Chapitre 7

Par Dan

Henry poussa la porte grinçante de la taverne presque déserte à cette heure et un regard de connivence échangé avec le tenancier l’orienta aussitôt vers l’arrière-salle : c’était là que le « club des anatomistes » se réunissait pour négocier les sommes maximums à verser aux résurrectionnistes qu’ils embauchaient (entre cent et cent trente shillings par spécimen).

— Vous êtes tout seul ? lui demanda le barman en nettoyant rapidement la table qu’Henry avait choisie avant d’y disposer un broc d’eau et une bougie.

— Pas pour longtemps, je l’espère.

— Je vous sers l’habituel ?

— Grand merci.

Henry observa la salle nue, mal à l’aise. Il était étrange de fréquenter ces lieux sans animation ni compagnie ; d’ordinaire, ses visites étaient synonymes de douce ébriété et de débats houleux. Les sujets de discorde ne manquaient pas, au sein du club, le principal et plus ancien restant leur dépendance absolue à des hordes de brigands de plus en plus ambigus.

Selon les anatomistes les plus candides, les voleurs de cadavres menaient une véritable compétition afin de pourvoir les médecins généreux ; pour les cyniques, la soi-disant course aux macchabées n’était qu’une savante mise en scène destinée à manipuler le marché jusqu’aux prix exorbitants de quatorze ou vingt guinées à l’unité.

Cette ruée conduisait désormais à des situations aberrantes : certains résurrectionnistes importaient les corps d’Irlande dans des tonneaux marqués « jambons » ou « cornichons » ; d’autres mettaient sur pied un commerce parallèle pour revendre les dents aux prothésistes et s’enrichir en négociant les pièces détachées – ce qui ne se produisait d’ordinaire que lorsque le cadavre exhumé s’avérait en trop mauvais état pour être disséqué.

Le marchandage et les méthodes discutables des résurrectionnistes étaient souvent considérés comme les premiers responsables de la piètre réputation de la discipline anatomique. Les membres du club avaient fait de cette injustice leur cheval de bataille et luttaient pour obtenir leurs sujets d’étude par des canaux moins coûteux et moins controversés : dépouilles animales, corps artificiels, méthodes modernes visant à prolonger la conservation des tissus…

Ce qu’ils avouaient moins, c’était que les méfaits des voleurs étaient bien souvent encouragés par des anatomistes aussi peu scrupuleux, pour qui la science justifiait non seulement de déranger le repos éternel des trépassés, mais également de les traiter comme de vulgaires marchandises. Certains ne voyaient aucun inconvénient à recevoir leurs livraisons dans des boîtes trop étroites, panées dans la sciure, enroulées dans la toile de jute ou ficelées comme des rôtis.

Henry avait décidément décroché le gros lot, avec Clayden.

— Bonjour, Harry.

Il cessa subitement de modeler la cire tiède de sa chandelle et répondit :

— Joshua.

Brookes se tenait appuyé au dossier d’une chaise avec autant de désinvolture que l’âge et la maladie le lui permettaient. À soixante-sept ans, le médecin ne quittait guère plus ses appartements encombrés de squelettes et de spécimens de collection, et Henry avait éprouvé quelques scrupules à lui donner rendez-vous hors de ses quartiers. Lorsqu’il faisait face à cet homme blafard et rabougri, il oubliait la jalousie qu’il nourrissait à l’égard de son musée et la satisfaction qu’il nourrissait à l’égard de son déclin.

— C’est rare de nous rencontrer sans ces fanatiques, dit Joshua en s’asseyant face à Henry, une ombre de sourire pinçant des lèvres qu’il devait avoir eues délicates et charnues.

Le club était composé d’anatomistes employés par les quatre écoles de médecine rattachées aux hôpitaux de Londres. Après les résurrectionnistes déloyaux, leur deuxième polémique de prédilection concernait la compétition des établissements privés, deux fois plus nombreux, qui n’hésitaient pas à enfler le prix des cadavres jusqu’à cent-soixante shillings pièce. Henry faisait partie de ces indépendants méprisés, le Dr Brookes également ; qu’ils soient tous deux répudiés par le club ne les empêchait pas de se mépriser mutuellement.

— Je ne suis pas là pour vous suggérer une coalition, dit Henry, j’ai choisi cet endroit par simple commodité.

— Je suis tout ouïe.

Henry accueillit avec un certain soulagement l’irruption du tenancier qui leur servit deux infusions, des tranches de pain noir, une motte de beurre et de la marmelade d’orange. Comme il ne trouvait pas ses mots, il s’appliqua à la préparation d’une généreuse tartine.

