom de Dieu savait quel motif. Voir la foudre tomber sur le voisin procurait toujours un soulagement, quoique peu chrétien. Or il fallait reconnaître qu’Hyriel l’avait cherché, cet éclair-ci ! Quand Berlinier et ses hommes eurent quitté le dortoir avec le lit, l’on respira enfin. L’on s’allongea aux ordres des gardiens.

Estienne adressa à Hyriel, aussi longtemps qu’il put avant de devoir disparaître derrière son rideau, un regard empathique mais plus humide qu’il ne l’eût souhaité. Ç’avait été trop beau…

Hyriel s’efforça de lui rendre un air rassurant. Sept jours, ce n’était pas si long… Il devait toutefois admettre regretter sa couche, pas tant pour son confort – tout relatif – mais en raison du maintien en hauteur qu’elle lui offrait. Le seul fait de devoir s’installer à terre, sans mur ni meuble sur lequel prendre appui, représenta en effet une première rude épreuve pour son équilibre précaire et ses faibles jambes. Se concentrer. Manier ses béquilles. Les planter de manière à s’y laisser glisser sans chuter… Une fois au sol, il dut s’accommoder de cette pierre dure et glaciale. Puis se faire à l’idée qu’au cours de toute la semaine à venir, il serait perclus de maux davantage encore que ces derniers matins. Sans compter sa tête assommée par un éternel mauvais sommeil.

Au moins, Hyriel pouvait se consoler en songeant que, si Berlinier n’était pas dupe, son numéro avait malgré tout ému quelques âmes – dont celle du prêtre. En restant dans ce rôle de piété, il trouverait donc, ainsi qu’il l’avait imaginé, des âmes à amadouer et des pistes utiles à améliorer sa situation. Premier maillon de ruse, que d’être dans de bonnes grâces ! Cette pensée lui mit du baume au cœur, autant que de se rappeler la joie d’Yvon, Maurice et plusieurs autres pensionnaires à sa lecture. Pour ses frères et sœurs de galère aussi, il se ferait le plaisir d’écorner céans l’esprit de terreur ! Habité par la satisfaction de l’acteur revenu en coulisses après sa prestation, il s’amusa à tirer, avec une lente cérémonie, le rideau rapiécé autour de sa place à même le sol.

L’humeur farcesque ne dura pas : Hyriel s’allongea de côté, tant bien que mal sous les rigueurs de la sanction. Une première vague de douleur le fit frissonner de bout en bout. Il gémit, se tourna, se retourna, traîna ses jambes pour les positionner d’une façon, puis d’une autre – toutes d’abord apaisantes… du moins les premiers instants. Peinant à trouver le sommeil, il se concentra sur l’agrément à tirer, à l’avenir, d’une feinte piété : la complicité des vicaires, pourquoi pas. Il lui faudrait néanmoins être plus subtil que ce soir dans l’étalage de sa divinité vantée à Estienne.

Repenser à lui le poussa à tourner la tête en direction de son lit. Plus les jours allaient, plus ils s’appréciaient – eux que tout aurait dû opposer. Il leur faudrait se dégoter d’autres occasions juste à eux, pour tout ce qu’ils avaient à partager encore. L’urgence serait à dénicher un lieu propice à leur camaraderie : s’ils se faisaient attraper à comploter, ils seraient morts. Estienne, lui qui connaissait l’édifice comme sa poche, saurait leur trouver un couloir tranquille ! Hyriel gardait aussi à l’esprit que la robustesse de l’ancien soldat serait précieuse, le jour de s’enfuir de cette prison !

oOo

Le dimanche arriva. Prétendu « jour de vacance ». Dans les faits, quatre heures d’une interminable messe occupaient la matinée. Trois cents âmes ramassées entre les murs du bâtiment saint, éclairées d’une lumière cireuse telle la face d’un mort, attendaient l’office. Au plus près du chœur, les administrateurs bénéficiaient des bancs. À peine entré, Hyriel en eut déjà assez. Il avait repéré Estienne et sa tentative de venir à côté de lui – en vain : trop de monde rapidement installé les séparait. En revanche, le béquilleux put compter sur le bras de Maurice, qui le dispensa de reposer tout son poids sur ses seules cannes alors que les cuisants souvenirs des corvées sévissaient dans ses articulations. Qu’est-ce qu’il avait mal… Deux nuits par terre suffisaient à lui faire sentir ses membres comme cisaillés. Le manque de sommeil quant à lui pesait lourd sur ses paupières et dans son crâne.

