Chapitre 12 – La vérité si je mens

Par Samy

— Mais pourquoi tu fais que des conneries toi ? gémissait Ursula posant ses grosses paluches sur ses joues en signe de désespoir.

— De mieux en mieux : une petite frappe au service des enfers ! se réjouit aussitôt l’insupportable beauté.

— Non, non, non ! Pas bien ! affirma Poivrot avant de finir son verre d’une traite.

La confusion régnait à nouveau et chacun y allait de sa théorie dans un brouhaha confus : j’avais forcément dû passer par le plafond accrochée à un fil, ça aurait été marrant de me voir gigoter du popotin pour éviter les lasers de sécurité comme dans les films, vraiment j’étais une filoute pour ne pas payer mon entrée comme tout le monde…

Alors que les Passeurs me lançaient des remarques désobligeantes concernant ce petit méfait de rien du tout, Brunette me scrutait sans dire un mot pendant ce qui m’a semblé une éternité.

— Parlez ! lui intimai-je agacée par ce silence.

— Pourquoi Malum veut-il cet objet ? demanda-t-il sans se formaliser de mon ton.

— Aucune idée. Ce qui m’intéressait c’était la grosse somme d’argent promise, et non l’utilisation qu’ils allaient faire de cet objet périmé.

— Vous aviez dit avoir été ramenée à la vie par un démon or lorsqu’il y a un échange avec eux, ce n’est jamais gratuit. Que vous a-t-il proposé en échange ?

— Je ne m’en rappelle pas : après être sortie du coma, je n’ai plus prêté attention à ce que je pensais être un rêve. Puis avec le temps, cet épisode m’était complètement sorti de la tête.

A son air dubitatif, cela ne faisait aucun doute qu’il me soupçonnait de mensonges et continua alors à me dévisager sans un mot. Refusant de détourner la tête devant cet énergumène, qui devait très certainement penser à peu de choses flatteuses sur moi, j’engageai alors une bataille de regards. Et, pendant un temps qui me sembla interminable, aucun de nous deux baissa sa garde.

— Arrêtez de vous dévisager ! hurla la bombe fatale, s’interposant entre nous mais dardant ses grands yeux furieux uniquement sur moi.

— Félicia a raison, arrêtez de me regarder ! confirmai-je.

Cette dernière s’étouffa presque de rage.

— Viens-tu de me nommer à l’instant ?

À ces mots ses compagnons se levèrent brusquement, raclant bruyamment le sol avec leur chaise, avant de se diriger tout droit vers nous, l’air menaçant. Se plaçant de manière à faire rempart entre leur amie et moi, les deux géants croisèrent les bras et me regardaient du haut de leur deux mètres comme s’ils avaient quelque chose à me dire.

— Oui ? soupirai-je.

— Et nous, on compte pour du beurre ? articula d’une voix profonde le plus âgé des deux.

Je mis un certain temps avant de comprendre ce qu’ils me voulaient.

— Laurel et Hardy, annonçai-je en les pointant.

— Nooooooon ! hurla Félicia sous les applaudissements des Passeurs qui félicitaient à force d’accolades et d’embrassades les Faucheurs fraîchement nommés.

Bien évidemment au lieu de célébrer comme tout le monde ce moment solennel, trois rabat-joie et un chérubin au mascara bleu électrique me regardaient d’un air mauvais.

— Accouche ! ordonna Ursula.

Quelqu’un devrait lui dire que la curiosité était un vilain défaut.

— Au moment de votre première mort, vous avez fait un pacte avec un démon pour revenir à la vie. Puis à votre deuxième mort, un autre démon vous exige une dague. Quel est le lien ? questionna Détective Rouquin.

— Je n’en sais rien.

— Et où est cet objet maintenant ?

— C’est là que le mat blesse Colombo : aucune idée.

Les regards appuyés qu’ils me lançaient semblaient dire qu’ils ne me croyaient pas le moins du monde. Personnellement, cela ne me faisait ni chaud ni froid, mais j’avais besoin de leur aide pour me dépêtrer de tous ces ennuis et je ne souhaitai pas courir le risque de retomber sur un Milou énervé. Et puis, il y avait aussi d’autres zones d’ombres à résoudre.

— Cela dit, je connais une personne qui saurait retrouver cette dague et compte bien aller lui rendre une petite visite de ce pas. Libre à vous de me suivre, mais je vous demanderai de ne pas trop me coller.

A ce moment-là, tout le monde mis son grain de sel pour décider de qui allait m’accompagner. Les Passeurs se proposaient, justifiant des atouts divers et aux fondements invérifiés, afin de m’aider à résoudre cette situation ô combien divertissante inattendue. Ursula rétablie aussitôt le silence en faisant craquer ses articulations, et il fut très rapidement décidé que les Faucheurs m’escorteraient, car eux seuls avaient l’autorisation divine d’aller et venir sur Terre.

— Bon, quel est votre plan ? me demanda Brunette dont la patience s’amenuisait déjà.

— Figurez-vous que je connais quelqu’un qui pourrait nous aider.

— Vous ne pouvez plus communiquer avec les humains car vous êtes morte désormais, m’expliqua-t-il lassé.

— Cette personne peut converser avec les morts : il s’agit d’une médium qui travaillait de temps à autre pour nous. Et même si j’avais toujours été dubitative de ce prétendu don, ses services nous ont tout de même grandement aidés sur certaines affaires.

— En quoi peut-elle servir ?

— Tout simplement à faire le lien avec mon ancien collègue.

— Et pourquoi nous aiderait-il ?

— Parce ce qu’il s’agit d'un flic.

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Flame and Darkness
Posté le 22/01/2023
Félicia ouf, c'est pas Tomie mddr
La bataille de regard improvisée mddr c'est marrant
j'apprécie la tournure que prend l'histoire : une enquête policière/chasse au trésor paranormale ça m'intéresse
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