— Vous savez, un déjeuner tout à fait convenable m’attendait dans ma propre salle à manger, dit Joshua.

— J’ignore comment procéder…

— S’agit-il du scandale de ces messieurs Burke et Hare, à Édimbourg ? Ils viennent de confesser seize meurtres destinés à répondre à la demande des anatomistes. Seize ! Quel outrage ! Leur procès ne devrait pas tarder à débuter, en novembre, il me semble. Je ne suis pas un homme mesquin, mais Dieu, comme je souhaite qu’ils soient pendus et disséqués ! Imaginez un peu l’image que ces malfrats donnent aux…

— Avez-vous déjà rencontré des cas de résurrection ? lâcha Henry.

Le Dr Brookes manqua s’étrangler dans sa tisane.

— De véritable résurrection, j’entends, reprit Henry en émiettant nerveusement son en-cas. Pas des réveils tardifs suite à des erreurs de diagnostic…

— Croyez-vous que je me serais cantonné à mon humilité et à ma discrétion légendaires si tel était le cas ? railla le Dr Brookes. C’est le genre de phénomène qui aurait mérité une annonce au Vatican !

Henry mastiqua une bouchée de pain beurré, songeur et préoccupé. Il n’avait aucune envie de voir débarquer une entière délégation de prêtres et d’assesseurs de miracles ; d’autant que son latin était quelque peu rouillé.

— Je déduis à votre expression tourmentée que votre question est purement hypothétique, Harry ?

Ce dernier ricana et détesta le son qu’il entendit.

— Évidemment. Et vous avez conscience de la confiance que je place en vous à la simple évocation de ce cas hypothétique, n’est-ce pas ?

— Oui, même si je ne pensais pas la mériter.

— Vous êtes l’anatomiste le plus expérimenté et tenace que je connaisse.

— Le plus vieux et le plus agaçant, je traduis.

Henry lui lança un regard désespéré ; il n’avait plus la force pour les calembours et les gentilles moqueries.

— Pour vous répondre, reprit Joshua, je ne crois pas avoir déjà eu le privilège d’assister à un tel prodige. Mais j’ose espérer que si quiconque au sein de notre profession faisait pareille découverte, il placerait l’intérêt commun de la science et du progrès avant son intérêt personnel d’exploit et de renommée.

Si Henry avait été d’un tempérament plus combatif, il n’aurait pas manqué de signaler au Dr Brookes qu’en terme d’obsession vaniteuse, il était particulièrement mal placé pour critiquer. Henry était désormais trop incommodé par son regard inquisiteur pour répliquer, de toute façon.

— J’imagine que la qualité et la composition de la terre pourraient influer sur la chimie du corps, particulièrement si le cercueil est de mauvaise facture, reprit Joshua sans déloger ses yeux perçants de ceux d’Henry, comme s’il cherchait à y trouver un indice en guettant sa réaction. Idem pour la bière elle-même, d’ailleurs : certaines essences de bois ont des propriétés très singulières et des effets très étranges au contact des fluides corporels. Tout ceci dépend évidemment de l’état dans lequel se trouvait le spécimen avant sa mort. De quoi est-il décédé, cet hypothétique miraculé ?

— Il… euh…

« Que suis-je en train de faire ? » se demanda Henry dans un éclair de douloureuse lucidité. S’il s’était confié au Dr Brookes, s’il lui demandait conseil et complicité, c’était pour une seule et bonne raison : il le pensait trop âgé et trop gâteux pour lui chercher des noises ; inoffensif, en somme. Mais à voir la lueur de convoitise qui éclairait ses yeux pâles, Henry songeait qu’il avait sans doute commis une grave bévue.

— Je vais devoir vous fausser compagnie, docteur, esquiva-t-il en se levant. Je suis attendu…

— Par votre ressuscité ?

Henry se prit les pieds dans ceux de sa chaise et parvint in extremis à rétablir son équilibre. Il tenta de conclure en rassemblant ses effets :

— Merci d’avoir répondu à ma curiosité spéculative. Évidemment, si je rencontre un jour un spécimen de telle sorte, je ne manquerai pas de vous en faire part, mais ah ! le monde serait devenu bien étrange si c’était le cas, n’est-ce pas ?

— Bien étrange en effet…

— Je m’occupe de régler la note. Merci encore !

Et il s’enfuit de la taverne après avoir jeté quelques pièces sur le comptoir.

