Chapitre 5 - Le Sanctuaire

Notes de l’auteur : Bonjour ou bonsoir cher ami lecteur et lectrice! Vous êtes quelques uns à persévérer, curieux de savoir ce qui va bien pouvoir arriver à nos quatre amis et sachez que cela me fait chaud au coeur et me motive d'autant plus! ^^ Sina

La jeune fille resta abasourdit devant ce qui se révéla à ses yeux, incapable de dire quoique ce soit. Après un désert immaculé sans une trace de vie et des tunnels sombres abandonnés, elle faisait face au club le plus improbable qu’elle n’est jamais vue, gorgée d’une foule absurde. La salle était tout simplement immense, aux dimensions titanesques, aussi bien en largeur qu’en hauteur. C’était comme recréer un stade olympique en sous-sol. Des projecteurs et des spots suspendus à des armatures métalliques crachaient de la lumière et des lasers colorés sur une foule animée tandis que des volutes de fumées artificielles embrumaient délicieusement l’espace, créant un splendide effet psychédélique. Après quelques secondes à observer les lieux, Sinead comprit son articulation. C’était une sorte d’arène constituée de multiple entrées et sorties donnant sur les différentes parties qui s’avérait n’être autre qu’une immense boîte de nuit. Dans une des parties de la salle, des escaliers surgissaient du sol et montaient en spirale pour donner sur des plates-formes à des hauteurs différentes. Certaines se rejoignaient, d’autres avaient plusieurs passerelles grillagées. Sinead fut légèrement bousculée par un groupe de jeunes gens qui semblait parfaitement savoir où ils étaient et qui s’apprêtait à passer la meilleure soirée de leur vie. Dans un élan de courage, elle les accosta.

- Excusez-moi ! Je me suis perdue… Où est-ce qu’on est ?

- C’est la première fois que tu viens ? s’exclama une des filles au maquillage coloré et à l’air survolté.

Le groupe se concerta rapidement avant de l’accueillir à bras ouvert.

- Bienvenu au Sanctuaire ! Moi c’est Livia, se présenta la jeune fille en lui prenant la main pour l’entraîner à sa suite.

N’ayant pas d’autre choix, Sinead décida de suivre le groupe pour essayer d’en apprendre le plus possible. Heureusement, Livia semblait être un vrai moulin à parole.

- C’est une amie à moi qui a découvert ce lieu. La première fois que je suis venue je n’en revenais pas ! Qui aurait pu imaginer un lieu pareil ? On vient danser ici dès qu’on peut. Les gens sont super. Je n’ai jamais vu une seule embrouille.

- Ca ne ferme jamais ?

- Jamais ! C’est dingue non ? Mais pas moyen de savoir qui sont les gérants. Et en vrai, on s’en contrefiche tant qu’on peut danser.

- Et la sortie ?

- Tu vois là où tu nous as accosté ? Il y a un petit hall juste derrière avec un ascenseur. Il te suffit de monter dedans, il t’emmènera directement à la sortie.

Sinead ne pouvait pas y croire.

- Et là-haut, on est à Paris ?

Livia éclata de rire.

- Où veux-tu qu’on soit ?

Alors qu’elles discutaient, le petit groupe s’était dirigé vers un coin du club où se rassemblaient plusieurs bars. Tout en avançant, Sinead laissait son regard survoler la foule en quête de son frère, Jewel ou Léna. Lorsque ses nouveaux amis voulurent partir se mêler à la foule de danseurs, elle réussit à les  abandonner, expliquant qu’elle devait absolument retrouver les siens. Livia lui dit de ne pas hésiter à revenir les voir, ils ne seraient pas loin. Ce fut donc le cœur un peu plus léger que Sinead entreprit de partir à leur recherche. Elle n’avait pas fait dix mètres qu’elle découvrit son frère accoudé à un bar. Elle se frotta les yeux pour être sûre qu’elle ne rêvait pas et se précipita sur lui, lui sautant littéralement au coup et manquant le faire tomber de sa chaise haute.

- Oh mon dieu tu es là ! s’exclama-t-elle. Tu vas bien ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Son frère lui décrivit son parcours exactement similaire au sien à quelques détails prêt, le réveil dans le tunnel et la découverte du Sanctuaire. Le hasard avait fait qu’il avait retrouvé Jewel dans les tunnels avant de trouver Léna dans le Sanctuaire. Il en profita pour faire un signe vague vers la foule de danseurs.

- Elles doivent être quelque part là-dedans.

Sinead resta quelques instants, atterrée.

- Sérieusement ?

Son regard tomba alors sur le verre de son frère.

- Et qu’est-ce que tu fais avec ca ?

- C’est de l’eau. J’avais soif. Par contre je suis sûr que Jewel n’a pas bu que de l’eau. C’est pour ça que Léna est partie garder un œil sur elle.

