Chapitre Un

— C’est lors d’un duel contre le cousin de Juliette que ce dernier tue l’ami de Roméo, résume l’homme d’une voix monotone.

Avant de reprendre sur un ton un peu plus emballé :

— Quelqu’un pourrait-il me dire les noms de ces deux personnages ?

Les quelques conversations presque inaudibles entre les élèves s’arrêtent aussitôt. Seuls quelques imprudents continuent leurs activités, qui n’ont bien entendu rien à voir avec le cours de littérature. Monsieur Grant, vieux professeur au front dégarni avec de l’embonpoint, se lève et examine longuement et avec condescendance chacun de ses élèves.

— Donc, personne ne sait le nom du cousin de Juliette ? suppose-t-il dans un soupir face au silence unanime de la classe. Ou même de l’ami de Roméo ?

Les adolescents restent de marbre – moi y compris même si je connais les réponses voulues –, prêts à affronter la tornade qui va bientôt s’abattre sur nous. Monsieur Grant est connu pour être un somnifère ambulant. Une heure de son cours provoque somnolence et bâillements ce qui n’aide pas à être attentifs aux cours suivants. Deux heures sont une véritable torture. Malheureusement pour nous, nous l’avons chaque vendredi matin : la fatigue s’accumulant des jours précédents, le réveil quelque peu difficile et le discours qui endorme du dinosaure sont dangereux pour la santé... Ou plutôt, pour nos notes. De plus, il arrive à monsieur Grant de se réveiller de son monologue et de remarquer qu’un faible pourcentage de ses élèves suivent réellement ce qu’il dit. S’ensuit un long speech sur l’importance de l’écoute, sur le respect et, bien entendu, sur l’examen de fin d’année.

Enfin, pas aujourd’hui, au grand étonnement et soulagement de tout le monde. Monsieur Grant se contente de soupirer et de retourner à son bureau. La cloche sonne, nous libérant de cette torpeur. La classe se vide très rapidement, trop rapidement pour pouvoir me faufiler dans la masse.

— Mademoiselle Sanders, m’appelle le professeur. Veuillez rester un instant, s’il vous plaît.

Je grimace légèrement alors qu’un tas d’injures me passe par la tête. L’espoir s’est envolé au moment même où j’ai atteint la porte. Je me retourne avec un sourire gêné. Je commence à broyer mes mains, signe distinctif de stress chez moi. Je m’approche du bureau de quelques pas.

— Oui, monsieur Grant ? dis-je de la façon la plus audible possible.

— J’aurai bientôt fini de corriger le dernier test sur Hamlet et j’ai le regret de vous dire que vous n’avez pas la moyenne. À vrai dire, vous avez même la pire note.

Malgré sa façon plutôt désastreuse nous faire aimer la littérature, monsieur Grant est loin d’être l’un de ces professeurs vicieux qui adorent massacrer leurs élèves. Il semble même un rien attristé par la note qu’il m’a mise. Je continue à l’observer en ne sachant absolument pas ce que je dois lui répondre. Lui dire que j’ai étudié serait un mensonge. En tout cas, j’ai essayé, avant d’abandonner pour cause d’incompréhension et d’ennui.

— J’accepte de vous donner une seconde chance, finit-il par dire très sérieusement. Je sais que vous n’êtes pas une mauvaise élève, mademoiselle Sanders.

Je reste là, un peu incrédule face à autant de gentillesse de la part d’un professeur que beaucoup méprisent. Il se penche alors vers sa mallette et en sort une fine liasse de papiers attachés par un trombone.

— Nous allons bientôt commencer notre dossier sur les contes, m’informe-t-il en me tendant les documents. J’aimerais avoir une assistante durant cette période. Je vous laisse donc deux semaines pour préparer ce sujet et répondre aux différentes questions.

— Merci beaucoup, monsieur, dis-je d’une voix un peu fébrile, mais emplie de reconnaissance

— Allez, filez et profitez de votre pause.

Je le remercie une seconde fois, comprenant petit à petit l’ampleur du travail.

Préparer un sujet que je n’ai pas encore vu ? En tout cas de manière théorique ? Est-ce réellement une seconde chance ou un piège ? Et si je me foirais ?

