Chapitre 4

La mère de la commissaire appela cette dernière alors que la première heure de visionnage s’était écoulée. Il était alors vingt-deux heures passées et madame Darais voulait arrêter là le film pour aller dormir, dans l’idée de reprendre le lendemain. Apparemment, sa mère voulait lui demander des nouvelles ; elle ne lui en avait pas demandé depuis deux ans. Martine avait donc décroché à contrecœur.

« Qu’y a-t’il, maman ? Comment vas-tu ?

- Toi, comment vas-tu ? Je n’ai pas grand-chose à raconter, tu sais, si ce n’est que je suis allé au Supermarché, à la banque, et que j’ai terminé mon travail quotidien.

- Je vais bien, je travaille. Tu voulais me demander quelque chose ?

- Ah ! Tu es à Paris ? Il faudrait que nous nous voyions. Comme tu le sais (Oh non !), j’ai divorcé avec ton père il y a de cela une dizaine ou une vingtaine d’années (quinze ans et deux mois, c’est ça). Mais je ne lui ai pas demandé assez (qu’est-ce qu’elle veut… allez, synthétise !). Il est mort et j’aimerais avoir ma part d’héritage malgré le fait que nous soyons divorcés, tu t’en doutes. Tes sœurs et moi nous verrons donc lundi prochain après leur rencontre avec le notaire et je leur demanderai une somme juste et équitable. »

 

Elle insista sur ce dernier mot avec une telle vigueur que Martine sursauta. Qu’est-ce que… Elle qui pensait que sa mère la supplierait de l’excuser pour toutes ses erreurs, lui demanderait de l’aide pour se relever et reprendre vie, puis pleurerait. Alors Martine aurait fait semblant d’être en colère, puis la pardonnerait, et pleurerait en chœur avec elle avant de l’aider.

Mais tout cela n’était pas arrivé. Au contraire.

« Ma retraite anticipée commence demain, reprit sa mère. Je compte bien partir finir mes jours dans un endroit moins paumé que cette foutue campagne. Peut-être Las Vegas, pourquoi pas ? Après tout, ton père était comptable, c’était un riche qui maniait l’argent de gens toujours plus riches que lui. De ce fait, il n’a fait que s’enrichir lui-même. Maintenant, à nous d’en profiter ! J’ai attendu longtemps qu’il passe l’arme à gauche. Après tout, c’est toujours les pires qui meurent en dernier !

- Je viendrai lundi. Mais si tu es toujours vivante et non ton ex-mari, c’est que tu ne vaux pas mieux que lui.

- Ton père… ton père était un malade mental ! Je me suis mariée avec lui pour l’argent qu’il allait obtenir !

- Mon père était un con. Et tu ne vaux pas mieux que lui. »

Martine raccrocha et jeta son téléphone le plus loin possible. Il était peut-être fracturé, elle s’en moquait.

Alors elle pensa « quelle idiote ».

Et elle éclata en sanglots.

Que la vie était dure. Les Hommes étaient tous si fous, si déraisonnables ? Si inhumains, justement ? Martine était choquée, elle pensait à ce monde si vaste, et rempli de « malades mentaux » tels que son père, de profiteuses telles que sa mère. Alors les humains étaient-ils incapables de changer ? Etaient-ils ainsi, sans qu’il n’y ait espoir d’améliorer leur façon de vivre, de penser, sans qu’il n’y ait espoir de les rendre bons ?

A ce moment, Martine, en pleurs, pensa qu’il n’y avait plus d’espoir.

Elle devait voir Sinéad.

Seule celle-ci pouvait l’aider ! C’était Sinéad qui la sauverait de tout ça.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez