Chapitre 2

Par Dzoody

Au dernier rang de la classe, Alma était avachie sur sa chaise qui grinçait chaque fois qu’elle bougeait, le regard dans le vague. Le cours de magie élémentaire ne l’intéressait pas du tout et elle s’ennuyait à mourir dans la salle remplie d’élèves concentrés. Elle poussa un soupir de lassitude qui lui valut des regards noirs. Elle ne s’en excusa pas pour autant. 

  Le professeur, un petit vieux barbu faisait les cent pas sur l’estrade en récitant son cours, pas le moins dérangé par la multitude d’élèves qui l’écoutaient. 

  Si elle avait su que ce cours portait sur les bases de la magie élémentaire elle en aurait choisi un autre, sachant que les élèves sont libres de choisir les cours qui les intéressent. En vérité elle n’avait pas lu le programme de la journée et était entrée dans le premier bâtiment devant lequel elle passait. Maintenant elle s’en voulait terriblement. 

  La cloche de l’Académie finit par sonner et Alma sauta hors de sa chaise avec entrain, pressée de sortir de cet endroit. La journée venait à peine de commencer et elle avait déjà envie de rentrer chez elle. Sauf si elle trouvait un cours qui pouvait l’intéresser. Un endroit où elle ne serait pas assise sur une chaise à écouter un professeur déblatérer son cours dans un amphithéâtre rempli d’élèves pendant une heure. 

  En sortant dehors elle hésita entre trouver un cours intéressant ou ne pas aller en cours du tout. Finalement après une dizaine de secondes, elle décida d’aller se poser quelque part pour ne rien faire le temps d’une heure. 

  Alma choisi les bords du lac près de l’Académie qui devaient être calme à cette heure, si on se mettait au bon endroit. Elle s’allongea dans l’herbe fraiche et douce, les mains derrière la tête, et l’odeur de la verdure lui emplit les narines. Il n’y avait pas de vent, les quelques arbres lui faisaient de l’ombre et le soleil faisait miroiter l’eau scintillante, elle ferma les yeux et profita de cet instant de calme et de tranquilité. Quelques personnes se trouvaient sur les bords, des couples qui se tenaient par la main, leur regard embrasé par l’amour, des familles venus profiter du beau temps et des couleurs florales qui égaillaient leurs journées. 

  Souvent elle sortait de l’Académie entre deux cours pour se relaxer. Rester dans l’école était trop étouffant et il y avait beaucoup de monde.

  —Tiens tiens tiens. 

  Des pas se rapprochèrent. Elle compta. Une. Deux. Trois. Trois personnes se dirigeaient vers elle. Elle ne se leva pas pour voir de qui il s’agissait. Elle n’ouvrit pas les yeux non plus. 

  —Alors l’élève prodige, on sèche les cours ? dit une voix féminine. 

  Alma tiqua. Élève prodige. Elle détestait ce nom. Elle était bien loin d’en être une. 

  —Tu joues à la rebelle maintenant ? ajouta-t-elle, la voix remplit de malice. 

  Elle resta silencieuse et les deux autres se marrèrent. 

  Pénélope et compagnie. 

  Elle avait reconnu sa voix et ouvrit doucement les yeux. Elles étaient toutes au-dessus d’elle, un sourire supérieur sur les lèvres. 

  En fin de compte elle regretta de ne pas être allée en cours. Voilà qu’elle se coltinait des pétasses qui ne cherchaient rien d’autre que leur besoin de recouvrer leur dignité.

  —Pourquoi vous êtes là ?

  Pénélope eut un rire sans joie.

  —Pourquoi ? Pour me venger. 

  Pénélope accompagna sa réponse d’un coup de pied dans le ventre d’Alma. Ses yeux marrons lançaient des éclairs et la colère qui apparut sur son visage la défigurait. Elle qui faisait toujours attention à son apparence de poupée avec ses cheveux blonds, ses paumettes hautes et pincées de maquillage. Sans la quitter des yeux Alma encaissa le coup sans broncher.

  —Tu aimes bien jouer à la dure, hein ? 

  Elle reçue un deuxième coup de pied au même endroit mais resta de marbre. 

  —En ridiculisant les autres et les faisant perdre avec tes duels, cracha-t-elle la voix remplie de haine. 

  —Ce sont les gens qui me proposent des duels, je ne fais que les accepter. 

  Pénélope s’énerva. Pour de bon cette fois ci. Ses poings se serrèrent et cette fois elle se rapprocha d’Alma pour la prendre par le col de son uniforme. 

  Un coup de poing vola. Joue droite. Alma aurait une belle ecchymose le lendemain. 

  Cependant ce n’était pas un petit coup qui allait la faire plier. Elle continua de regarder Pénélope droit dans les yeux. Sans faillir.  

  Elle ne réagissait toujours pas, savourant l’effet que cela produisait. 

  —Tu fais la fière. Tu sais qu’en dehors de l’Académie il n’y a aucune règle alors pourquoi tu ne réagis pas ! hurla-t-elle furieuse. Tu as gâché ma réputation. Je te jure que tu vas t’en souvenir toute ta vie. 