Je sors de la classe à vive allure et, une fois dans le couloir, j’ouvre mon sac et y glisse ce que je viens de recevoir.

« Peut-être qu’avec ça, je n’aurai pas à repasser cet examen en seconde session » pensé-je, pleine d’espoir.

Je rejoins ensuite la cour, peu contente d’avoir raté quelques précieuses minutes d’interruption des cours, et jette un œil aux environs. Ma recherche prend fin assez rapidement lorsque je les aperçois, installés au même endroit depuis presque deux ans.

En quelques enjambées, je me retrouve aux côtés de mes camarades et prends place à la droite d’Emma, ma meilleure amie. Cette dernière tourne son regard inquiet vers moi.

— Qu’est-ce qu’il te voulait ? me demande-t-elle.

— J’ai foiré mon dernier contrôle, murmuré-je peu honteusement. Il m’a donné un travail pour remonter ma moyenne.

— Ah bon ? s’étonne Emma en rejetant avec charme une mèche de cheveux derrière son épaule. Le dino aurait-il un cœur, finalement ?

Je lui lance un sourire sans lui répondre. Je déteste par-dessus tout casser du sucre sur le dos de personnes que je ne connais pas vraiment, encore moins sur un professeur qui doit nous supporter. Emma, en avançant dans la vie, commence à avoir des comportements contraires au mien. En tant que meilleure amie, j’essaie de la canaliser. Je l’aime comme une sœur, après tout.

Emma change de sujet, à ma plus grande joie. Elle se met à s’extasier sur la star du lycée, à critiquer chacune des ex-petites amies de ce dernier, à râler sur sa note d’algèbre et à planifier tout son week-end. Je l’écoute, quoiqu’un peu distraite, car je connais déjà tout ce qu’elle me raconte.

— Tu as l’air ailleurs, me fait-elle remarquer avant que la cloche sonne.

— Je n’ai pas beaucoup dormi, mens-je en attrapant mon sac et en le lançant sur mes épaules.

— On se voit toujours demain ? me questionne-t-elle pleine de joie à l’idée de notre après-midi shopping

— Bien entendu. Je ne raterais une sortie avec toi pour rien au monde !

Emma dépose un bisou rapide et brutal sur ma joue et s’en va rejoindre sa classe.

La journée se passe aussi lentement qu’elle a commencé, et est aussi assommante que le premier cours, celui de littérature. Même le cours d’espagnol, qui a toujours été très entraînant et amusant, se révèle être désagréable, surtout pour mes oreilles.

Sans raison valable, juste après le cours de monsieur Grant, la contrariété s’est emparée de moi. Simple intuition ou exaspération des dernières semaines ?

C’est avec des écouteurs dans les oreilles que je sors du lycée, ravie d’avoir un peu de tranquillité avant un week-end bien chargé. Entre l’après-midi shopping avec Emma, son anniversaire le soir même et la tonne de devoirs qui m’attendent le dimanche, je ne sais pas quand je vais pouvoir respirer.

La route, que je fais à pied jusqu’à la maison, ne dure pas plus de dix minutes. C’est avec un grand sourire que j’arrive devant l’immeuble où nous logeons, ma mère et moi, depuis plus de dix ans. J’atteins le dix-septième étage au pas de course, râlant de voir que l’ascenseur est encore en panne et que j’ai dû emprunter les escaliers à l’odeur des plus déplaisantes. En arrivant devant l’appartement 17E, j’attends quelques secondes avant d’y entrer, le temps de reprendre ma respiration. Lorsque ceci est fait, j’insère ma clé dans la serrure et pénètre dans la demeure, certes très modeste, mais respirant l’amour.

Je tourne immédiatement à gauche, arrivant dans la pièce qui fait à la fois office de salle à manger et de salon, et laisse tomber mon sac sur le canapé tout proche. Je continue d’avancer, guidée par les bruits qui me mènent jusqu’au fond de la pièce. J’y pousse une porte et atterris dans la cuisine où maman prépare le dîner. Elle ne semble pas m’avoir aperçue ou entendue, ce qui peut être expliqué par le bourdonnement que fait la vieille hotte au-dessus d’elle. Je prends quelque temps pour la regarder faire, admirant sa gestuelle et son don pour allier vitamines et goût avec des aliments parfois pas très ragoûtants.

