Chapitre IX - Où la pente est savonneuse (3/3)

Notes de l’auteur : [Version mise à jour le 04/11/23 après les premiers commentaires. Merci pour vos lectures et nous vous souhaitons, à vous qui arrivez, bon chemin du repentir ~]

 

pour te faire payer mes insolences ? Il connaissait la réponse, cela allait de soi. Sous la couverture, son poing se serra de toutes ses forces. Il s’en écorcha la paume. Constater, une nouvelle fois, que cette bande d’irrécupérables pourritures s’était attaquée à un autre que lui le révulsa. Sa gorge se dessécha, incapable de respirer ni d’avaler sa salive. Plus encore lorsque les yeux d’Estienne se durcirent, s’abattirent sur Hyriel. Il arracha crûment son bras de sa main. Oui, quand il avait vidé le seau de cendres et regagné l’étage pour astiquer les vitres, Vronssac s’était acharné sur lui au moindre répit qu’il avait osé prendre – et même davantage : pour son soutien à l’impertinence du 251, avait décrété le gaffe. Les frappes persistaient à mordre son dos. Le rebord d’une fenêtre lui semblait être resté enfoncé dans son avant-bras violacé. Et à présent, il venait de manquer de rapidité à en dissimuler le résultat. Estienne ne voulait pas qu’Hyriel vît ce bleu. Lui parler, oui, mais sans étaler ses meurtrissures. Cet échec s’avéra cuisant, lui aussi.

Hyriel déglutit. Il aurait volontiers disparu sous terre. Une boule au cœur lui fut plus douloureuse encore que l’incendie le long de son bassin, de ses jambes, que les écorchures à ses genoux. S’il était prêt à tout assumer de ses effronteries, jamais il n’accepterait qu’un de ses camarades en payât de nouveau le prix. Cette seule fois, contre Estienne, était déjà celle de trop.

— Je… suis désolé, murmura-t-il.

Estienne s’apaisa. Il fut même tenté de mentir à la question d’Hyriel mais s’y refusa. Il n’aimait pas le mensonge : il mentait assez au quotidien par son masque de pitre. Or s’il mentait mal il se sentirait idiot, et Hyriel détesterait être pris pour un idiot.

C’EST VRONSSAC

Hyriel ne dit rien, toujours contrit de culpabilité. Estienne le vit baisser les yeux, rouler la tête dans ses épaules. Nerveux, son pouce grattait le plat de sa main. Le muet s’efforça, devant ce spectacle, de taire en lui cette voix répétant que rien ne serait arrivé pour aucun d’eux, si la langue de ce diable était restée sage face à Berlinier. Il renvoya cette récrimination dormir dans un coin de son crâne et considéra plutôt ce que leurs tourmenteurs tentaient de faire : les monter l’un contre l’autre. En dix années d’enfermement, Estienne connaissait désormais le stratagème. Il n’était toutefois pas question qu’il y cédât ! Ils n’auraient jamais le plaisir de sa colère – du moins contre un codétenu. Du reste, Hyriel semblait maintenant avoir compris, lui aussi, que ces fumiers infligeaient volontiers à des camarades innocents le prix de certaines incartades. Estienne essuya donc le premier message et s’empressa de compléter, à la lueur de la chandelle posée sur lui dans son bougeoir :

MAIS IL A MÊME PAS
BESOIN D’UN MOTIF
POUR FAIRE ÇA TU SAIS

Si ce n’avait pas été pour l’incident des bottes, ça aurait été un autre prétexte. Et une prochaine fois si ça n’avait pas été aujourd’hui. Estienne du moins cherchait à s’en convaincre. Pour que ce ne fût pas un mensonge. Pour ne pas persister dans sa colère contre Hyriel. Hyriel qui était capable de tout. Un peu trop capable de tout ! Mais il ne voulait pas lui faire la morale ce soir.