  Elle lui asséna un autre coup de poing mais dans le ventre cette fois. Alma avait mal mais ne disait rien. Certes elle se battait souvent et avait souvent recours à des duels pour libérer certaines frustrations, mais cette fois elle préféra se laisser faire pour frapper plus fort derrière. 

 Ces deux acolytes, elles, étaient sceptiques. Au début elles riaient bien et encourageaient Pénélope mais ont bien vu la tournure que prenaient les choses et ont vite battu en retraite.

  —C’est bon Pé, je crois qu’elle a compris, dit la petite brune derrière. 

  —Nan elle a pas compris ! Regarde-la. Elle ne réagit pas c’est comme si je ne la touchais pas. Elle se croit invincible cette salope !

  Des coups et encore des coups. 

  Alma avait assez pris, c’en était assez. Pendant que cette blonde haineuse regardait ses amies elle en profita pour s’assoir et lui envoyer un coup de poing qui la fit valser. 

Invincible hein ? Oui. Et elle allait lui montrer que si elle comptait lui mettre une raclée elle se trompait lourdement. 

  Pénélope geint et se toucha la joue. Quelle fragile. 

Alma se rapprocha d’elle, toujours aucune expression sur le visage contrairement à celui de Pénélope qui arborait une expression moins sure. 

  Un coup de pied et la blonde tomba dans l’eau. Il n’y avait pas de courant et heureusement le lit du lac n’était pas profond. 

  —Lagorega ! 

  L’énergie de l’eau frémi et se souleva suffisamment haut pour faire paniquer Pénélope qui se mit à nager dans le sens opposé, en vain. La vaguelette s’effondra sur elle. Les deux autres filles restaient sur le bord, choquées, incapables de bouger. 

  Quelques secondes plus tard elle ressortit, le visage bloqué entre la surprise, la peur et la colère. 

  —En dehors de l’Académie il n’y a aucune règle n’est-ce pas ? se moqua Alma. 

  Elle lui sourit effrontément ignorant le tiraillement douloureux de sa joue avant de s’en aller sans se retourner et entendit dans son dos : 

  —Oh Lilou, Inès venaient m’aider au lieu de la regarder, bande d’incapables. 

  Une victoire de plus. 

 

 

*****

 

 —Alma !

  Elle fit volte-face. 

  —Loréa, comment tu vas ?

  Ignorant sa question, la petite brune lui hurla dessus : 

  —Pourquoi tu ne m’as rien dit !

  —Pardon ?

  —Tu as mis une raclée à Pénélope ce matin, tu aurais pu me le dire ! Mais à voir ta tête tu as aussi pris quelques coups !

  Alma se massa le front. 

  —Déjà ? demanda-t-elle. 

  —Eh oui ma chérie les nouvelles vont vite dans cette Académie de malheur.  

  En effet les informations tournaient très vite par ici. Les élèves adoraient les rumeurs et s’adonnaient beaucoup trop à les répandre voire même à les créer. Malheureusement pour elle, les rumeurs là concernant étaient assez nombreuses, surtout à propos de ses combats. Les avis divergeaient aussi beaucoup, allant de l’admiration à la jalousie pure. Mais elle avait cessé de s’y intéresser dès qu’elle a vu que les gens y accordaient trop d’importance, sans forcément déceler le vrai du faux. 

  —Mais au fait j’aimerai bien savoir pourquoi ?

  —On raconte quoi d’ailleurs ?

  La bouche de Loréa se tordit. 

  —C’est pas bon c’est ça ?

  —Disons que… ils ont été inventif cette fois. 

  Alma haussa les sourcils, curieuse. 

  —Tu lui aurais piqué son petit copain et elle se serait vengée. 

  Après un petit silence le temps de bien comprendre Alma s’esclaffa. Loréa en fit de même. Dans le couloir bondé, leurs rires attirèrent les regards. Alma coeur de pierre était en train de rire ! Bien sûr que cela en choquait quelques-uns. 

  —Donc je sais bien que ce n’est pas pas la vraie raison, alors dis-moi s’il te plait !

  Calmée de son fou rire, elle lui expliqua :

  —Elle voulait bien se venger mais pas pour la même raison. Elle me reproche d’avoir gâché sa réputation et que les duels ridiculisent les gens. C’était trop drôle franchement t’aurais vu sa tête, la colère la défigurait ! 

  —Juste pour ça ?

  Alma soupira. 

  —C’est désolant de voir à quel point les élèves de cette école accordent de l’importance à des choses si futiles. 

  —C’est clair. Bon en attendant on va rater les prochains cours tu vas où toi ?

  —J’ai un cours obligatoire de chimie magique avec madame Crinaly et toi ? 

  —J’hésite entre cours élémentaire ou médecine magique. 

  —Médecine magique sans hésiter ma poule. 

  —Je te fais confiance. Mais si c’est nul je te fais la peau en sortant !

