Chapitre 21 — Rey

La conversation entre Finn et Ben s'allongeaient et je commençais à m'inquiéter quant à l'issue de celle-ci. Nous avions tous eu le temps de commander quelque chose et de bien entamer notre verre.

Et si Ben avait fait demi-tour à cause de Finn ?

Cette hypothèse m'angoissait terriblement. Après tout, ils avaient toujours eu du mal à bien s'entendre, d'autant plus ces derniers temps. Finn s'était montré extrêmement protecteur ces derniers temps. En même temps, nous avions tant vécu ensemble qu'il était impossible de l'ignorer l'un pour l'autre. Sauf que durant des années, j'avais ignoré les sentiments grandissants de Finn à mon égard. Je n'y avais pas songé un instant alors que c'était évident. Puis je m'étais ramené avec Ben, pour un faux couple, ce qui avait pu lui briser le cœur pendant un instant.

Parfois, je m'en voulais de ne pas avoir assez communiqué avec lui. Quelque chose nous avait échappé. Même s'il avait pu être insistant par moment, peut-être que nous n'avions juste pas été assez clairs sur nos ressentis.

— Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'ils ne sont pas en train de s'entretuer, tenta de me rassurer Poe.

— Je ne suis clairement pas aussi optimiste que toi, soupirai-je, un brin désespérée. Je connais Finn et Ben, et je sais qu'ils sont tous les deux prêts à se lancer dans une guerre improbable...

— Je ne pense pas. Je sais que Finn n'apprécie pas vraiment Ben... Mais il ne pourra rien fait contre tes choix.

Je m'avachis sur la banquette et croisai mes bras, un brin sceptique. Mon regard se perdit un instant sur ce bar où des tas de personnes s'étaient entassés depuis notre arrivée. Même s'il y avait énormément de place, beaucoup de monde s'était agglutiné en un rien de temps. Comme toujours, beaucoup passeraient leur temps dehors entre quelques clopes pour profiter d'un peu d'air frais et d'espace.

— J'ai quelques doutes là-dessus... Finn déteste vraiment Ben et d'autant plus ces derniers temps.

— Normal, il tient à toi et il ne sait pas toujours s'exprimer à ce sujet. Mais je suis sûr qu'il reconnaîtra avoir été trop impulsif avec toi.

Poe était si optimiste, si calme que c'en était perturbant. Surtout vu comment nous étions tous si impulsif. Finn n'était clairement pas le seul. Je l'étais, poussée par mes idéaux. Et Ben l'était, poussé par ses traumas. Nous avions tous notre manière à nous d'être à vif.

Je profitai de ce moment de silence pour prendre une grande gorgée de ma bière. Mon regard se posa un instant sur les deux bières qui attendaient impatiemment Finn et Ben.

Poe m'adressa un énième sourire rassurant tandis que Rose et Armie s'amusaient bien tous les deux. Ils riaient en chœur et avaient déjà bien entamé leur verre. Ces deux-là me surprendraient toujours. J'avais toujours un peu de mal à concevoir leur relation, mais ça avait l'air de leur convenir et de bien se passer, ce qui était le principal.

Au bout de quelques minutes, Finn et Ben nous rejoignirent. À en voir leur tête, ils n'avaient pas réglé tous leurs conflits, mais j'étais certaine que nous pourrions passer une soirée calmement. On attendrait demain pour raviver tous les problèmes du moment.

Ben venait à peine de s'installer à mes côtés que ma tête se logea sur son épaule. Il caressa délicatement ma chevelure. Pendant un instant, j'avais l'impression que ce bref moment de tendresse gêna Finn qui s'empressa de porter son verre à ses lèvres.

Je n'avais pas non plus envie de me montrer aussi collante avec Ben, mais quand j'y repensais, c'était bien la première fois qu'on s'affichait de nouveau ensemble auprès de notre entourage.