Aux mots de l’ardoise, déculpabilisants, le guérisseur comprit que son ami travaillait à lui panser l’âme. Il hocha la tête avec une profonde tristesse – car dans tous les cas son Estienne, lui, n’avait rien fait qui méritât pareil traitement. Il souffla à son oreille :

— C’est à se demander qui a vraiment besoin de se repentir.

ÉVIDEMMENT PAS EUX ! C’EST POUR
ÇA QUE TU AS PENSÉ À LEUR
BIEN-ÊTRE EN LEUR INSTALLANT
UNE AIRE DE JEUX DE GLISSE

Malgré la malice de ces quatre lignes, les yeux d’Estienne étaient devenus graves. Le sorcier saisit aussitôt que, concernant les coulisses de la chute de Georn, il savait.

TE TUERONT PAS ! TROP FACILE !

Silence. Hyriel demeura pétrifié à contempler ces mots. Son camarade pensait donc qu’il avait agi par désespoir ? Il secoua doucement la tête. D’autres coups d’éclat durciraient son supplice mais ne l’abrégeraient pas, il en avait conscience. Il ne voulait que donner une leçon au cloporte, sans vraiment mesurer le reste. Hyriel comprenait que ses révoltes devraient se faire bien plus rusées. Ne jamais menacer d’autres que lui. Les assumer seul. Il ravala une boule au fond de sa gorge et s’effondra sur l’épaule d’Estienne, épuisé, abattu. Son corps abandonnait. Et au loin commençaient à s’élever les habituels cris des camarades aliénés ou en proie aux cauchemars. Hyriel grinça des dents. Trembla tel un enfant. Le muet effaça son ardoise et l’écarta pour prendre son ami entre ses bras, ce qu’il accepta d’un frêle sourire. Estienne le serra contre lui. Oublier… Oublier tout le reste.

Tout le corps d’Hyriel était glacial. Le froid de sa peau se communiquait à travers les trous de sa souquenille et même par-dessus le tissu rêche. Une idée fit son chemin dans l’esprit d’Estienne : peut-être que… Comme lors de ses campagnes militaires passées dans la bise, la gadoue, les marais, la neige, où il fallait supporter les fléaux en se blottissant les uns contre les autres sous un pardessus commun, il pourrait le réchauffer. Ses paumes se mirent à frotter les bras de son ami. Puis les épaules, puis le buste. Quand elles arrivèrent à son bassin, un gémissement plaintif le prévint de ne pas descendre au-delà. Il suspendit soudain ses gestes – façon de demander avec un haussement de sourcil : tu veux ? ça te fait du bien ? L’état d’Hyriel ne le rassurait pas.

Ce dernier hocha la tête avant de se lover dans ses bras pour se faire réchauffer. Son esprit embrumé par les maux, les émotions, le tourment, en oublia sa prudence première : ne pas laisser Estienne s’éterniser là. Oh, comme il trouvait réconfort ! À tel point qu’il souhaita rendre la pareille à son compagnon ; ce serait sa manière de le remercier. Quand Hyriel rentrait courbatu à la maison, après avoir eu affaire aux gamins, sa mère lui prodiguait les mêmes soins et il en ressortait détendu, frais, enjoué. Aussi essaya-t-il sur son ami ce qu’il recevait jadis. L’herboriste ne se sentit pas capable de faire plus que de petits ronds dans son dos, mais il entendit le ronron d’Estienne et prit aussitôt confiance en son massage qu’il poursuivit avec davantage d’assurance.

