Chapitre 11 – Qui suis-je, où suis-je, etc…

Par Samy

— Tout contrat avec une entité malfaisante est prohibé ! vociféra Rouquin rouge de colère. Cela est  pourtant bien spécifié dans tous les Livres Saints que les Messagers ont transmis aux humains !

— C’était très confus à ce moment-là, tout ce que je savais c’est que je ne voulais pas mourir !

— Le démon, c’est Milou ? demanda Ursula.

— Bien que je n’arrive pas à me rappeler de qui il s’agissait exactement, une chose est certaine : ce n’est pas lui.

— T’es dans la merde petiote ; c’que t’as fait te condamne éternellement à l’enfer tu sais !

— Non, non, non ! assenait Poivrot en secouant vigoureusement la tête. Pas bien !

— Je me doutais bien qu’elle était bizarre, chuchotaient entre eux les Passeurs.

— Dès le début je n’avais pas confiance, marmonnaient certains.

— Ça se voit qu’elle a le vice dans les yeux, ajoutèrent les autres.

Embarrassée telle une enfant prise la main dans le sac de bonbons, je fixai le sol pour éviter de croiser leurs regards.

Étrange comme j’étais autant attristée par ces paroles, alors que cela ne me faisait strictement rien d’habitude. C’était comme si je les avais profondément déçus en m’acoquinant avec l’ennemi et que de ce fait, j’étais tombé du piédestal où ils m’avaient placé.

— Bravo ! Bravo ! Bravoooo ! clama quelqu’un. Comme c’est passionnant !

Dans les tables du fond, une brune sublime applaudissait à tout rompre, entourée de deux personnes aux carrures impressionnantes. Leurs accoutrements étant en tout point identique à ceux que portaient mes Faucheurs préférés.

— Quelle histoire fascinante ! La protégée du Grand Saint Michel est un zombie fricotant avec des démons, riait-elle à gorge déployée.

Elle s’approcha alors dans une démarche langoureuse avec ses jambes interminables, tout en jetant d’un mouvement de la tête gracieux sa remarquable crinière sur le côté, souriant de toutes ses dents étincelantes de blancheur, avant de se planter pile devant moi. Cette proximité trop proche accentuait nos différences physiques : à côté d’elle je ressemblai à un troll.

— Qu’est-ce que tu veux toi ? lui demanda Ursula.

— Bonjour à toi aussi Ser-veu-se, répondit-elle en insistant sur ce dernier mot.

—  Dorénavant j’m’appelle…

— Oui, oui, je sais. Magnifique, coupa-t-elle le regard déjà ailleurs comme si elle ne pouvait pas se permettre de lui accorder la moindre attention.

— Dis-moi la chose, c’est vrai ce que l’on dit ? me questionna-t-elle. Que tu es la morte ayant outrepassé ses droits ?

— …

— Qu’avec un procédé malhonnête tu es passée de cadavre à accompagnatrice du plus grand des Faucheurs de ce monde ?

— …

— Sais-tu que cette position se mérite ? persifla-t-elle.

— Je vous laisse ma place aux côtés de Brunette avec grand plaisir si vous le souhaitez, proposai-je toute heureuse d’avoir une opportunité de me débarrasser de ce pot de colle grincheux.

— Comment oses-tu l’appeler ainsi ?

— Il n’avait pas de prénom et comme je suis très gentille je lui en ai donné un, répondis-je en haussant des épaules.

— Tu n’en avais pas le droit !

— Pourtant c’est très pratique maintenant puisqu’on est ensemble, tout le temps, tous les deux. Bon, concernant cette offre d’échanger nos pla…

— IL. N’EST. PAS. A. TOI ! hurla-t-elle sortant de ses gonds.

Soudain je compris cet accès de fureur. C’était d’une évidence…

— Ne soyez pas jalouse voyons !

Elle s’étrangla à ces mots et devint toute rouge, jetant des regards paniqués derrière moi.

— Je peux vous trouver un petit nom à vous aussi.

— Que… Quoi ? JE N’EN VEUX PAS !

— Hé bien dans ce cas-là, laissez-moi tranquille. Allez, ouste !

Sans écouter sa réponse, je lui tournai le dos. Cet interlude n’avait que trop duré et discuter avec cette drôle de créature ne m’apportait rien de bon.

Levant les yeux, j’aperçus Rouquin et Blondinet hilares sauf que je ne voyais vraiment pas ce qu’il y avait de drôle. À mon avis, ils avaient le rire un peu trop facile ces deux-là.

— Que vous voulait Malum ? me demanda Brunette  comme si l’échange ne le concernait en rien.

— Et bien… C’est-à-dire que…

— Petioooooooote, gronda Ursula. Pour ton information j’suis ceinture noire de tarte-dans-ta-gueule-si-tu-continues-à-me-les-gonfler !

Cette invitation à parler fit son effet ; j’avais eu mon lot de baffes aujourd’hui.

— Il voulait que je lui remette un objet antique.

— C’est-à-dire ? m’encourageait à poursuivre Blondinet.

— Je devais lui apporter une dague ayant appartenu à Toutankhamon.

— Et que faisait-elle avec toi ? demanda impétueusement la sublime Faucheuse.

Allons bon, j’allais une fois de plus révéler un moment peu glorieux de mon passage sur Terre. Tant pis, ils devaient bien se douter que j’étais très loin d’être une sainte.

— Je l’avais volé  au Musée du Louvre, avouai-je quelque peu gênée.

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Flame and Darkness
Posté le 22/01/2023
Alors la dame brune magnifique m'a fait penser à Tomie tout de suite mais j'espère vraiment que ce n'est pas elle sinon ça craint mddr.
Et comment ça elle a volé une dague de Toutankhamon au musée du Louvre ? Je ne suis pas d'accord mddr
Samy
Posté le 18/09/2023
Je ne connais pas Tomie, alors ça devrait me faire pour ce personnage. :-)
Pouiny
Posté le 09/12/2021
"Plus elle avant de se planta pile devant moi." une petite coquille de conjugaison ici je pense ^^

Et ké, au musée du Louvre ?! Et elle est pas capable de comprendre que ça a plus de valeur que n'importe laquelle de ses affaires de marques ? J'en peux plus, c'est sûrement par consternation qu'elle a pu tuer des gens dans sa vie, je vois que ça xD
Samy
Posté le 27/12/2021
Mdr Pouiny ! Merci pour ton commentaire !
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