Comme il nourrissait encore la crainte diffuse que le vieil anatomiste le pourchasse pour lui extorquer des aveux, Henry s’empressa de grimper dans le premier fiacre venu et attendit de s’être éloigné pour réfléchir à sa destination. Il ne pouvait pas courir le risque d’une nouvelle altercation à l’école, ni s’exposer davantage en poussant l’enquête auprès d’autres confrères. Il ne pouvait pas non plus perdre davantage de temps.

Finalement, la voiture déposa Henry à proximité du logement de Clayden, en amont d’une rue flanquée de maisons à peine plus cossues que les baraquements des quartiers ouvriers ; mais il n’eut pas le temps de rejoindre le trottoir qu’une furie lui bondissait au visage ; une furie qui portait sa gabardine et son chapeau, mais aussi une veste et un pantalon quatre fois trop grands pour sa taille fluette.

— Miss Marbrand ? couina-t-il.

Ses habits appartenaient à Clayden, il le comprenait maintenant. Que faisait-elle dehors, sans son chaperon, à la vue de tous ? Pourquoi paraissait-elle si alarmée ? Et surtout : d’où provenait le sang dont elle était couverte ?

— Qu’est-ce que… commença Henry.

Elle grogna et le saisit par la manche pour l’entraîner en direction d’une venelle. La lumière du matin peinait à s’y faufiler et, dans l’ombre épaisse, une forme plus sombre encore gisait au pied d’un mur aux briques jointées de moisissures. Henry freina en reconnaissant la silhouette massive de Clayden, à peine diminuée par son avachissement, et ses yeux tombèrent sur les fleurs écarlates ouvertes sur sa chemise, insolentes de couleur au milieu du dégradé des gris.

Henry se précipita à son chevet sans que Clayden semble le remarquer et souleva son vêtement. Trois, quatre, cinq… Henry compta non pas les plaies, mais les traits d’onguent : on avait appliqué une purée brunâtre sur ce que le docteur supposait être les stigmates de coups de couteau profonds. Il braqua un regard fiévreux vers Emilyse, maintenant accroupie, qui passait ses bras autour de celui de Clayden pour tenter de le relever.

L’esprit d’Henry s’enfonçait dans des brumes de plus en plus opaques ; la panique l’étranglait dans les battements de son cœur et une vague nausée lui contractait l’estomac, inondant sa bouche d’un mélange de bile et de relents de pain beurré. Il fallut qu’Emilyse le bouscule pour qu’il songe à lui prêter main-forte. Quand Clayden fut debout, le teint blême, les jambes flageolantes, Henry comprit qu’il aurait besoin de toute sa tête pour les tirer de ce mauvais pas.

— Venez, dit-il, suivez-moi.

Clayden émit un borborygme mouillé et Emilyse le poussa vers la rue où Henry héla une nouvelle voiture. La somme promise au cocher fut assez faramineuse pour qu’il n’émette aucun commentaire quant à l’état de l’un ou la tenue d’un autre de ses passagers.

— Docteur Graham ! s’exclama Mrs Kinkle lorsqu’ils pénétrèrent en trombes dans le vestibule. Qu’est-ce que c’est que ces manières ? Regardez le tapis ! Et vous… Que se passe-t-il, ici ?

— Plus tard, coupa Henry, insensible à l’expression outrée de sa domestique qui promenait son petit corps dodu autour de leur équipée comme une mouche furieuse à l’approche d’un orage d’été. Nous avons besoin d’un endroit où l’allonger. Débarrassez la table de la salle à manger et…

Il fut interrompu par les gestes furieux d’Emilyse, qui capta le regard halluciné de la servante avant de mimer une scène incompréhensible, alternant mouvement de main vers sa bouche et doigts pointés vers le tapis persan, qu’ils avaient effectivement massacré.

— Elle veut qu’on l’amène à la cuisine, déclara Mrs Kinkle – elle avait cessé de ciller pour ne rien manquer des instructions muettes de la jeune femme.

— Vous la comprenez ? lâcha Henry.

— Oui, toutes les femmes communiquent par la pensée, c’est bien connu. On ne vous apprend pas ça à l’académie de médecine ?

Clayden poussa un raclement de gorge avant de s’évanouir dans leur étreinte, mais Henry fut incapable de déterminer s’il avait ri à la plaisanterie de la servante ou prié pour qu’ils abrègent leur numéro. Henry se plia de bonne grâce aux exigences d’Emilyse et réajusta le poids du résurrectionniste pour le convoyer vers l’entresol.