Ils se tracèrent de lents gestes protecteurs autant que protégés. Les mains remontèrent les vals de leurs gorges. L’ancien potier cajola cette peau comme naguère il chérissait la terre. Ses caresses sûres et délicates veillaient que ne demeurât nulle bosse, nul trou, nulle bulle d’air d’où naîtrait une fêlure. Le souffle d’Hyriel, long et chaud dans son épaule tel un vent frais roulant sur une aride colline, lui dit son contentement. Au fil des rêves qui commençaient à venir, le guérisseur recroisa le visage cuivré et soyeux de son Diego. Et celui de la ravissante et futée Añita. Ah, nostalgiques souvenirs de l’extérieur ! Avec eux deux également, six ans plus tôt, s’étaient tenus des moments d’intimité clandestine qu’il n’oublierait jamais. Le gitan et le sorcier. Puis le sorcier et la fille publique. Ils s’aimaient. Mais Hyriel ne les reverrait plus, ni l’un ni l’autre… Diego, chassé de la ville avec les siens ; Añita, contrainte de suivre sa maquerelle ailleurs, et lui… La tristesse abattit ses traits. Perdu au creux des songes, il s’enfonça dans les bras d’Estienne.

Le muet planait. Depuis combien d’années n’avait-il joui de contacts pareils ? Et de la douceur d’être noué à quelqu’un ? Au moins dix ans, exception faite des embrassades de Théa – déjà si chères à son cœur. Elles comblaient un peu de son vide immense. Autant que ses propres efforts pour offrir autour de lui ce qu’il pouvait de jeu et de légèreté, par le mime. Il s’en faisait une discipline. Celle de tenir les uns pour les autres. Estienne donnait ses amusantes pantomimes et l’apparence d’une humeur vaillante, à plus forte raison que la barrière de la langue l’écartait de presque tous ses compagnons de galère – et ce n’était pas leur faute. Ils ne pouvaient le lire. Fabriquer pour eux un langage inédit exigerait du temps. Alors quand il ne les amusait pas, Estienne était de mutisme emmuré. Estienne était les murs, et les murs le muet. Masqué de toile, vêtu de son silence et de sa guenille, l’obscurité le confondait aux parois comme Christ mort avec son linceul. Mais ce soir, il ressuscitait. Ah, qu’il était vivant depuis Hyriel !

Ses paupières s’abattaient de plus en plus, lourdes… si lourdes, sur l’image du visage de ce joli diable. Dans le brouillard, Estienne vit ses yeux bleus commencer eux aussi à se fermer. Ses jambes s’évaporaient de sa conscience épuisée. Son buste, ses bras tombaient en coton. Son corps voulait rester dans le nid de chaleur tandis que tout autour sévissaient les claques venteuses et les plaintes. L’une d’elles lui fit relever péniblement la tête. Estienne devait regagner son lit… Eux deux, dans cette couche… Si on les surprenait ? Non ! Il devait… retourner… Il força ses membres de plomb à se mouvoir, non sans un grognement. Il… devait… Sur son masque, ses doigts engourdis cueillirent une bise aussitôt déposée à la joue de son ami. Dans une dernière paillette de lucidité au milieu de l’épaisse brume des songes, Hyriel avança les lèvres à l’oreille d’Estienne. Elles y donnèrent un chaud baiser, avant qu’il ne se recroquevillât et plongeât dans le sommeil. Son camarade aux jambes valides reprit sa chandelle à présent éteinte et repartit de rideau en rideau vers son lit, si vide, si gelé.

oOo

Les coups au carrelage et les cris du gaffe les remuèrent à six heures et demie. La lune était encore pendue sur le tissu du ciel lorsque Hyriel s’éveilla en sursaut et frotta ses yeux crottés de sommeil. Contre le froid et les morsures de ses côtes froissées, il étouffa un grognement entre ses mâchoires. Sa respiration l’irritait. Chaque souffle poignardait son thorax et le moindre mouvement de jambe le mettait au supplice. Il allait s’en souvenir, de ce carrelage à laver !