Pourtant, il ânonna les chants avec les autres – qui souffraient sûrement autant que lui. Kýrie, eléison. Seigneur, prenez pitié …et abrégez cette messe, s’il vous plaît. Mieux encore : l’estropié décida de sourire. Sourire à la manière d’un défi. Et lever angéliquement la tête dans une attitude des plus absorbées. Puisque, ici, son enveloppe charnelle percluse de plaies devenait son propre ennemi, Hyriel lutterait pour en faire son armure. Que l’adversaire s’y cassât le nez et que nul ne vît ce qu’elle abritait. Seul peut-être son regard s’était habillé d’un bleu dur. Dur mais par-là même sincère dans sa prière portée en étendard : Ce n’est pas encore aujourd’hui, Bon Dieu, que tu recevras mon âme damnée à juger. Litanie secrète qu’Hyriel se jura de réaffirmer chaque jour, à chaque liturgie. Jours que, d’ailleurs, il avait entrepris de compter en détail – se répétant la date précise plusieurs fois au fil des heures. En l’occurrence : dimanche 4 janvier 1665.

Enfin, une fois prise la ration de midi, cela commença à ressembler à un jour de repos. La « vacance » consistait à pouvoir sortir. Déambuler dans les couloirs, au-dehors, au sein d’une cour, tant que l’on revenait à heure sonnée pour le repas. Une grille séparait hommes et femmes. Hyriel apprécia d’errer à l’extérieur. Les grappes de pensionnaires se formaient au gré des affinités. La meute vigile était toujours de guet, mais se tenait au loin en un cordon plus lâche, comme un peu de mou octroyé à la laisse d’un chien. Hyriel se sentait néanmoins particulièrement surveillé depuis sa performance liturgique. Les officiers voulaient déceler en lui des signes étayant la thèse de la piété ou celle de l’aliénation. Il le savait : il ne se déferait pas si vite de ces lorgnades inquisitrices et, à ce moment encore, les perçut rôder autour de lui. Son souffle s’en comprima. Il serra les dents. C’était étouffant. Autant que l’œil des gardes, qui revenait sans cesse le surveiller par le trou dans la porte du cachot, à La Barthe. Surtout avant une nouvelle torture… Il trembla. Son pouls accéléra.

— Hyriel ! s’entendit-il héler par une petite voix.

À la grille, Théa sautait à pieds joints. Ses mains trapues serraient fort les barreaux. Il claudiqua jusqu’à elle, sentant ses angoisses s’envoler au rythme de ses béquilles. La petite femme étendit ses doigts aussi loin qu’elle put vers son chevalier aux belles jambières. Hyriel se libéra une main pour prendre celle de son amie, quand soudain la pauvre Théa refoula un puissant bâillement.

— J’ai pas pu te dire avant mais c’était bien, ta prière ! Oh là là, c’était bien !

— Je suis ravi que ma modeste lecture t’ait plu, sourit-il en s’inclinant maladroitement.

— C’est toi qui as raison, poursuivit-elle sur sa lancée : on devrait danser plus souvent ! Toi et Estienne, z’avez raison : lui aussi, tu sais, il aime danser. En se-cret. Rien qu’a-vec ses a-mis !

Hyriel ne s’attendait pas à ce que ses gestes aient pu faire penser à tel divertissement. Il n’eut pas l’occasion de rebondir : les pupilles soudain plus graves de Théa venaient de s’accrocher à leur camarade masqué, qui marchait plus loin et semblait justement approcher de leur côté.

— Alors… c’est pas encore fait ? souffla-t-elle d’un air entendu, plein d’une déception qui n’en pouvait plus d’avoir vu Estienne toujours avec son tissu ces derniers jours. Ou alors… faut le temps que ça pousse ? Comme les cheveux, vrai que ça prend du temps après tout.