Malheureusement, il y avait toujours cette épée de Damoclès au-dessus de nous. Mon grand-père qui m'avait ignoré toute ma vie avait décidé de refaire surface. Il nous avait laissés nous enfuir sans trop de contraintes. Sauf que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il refasse surface dans nos vies. Entre temps, on allait devoir s'armer... Heureusement, dans le domaine de l'informatique, nous n'étions pas en reste. Trilla non plus.

Si jamais on le revoyait en travers de notre route, on saura l'affronter... Ensemble.

Je finis par me détacher de Ben et nos regards se croisèrent longuement. Même s'il y avait tous nos amis autour, je ne pouvais m'empêcher de me perdre dans ses iris. Ce fut Armie qui nous fit revenir à la réalité, par une brève toux.

— Vous feriez mieux de vous dépêcher parce qu'on a presque fini nos verres par ici, nous lança-t-il avec un brin de défi.

— Je me dépêche seulement si c'est toi qui me paies le prochain verre, renchérit de plus belle Ben.

— Ok, vendu.

Armie et Ben échangèrent un long regard, comme s'ils venaient tous les deux de se lancer dans le duel de leur vie. En même temps, il y avait toujours eu un brin de rivalité entre eux. Une rivalité qui avait pu se réveiller au vu des derniers évènements dans leur entreprise.

Je pris une rapide gorgée de mon verre, la main toujours posée sur l'épaule de Ben. Je ne pouvais plus le lâcher et je sentais le regard pesant de Finn sur nous. Sauf que cette fois-ci, il y avait autre chose dans ses yeux. Ce n'était plus l'habituelle haine et rancœur envers Ben, il y avait comme de la tristesse.

Cette tristesse, elle ne m'était pas du tout adressée à Ben. Elle m'était adressée. Comme si j'avais brisé quelque chose en lui. Avait-il encore des sentiments pour moi ? Ou était-il peiné de me voir retomber dans les bras de Ben ?

Notre échange de regard commença à devenir gênant et il finit par se tourner vers Poe, pour se lancer dans une énième discussion. Alors, j'avalai de nouveau une grande gorgée de mon verre en me disant que j'avais peut-être fait une erreur auprès d'un ami. Peut-être qu'il comprenait, mais je ne pouvais m'empêcher de culpabiliser...

 

*

 

— Non, tu ne me ramènes pas en voiture dans cet état ! En plus, tu l'as laissé là-bas...

Ben me prit par la taille pour me serrer contre lui. J'avais résisté un moment, dirigée par l'ivresse du moment, mais cette fois-ci, je me soumettais totalement à lui. Mes yeux dans les siens.

Tout notre groupe d'amis venait de se dissoudre pour rentrer calmement chez soi. Alors nous étions seuls. À quelques pas du bar, sur un trottoir presque vide et seuls quelques réverbères clignotants nous accompagnaient pour ce moment.

Je pris son visage entre mes mains. Mon pouce glissa délicatement jusqu'à sa cicatrice. J'avais l'impression qu'elle était moins profonde qu'auparavant. Ou peut-être que je m'y étais fait. Mon contact sembla le brusquer quelque peu. Ses lèvres se pincèrent et il respira lourdement. Il n'aimait vraiment pas cette cicatrice. Et je ne pouvais que le comprendre.

Ses lèvres rencontrèrent brusquement les miennes. Il m'embrassa à pleine bouche, me prenant de court. Et je répondis de plus belle à son étreinte. Mes mains, toujours posées sur son visage, amplifiaient ce geste. Et durant de longues secondes, nos bouches valsèrent entre elles.

Quand il se détacha de moi, j'étais à bout de souffle et mes yeux fixaient d'un air languide ses lèvres, comme si je n'en avais pas eu assez. Alors, il déposa un bref baiser sur celles-ci, comme une douce caresse.

— On rentre à pied jusqu'à chez toi ? me proposa-t-il dans un murmure.