La lueur du jour fendait la pièce en sourdant des soupiraux, prenant corps et saveur dans les fumées du poêle et les vapeurs des casseroles. Henry avait rarement l’occasion – pour ne pas dire l’autorisation – de pénétrer la cuisine : il s’agissait du royaume incontesté de Mrs Kinkle.

Cette dernière les avait devancés dans l’escalier de service pour commencer à dégager le plan de travail central ; la grande carcasse de Clayden termina de faire place en s’y écroulant, bousculant panières, pichets de lait caillé et sauciers de bouillon figé que la cuisinière s’efforçait de rattraper comme une jongleuse désorientée. En d’autres circonstances, son expression butée aurait beaucoup amusé Henry, mais il percevait l’inquiétude derrière sa réprobation – la même qui l’étreignait depuis que Clayden lui avait apporté le corps trop vif d’Emilyse. Il avait définitivement perdu le goût du rire.

— Faites bouillir de l’eau, Mrs Kinkle, lui indiqua Henry en administrant quelques gifles inutiles à son patient. Préparez des linges propres et ramenez la trousse que j’ai laissée dans l’entrée.

Elle lui répondit d’un bref hochement de tête et s’exécuta dans un concert dissonant de marmites entrechoquées et de bûches enfournées. Près de la table, Henry avait de nouveau écarté la chemise de Clayden et retroussait ses propres manches pour se mettre à l’ouvrage. Dès que la bassine et les torchons furent prêts, le docteur nettoya les emplâtres pour révéler les plaies qui ponctuaient le ventre velu, lignes vermeilles contre le blanc de la peau exsangue.

— Ils ne vous ont pas manqué, mon pauvre… souffla Henry.

Mais Clayden ne le gratifierait d’aucun « Vous avez l’œil » ni d’aucun « À qui le dites-vous… ». Henry s’inclina en réajustant ses bésicles pour mieux étudier les blessures. Profondes, en effet, et peut-être juste assez bien placées pour ne toucher aucun organe vital. Clayden devait avoir une bonne étoile.

Mrs Kinkle reparut quelques secondes plus tard avec son nécessaire à chirurgie ; Henry en extirpa un large rouleau de cuir humide dont il défit les lanières. D’un geste expert, il le déplia ensuite à portée de main, contre les trop longues jambes de Clayden dont les bottes dégouttaient sur les dalles. Mrs Kinkle observait d’un œil torve la flaque de boue qui s’y formait, campée en retrait, guettant les ordres de son maître comme l’infirmière sérieuse et dévouée qu’elle avait déjà été par le passé. Certes, d’ordinaire, les spécimens d’Henry étaient moins spectaculaires, mais pas moins salissants.

Les doigts du docteur survolèrent les instruments rangés par usage et par intervention, trouvèrent l’aiguille courbe et la bobine de fil, puis entamèrent leur délicate besogne.

— Vous recoudrez mes bonnets, tant que vous y êtes, glissa Mrs Kinkle.

— À votre service, très chère, répliqua Henry. Oh, fichtre, décidément…

Emilyse le fusilla du regard alors qu’Henry reprenait un point pour la troisième fois – il n’avait jamais été très habile à cet exercice, pas plus qu’il n’avait jugé utile de se perfectionner : après tout, les cadavres avaient besoin de sutures efficaces, pas de jolies broderies. Ce n’était pas comme s’ils comptaient cicatriser. Clayden conserverait sans doute des marques, mais aucune disgrâce que ses habits ou sa toison de poils ne cacheraient pas.

Une fois le dernier nœud serré, Henry se munit d’une pommade et de compresses à appliquer en cataplasme, mais il dut suspendre son geste lorsqu’Emilyse le retint fermement par le poignet. Ses prunelles luisaient d’avertissement dans l’ombre du haut-de-forme chaussé de guingois. Henry songea incongrûment qu’il lui seyait à merveille.

— Une traduction, Mrs Kinkle ? appela-t-il.

— Je dirais qu’elle ne veut pas que vous lui fassiez ce pansement, monsieur. Mais je peux me tromper, ce n’est pas une science exacte.

Emilyse écarta Henry de la table puis entreprit de fouiller chaque placard, tiroir et cabinet de la cuisine sous le regard exorbité de Mrs Kinkle. La servante la suivait partout comme son ombre, désormais, lui ôtant des mains ses ustensiles les plus précieux ou s’efforçant de contenir le désordre qu’elle semait dans son sillage.