— Maman ? l’appelé-je finalement après plus d’une minute d’observation.

Ma mère sursaute un brin, ce qui ne fait que confirmer ce que je pensais déjà. Elle se retourne et me lance un grand sourire.

— Elyne ! s’exclame-t-elle en rigolant. Je ne t’ai pas entendue arriver, excuse-moi.

Maman s’essuie les mains sur son tablier avant de s’avancer vers moi et de déposer un baiser délicat sur ma joue.

— Ta journée s’est bien passée ? m’interroge-t-elle en retournant au plan de travail qu’elle vient de quitter.

— Une journée comme les autres, réponds-je d’un ton las.

Tout en continuant de me jeter des regards et d’essayer d’alimenter la conversation à l’aide de questions auxquelles je réponds songeusement, je poursuis l’observation de celle qui m’a élevée.

Au fil des années, malgré tout ce qui nous est tombé dessus, maman continue toujours de sourire. Mais ses traits se sont faits plus durs. Son sourire n’a rien perdu dans son éclat, mais il paraît de plus en plus forcé. J’ai eu beau essayer de faire de mon mieux, de lui parler, maman s’est refermée sur elle-même, évitant le plus possible certains sujets. Notre complicité en a pris un coup, mais retrouve néanmoins sa place au sein de la maison.

C’est dans ses yeux que je vois la tristesse. Une tristesse que je ne connais que trop bien, car je la discerne dans son regard depuis mon tout premier souvenir. Une tristesse que je n’arrive pas à comprendre ou même à qualifier. Et, bien sûr, toutes mes tentatives pour en saisir le sens ont échoué.

Je me contente désormais de lui parler de ma journée, d’écouter la sienne et de proposer quelques activités. Les conversations concernant le passé se font de plus en plus rares.

C’est alors que je contemple ses longs cheveux d’un blond doré que maman me surprend à la regarder, probablement parce que j’ai arrêté de répondre à ses questions. Les mêmes questions qu’elle me pose tous les jours.

Ce goût de déjà-vu manque de provoquer une moue attristée, mais je me concentre très rapidement sur ses paroles.

— Elyne, est-ce que tu m’écoutes ? demande-t-elle légèrement agacée.

— Hum ? Oui, excuse-moi. Tu disais ?

— Je te disais que je travaillais ce soir, reprend-elle en sortant deux assiettes de l’armoire à sa droite.

— Ce soir ? répété-je, confuse. Mais tu ne travailles pourtant pas le vendredi soir !

— L’une des serveuses a été virée. Cela me permettra de travailler un peu plus.

J’opine de la tête, sans oser m’aventurer sur le terrain risqué de notre situation financière. Ce n’est pas la joie en ce moment (c’est à bien se demander si cela a été le cas un jour). Joindre les deux bouts est difficile. Le pire est néanmoins passé ; je ne me réveille plus avec la peur d’être à la rue, mais le cauchemar est loin d’être fini, et il m’arrive souvent de refuser de l’argent de poche ou de mentir à maman quant à mes envies. Bien entendu, je convoite des choses comme des vêtements, des livres ou un téléphone dernier cri. Mais, après des journées entières de cogitation sur l’importance de ces affaires dans ma vie, j’en ai conclu que cela ne vaut rien et que manger est plus important. Avoir une maison l’est tout autant.

— Elyne, c’est chaud !

Je lève le regard vers ma mère et remarque qu’elle tient une assiette dans chaque main. Elle est debout devant moi, et je me décale aussitôt pour la laisser passer.

Je soupire de façon imperceptible, la boule au ventre. Je ressens une sensation incompréhensible dans toutes les particules de mon corps. J’ai l’impression que quelque chose ne tourne pas rond. Malheureusement, je n’arrive pas à mettre le doigt sur le problème. Je sais juste que cela est apparu au cours de littérature.