Hyriel déchanta. Il regarda alentour, comme pour s’assurer qu’on n’entendrait pas son secret – ou plutôt, en réalité, pour espérer que des officiers ne soient pas trop occupés sur lui. Cela avait l’air d’aller. Si l’on pouvait dire… Une bagarre venait d’éclater dans la cour des hommes et les molosses s’affairaient à mater les indisciplinés qui gueulaient et se poussaient pour un motif qu’Hyriel n’avait même pas pu voir. Aux attitudes apathiques des enfermés autour de la rixe, il comprit que ce genre d’événements relevait de l’habituel. Il fallait dire que leurs conditions ici avaient de quoi faire sortir de leurs gonds des caractères déjà naturellement sanguins. Cela offrait au moins une diversion dont il profita pour se recentrer sur Théa, qui, elle, s’intéressait à peine à l’échauffourée, toute à son autre préoccupation. Le guérisseur s’engagea à l’improviste :

— C’est une jolie comparaison. Mais là c’est différent. Et d’ailleurs, je voulais te dire…

Trop tard. Estienne était là. Théa avait juste eu le temps de placer avec autorité l’index devant sa bouche, avant de frotter ses yeux brouillés de fatigue. Le muet salua Hyriel, puis posa deux doigts sur son masque. Il les porta au travers des barreaux, jusqu’à la joue de leur amie qui sourit. Cependant, face au silence de gêne qu’il comprit avoir jeté – silence relatif, avec les cris, coups et insultes un peu plus loin – Estienne écrivit en s’efforçant d’ignorer lui aussi l’empoignade :

Y A QUELQUE CHOSE ?

— Notre chère Théa me demandait des nouvelles de… ce que tu m’as surpris en train d’essayer l’autre soir, appuya le sorcier-soigneur, avant de se retourner vers la petite femme pour expliquer, sincèrement contrit : Comme je le craignais, je… ne peux plus utiliser mes pouvoirs, et… tout ce que j’ai réussi à faire, c’est réveiller Estienne en m’y aventurant. Je suis désolé.

Théa s’était figée, droite comme un piquet, à ronger son ongle. Ses larmes coulèrent, puis vint la colère. Quand elle tapa des pieds, Hyriel en sursauta et se mordit la lèvre de honte.

— Mais non ! C’est vraiment méchant d’enlever des pouvoirs qui font le bien !

Hyriel acquiesça tristement. Et comme si elle était en partie responsable du faux espoir fait à Estienne, la petite femme leva vers lui sa figure rougeaude et humide. Aussitôt, il passa les mains à travers la grille et l’étreignit. Son ronron tenta d’apaiser ses pleurs. Le rebouteux pour sa part resta en retrait, immobile à ne savoir que faire de plus. Il s’en voulait. Ses prunelles errèrent aux environs, notant le retour des officiers les uns à leurs postes, les autres à l’intérieur avec les indociles matés. Hyriel finit par répondre un sourire gauche à Théa : elle reniflait pour tarir ses larmes. À l’enfermée 103 qui s’avançait, inquiète d’avoir entendu sa camarade sangloter, il signa qu’ils avaient la situation en main. Puis un merci. La femme haussa les épaules et tourna les talons, tandis qu’Estienne levait le menton de Théa du bout de son doigt. Il lui adressa un regard sûr. Vite, il écrivit sur l’ardoise pendue à son cou et indiqua à leur ami de lui lire :

IRIEL A FAIT CE QU’IL A PU !
C PAS GRAVE : IE SUY
COMME ÇA DEPUY
10 ANS & ACCOUTUMÉ

Le guérisseur s’exécuta, non sans déglutir à ces mots qui lui remuaient les tripes. Théa essuya ses yeux. Pour la plus grande admiration des deux hommes, elle s’efforça de maîtriser son chagrin et la situation. La vaillante Théa refoula sa peine dans un dernier soubresaut de gorge.

— Ben merci quand même Hyriel, lui dit-elle une fois son sourire retrouvé.

— Mais je t’en prie. C’était une si noble intention de ta part, Théa Beau-Sourire, que c’est à toi que devraient aller tous les remerciements ! Tu es quelqu’un d’adorable.

Flattée, la petite-grande-enfant papillonna des yeux, d’où partait enfin sa tristesse.

— Adorable ? Oh là là là là ! Vous aussi ! Et vous êtes les meilleurs amis du monde !

Perdue, fatiguée, elle se tourna vers les autres femmes. Accroupies en cercle, certaines avaient l’air d’improviser un jeu en traçant au sol. Lina, redressée parmi ses consœurs, semblait s’intéresser à elle avec anxiété : l’avait-elle donc vue pleurer ? Théa choisit de les rejoindre. Après un « au revoir » de sa main pour les deux camarades, elle s’éloigna de la grille.

Ils lui rendirent son salut. Estienne s’en revint à Hyriel et tous deux décidèrent sans un mot de déambuler à leur rythme, simplement côte à côte, en silence. Le vent d’hiver soufflait. Par à coups, le muet tantôt tapait ses bras emmitouflés dans son vieux gilet de laine, tantôt frottait ceux de son ami béquillant qui, lui, s’était muni d’un châle. Ce dernier s’oubliait à fermer les yeux pour apprécier le geste si bienveillant et rien de plus, le visage détendu, reconnaissant.

Très vite néanmoins, la douceur de leur promenade s’envola avec la percée de cris rauques ou gémissants à l’autre bout de la cour. Hyriel pâlit. Son ventre se noua en découvrant une escadrille de gardiens qui ceinturait un groupe de codétenus aux démarches ivres ou pantelantes, aux regards vitreux ou douloureux de clarté, aux membres contracturés qui allaient où ils voulaient indépendamment de toute volonté. L’excursion des aliénés jugés capables de mettre un pied dehors. Le pire fut pour Hyriel le grincement mordant des fers que certains portaient aux chevilles, à un poignet, à la taille. Pauvres camarades… Il savait, pour avoir été chargé de chaînes des semaines durant, combien elles brûlaient, irritaient, bleuissaient la peau, pesaient au corps et au cœur. Sa gorge dut lutter contre une montée d’angoisse.

Ses déglutitions firent se retourner Estienne. Au spectacle des contractures qui tordaient le visage de son ami, le vétéran fit volet d’un pan de son gilet et passa la main sur sa pommette. Il l’invita à aller s’asseoir le plus loin possible. Les joues empourprées, Hyriel chercha ses mots. Mots qui finirent par déferler avec l’urgence des besoins qu’ils portaient : se trouver des moments humains ici, en attendant de s’être assez bien organisé pour s’enfuir. Une liberté provisoire.

— On pourrait… j’ai pensé… se donner des occasions de parler. Pas au lit… enfin, à un endroit plus prudent, tu vois… Histoire de prendre le temps. Et pour rire à l’abri, le dimanche après-midi comme aujourd’hui, là. Et ces images aussi, que tu as écrites le soir de mon arrivée, tu sais…

Ce pouvoir charmeur, qu’il avait lu à l’œuvre sous la main d’Estienne, capable de créer une réalité neuve avec celle-là même qu’il subissait… accepterait-il de le refaire pour eux deux ?

— Enfin, ça m’a plu, tu vois, j’aimerais en relire si tu veux bien, et ce que tu m’offres à lire moi je pourrai comme ça l’apprendre, et le garder, et te le donner à entendre mais il nous faudrait, quoi, un temps et une cachette rien qu’à nous, et pour Théa et pour qui d’autre souhaiterait et qu’on apprécierait. Tu saurais un endroit où on peut être libre ?

Les yeux fermés, Estienne avait écouté le flot où, loin de toute présence indiscrète, avait cascadé sans filtre l’accent catalan de son ami. Ce mariage d’envolées colorées et de R enroulés, de chaleur et d’austérité – c’était donc ça, sa voix vraie et entière ? Quand il ne lui fallait pas cacher son pays, à l’heure où France et Espagne ne se goûtaient pas toujours bien en dépit d’un traité de paix et d’une union royale. Ce qu’elle est belle ta voix, Hyriel ! Sûr que je la souhaite pour porter mes mots de craie. Et les avoir par elle si incarnés ! Vivants. Il acquiesça. À ceci et au reste.

IE TROUVEROY
POUR L’ENDROY

Hyriel lui sourit. Ses grands yeux étaient brillants comme de fièvre, d’un bleu plus impressionnant encore que d’ordinaire : conséquence de ces émois, du bref chagrin de Théa et de ce qu’à présent ils commençaient à orchestrer… Temps d’arrêt. Ils prêtèrent oreille à la petite bise et aux quelques bras d’arbres décharnés, qui venaient par à-coups battre la grille là-bas. Estienne réfléchit, secoué entre ces sons. Il cilla avec malice, donna quelques jets de sa craie dans le vide comme s’il le cadençait, et offrit à son ami puisqu’il aimait les images qu’il écrivait :

LE VENT QUI SIFFLE
ET LES BRANCHES QUI TAPENT
PRENNENT CES BARREAUX
POUR LES CORDES D’UNE LYRE

À peine la craie d’Estienne avait-elle commencé à s’animer qu’Hyriel en avait suivi les mouvements avec attention, laissant chanter les mots dans sa tête. Ses paupières se fermèrent pour lui permettre de n’entendre que la musique. Grâce au talent d’Estienne, il percevait autrement le son du vent, désormais semblable à celui de son pays lorsqu’il faisait danser les feuilles de leur forêt. Un son dont il retrouvait le rythme dans la partition d’Estienne. Quand il rouvrit les yeux, ce fut à son tour de ciller avant de lire de nouveau, cette fois à voix haute, sans cacher son accent puisque son ami connaissait son origine. Envoûté par la beauté du moment, Hyriel sentit son cœur accélérer.