Les enfermés prirent place pour les prières. Hyriel peina à se lever, en proie au mal qui le tenaillait tout entier. Il avança malgré les incessants tremblements de ses bras et jambes. Il se signa et marmonna son Miserere en essayant de ne pas se rendormir. Au bout de la chenille vers les latrines, il découvrit les sévices qui lui étaient réservés – des gardes soupçonnaient donc bien sa diablerie derrière la glissade de la veille. 251 fut interdit de toilette. Privé d’eau ; privé de ration pendant le travail matinal. Tout au long de sa tâche, au moindre mouvement d’yeux les coups plurent sur ses épaules, parfois sans raison aucune. Hyriel se tassa de plus en plus au-dessus de l’ouvrage. Ses mains vibraient. Autour, les pairs ne pouvaient qu’observer sa déconfiture. Ils ne devaient qu’accepter et en prendre de la graine, sans avoir à comprendre. Seuls les témoins de la mésaventure de Georn firent le lien. Ils soupirèrent de dépit : si leur comparse était en effet l’auteur de cette chute, quelle mouche l’avait piqué ? On ne sortait pas de là les pieds devant si aisément.

Hyriel quant à lui s’obligeait, lors des rares moments de répit où les coups ne le broyaient pas trop, à stimuler son esprit en nommant toutes les plantes possibles. Ce fut… peu concluant : sa tête voulait éclater. Il croyait pouvoir compter ses os et dut se mordre au sang pour ne pas flancher. Son unique consolation vint quand, du côté des administrateurs, il entendit Berlinier prendre du souci de Georn. Celui-ci boitillait et ne se privait pas de signaler que certains mouvements lui étaient un calvaire – mais il soulignait, tout fier, que cela irait. Hyriel sourit intérieurement à cette vision des plus agréables qui, sûr, le réconfortait un tantinet.

Tandis que pleuvaient sur lui toujours davantage de brimades, l’esprit malmené du 251 cédait à un nouvel élan allumé par le spectacle de l’officier clopinant : l’envie démente, incendiaire, de rendre les coups ! Les pensées du rebelle, étriquées de douleur, ne calculaient plus, alors, aussi loin que jusqu’à son projet d’évasion. Un projet que pourtant il conservait, mais que son esprit brouillé ne savait atteindre pour l’heure. Quand braillent souffrance et colère, une réponse plus brute, plus immédiate, moins réfléchie, est désirée. Et Hyriel embrassait cette tentation. Ah ça ! Il remuerait encore dans les brancards. Il leur sifflerait dans les plumes ! Dans celles du Georn, du Vronssac et du Berlinier particulièrement ! Leur régime de terreur ne pouvait être infaillible ? Morbleu, un moyen devait exister de secouer l’édifice ? Trois semaines entre les griffes de cet Hôpital de malheur, et le sorcier commençait à sentir en sa chair – sans le conscientiser par la raison – ô combien il avait fait erreur en se figurant que sourire et plaisanter en lui-même l’aideraient seuls à affronter son sort. Tant qu’il était là, Hyriel devait mener la vie dure aux pendards !

À la deuxième distribution de corvées, il fut envoyé une nouvelle fois à la vaisselle. Il se traînait. Il haletait. La colère hachait son travail. Les coups essuyés plus tôt sous les triques des officiers allaient à chaque inspiration jusqu’au plus profond de sa moelle. Et voici que l’eau le brûlait anormalement. Il avait chaud… Tellement chaud. Il était sûr désormais d’avoir attrapé quelque chose. Mais il prit sur lui. Ça passerait, se martela-t-il. Hyriel fut cependant de moins en moins rassuré en sentant sa gorge l’agacer, comme si de vilaines pattes d’insectes en éraflaient les parois. Jusqu’à l’échauffer, l’irriter. Attelé à sa besogne, il ne lui restait qu’à souhaiter retarder l’échéance du premier toussement. Oublier toute cette moiteur. Activer son esprit. Il ne devait pas faiblir. Il ne… devait… Le passage des gourdes d’Estienne entre ses mains l’occupa tout entier à les astiquer avec soin, en repensant au réconfort qu’ils s’étaient prodigué.

Il frotta, essuya, empila de sept à dix heures, avant de retrouver la manufacture où il dut limer, huiler, entasser des boulons. Il voulait dormir… Dormir et ne se relever qu’une fois guéri… Dormir, ou rugir. Son crâne était trop lourd. Tenant sa rage en laisse, il travaillait. Encore faudrait-il pouvoir se concentrer… Il ne voulait que dormir, que tout cela s’arrêtât, qu’il se réveillât en forêt avec ses amis, avec Estienne, dans l’herbe, la tête sur son torse… Alors qu’il prenait enfin un rythme meilleur, Hyriel sentit sa gorge le gratter de plus belle. Fort. Il suspendit sa respiration, essaya de se retenir mais ce fut effort vain. Ça brûlait. Il eut beau se racler la trachée, la sensation de bestioles griffues ne fut pas chassée. Une première toux partit, qu’il eut juste le temps d’atténuer en pressant par réflexe sa manche contre sa bouche. Son souffle haletant peinait à revenir.

Mordiable…

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blairelle
Posté le 13/03/2024
Ce chapitre est sublime, que ce soit le piège tendu à Georn ou la conversation nocturne entre Hyriel et Estienne (donc c'est officiel, ils sont amoureux ?)

Je trouve ça juste bizarre que Hyriel soit puni officiellement pour la prière et l'insolence, mais juste officieusement pour le piège (alors que c'est quand même sacrément plus grave, non ?)
JeannieC.
Posté le 14/03/2024
Awwww merci beaucoup <3 ça nous touche, c'est un chapitre particulièrement intense alors nous sommes ravies si cette intensité se ressent !
On va voir à reprendre le passage de la punition alors, parce que dans notre idée il est clair dans l'esprit des prisonniers comme des gardiens que c'est bien, officiellement, pour la chute de Georn qu'Hyriel est tabassé et autres. Si ça ne ressort pas assez, on révisera ce moment en effet ! :)
blairelle
Posté le 14/03/2024
Pour moi un tabassage officiel ce serait plutôt « viens, on va te tabasser » juste après le piège tendu à Georn
Tout comme pour l'insolence, il est insolent, bah juste après on lui dit « va nettoyer le carrelage »
Alors que là j'avais plutôt l'impression qu'il se prenait juste un peu plus de coups "de routine" que les autres
Louison-
Posté le 02/04/2023
Coucouuuu !

J’ai lu le chapitre tout à la suite et je fais un retour global dans un seul com (primo parce que j’avais pas internet quand je l’ai lu et deuxio même si j’en avais eu peut-être que j’aurais quand même procédé comme ça parce que je me suis totalement laissée porter par la lecture et j’aurais bien été en peine de sortir du chapitre à faire des com’ entre chaque partie)

BREF, tout ça pour dire (déso mais je vais revenir fangirler hein) : votre chapitre était incroyable dans sa globalité, je pense qu’il fait partie de mes préférés jusqu’à présent. Clair qu’on change de ton avec la fin du précédent, et en même temps on retrouve des brefs éclats de joie avec Théa ou des sourires arrachés à la volée (merci l’impertinence d’Hyriel) ou cette grande tendresse qui unit Estiriel (*-*) qui font qu’on reste dans la continuité et que tout n’est qu’approfondissement d’éléments/thématiques/émotions/asklféjasklf déjà présents précédemment. Votre histoire possède vraiment une grande cohérence à mon sens, une couleur propre à elle, et je voulais le souligner, voilà ^^

SINON, déjà pour la partie 1 : j’ai trouvé absolument adorable l’inquiétude réciproque d’Estienne et Hyriel. Tout se joue sur des regards (croisés ou pas) qu’ils se jettent l’un envers l’autre, et comme toujours j’aime que vous jouiez sur la subtilité pour montrer leur attachement à l’autre. Il en faut parfois peu pour montrer beaucoup, et c’est exactement ce que vous faites, donc merci pour ça. C’est ce qui permet à mon avis qu’on ressente leur amour plus qu’on le voit juste de l’extérieur ou qu’on nous l’explique.

