Chapitre 4

Interrogatoires : Affaire 391

Bartemius WALKER

Lien avec le décédé : voisin direct ; connaissance positive.

- Quand avez-vous vu votre voisin pour la dernière fois ?

- Lors d’un apéro, je crois… Il y a deux semaines. Quoique… Je l’ai sûrement revu depuis. Ah, je crois… Oui ! Il jardinait et je l’ai croisé il y a deux jours.

- Etiez-vous bon ami avec la victime ?

- Bien sûr, un très bon voisin, très sympathique, une personne tout comme il faut… Ce qui lui est arrivé est répugnant. 

- Avez-vous entendu des cris ? Du bruit, tout simplement ?

- Aujourd’hui, non, rien. Je n’étais pas là, j’étais parti me promener hors de la ville.

- Qu’entendez-vous par… « Aujourd’hui » ?

- Eh bien… C’est d’aujourd’hui que nous parlons donc…

- D’accord, mais, voulez-vous dire que dernièrement, un autre jour ?...

- Non, non, pas à ma connaissance. Je me suis mal exprimé, pardonnez-moi.

- Bon… Avez-vous quelque chose d’autre à nous dire ? Sachez qu’un rien est important ! Cet homme a été tué par balle. Avez-vous connaissance d’une arme à sa portée ?

- Non, pas du tout. Il ne possédait rien de tout cela, il n’était pas policier, encore moins militaire – je crois me rappeler qu’il était ingénieur –, et je ne le vois pas farfouiller dans des affaires illégales.

- Buvait-il de l’alcool ?

- Non, ni alcool ni substances illicites, je pense. Pas à ma connaissance, du moins. Je ne vivais pas chez lui, mais je ne le vois pas, franchement, boire des merdes pareilles. C’était un sympathique bonhomme, de ce que je connaissais de lui.

- Merci, monsieur Walker, nous n’avons plus rien à nous dire, je crois. Vous pouvez sortir. La loi m’oblige seulement à vous préciser que nous pouvons vous rappeler à tout moment, mais surtout… Qu’il y a cinquante pour cent de chances que le tueur soit un psychopathe qui peut revenir.

Interrogatoire mené par le représentant de la Police Nationale Jean Sauson, accompagné du magistrat Frédéric Taunzin et du greffier et réalisateur de cette page manuscrite ainsi que de sa version sur ordinateur Louis Polly.

Aucun alibi du fait de l’impossibilité de prouver ses actes par une tierce personne lors du crime.

Informations décelées : ...

 

Bartemius sortit du poste de Police Nationale en souriant. Il avait bien menti deux trois fois, mêlant vérité et mensonge dans les même phrases. Mais cela était pour se mettre hors de cause, et pour sauver une pauvre femme…

Il recroisa justement cette dernière, qui s’affairait à planter des choux, les larmes aux yeux. Bartemius lui demanda si elle allait bien.

« Un homme a tué mon mari… C’est la première fois depuis des années que je suis sans lui. Et je suis partagée… J’ai l’impression d’être triste et que, pourtant, c’est le plus beau jour de ma vie ! Suis-je un monstre… Bartemius ?

- Non, vous n’êtes pas un monstre. Vous êtes une femme libérée. C’est tout sauf un monstre. »

La femme le regarda d’un air étonné. Elle ne semblait pas avoir compris le sens de ces paroles. Bartemius secoua les épaules et reprit son chemin. Elle comprendrait bien vite, de toute façon…

Il rentra chez lui et alluma directement son Mac. Non pas pour jouer à Timfight Tactyque comme le lui proposa Cortina, mais bien pour préparer son prochain plan d’attaque. Pas de repos pour un sauveur, si inconnu et peu apprécié qu’il soit.

Rien que pour ce premier jour en tant que « A. H. », Walker avait dépensé pas moins de sept cents euros, dont la plus grosse part pour le fusil. Pourtant, il avait abandonné ce fusil et avait l’intention de ne plus jamais l’utiliser.

Mais il lui restait des milliers d’euros – merci maman. Comme on disait, les pères et surtout, les mères, sont toujours là pour nous sortir du besoin !

La prochaine personne qui allait être visée était cependant de bien plus grande ampleur. C’était le dirigeant d’un réseau de vente de drogue.

Qui n’avait jamais été arrêté par la police.

Et qui avait assassiné – indirectement – des milliers de gens. Par sa drogue, il avait utilisé des testeurs, dorénavant tous morts.

Bartemius Wolker souhaitait tuer le dirigeant d’un réseau courant toute la ville.

Son nom était Griselda Thomson.

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