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blairelle
Posté le 09/03/2024
Je ne m'attendais pas à ce genre de vocation de la part d'Hyriel... C'est assez logique mais ça aurait été plus malin de faire ça de façon un peu plus subtile. Enfin bon, c'est son caractère. Et la punition n'a pas l'air "trop" horrible, je craignais qu'il ne soit passé à tabac...
J'ai bien aimé l'hôpital inhospitalier et le signe de croix revisité par Estienne.
La dernière partie est très belle aussi, avec la récréation et le dernier poème d'Estienne.
Y a juste un point que je trouve bizarre : "le soleil paraissait à peine" pourtant on est en plein hiver, le soleil devrait se lever bien après les prisonniers, il devrait faire nuit noire...
JeannieC.
Posté le 09/03/2024
Hello !
Ahah non c'est sûr, la subtilité n'est pas la première des qualités d'Hyriel. Il est plus du genre théâtral.
Merci encore pour ton passage :) Ohhh et en effet, c'est une étourderie de notre part, le "soleil à peine paru" alors qu'il est très tôt le matin. Nous corrigerons ça :D
Louison-
Posté le 08/02/2023
Argh, bon... ça aurait été trop beau qu'Hyriel s'en sorte sans rien ahah. Et si cette punition avait été pour Estienne, j'aurais trouvé ça pas trop terrible, mais affliger ça à Hyriel, c'est une autre paire de manche avec son handicap (et sa maladie des os c'est ça ? Me souviens plus si on avait discuté de ça). C'est intéressant cela dit, qu'il décide de jouer la carte du dévot jusqu'au bout et de tirer avantage de ceux qu'il a convaincu avec sa prière ^^ Je me réjouis de voir comment ça va se décliner dans la suite !

Et puis la partie finale, avec Théa, puis avec Estienne : roh mais allô je fonds d'amour ? Mais qui êtes-vous mes chères et qu'avez-vous fait ? <3 Plus sérieusement : vraiment bravo de disséminer ces moments de douceur et de poésie dans cette atmosphère très lourde et oppressante. Ca nous permet à nous et aux personnages de garder la tête un peu hors de l'eau, parce que sinon ce serait trop rude. J'aime profondément ce doux mélange, et décidément Estiriel (ou Hyrienne ? :') Il est un peu moche celui-là nah ?) je surshippe. J'espère qu'ils sauront trouver un endroit pour se retrouver avec d'autres, ça sera une belle manière de résister à leur échelle et trouver de la tendresse là où il en faut tellement <3

Un superbe chapitre, en somme ! Merci beaucoup, un réel plaisir d'avancer toujours plus loin dans ma lecture ^^
Bisou, à bientôt !
JeannieC.
Posté le 11/02/2023
Moooooow, nous ne savons que dire *_* Merci merci ! <3 Quel plaisir quand on découvre que nos mots rencontrent ce genre de réception et de sensibilité :3
Ahahah, adjugé vendu pour Estiriel, c'est trop mignon comme nom de ship ! Et vuep, la suite de leur mission va consister à se trouver une planque pour leurs instants de douceur, et du côté d'Hyriel à profiter des avantages de sa "grande piété" *wink wink*