Puis, l’impertinence d’Hyriel : roh, toujours au rendez-vous celle-là. Estienne a raison de s’inquiéter, vu ce qu’il subit par après… (et le pire c’est qu’il s’arrête pas le bougre, quelle idée à vouloir faire tomber Georn ?? Mais il est fou ce gaillard ? ahah, c’est aussi pour ça qu’on l’aime <3) D’ailleurs, au sujet de Georn : c’est chouette que son perso soit un poil nuancé quand Hyriel souligne avoir remarqué que certains de ses collègues sont excédés par son attitude. Il est toujours aussi détestable, mais le fait que même ses collègues lui trouvent un côté agaçant montre bien que cet être est, hum, profondément stupide et que c’est cette simplesse d’esprit qui explique en partie sa conduite avec les internés de l’Hospital ?

Une chose qui m’a fait rire :
« — On est quel jour, dis-voir ? chuchota Lina à sa voisine sur le chemin.
— Euh… Attends… Le… seize janvier si je me trompe point. Pourquoi mais ?
— Parce que dorénavant, on dit, ce sera le jour des Saintes Glisses. »

Ou plus loin aussi :
« ÉVIDEMMENT PAS EUX ! C’EST POUR
ÇA QUE TU AS PENSÉ À LEUR
BIEN-ÊTRE EN LEUR INSTALLANT
UNE ÈRE DE JEUX DE GLISSE »

Ensuite, vous avez admirablement bien réussi à faire ressentir la douleur et rage d’Hyriel durant sa corvée. J’aime que vous preniez le temps de décrire sa souffrance aussi bien morale que physique, et que vous l’ayez fait sur la longueur. C’est important je pense qu’on sente le temps passer aussi bien qu’Hyriel, pour donner au moment tout son caractère insupportable et, surtout, interminable.

Puis, toute la culpabilité qu’Hyriel ressent vis-à-vis d’Estienne est juste adorable ? Nouvelle preuve qu’il tient à lui, et qu’on apprenne par la suite ce qu’a vécu Estienne durant la corvée d’Hyriel est aussi un bon moyen de nous rappeler que tout le monde souffre et qu’un rien du tout peut faire office de « raison » pour s’en prendre aux internés. Bibou <3

Roh et puis ce moment d’intimité final dans le lit, vous imaginez bien que j’étais conquise ahah. Merci d’écrire ça avec autant d’amour et de finesse, c’est juste terriblement beau et doux à lire (surtout après ce qu’ils ont vécu). Donc bien plus que juste fangirler, je tenais à souligner la beauté et richesse de votre écriture qui permet de tels moments un peu suspendus hors du temps. C’est précieux, à mon sens, et tout le monde n'arrive pas à une telle prouesse technique !

Conclusiooon : même si je suis loin de la finir, votre histoire fait carrément partie de mes coups de cœur PA (et même hors PA), je pense entre autre parce que 1) votre histoire est atypique pour son choix de personnages et d’intrigue (et bondiou ce que j’aime quand on s’écarte des normes et d’un type de roman qu’on a déjà lu 34241243x mais juste avec des mots différents) 2) vous écrivez avec une sensibilité qui moi me touche et pour laquelle je vous suis reconnaissante. Voilà <3
Je ne cherche pas à vous lécher les bottes ou quoi avec mon commentaire, juste à vous partager mon ressenti sincère et le fait est que j’aime profondément votre histoire.

En espérant qu’un jour je la tiendrai en papier entre mes mains !

Zoubi, à bientôt <3
JeannieC.
Posté le 07/04/2023
Hello Louison ! 👋
C'est tellement adorable tout ce que tu nous exprimes-là, ça nous va droit au coeur à toutes les deux 💖😭🥰

Ahah, "les romans qu'on a déjà lu 34241243x" c'est tellement ça xD On voulait sortir des histoires d'amour classico-classiques, entre ados, ou entre un(e) prince-princesse et un(e) pauvre. Faire autre chose aussi que les romans historiques qui relèvent complètement de l'entre-gens, qui consistent presque toujours à suivre des têtes couronnées, des aristos etc, où les gens du peuple ne sont vaguement qu'en toile de fond ou personnages épisodiques.
Cela nous touche donc grandement, une sensibilité comme la tienne pour ce univers et ces figures de déglingués x) C'est un peu un "Vol au-dessus d'un nid de coucous" ou un "La Vie est belle" version XVIIe siècle, ce projet.

