Chapitre 55 : Le Grand Rock de nuit (partie 1)

Par Kieren

Ma chienne continuait de renifler la piste de Sifil, toujours plus profondément dans la forêt. Cela faisait maintenant 6 heures qu'on la cherchait, il était bien nécessaire de faire demi-tour un moment ou un autre, mais nous avions encore du temps avant le coucher de soleil, alors o cotinuait.

Tout le monde progressait en silence, Billy cherchait des proies, Théo s'arrêtait ça et là pour regarder sous les feuilles afin de trouver des insectes, mais c'est la Gamine qui nous arrêta en poussant un cri :

« Wouah ! La saloperie, ça fait mal ! Dégage ! Dégage ! » Et elle recracha une grosse chenille bleu avec quelques poils, cette dernière se roula en boule après le choc d'avoir failli se faire boulotter.

« Gamine, je croyais que tu avais passer l'âge de goûter tout ce qui traîne par terre. C'est plus ou moins sale et c'est plus ou moins dangereux. »

« Je n'y peux rien, j'ai faim. Et une chenille aussi dodue que ça c'est forcément nutritif. Donc bon pour la santé ! »

« Sauf que là jeune fille, tu as voulu grignoter une chenille de Grand Rock de nuit. Ce n'est pas très malin. » fit remarquer Théo. Il ramassa l'insecte grâce à deux feuilles et le fit examiner à la Gamine. « Vois-tu, ces bestioles aiment bien rester dans nos régions. Elles se nourrissent d'aubépine, de cerisier. Mais elles ont comme particularité de produire de l'électricité. Et pas qu'un peu. Là tu as posé une chenille sur ta langue, et tu as dû recevoir une sacré décharge. Alors ne t'avise jamais de faire de même avec un cocon, ou encore avec le papillon.

La chenille pique, le cocon te choque, le papillon te crame. Donc fais bien gaffe, tu les reconnaîtras facilement, la chenille, le cocon, le papillon, ils sont tous bleus, et le papillon est gros comme ma main. Au fait, où l'as-tu prise cette chenille ? »

« Juste là, avec les autres. » la Gamine pointa un petit arbuste qui contenait plusieurs chenilles bleu azur. Le végétal était déjà bien grignoté. Théo sourit et déposa l'ancienne pensionnaire à sa place.

« Voilà petite chenille. Te voilà de retour à la maison. N'empêche Gamine, c'est dangereux de manger des insectes qu'on ne connaît pas. Tu aurais pu t'empoisonner. »

« En quoi est ce que ça vous concerne, Homme Noir ? » répondit elle sur un ton dédaigneux. Théo ne se débina pas.

« Ça me concerne parce que j'ai moi même déjà expérimenté des milliers d'insectes, des normaux, comme des imagos. J'ai déjà fait la même connerie que toi aujourd'hui, avec la même bestiole, et je trouve ça dommage qu'il y ait encore des personnes pour tomber dans le panneau. La prochaine fois, demande-moi, et je te dirai si tu peux la manger ou non. »

« Et pourquoi vous ferais-je confiance ? »

Théo se frotta les cheveux, en pleine réflexion, et puis : « Fondamentalement, et pour l'instant, je ne peux te donner aucune preuve pour que tu puisses me faire confiance. Je te jure être quelqu'un de bienveillant, mais il n'y a que toi qui puisse te faire un avis. Un peu comme lorsque tu as dégusté la chenille : tu as voulu faire ta propre expérience. C'est tout à ton honneur. Maintenant fais pareil avec les gens du village, moi, Billy, Riton ; prends ton temps pour les découvrir, laissent leur à eux aussi une chance de te connaître. Nous ne sommes pas tes ennemis. Nous aimons le Vieux, il s'occupe de vous, on fera de même. Prends ton temps, mais laisse-nous une chance. Laisse-nous une chance... »

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