Je tourne les talons et vais m’installer devant mon assiette. L’appétit n’est pas au rendez-vous, au grand dam de maman.

— J’ai le sentiment que tu me caches un truc, déclare-t-elle en terminant son assiette.

— Je me sens juste un peu fatiguée, tenté-je de dire pour la rassurer alors que je joue avec le même morceau de viande depuis trois minutes.

— C’est bientôt ton anniversaire, me rappelle-t-elle pour changer de sujet. Qu’aimerais-tu faire ? Veux-tu quelque chose de spécial ?

Je hoche négativement de la tête, comme depuis plusieurs années. À l’approche de leur anniversaire, la plupart des gens sont excités, surtout à l’idée de découvrir les cadeaux que leurs proches vont leur offrir. Mais pas moi, bien au contraire : je suis affolée à l’idée que ma mère ne dépense plus que ce qu’elle possède. Et c’est ce qui se passe chaque année : en m’offrant un gros cadeau, elle tente de me rassurer sur notre situation financière. Elle tente de se rassurer elle-même tandis que moi, je culpabilise.

Maman se lève, débarrasse son assiette ainsi que la mienne, voyant que je ne compte pas la finir. Elle rejoint ensuite la cuisine et n’en ressort qu’environ cinq minutes plus tard. Je reste à table, dans un état second.

— Il va falloir que j’y aille, m’annonce-t-elle d’une voix faussement joyeuse.

Je me lève automatiquement et lui fais face, elle s’avance et m’enlace. Je lui rends son étreinte sans vraiment m’en rendre compte. Elle dépose ensuite un baiser sur mon front et me gratifie d’un « je t’aime ».

— Je serai revenue aux alentours de minuit, m’informe-t-elle en attrapant son manteau.

— D’accord, dis-je simplement.

Maman sort, me laissant seule avec mes doutes.

Une heure passe, durant laquelle je reste affalée sur le canapé, l’ordinateur sur mes genoux et le téléphone dans ma main droite. Et puis, je me rappelle le devoir de littérature que je dois rendre dans deux semaines et qui s’avère être ma seule chance de rattraper mes lacunes.

« Je te laisse, je vais commencer mon devoir de littérature » envoyé-je à ma meilleure amie avant d’attraper mon sac à dos et de saisir la fine liasse de feuilles. En lisant le premier exercice, car il y en avait trois, je soupire. S’il y a bien un genre littéraire que je n’apprécie pas particulièrement, c’est sans aucun doute les contes.

« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. »

Quelle connerie !

« À l’aide de trois contes différents, choisis par vos soins, relevez les différences, les ressemblances et le schéma narratif type de ce genre. »

Mes yeux glissent sur cette phrase pendant plusieurs minutes. Je suis déjà agacée par ce premier exercice. Je n’ai aucune envie de relire ces contes idiots qui font croire aux enfants que les gentils gagnent à chaque fois et que les méchants sont battus.

Je serre les poings et dépose ma tête contre le dossier du canapé. J’ai bien envie de demander à mon cher et tendre professeur de me donner un autre genre littéraire à analyser, mais c’est peine perdue. Il m’a déjà donné une autre chance ; je ne peux pas faire la chiante...

Je vais devoir me rendre dans la chambre de ma mère et fouiller dans ses meubles pour retrouver les contes de fées qu’elle me lisait quand j’étais petite. Je les ai appréciés, avant de comprendre que je ne devais pas mélanger fiction et réalité. Que la magie n’existait pas, encore moins les princes charmants.

Soudain, une lueur d’espoir et de satisfaction me traverse l’esprit. Je n’aime pas fouiller dans les affaires de maman. À vrai dire, je ne le fais jamais. Mais là, j’ai une bonne excuse pour le faire et, peut-être, trouver des choses de mon passé. Des photos de mes grands-parents, une lettre... ou n’importe quel objet ayant appartenu à mon père. Un père dont je ne sais rien. Pas même le prénom !

Je me lève, les papiers dans une main et mon téléphone dans l’autre, et me rends dans la chambre parentale d’un pas pressé et surexcité. Tant de questions s’imposent à moi, et j’espère pouvoir trouver quelques réponses durant l’absence de maman. Je jette un regard circulaire à la pièce en me demandant où je vais bien pouvoir commencer.