"En espérant qu’un jour je la tiendrai en papier entre mes mains !"
>> Merchiiii ! <3 Nous comptons bien en effet essayer de faire éditer ce roman ! On se lancera à lui chercher une maison à partir de septembre.

Des bisous à toi ! Et de la part d'Estiriel aussi 😷🧙
À bientôt !
ClementNobrad
Posté le 02/03/2023
Coucou,

Cette tendresse entre les deux hommes, j'ai l'impression que ça va à la fois devenir une force et une faiblesse. Déjà que survivre sans ce milieu était compliqué, penser rien qu'à soi, une garantie de mieux se porter, voilà que se soucier des autres va augmenter les difficultés. Et pourtant, c'est indispensable. Sans soutien, c'est la folie. Du moins c'est ma lecture de tout ça :)

Les mots tombent toujours aussi juste. Curiosité de lecteur, mais comment se répartissent les rôles entre deux écrivains ? La scène dans le lit par exemple, l'une écrit tout, et la deuxième corrige des détails ? Co-ecriture mot par mot, phrase par phrase où vous "votez" les tournures et les propositions ? ^^

". Or s’il mentait mal il se sentirait idiot, et Hyriel pris pour un idiot." > Je n'ai pas compris la fin de phrase. Est-elle bien construite ?

Au plaisir de lire la suite
JeannieC.
Posté le 03/03/2023
Re !

Hmmmm, oui c'est vrai, cette phrase que tu cites n'est pas super claires, on va réfléchir à reprendre ça. L'idée c'est qu'Estienne a conscience que s'il rate son mensonge, il se sentira bête, et qu'en plus Hyriel risque de se sentir pris pour un idiot. Du coup Estienne préfère ne pas se hasarder à un mensonge. On va voir à réécrire ça !

Pour te répondre, il y a autant de méthodologies de co-écriture que d'auteurs. Mais avec Helasabeth, on travaille un peu en mode "jeu de rôle". On s'est mises d'accord sur le plan, sur là où doit aboutir chaque scène. Mais ensuite, au moment de l'écriture, chacune "joue" tel ou tel personnage, que nous nous sommes répartis. Je "joue" Estienne et Helasabeth "joue" Hyriel par exemple. Et du coup, on écrit en ping pong : j'écris une réplique d'Estienne, Helasabeth va écrire la réaction d'Hyriel etc. On sait où on doit aboutir, mais on a la surprise de découvrir les gestes et répliques des personnages de la partenaire.
Et dans un second temps, on met le tout au propre sur un google doc partagé, on se fait des séances en vocal pour corriger ensemble le texte et l'améliorer.
On s'est aussi partagé pas mal d'autres choses. C'est moi qui réponds aux commentaires après discussion avec Hela, et Hela de son côté fait la plupart des recherches médicales/linguistiques etc.