  Elles rigolèrent et se séparèrent pour rejoindre leurs cours respectifs. 

  Les cours de chimie magique étaient dans les sous-sol sombres de l’Académie. Les élèves y créaient des potions et pratiquaient toutes sortes d’expériences, parfois sérieuses et réussis, d’autre complètement folles et… dangereuses. Il se pourrait même qu’Alma est fait exploser un laboratoire un jour…

  Mais le cours du jour portait sur les potions d’invisibilité qui n’avaient normalement aucun risque d’exploser et sa professeure semblait ravie du sujet. 

  —Bien comme vous le savez tous il existe plusieurs sortes de potion permettant de rendre invisible, aujourd’hui nous nous intéresserons non pas à son utilisation en combat mais à sa conception.

  Chaque élève possédait sur son pupitre tout le matériel nécessaire pour cela et personne n’avait besoin de se mettre en binôme. C’était bien là l’utilité et l’avantage des cours obligatoires. Les élèves en avaient peu, quelques-uns par semaine et Alma les appréciaient pour la plupart, surtout parce que ce n’était pas des cours en amphithéâtre sur des leçon inutiles, mais plutôt des cours où les élèves devaient s’investir. 

  Comme elle s’y attendait, le cours avait été très intéressant et agréable, peut-être était-il passé un peu trop vite à son goût. La préparation violette sur son pupitre n’attendait plus qu’à être versée dans une des fioles transparentes qu’elle rangerait auprès de son artillerie à un endroit bien caché et efficace. Au niveau de sa cuisse droite, sous sa jupe. 

  —Rappelait vous bien qu’une potion est toujours une arme extrêmement redoutable. Rapide, efficace si elle est bien préparée et surtout, secrète. Votre ennemi ne sait pas ce qui l’attend, c’est ce qui rend les potions si dangereuses. 

  Alma adorait les potions. C’était des armes tellement pratiques et instantanées sans même le besoin d’une incantation. Mais surtout, surtout, elle les aimait parce qu’elles représentaient un dernier espoir pour un magicien. Dos au mur et sans plus aucune énergie magique, un magicien possédait un atout formidable avec ses potions. 

  —Ne versez pas votre potion en fiole, pas encore. Elle n’est pas terminée, annonça madame Crinaly. 

  Les élèves échangèrent des regards étonnés. 

  —Pour finir cette potion vous aurez besoin d’une plante spéciale, la fleur d’Halfelin. Bien sur je ne vous dirai rien de plus à son sujet, je préfère vous laisser le plaisir de le faire vous-même. 

  Un râlement général s’éleva dans la salle qui amusa la professeure, fière de son coup. 

  —Oh et bien sûr, ajouta-t-elle en distribuant des parchemins à chaque élève d’un coup de claquement de doigts, vous finirez la potion de votre côté pour me la rendre en début de semaine prochaine. Bon courage mes chers élèves !

  La cloche sonna et les élèves sortirent las d’un devoir de dernière minute. Pourtant Alma, elle, n’avait eu aucune réaction par rapport à cela. Elle était intriguée par tout autre chose.Elle s’approcha du bureau où madame Crinaly était assise et demanda de but en blanc.

  —Où puis-je trouver la fleur de Klawi ? 

  La professeure releva immédiatement la tête pour fixer la jeune élève qui venait de parler. Cette question l’avait étrangement surprise. 

  —Pourquoi veux-tu savoir cela ?

  C’était au tour d’Alma d’avoir une moue surprise. 

—Je connais presque toutes les fleurs du royaume pourtant il s’agit de la seule dont je n’ai jamais vu ni la forme ni la couleur. Alors je me demandais si je pouvais m’en procurer quelques-unes pour faire des tests. 

  Madame Crinaly ferma soudainement son livre et se leva brutalement. 

  —Tu ne peux pas, répondit-elle un peu trop sèchement. 

  Alma recula d’un pas frappée par le ton de ses mots. S’en rendant compte la professeure lui sourit un peu trop faussement :

  —Il n’y a plus de Kawi depuis plus d’un siècle et tu n’en trouveras nulle part, toutes ont été détruites. 

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Elora
Posté le 10/04/2021
Alors là, je suis jalouse ! Choisir ainsi ses cours est un vrai rêve !
Alma a beaucoup de chance, les cours sont biens et, je trouve, assez diversifiés.
Pénélope est une vraie garce, c'est son problème si elle a été ridiculisé au combat.
Cette fleur de Kawi me laisse perplexe, est-elle dangereuse au point qu'on l'ai détruite ? Il se cache quelque chose derrière cette fleur, je me demande bien quoi !
Dzoody
Posté le 10/04/2021
Oui ! ça doit être trop cool et tout le monde en rêve et je me suis demandé à quoi ça pourrait ressembler et voici ! en plus il faut satisfaire tout le monde et ce n'est pas chose aisée !
Il faut toujours un mauvais personnage pour s'opposer à l'héroïne !
comme il me tarde d'écrire au sujet de cette fleur !
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