Thanks again !
À bientôt ! =D
ZeGoldKat
Posté le 24/10/2022
Et voilà. Je l’avais senti, Hyriel est puni… Total soutien à lui. Par contre il reste toujours le prêtre et j’espère qu’avec lui, y aura un effet positif.
En attendant, avec ce chapitre-là vous mobilisez une autre palette encore. C’est d’une douceur, d’une poésie ! Je suis content de retrouver Théa et de voir se dénouer l’histoire du tour de magie. La pauvre… Elle a du chagrin, c’était inévitable, mais les deux mecs arrivent à recoller les morceaux et Théa elle-même fait preuve de force de caractère. C’est pas juste une petite chose fragile, c’est cool.
Big up à Hyriel et Estienne pour le moment final. Entre le nouveau poème d’Estienne (très beau) et Hyriel qui s’abandonne à lui et lui prête sa voix, ça y est, la romance commence sérieusement à s’installer. Pourvu qu’Estienne arrive à trouver un endroit safe pour leurs futurs moments. Surtout qu’Hyriel est surveillé de près on dirait. Son exploit théâtral lui vaut de la méfiance.
J’ai juste aperçu une répétition dans le paragraphe où Hyriel s’allonge par terre. "Appui" dans deux phrases à la suite.
Toujours aussi emballé. C’était vraiment cool.
A tantôt
JeannieC.
Posté le 24/10/2022
Oui... Hyriel a trinqué x) C'était un risque à prendre. Quant au vicaire, nous te laissons la surprise de ce qui se passera ;)
Estienne et Hyriel reçoivent volontiers le big up, et Hela et moi tes compliments. <3
Ah et merci beaucoup, pour la répétition. C'est corrigé !
A bientôt !
LouiseLysambre
Posté le 05/07/2022
Saluut !

La description du quotidien qui s’installe est une fois de plus très juste, avec le corps qui cède lentement, les habitudes qui se font au détriment de l’esprit. Qu’il parvienne toujours à s’échapper un peu mais quand même du bien.

La partie avec Théa fait un peu crève-cœur, mais « heureusement » on devine que sa tristesse ne va pas durer trop longtemps.

« — B'en merci quand même Hyriel » -> une apostrophe sauvage ? 😊

« Ce qu’elle est belle ta voix, Hyriel ! Sûr que je la souhaite pour épouser mes mots à la craie. Et les avoir par elle si incarnés ! Vivants. » -> la beauté et la force de ce compliment, j’en peux plus !

J’espère qu’Hyriel et Estienne vont trouver un endroit paisible dans cet enfer, je le leur souhaite en tout cas.