— Mais qu’est-ce qu’elle fiche, bon sang ? lâcha Mrs Kinkle, les bras chargés d’une balance et d’une bouilloire. Et d’abord, qui c’est, cette oiselle ? Vous allez me dire ce qui se passe ?

— J’aimerais bien le savoir… répondit Henry à ses trois interrogations.

Emilyse avait finalement réquisitionné Mrs Kinkle afin d’obtenir plus rapidement ce qu’elle cherchait ; elle revint vers la table munie d’un mortier, d’un pilon, d’un bouquet d’herbes aromatiques et d’un flacon d’alcool à brûler. Quand Henry fit mine de couper court à sa mascarade, bien décidé à terminer les soins de Clayden, Emilyse le saisit par les épaules et l’assit de force sur un tabouret à proximité d’un monticule de pommes de terre.

— Tenez, docteur, vous n’avez qu’à les peler pendant qu’on travaille, fit Mrs Kinkle en lui tendant un couteau bien aiguisé.

Le sourire qui creusa les joues rebondies de son employée lui fit froncer le nez, mais les préparatifs d’Emilyse eurent tôt fait de le distraire : ses mains effeuillaient, coupaient et broyaient avec une virtuosité surpassant de loin la dextérité de la cuisinière en demeure. Certaines plantes étaient broyées à sec, d’autres mastiquées, d’autres encore infusées selon un enchaînement et une technique élaborés, et bientôt, le parfum des décoctions se mêla à celui des ragoûts. Henry se souvint un peu tard de dégainer son carnet de notes pour consigner ses observations ; il avait manqué la recette, mais il ne voulait rien perdre du comportement de sa patiente.

L’avait-elle compris lorsqu’Henry avait ordonné à Clayden de l’attendre chez lui ? L’y avait-elle guetté après l’attaque ? Que s’était-il passé, et où avait-elle trouvé la force de s’occuper du résurrectionniste dans son état ? Elle paraissait moins terrifiée, aujourd’hui, ou peut-être trop concentrée sur sa tache pour avoir peur.

Emilyse lui lança un brusque regard qui le fit sursauter et bousculer le tas de patates d’un revers maladroit. Henry eut une pensée pour les élucubrations de Mrs Kinkle concernant les méthodes de communication féminine surnaturelles, mais il n’eut finalement pas besoin de dons de sorcier pour comprendre qu’elle le rappelait au travail.

Henry se rapprocha de Clayden, dont les plaies étaient de nouveau badigeonnées de baumes d’un vert épinard. Emilyse fit un signe vers les compresses comme pour l’inviter à parachever son œuvre et Henry se surprit à obéir sans trop savoir pourquoi. Quand il pivota pour se rincer les mains dans la cuvette, Emilyse s’était perchée sur le tabouret au milieu des pommes de terre éparpillées et vrillait ses yeux dans les siens.

Un bien étrange sujet, oui. Le mystère de ses capacités en ajoutait maintenant à celui de sa mort inexpliquée et de son retour inexplicable. Oh, les milliards de questions et les milliards d’examens qu’Henry allait…

Mrs Kinkle lui donna un coup de spatule sur le haut de la tête, amorti par ses boucles.

— C’est bien beau vos affaires, mais comment je vais préparer le dîner, moi, avec tout ça ?

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Rachael
Posté le 04/03/2020
Deux parties bien distinctes ici, entre le rdv de graham et le sauvetage d’alister. La première partie m’a moins convaincue, car graham décrit trop brookes comme un rival ou un adversaire pour aller ensuite le trouver pour le questionner. Enfin c’est comme cela que je l’ai ressenti.
Le seconde partie est top, avec La jeune morte qui devient de plus en plus intéressante. Et puis Alister n’est pas mort, youpi !