Sinead sentit la colère la gagner mais elle se reprit vite. Ils étaient épuisés et déboussolés. Ca ne servait à rien de s’énerver. De plus, elle connaissait trop bien Jewel pour ne pas savoir comment son amie réagirait en découvrant un lieu pareil. Mais elle allait quand même entendre parler d’elle. C’était quand même un sacré un coup de chance que d’avoir retrouver son frère, Jewel et Léna aussi vite. La boîte était immense. Sinead ne préféra pas s’attarder là-dessus. L’important était avant tout qu’ils se soient retrouvés. C’est alors que Léna surgit de la foule, l’air renfrogné. Son regard s’illumina en découvrant Sinead et elle se jeta dans ses bras.

- Comment nous as-tu retrouvé ? J’ai eu tellement peur.

- Le hasard.

Sinead se sentit inondé par le soulagement. Après ces retrouvailles, son amie redevint sérieuse.

- Jewel va être insupportable. Elle n’arrêtait pas de nous dire de ne pas nous inquiéter, qu’on finirait par te retrouver.

- Je vais aller la chercher. Il faut qu’on discute. J’ai trouvé la sortie.

Elle venait seulement de s’en rappeler, trop happée par les retrouvailles. Ses deux acolytes ouvrirent de grands yeux ahuris.

- Restez ici, je suis de retour dans deux minutes, juste le temps de la trouver.

Maintenant qu’ils avaient trouvé la sortie, il fallait impérativement qu’ils sortent d’ici avant que le monde ne bascule de nouveau. La tempête les avait propulser ici mais à quoi tout cela rimait ? Y avait-il un sens à tout cela ? Ou même une explication rationnelle ? Sinead ne savait vraiment plus quoi penser. Dans l’immédiat, il fallait extraire Jewel de ce lieu et cela promettait d’être difficile. S’il y avait eu un lieu au monde qui correspondait à son amie, c’était bien ce fameux Sanctuaire.

Descendant au milieu des danseurs, Sinead se retrouva bientôt traversé par des frissons. Le rythme était entêtant et ne demandait qu’à se laisser aller. Doucement, elle sentait son cœur se régler sur les basses. Elle devait concentrer toute son énergie à garder la tête froide. Elle ne voyait plus les autres, c’était une mer infinie de visages et de corps à moitié modelé d’ombres, une bulle ou on pouvait s’oublier. Alors qu’elle commençait à perdre pied, un mouvement trop reconnaissable attira son attention comme un phare. Un sourire grandit sur son visage, amusé. Elle aurait reconnu son amie même au milieu d’une marée humaine, sa chevelure brune et sa façon de se mouvoir lui était tellement familière. Jewel dansait seule, comme en transe, un sourire immense sur le visage et les yeux clos. Pendant quelques instants, Sinead resta là, immobile, à la regarder danser, si paisible, si heureuse. Elle semblait être dans une harmonie parfaite avec les lieux. A la contempler comme ca, on avait envie de se joindre à elle. Elle semblait libérée de toute entrave, de tout souci. Qui ne voudrait pas gouter à cette euphorie grisante qui semblait l’habiter ? Sinead était si tenter. Mais l’image de son frère et de Léna s’imprima dans son esprit et elle revient à la réalité. Peut-être une autre fois. Alors elle rentra dans la bulle d’insouciance de son amie et la sortie de cette danse utopique. Elle rencontra les deux grands yeux caramel de son amie. Entre les lumières colorées et les éclaires, on aurait dit qu’ils brillaient d’une lueur presque surnaturelle. Elle rayonnait, transpirant le bonheur par tous ses pores.

- Je savais que tu nous retrouverais, dit-elle toute guilleret, même pas surprise.

- Viens, lui intima Sinead en lui prenant doucement le bras.

Elle s’attendait à ce que son amie résiste mais celle-ci la suivit docilement. C’était un miracle. Elles purent rejoindre les deux autres rapidement à son grand soulagement. Les voilà de nouveau réuni. Sinead leur intima de la suivre. La porte par laquelle elle était entrée n’était pas si loin. Ils rejoignirent rapidement le hall et se retrouvèrent devant les portes de l’ascenseur. L’endroit était désert.

- Donc il suffit de prendre ce monte-charge pour rentrer ? répéta Jewel, dubitative.

- Qu’est-ce qu’on risque a essayer ? répondit Sinead, pas plus convaincue.

D’un commun accord, ils appelèrent l’ascenseur et montèrent dedans. Il n’y avait que deux boutons : celui pour descendre à côté duquel le mot Sanctuaire était placarder en majuscule, et celui pour monter, sans indication. La montée se fit dans un silence seulement dérangé par les couinements parfois inquiétants de la machine. Le voyage semblait interminable. Finalement, elle s’arrêta et les portes s’ouvrirent. Les quatre acolytes restèrent immobiles devant le paysage désertique qui leur faisait face.

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