Je décide de me tourner en tout premier lieu vers la garde-robe, plus précisément dans le bas. En inspectant les moindres recoins, un sentiment m’envahit : j’ai l’impression de jouer avec le feu, et c’est électrisant ! Les seules grosses disputes entre maman et moi concernent les questions du passé comme sa famille, mon père, sa vie avant moi. Être là, à chercher des indices sur une partie de moi dont j’ignore tout avec la possibilité de trouver des réponses, me pousse d’autant plus à continuer mes recherches, chassant une scène peu joyeuse de mon esprit : celle où ma mère découvre ce que j’ai fait durant la soirée.

Ne trouvant rien, même entre les vêtements, je laisse tomber et me tourne vers un meuble « fourre-tout ». Papiers en tous genres, affaires de couture et de peinture ainsi que des livres sur le jardinage et l’ornithologie trônent sur les diverses étagères. S’y trouvent également les livres de contes pour lesquels je suis là... Tous les objets ont un point en commun : ils ne m’intéressent absolument pas. Maman adore peindre, pouvoir recoudre un vêtement, savoir ce que signifie telle fleur ; elle a une passion dévorante pour les oiseaux, leurs couleurs, leurs grandeurs, leur taille. Alors que moi, c’est plutôt la musique et les films qui me fascinent. Je n’ai donc aucune raison de me rendre dans sa chambre pour lui emprunter un bouquin.

La lecture minutieuse de tous ces papiers, souvent des factures qui ne font que me rappeler de douloureux souvenirs et me créent une boule au ventre, est infructueuse. Tout comme ma recherche dans de ces divers outils de peinture et de couture. Il ne me reste plus que les livres.

Plus j’avance dans ma fouille, plus le désespoir s’empare de moi. Aucune photo, aucune indication ne se sont glissées entre les pages de ses livres. Il ne reste donc plus que les recueils de contes que j’aurais dû prendre en tout premier lieu. Je les attrape et m’installe sur le rebord du lit.

Alors que tout espoir s’est volatilisé petit à petit durant les dernières minutes, la stupéfaction s’empare de moi lorsque je remarque que l’un des quatre ouvrages m’est totalement étranger. J’ai un souvenir très distinct des trois autres livres : je vois maman m’en faire la lecture. Mais le quatrième est beaucoup plus épais, et sa couverture rouge m’intrigue. Il fait environ quatre cents pages, si ce n’est pas plus... Ou, en tout cas, c’est ce que l’on peut croire avant de l’avoir ouvert. L’ouvrage est un faux : le milieu des pages a été coupé. Cette cachette, très astucieuse, contient une petite boîte en bois.

Mes doigts effleurent l’objet en question. Après avoir déposé le faux livre sur le meuble fourre-tout et glissé mon téléphone dans ma poche, je me saisis de la boîte. Celle-ci plutôt anodine et très simple : rien, hormis le petit clapet métallique où un « L » manuscrit est gravé, ne peut la différencier d’autres écrins similaires.

Que peut-il se cacher à l’intérieur pour que maman l’ait dissimulée d’une telle façon et pendant si longtemps ? Pourquoi me semble-t-il familier ?

Même si je suis excitée par ma trouvaille, je suis quand même réticente à l’idée de découvrir ce qui se trouve à l’intérieur. Si elle l’a si bien cachée, il y a sûrement une raison.

Je tente d’être raisonnable, mais une force invisible me pousse à ouvrir la boîte et à trahir la confiance que maman ressent à mon égard.

C’est finalement la colère qui m’envahit en voyant quel objet y est niché. Il s’agit d’une fine chaîne argentée et d’un pendentif qui représente une fleur bleue avec cinq pétales, dont deux sont un peu décolorés. Un collier. C’est simplement un collier. Je ne vais pas pouvoir en retirer grand-chose. Cette investigation ne m’a menée nulle part. Certes, j’ai découvert cet objet, mais sans en parler à maman, je n’aurai de toute façon aucune réponse.