Je me contentai de hocher timidement la tête et il emboîta directement le pas. Il me prit la main et je m'agrippai alors à son bras, me collant à lui. Il m'adressa un petit sourire heureux que je lui rendis immédiatement.

Ce trajet, nous le connaissions si bien. Nous en avions pris l'habitude chaque vendredi soir. On traînait entre amis et ensuite, on marchait de longues minutes. Parfois, on restait silencieux tout le long. D'autres fois, on échangeait des tas de conneries en tout genre – dépendant de notre niveau d'alcoolémie.

D'habitude, on ne se posait même pas la question d'où on finirait la soirée. On habitait dans le même immeuble. C'était bien plus simple pour se voir à cette époque. À tout moment, on pouvait débarquer chez l'autre juste pour un café ou pour y passer tout le week-end. Il y avait une certaine légèreté dans nos échanges... Une légèreté que nous avions perdue depuis.

Même si j'étais heureuse de l'avoir retrouvé, j'avais l'impression que tout était devenu bien plus sombre, bien plus compliqué. Je savais qu'on était encore loin d'être tiré d'affaire. Et je craignais que chaque moment qu'on passerait ensemble puisse être écourté à tout moment. Alors, je m'accrochai à lui de plus belle, juste au cas où.

Quand on arriva devant mon immeuble, il composa le code de mémoire, sans sourciller un instant. Je me redressai assez surprise et il se contenta de me sourire, tendrement. Puis il me glissa jusqu'à l'ascenseur. Ses yeux fixaient mes lèvres, encore avec l'envie de m'embrasser d'une voluptueuse fougue. Mais il se retint et m'observa de long en large.

Ses yeux me dévisageaient de haut en bas, comme s'il me redécouvrait. Son regard innocent m'attendrissait terriblement et je savais que dès que je franchirais le seuil de mon appartement, je me collerais à ses lèvres.

Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, il me prit par le poignet et m'entraîna avec lui. Il connaissait encore à la perfection le chemin jusqu'à mon appartement, comme si c'était hier.

Il se posa contre le mur à côté de la porte de mon appartement et croisa les bras en attendant que je lui ouvre. Sauf que je ne pus me retenir d'observer la vue. Il avait une chemise noire qui lui seyait à merveille. Même si j'avais pu rire de son goût prononcé pour le noir, c'était probablement ce qui lui allait le mieux. Encore une fois, j'avais envie de me pendre à ses lèvres, mais je retins mes hormones et cherchai mes clés dans mon sac pour lui ouvrir.

Je le fis entrer en premier et fermai la porte aussitôt derrière moi pour me plaquer contre celle-ci. Mon souffle se coupa un instant avant de me jeter à ses lèvres pour les embrasser de plus belle. Un sauvage baiser que je pouvais enfin me permettre maintenant que nous étions dans un lieu bien plus intime.

Il posa ses mains sur mes cuisses qu'il caressait délicatement tandis que nos corps se collaient. Je sentis le désir monter en lui contre ma taille. Notre baiser s'emballa et mes doigts se glissèrent jusqu'aux premiers boutons de sa chemise. Il m'arrêta en s'emparant de mes mains. Mes lèvres se détachèrent des siennes et mon regard se plongea dans le sien.

Pendant un long moment.

Il y avait vraiment quelque chose de différent dans nos rapports sans que je ne puisse déterminer quoi. Comme une nouvelle complicité. Ou peut-être que nous l'avions retrouvé.

J'aurais pu rester suspendu à ses yeux durant des heures tout comme aller jusqu'au bout de ce désir charnel. Les deux m'allaient. N'importe quelle solution me satisferait tant que j'étais avec lui.

Il repoussa quelques mèches de mes cheveux, un doux geste, qu'il accompagna d'un baiser avec la même tendresse. Mes mains étaient encore posées sur son torse, maintenues par les siennes. Il m'interdisait de le déshabiller, alors que je n'attendais que ça. Il me connaissait si bien...