À bientôt ! =)
ZeGoldKat
Posté le 08/11/2022
Cette fin de chapitre est magnifique. Quelle émotion !
Bon déjà comme j'ai dû vous le dire une première fois, super point que ça n'aille pas toujours comme un long fleuve tranquille, dans cette romance. Il y a des accrocs et ça ne la rend que plus crédible. Là, le petit moment de colère d'Estienne est tout à fait compréhensible : il a pris gratuitement des coups alors qu'il n'a rien fait de mal, et juste pour atteindre Hyriel à travers lui.
Quelle horreur. Le niveau de perversité ! Mais c'est très bien vu, les administrateurs de l'institut qui essaient de saper le peu de bonheur que les enfermés trouvent dans l'amitié et la solidarité. Ohlolo, j'espère que la relation d'Hyriel et Estienne va tenir au milieu de ces persécutions.
Le passage du lit est superbe. Votre écriture a tellement de poésie et vos deux héros ont tellement d'humanité. C'est beau. Deux hommes brisés qui essaient de se préserver l'un l'autre. Leur désir d'oublier leur malheur le temps d'un soir est patent, surtout du côté d'Estienne qui a enfin quelqu'un qui communique aussi intimement avec lui. La métaphore du christ mort dans son linceul et aussi l'image d'Estienne qui a l'impression de devenir un mur, ça m'a fait froid dans le dos. Le muet est un mur et les murs sont muets, géniale comme image !
JeannieC.
Posté le 10/11/2022
Oooooh, merci beaucoup <3
Ravies que la teneur plus poétique de cette fin de chapitre t'ait ainsi parlé ! Quant à la romance, avoue ce ne serait pas drôle si elle ne traversait pas quelques épreuves héhé. En tout cas oui, il va y avoir un vrai sujet de tension entre eux deux, à propos de la question survie VS fierté.
Saper le moral des enfermés et essayer de casser les amitiés, un classique ;-)
Encore merci !
Hortense
Posté le 25/05/2022
Bonjour Jeannie.C,
Je crois qu’Hyriel et Estienne ne sont pas au bout de leur peine. Il semble que la persécution soit une activité répandue et approuvée par Berlinier et ses sbires. Leur force et leur amour survivra-t-il à pareil traitement ? Pour l’instant le bloc semble solide, souhaitons que la machine ne parvienne pas à les broyer.
Un plaisir.
Juste une interrogation :
- l’occupa tout entier à les astiquer avec de soin : avec soin ?
A très bientôt
JeannieC.
Posté le 26/05/2022
Bonjour Hortense !
Oops, petite coquille en effet, sitôt corrigée ~
Merci pour ta lecture ! Et les deux tourtereaux prennent volontiers les encouragements pour résister au harcèlement de la direction et des officiers =)
Edouard PArle
Posté le 06/05/2022
Coucou !
J'avais raison d'être inquiet à la fin du dernier chapitre ! Avec ses petites tensions et les coups subis par les gardiens on pouvait s'attendre à des conséquences assez graves. Pour l'instant Hyriel et Estienne continuent de se serrer les coudes mais jusqu'à quand ?
J'imagine que d'autres périls les attendent.
J'ai bien apprécié les petites références aux passés des personnages. Vu que vous avez passé plusieurs chapitres à les développer, c'est bien d'y faire de petites allusions.
Une petite remarque :
"prenait du soucis de Georn." -> souci ?
Un plaisir,
A bientôt !
JeannieC.
Posté le 07/05/2022
Hello !
Oops, merci pour la petite coquille, je vais corriger de suite. Et en effet tu as bien pressenti, la relation Hyriel - Estienne est mise à rude épreuve petit à petit x) Ce n'est que le début des perversions de tout ce beau monde ~
A une prochaine ! =D
Yannick
Posté le 17/04/2022
Retour de mon gardien préféré dans ce chapitre ! Et quel retour ! Entre sa violence et la réaction d’Hyriel, j’ai passé un très bon moment de lecture. Les voilà tout deux dans un sale état...
Les conséquences de l’orgueil d’Hyriel peuvent s’avérer dramatiques. Le fait de plier s’apparente de toute façon à une petite mort. Curieux de suivre la suite des évènements.
JeannieC.
Posté le 21/04/2022
Hellow !
Ahah oui, c'est le retour en force de Monsieur Berlinier et de Georn xD Et ça commence à sentir le roussi oui, pour Hyriel et son entourage, tellement il est du genre jusque-boutiste pour ne pas ployer x)
Merci beaucoup pour ta lecture ! Et à une prochaine =)
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