Je m’allonge en soupirant, attristée de n’avoir rien trouvé.

Peut-être que ce collier a appartenu à ma grand-mère maternelle ou que mon père l’a offert à ma mère. J’ai désormais encore plus de questions.

Je m’empare du bijou en me redressant et le positionne face à mon regard. En l’inspectant de plus près, il ne fait aucun doute qu’il est magnifique : il brille même ! Mais il est impossible qu’il soit constitué de pierres précieuses telles que le saphir. Avec nos problèmes d’argent, maman l’aurait certainement vendu, sauf s’il a une valeur sentimentale très importante à ses yeux.

Les miens sont attirés de manière inexplicable par les pétales. Quelque chose d’intrigant me fait froncer les sourcils : j’ai comme l’impression de voir un ciel étoilé. La couleur, au premier regard, m’a fait penser à un bleu océan, mais maintenant, à le voir de plus près, il paraît plus sombre.

Sans réfléchir, je fais glisser la chaîne autour de mon cou et verrouille le fermoir. La fleur se dépose ensuite sur ma peau, et je suis surprise pour la énième fois de la journée : je m’attendais à quelque chose de froid, mais c’est... étonnamment chaud ! Mes doigts jouent quelques instants avec le pendentif en le faisant tournoyer.

Au même moment, une fumée bleutée apparaît sous la porte fermée du couloir et se dirige vers moi. Je me relève, prise de panique, et me lance vers la porte que je tente d’ouvrir. Sans que je sache comment, elle est bloquée. Je n’ai pas le temps de trouver une solution : la fumée emplit toute la pièce, me fait suffoquer, et tout disparaît.

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Grisélidis80
Posté le 10/10/2021
J'aime beaucoup ton écriture qui nous plonge tout de suite dans l'ambiance.
J'espère que les choses vont s'arranger pour ton personnage principal même je suis sans doute d'un indéfectible optimisme.
Merci et bon courage pour la suite!
MichèleDevernay
Posté le 20/09/2021
Coucou,
Je me lance à la découverte de ton univers ! C'est un premier chapitre très fluide et intrigant, qui donne envie de découvrir la suite très vite alors à bientôt !
Jen270908
Posté le 04/07/2021
Coucou,
J'avais déjà commencé la lecture sur Wattpad mais j'avais fini par la laisser de côté. Pourtant, ce premier chapitre est super et donne envie d'aller plus loin encore. Je vais suivre l'histoire ici et j'ai hâte de savoir ce qu'il se passe dans les prochains chapitres !
Jujux-Lyon
Posté le 01/03/2021
Hey !! salut !

Super mise en place de l'univers de base du personnage. Fille unique sans père avec des problèmes d'argent. Ca nous permet de bien s'identifier au personnage. Mais que va-t-elle donc devenir ?
EllaSawyer
Posté le 01/03/2021
Coucou !
Je te remercie pour ton commentaire et te souhaite la bienvenue dans mon univers :D
Josephine Edward
Posté le 20/07/2020
Coucou ! Je te suis à la base sur Twitter et j'ai vu pas mal de tweets dessus, mon inscription sur Plume d'Argent me donne l'occasion de découvrir ta plume (que j'aime beaucoup).

J'aime beaucoup ta façon d'amener des scènes basiques du quotidien, ça donne quelque chose de naturel et de vraisemblable. J'ai hâte de découvrir les propriétés de ce fameux collier et les liens qu'il a avec la mère/le père d'Elyne
EllaSawyer
Posté le 21/07/2020
Coucou Josephine ! Si je ne me trompe pas... tu n'as pas du tout ce pseudo sur twitter, c'est pas plutôt un truc qui commence par "Black" ? :p (j'espère que je ne me trompe pas ahah)

Je suis ravie que ce premier chapitre t'ait plu ♥
Josephine Edward
Posté le 21/07/2020
Oui, c'est Black Baccara !
AislinnTLawson
Posté le 20/07/2020
Alors je vais faire comme pour Ophélia, je vais suivre en direct pas tout à fait direct la publication de Faëra ici, comme ça, ça m'ôtera la frustration de ne pas pouvoir réussir à rattraper tout ce que j'ai à lire sur WP.

