Chapitre 2

Martine vit passer quelques policiers, deux-trois personnes qui souhaitaient faire une déclaration ou déposer une plainte. Une blonde au visage pâle, à la forme ovale, au teint blême, se trouvait devant le comptoir de réception. Sa physionomie ne pouvait être qualifiée que de… triste. Froide. Décevante pour tout homme qui l'aurait vue sur une photo pourtant trafiquée de Tinder. C'était exactement ce qui était arrivé à l'ancien mari de Martine il y avait quelques années. Et avec cette femme.

Ses cheveux blonds ondulés étaient sûrement la seule caractéristique physionomique qui pouvait plaire. Elle possédait un horrible front étroit, presque aplati, des yeux enfoncés et entourés de cernes multiples, un nez aquilin, une bouche charnue, de légères pommettes – peut-être qu'à vrai dire, cela aurait pu passer et l'embellir si ses joues ne commençaient à se creuser –, un menton pointu.

Avec ses guenilles pour vêtements, entre le crop top usé pour fille de joie et le short plein de faux trous, voulant faire « rapiécé », comme s'il ne l'était déjà pas sans ces horribles trous faits à la machine. Et Martine Darais était presque sûre que ces vêtements avaient été faits par des enfants en Thaïlande !

Le corps de cette blondasse était décharné, difforme et bancal. A la limite du maladif. Pas pour la rousse, non ! Pour ceux qui la regardaient !

Mais Martine ne s’attarda pas sur cette femme, d’autant plus qu’elle produisait une répugnance incroyable. Martine la doubla devant l’accueil, et demanda où se trouvait le Major. La femme se mit à hurler :

« Ah, non ! J'attends ici depuis des heures pour le vol de mes papiers d'identité ! Je refuse de laisser passer une femme qui a une tête qui ne me revient pas parce que c'est… que sais-je, une petite copine ou une policière. »

Martine dégaina sa carte de commissaire – et non de « petite copine » ou simple « policière » - puis se détourna de la femme et répéta sa question au policier assis devant un ordinateur à l’accueil.

« Il se trouve encore sur les lieux du crime.

- Désormais, je prends les commandes. Vous avez pris les empreintes ?

- Evidemment. Nous les avons envoyées à un labo qui publiera ses réponses dans – il regarda furtivement sa montre – environ trente minutes s’ils sont performants et qu’ils ont suffisamment d’effectifs, ce qui malheureusement est…

- Très rare. Je suis aussi du service public, mon gars. J’y vais ! »

Dix minutes plus tard, elle se trouvait, elle avec la patrouille de police qui l’accompagnait, sur les lieux de l’assassinat. Car c’en était un, comme le confirma bien vite le Major-ex-mari. Martine n’était par ailleurs toujours pas en bons termes avec lui, même si elle essayait de contenir ses émotions dans le cadre du professionnalisme.

Histoire de montrer qu’elle était légitime !

Martine Darais s'occupait de son côté de sensibiliser et emmener au poste de police pour interrogatoire tous les voisins présents.

Parmi eux, on retrouva la femme du mort, un vieillard bientôt centenaire et un homme dont la maison était collée à celle du décédé.

A chacun, elle fit le même discours :

« Vous me voyez navrée de devoir vous emmener au poste, vous ainsi que tous ceux de cette rue. C’est seulement un interrogatoire usuel. Vous n’êtes pas suspects. Du moins, pas encore. »

Ridicule. Le meurtrier était sûrement bien loin, à l'heure qu'il était, et Martine était persuadée qu'elle n'apprendrait rien à l'aide de ces interrogatoires. Elle avait sa petite idée, et avait préparé un brouillon pour les futurs interrogatoires dans l’application Notes de son vieux téléphone :

Pensées personnelles : Peut-être simplement un fou ayant fait une crise ; à retrouver et à mener à l’asile. Ou un ex. A demander à la femme.

 

Plusieurs heures plus tard, il commençait à faire nuit. Le policier qui avait accueilli Martine – le Major-ex-mari – lança à cette dernière :

« Choux blanc, ma très chère.

- Et les interrogatoires ?

- Nous allons les débuter. Pour ce qui est des empreintes, elles n’ont rien donné d’autre que celles des voisins, etc… Personne n’est venu dans cette rue d’autre que ceux qui y habitent. A moins que le tueur n’ait effacé ses empreintes. Qu’en penses-t… Pensez-vous, madame ?

- Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'on n'a pas fini d'entendre parler de cette histoire. », allait dire madame Darais avant qu'un jeune policier ne lui coupe la parole.

« Commissaire, j'ai trouvé quelque chose ! Une lettre !

- Vous l'avez prise ?

- Oui !

- Avec des gants ?

- Evidemment, madame. » répondit l’homme, semblant choqué de cette question rébarbative.

Martine repartit. Elle lirait cette « lettre » plus tard : elle avait des interrogatoires à mener !

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