Détails
par des anatomistes aussi peu scrupuleux : pourquoi « aussi » ?
C’est rare de nous rencontrer sans ces fanatiques : j’ai mis du temps à faire le lien entre les fanatiques et le club dont tu parles ensuite.
son intérêt personnel d’exploit et de renommée : sa soif d’exploit ?
à son chevet : ça se dit quand la personne est dans un lit, sinon, ça ne me parait pas avoir beaucoup de sens.
insensible à l’expression outrée de sa domestique qui promenait son petit corps dodu autour de leur équipée comme une mouche furieuse à l’approche d’un orage d’été : l’incise est sympa, mais elle coupe vraiment le dialogue et la situation d’urgence.
Dan Administratrice
Posté le 02/05/2020
Hmmm je vais méditer ta réflexion au sujet de Graham/Brookes. Je sais pas encore trop comment m'en sortir parce que j'ai besoin qu'on le perçoive comme un adversaire potentiel, et que Graham aille le voir quand même. Il faudrait que je relise tout à tête reposée, mais merci pour la remarque, ça me donne matière à cogiter !
SalynaCushing-P
Posté le 27/10/2019
Mes Kinkle n'a plus qu'a cuisiner Clayden pour le repas ! Emilyse était peut être cannibale dans une autre vie. Blague à part, j'aime toujours autant. La curiosité est piquée au vif pour sur.
Dan Administratrice
Posté le 28/10/2019
Ah ah oui en voilà une idée, y aurait de quoi faire en plus :p Contente que tu aimes ! J'espère que la suite ne te décevra pas :D Merci pour ta lecture et ton retour !
Flammy
Posté le 19/10/2019
Coucou !

Bon, j'ai lu ya quelques jours mais j'avais pas eu le temps de commenter sur le moment, du coup, ça va pas être folichon ='D Mais je me rappelle que j'avais vraiment beaucoup apprécié !

Cette chère Emylise surprend de plus en plus. Non seulement elle est capable de suivre quelqu'un de manière assez efficace, mais elle l'a soigné et tout et donne des ordres ! Au début, à la première vision des emplâtres, j'avoue que je me suis demandée si c'était pas du "vomi de zombi" pour zombifier les autres gens. OUI, je pense toujours à la chose la plus logique en premier. Mais non, elle est juste beaucoup trop badass. Mais du coup, ça m'a fait aussi un petit coup au coeur. Je suppose que si elle est si douée pour soigner, c'est parce qu'elle a bien dû s'entraîner sur elle :'(

J'adore Kinkle <3 J'adore ce relation où on se demande qui est le patron entre le domestique et son employeur. Et le "Mais oui, les femmes communiquent toujours par télépathie", ça m'a tué xD Et les bébés ça arrive par cigogne aussi !

Bref, encore un chapitre que j'ai beaucoup apprécié ! Surtout que Clayden a l'air parti pour s'en sortir, donc c'est cool <3 Vivement la suite =D

Pluchouille zoubouille !
Dan Administratrice
Posté le 21/10/2019
Coucou Flammy !

Contente que ça t'ait plu ! Et oui, Emilyse a quelques talents cachés, mais je n'en dis pas plus, la résolution est proche... Du vomi de zombie xD Je salue ta capacité à toujours trouver l'explication la plus tirée par les cheveux ; ça aurait fait un excellent rebondissement cela dit.

Mrs Kinkle était un ajout imprévu (comme Isa me l'a très justement fait remarquer dans sa BL, une petite introduction en amont aurait pas fait de mal alors j'ai rajouté une mention dans le premier chapitre du PDV de Graham) mais je suis contente de lui avoir fait une place ; cette histoire commençait un peu à ressembler à une foire à la saucisse, sinon... :p

La suite arrive tout bientôt ! Merci pour ta lecture et ton commentaire ♥
Keina
Posté le 15/10/2019
Oh ! Mais en fait, le vrai héros de cette histoire, c'est Emilyse ! :O Bon, en vrai j'en sais rien, mais je l'aime de plus en plus, ce cadavre ambulant. Je la visualise très bien faire ses grands gestes pour se faire comprendre, et le dialogue muet avec Mrs Kinkle, c'était excellent ! Il y a beaucoup d'humour dans cette histoire, c'est ce que j'aime par dessus tout. Même si j'aime bien aussi la part de mystères à résoudre... Tiens, quand j'ai fait une visite d'Edimbourgh "version hantée", je me souviens que le guide avait parlé de cette histoire avec Burke et Hare ! C'est une des rares anecdotes que j'ai comprises à travers son accent écossais, ça m'a marquée ! xD
Dan Administratrice
Posté le 19/10/2019
Coucou Keina !

Mais oui, c'est complètement elle ♥ Et je suis vraiment contente que tu l'aimes parce que j'avais peur qu'elle soit difficile à cerner et encore plus à apprécier vu son comportement...

Merci pour l'humour, ça me fait très plaisir ! Ah ça m'étonne pas, je crois qu'ils ont carrément fait un film sur ces deux gars-là, faudrait que je le regarde à l'occasion ^^

Merci d'être toujours au rendez-vous ♥ Et à bientôt pour la suite !
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