Alors que dire ? J'ai apprécié l'introduction in media res avec le cours de littérature sur Romeo et Juliette qui laisse déjà présumer d'une certaine culture littéraire qui, je crois, va transcender le roman (là je fais juste ma grosse théorique).

J'apprécie notamment la mise en place d'un (voire deux ?) fusil de Tchekhov avec le père et le collier. Bref, rien que dans ce premier chapitre, tu distilles quelques petits éléments qui reviendront très sûrement dans la suite.

Parlons du personnage d'Elyne. Tu parviens en quelques lignes à nous montrer une héroïne que je trouve plutôt désabusée (par exemple sa réaction face à l'exercice de littérature).

La seule petite remarque plus négative que j'aurai à faire, vu que tu es en P1 et que tu as l'air d'être en PDV interne, c'est peut être, quand tu parles des fameuses questions qui l'assaillent, de nous en donner quelques exemples.

Au delà de ça, ton texte est vivant, il se lit bien et facilement. C'est frais, agréable et j'aime vraiment déjà beaucoup l'atmosphère (et cette petit coupure à la fin du chapitre aussi 🤭)
EllaSawyer
Posté le 21/07/2020
Coucou :D
D'autant qu'il y a déjà deux tomes publiés sur wattpad, ça vaut peut-être mieux ahah. J'ai décidé de faire pareil avec Kalies d'ailleurs ^^

(Mais fais ta grosse théorique, j'adooore lire les théories de mes lecteur•ices !)

Alors t'avoue que je ne savais pas ce qu'était le fusil de Tchekhov. C'est cool j'apprends des trucs grâce à toi ahah

Ah ben oui, pour le coup, désabusée est un mot parfaitement choisi pour décrire Elyne en début d'histoire x)

Je note ta remarque, mais je t'avoue qu'hormis pour les fautes de français, j'attends d'avoir écrit les 5 tomes avant de faire une réécriture (on en reparle dans 10 ans quoi xD)

Merci, je suis contente que ça t'ait plu ♥ (Ah les coupures/cliffhangers, c'est mon truc xD)
Eyneli
Posté le 26/06/2020
Heya ! J'ai toujours voulu lire cette histoire sur Wattpad depuis que je l'ai découverte mais au vu du nombre de chapitres je n'ai jamais vraiment osé, alors la publication sur Plume d'argent est la parfaite occasion pour moi d'enfin le faire !
J'aime déjà beaucoup ce premier chapitre, il fait apparaître pleins de questions, sûrement les mêmes qu'Elyne ! J'espère qu'on aura rapidement des réponses, son père m'intrigue beaucoup, j'imagine qu'il doit avoir un rapport avec le collier.
J'ai hâte de voir ce que cette fumée va provoquer dans la suite ^^
Super premier chapitre en tout cas !
EllaSawyer
Posté le 27/06/2020
Hola !
Ah ben ça tombe bien alors ^^ Je compte publier 1 à 2 chapitres par semaine.
Merci beaucoup, je suis contente que ce premier chapitre te plaise, j'espère que les suivants te plairont tout autant !
À très bientôt :)
Jinane
Posté le 25/06/2020
Hello !

Je suis passée par hasard, intriguée par ton résumé :) Cette histoire a l'air très intéressante, Elyne est attachante et je me demande où elle va débarquer.

A plus tard pour la suite !
EllaSawyer
Posté le 27/06/2020
Coucou !

Oh ben moi qui ne suis jamais satisfaite de mes résumés, ça me rassure de savoir qu'il arrive quand même à intriguer. Je te remercie d'avoir pris le temps de lire le premier chapitre, le second arrive en début de semaine :)
Mayyri
Posté le 22/06/2020
J'avais commencé à lire Faera sur Wattpad pas et j'avais adoré le début 😍 mais comme j'ai du mal à lire sur écran je n'ai pas réussi à rattraper mon retard sur les chapitres déjà publiés. Alors je heureuse et impatiente de pouvoir les lire ici 😍
EllaSawyer
Posté le 23/06/2020
Oh merci, c'est super gentil ♥
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