Je continue de ce pas. À très vite !
JeannieC.
Posté le 05/07/2022
Hellow ! =)
Oh la vilaine apostrophe, nous l'avons vite capturée :-P
Sinon, merci beaucoup pour ta lecture et tes commentaires, que nous sentons toujours aussi émus et ça nous touche <3 Voui, moment dur pour Théa, mais elle a une certaine force mine de rien la choupette, et le sorcier aura d'autres tours dans son sac xD
A une prochaine !
M. de Mont-Tombe
Posté le 27/04/2022
Je me suis vraiment régalée avec ce chapitre, j'ai hâte d'avoir plus temps pour lire la suite !
Petite question à propos de ce qu'Hyriel appelle "image" pour désigner la métaphore écrite: est-ce que ça renvoie à un genre littéraire particulier, ou est-ce que c'est une autre façon de dire "métaphore" ? Est-ce que ces "images" font d'Estienne un poète ou plus largement un écrivain, un amateur de littérature ? Parce que faire d'Estienne un amateur de poésie rend peut-être problématique l'image qu'il écrit, qui, même jolie, ne correspond pas à l'univers poétique du XVIIe siècle (personnellement je ne connais pas de poète du XVIIe qui écrivent sans rimes).
JeannieC.
Posté le 28/04/2022
Merciiii =D Très heureuses que tu te régales ainsi dans cet univers avec nos trois loulous !
Alors pour "image", non c'est simplement que les mots d'Estienne évoquent littéralement des images à Hyriel, que ça lui stimule l'imagination. Comme tu le soulignes, à cette époque-là ça ne leur viendrait absolument pas à l'idée d'appeler poésie ce que fait Estienne - et Estienne le premier ne se sent pas poète, il essaie juste de forger quelques tournures jolies ^^
(Monsieur est d'avant-garde, mais il ne le sais pas xD )
Encore merci pour ta lecture et tes retours !
Au plaisir !
M. de Mont-Tombe
Posté le 28/04/2022
D'accord, je comprends mieux ce que vous essayez de faire avec les "images" du coup. ^^
Hortense
Posté le 10/02/2022
Bonjour JeannieC,
Je viens retrouver mes attachants prisonniers avec curiosité. Le rythme lent du récit accentue tout le poids de la dureté du lieu, de la souffrance physique. On est immergé dans un monde hors du temps, sans début et sans fin ou le corps n’est qu’un outil, la souffrance un sinistre quotidien, l’espoir une pensée inexistante pour la plupart. Mais dans cet univers clos et hostile, il y a la poésie, l’amitié et l’amour, les choses essentielles qui donnent un sens à la vie, l’ultime liberté, celle que personne ne peut emprisonner.
A bientôt
JeannieC.
Posté le 12/02/2022
Bonjour Hortense !
Contentes de te recroiser =)
Nous redoutions que la lenteur du récit rebute un peu justement, mais ton retour nous rassure. Une gageure que de mettre des rebondissements dans le cadre d'un univers carcéral héhé.
Merci pour tes retours, sur cette dissolution du temps et du corps dans la routine de l'enfermement. Heureusement que la poésie est là en effet - je me souviens de ce passage de "Si c'est un homme" où les deux déportés s'évadent le temps d'une récitation de la "Divine comédie" ~
Edouard PArle
Posté le 28/01/2022
Coucou !
On continue de suivre le quotidien d'Hyriel qui continue à monter sa "rébellion". La partie avec Théa fait un peu mal au cœur, on se doutait bien que le mensonge d'Hyriel allait avoir des conséquences. Aurait-il dû lui dire la vérité ? Dur à dire...
Heureusement, elle est vite consolée, ça fait plaisir, c'est un peu le charme du personnage. Le dialogue entre eux est toujours sympa.
Comme Yannick, j'ai hâte de voir revenir d'autres personnages pour un peu challenger le trio magique (=
Une petite remarque :
"LE VENT QUI SIFFLE ET LES BRANCHES QUI TAPENT PRENNENT CES BARREAUX POUR LES CORDES D’UNE LYRE" très joli !
Un plaisir,
A bientôt !
JeannieC.
Posté le 31/01/2022
Hey hey !
Merci beaucoup =) Et oui bien d'accord avec toi, je ne sais pas ce que j'aurais fait non plus dans la situation d'Hyriel - et de même pour Helasabeth x)
Yes, maintenant que l'attirance est bien posée, le second acte du récit démarre au chapitre suivant et Hyriel va rentrer plus directement dans le cercle de ses adversaires héhé. On verra à la réécriture s'il y a nécessité et moyen de rendre les personnages secondaires plus saillants tout de même dans le premier acte -
Encore merci, à une prochaine ! :D
(Et Estienne est fort touché, pour le poème :3 )
Yannick
Posté le 15/01/2022
Salut toutes les deux
J’ai trouvé que ce chapitre allait crescendo. La première partie plutôt descriptive et un peu lente, la seconde vraiment excellente avec le « show » d’Hyriel et la dernière poignante, avec les sentiments vrais, bruts, natures qui s’expriment entre les 3 amis. Théa m’a presque arraché une petite larme.

Par contre on est vraiment centré sur ces trois-là. Les autres me manquent en peu, le directeur, mon gardien favori... J’espère qu’ils reviendront bientôt pour mettre du piment dans tout ça.

Le côté descriptif/historique me plait beaucoup, je découvre ce monde d’internement du 17e. Par moment j’ai qq flashbacks de Papillon, qui se déroule un peu plus tard...

Au plaisir de lire la suite.
JeannieC.
Posté le 16/01/2022
Salut Yannick !
Ça nous fait très plaisir à toutes les deux de te recroiser par ici :D Et merci beaucoup pour ta lecture et tes impressions, toujours très intéressantes.
C'est ça, le chapitre "monte". Nous avions un peu peur que la première section, volontairement lente pour plonger dans la peine et la routine, en soit barbante mais ton retour nous rassure. Hyriel se coule dans cette routine mais y cherche déjà des leviers. Quant à son "show" nous sommes ravies qu'il t'ait plu ! Hyriel dans ses grandes œuvres ahah

Oui, on comprend, pour l'absence des antagonistes. Vrai que pendant ce premier acte ils sont restés assez lointains, du fait qu'Hyriel n'est encore que un détenu parmi les autres détenus, avec au final quasiment aucun contact avec les grands Messieurs. Cela dit on verra à la réécriture comment les rendre malgré tout plus saillants peut-être. Et là à partir du deuxième acte s'ouvrant avec le chapitre VII, Hyriel s'étant bien fait remarquer va commencer à entrer davantage dans le cercle de ses adversaires ~

"Papillon" est un super film ! Il y en a une petite réminiscence pour le personnage d'Estienne, qui a aussi eu par le passé le surnom de Papillon quoique pour d'autres raisons. Mais il y a clin d'œil oui

Encore merci et à une prochaine ! :D
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