— Tu veux qu'on se pose dans ma chambre ? lui demandai-je dans un murmure.

— Je te suis, peu importe où tu vas...

Je pris sa réponse comme une affirmative et je l'entraînai jusqu'à ladite chambre. Immédiatement, je le fis s'asseoir contre le rebord du lit. Mes lèvres goûtèrent une nouvelle fois aux siennes. Je l'allongeai délicatement sur le matelas.

Mes mains, de nouveau, atteignirent les boutons de sa chemise. Cette fois-ci, il ne me résista pas et en profita pour poser ses mains sur mes fesses. Alors que je déboutonnai rapidement sa chemise, ses doigts s'enfoncèrent dans ma chair. Nos lèvres continuaient de se lancer un duel sans merci, comme mes doigts et ses boutons.

Mes cheveux tombèrent en partie sur son visage et je les dégageai aussitôt. Pendant un instant, je le regardais lui et sa magnificence. Mon index dessina les traits de son visage puis je caressai délicatement ses lèvres. Ses lèvres charnues. Ses cheveux avaient pris quelques centimètres et ça le rendait d'autant plus séduisant. Il y avait presque un côté plus sauvage ainsi.

Il me laissa ce temps de répit où je me perdais dans son regard, dans son visage... Ses mains étaient calmement posées sur ma taille, sans susciter le moindre intérêt charnel. Juste un moment de pause. Celui-ci fut écourté quand mes lèvres se plaquèrent de nouveau aux siennes.

Nos corps s'emballèrent de plus belle, à l'unisson comme au bon vieux temps. Cette époque où nous étions insouciants et que notre seul problème à l'horizon était de connaître la profondeur de nos sentiments.

Je le dévêtis de sa chemise et déposai quelques baisers sur son torse. Ses doigts caressaient délicatement les courbures de mon dos. J'avais beau me cambrer, je ne cessai d'embrasser sa douce peau. Puis mes lèvres revinrent un instant sur les siennes.

Encore une fois, on s'arrêta, juste pour nous regarder un moment. Après tout, nous avions toute la nuit devant nous. Nous pouvions prendre notre temps... Surtout qu'il nous fallait vraiment du temps pour nous retrouver.

Ses lèvres se glissèrent dans ma nuque et éveillèrent mes sens de plus belle. Une douce et chaude pression émergea dans ma poitrine. Mes bras l'enroulèrent et mes mains vinrent se poser dans ses cheveux, une position simple pour mieux apprécier son contact.

Puis il me retira mon chemisier. Ses lèvres se posèrent alors sur ma poitrine, entre mes deux seins, pour y déposer quelques baisers.

Je le fis basculer pour l'allonger dans le lit et repris le dessus des baisers, me plongeant dans ses lèvres. Immédiatement, ses mains s'étaient frayé un chemin jusqu'à mes hanches.

On s'arrêta de nouveau, dans une longue expiration commune, puis je m'allongeai à ses côtés pour me coller à lui, tout en riant. Il m'enroula de ses bras et mon visage se posa dans son cou.

— Je crois que je suis complètement crevée, finis-je par lâcher, un sourire en coin.

— À vrai dire... Je crois bien que moi aussi.

Et on éclata de rire en chœur. Une brise d'insouciance nous parcourut et les bras de l'autre furent tout ce qui nous suffisait pour le moment... 

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Jess Swann
Posté le 16/05/2021
Oh ils ne peuvent pas s'arrêter maintenant :(
J'ai bien aimé ce chapitre et la chemise seyante de Ben (hem attention aux coquilles quand même ^^). J'aime de plus en plus Armie, il est cooooooool
MissRedInHell
Posté le 18/05/2021
Oopsie :x
Huhu je vais corriger les coquilles ^^'
Armie, clairement un de mes fav dans les personnages secondaires. J'adore tellement le développer entre quelques chapitres :3
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