Chapitre 11

Par Dan

Le temps semblait s’être arrêté, leurs regards et leurs souffles suspendus aux halètements d’Emilyse, leurs cœurs, leurs questions, la douleur presque effacée, jusqu’à ce que le vacarme déchire le voile et rompe le charme comme on fracture un membre.

La grande silhouette de Clayden les couvrit tous les trois lorsqu’un cabinet vola en éclats. Les bris de verre éclaboussèrent son dos, plurent sur la table et ricochèrent dans le service à thé, mais Henry n’en perçut qu’un tintement distant, étouffé sous les cris – y compris le sien.

— Adam, arrête !

Marbrand Père dut parvenir à dévier la visée de son fils, car lorsqu’une nouvelle déflagration leur écorcha les tympans, ce fut sous des gerbes de poussière et de copeaux de bois qu’ils se replièrent, rampant, ventre à terre, jusqu’à l’accès secondaire.

Henry tentait de ne pas réfléchir à la nature des autres lambeaux qu’ils piétinaient. Une colonne vertébrale s’était disloquée en répandant lombaires et cervicales sur les tapis, des amas spongieux minaient leur parcours et une odeur prégnante de poudre et de méthanal les suivit lorsqu’ils parvinrent à s’échapper du salon. Ce ne fut que lorsque Clayden en barra l’accès avec le buffet voisin qu’Henry réalisa : il avait toujours une entaille de plusieurs centimètres dans la jambe gauche.

Il s’écroula contre le mur alors que la porte tremblait dans ses gonds sous les coups d’Adam Marbrand. Un grondement émanait d’Emilyse, semblable au feulement d’un chat furieux ; Henry en percevait la vibration propagée de son sternum à son bras tandis qu’elle tentait de le relever, aidée de Mrs Kinkle qui déroulait un chapelet d’injures fleuries. Assourdi par la douleur, Henry entendit à peine Clayden demander :

— Y a une sortie de service à son musée des horreurs ? Graham ? Graham !

Henry secoua la tête pour s’éclaircir les pensées, puis en signe d’ignorance. Emilyse appuyait désormais sur sa plaie, le sang ruisselant de ses poignets écorchés se mêlant à celui de Joshua, puis à celui d’Henry, qui parvenait seulement à éprouver un lointain effarement devant ce manque d’hygiène criant.

Clayden se pencha subitement vers lui et le campa sans ménagement sur ses pieds. Emilyse cherchait une issue, ouvrant pièce après pièce, les refermant à chaque fois. Après tout ce qu’ils avaient subi l’un et l’autre, leur énergie avait quelque chose de surhumain – l’émerveillement d’Henry en pareilles circonstances l’était peut-être aussi.

— Allez, monsieur, dans tous les cas, ne restons pas là.

Henry baissa les yeux sur sa servante qui passait de nouveau son bras autour du sien. Ses mains aussi étaient rouges et le cœur d’Henry se serra. L’heure n’était pas aux remerciements larmoyants, cependant : Adam Marbrand avait cessé de tambouriner contre les battants scellés, mais un cliquetis de mauvais augure accompagnait désormais ses grognements impatients.

À demi faufilée dans l’entrebâillement d’une énième porte, Emilyse leur fit signe de la rejoindre à l’instant même où une nouvelle déflagration arrachait des copeaux de bois aux panneaux et au vaisselier qui les protégeait. Ils s’élancèrent, s’engouffrèrent, jetèrent de nouveaux obstacles en travers du chemin, puis reprirent leur course, Clayden tractant presque Henry, Mrs Kinkle le portant presque, Emilyse tournant vers lui son visage constellé de sang.

Une immense galerie s’ouvrait devant eux, longée de bibliothèques dont les élégantes huisseries laissaient voir des ouvrages reliés et d’innombrables spécimens d’animaux empaillés. Henry avait déjà visité cet endroit : l’aile de zoologie. Dans la semi-obscurité des quinquets éteints et du petit matin, les yeux vitreux des créatures semblaient épier leur débandade, leur gueule s’ouvrir en longs sourires figés et leurs griffes se contracter à l’idée de se mêler à la battue. Reptiles, amphibiens, poissons, oiseaux, hommes sauvages également : peaux rouges et noires et regards menaçants.

Le grincement du loquet leur fit presser le pas, le raclement des objets dégagés leur fit serrer les dents. Ils n’avaient nulle part où se cacher, et même si Henry n’avait pas eu tant de mal à traîner sa jambe blessée derrière lui, il leur aurait été impossible de feinter pour éviter le tir : la galerie se poursuivait en ligne droite sur dix mètres encore. Marbrand Junior allait faire mouche. Marbrand Junior se rapprochait. S’immobilisait.

Clayden plongea subitement sur la gauche, s’empara du corps momifié d’un énorme chien trônant au-devant d’une scène de chasse et pivota pour le jeter de toutes ses forces sur leur assaillant. Celui-ci parvint à l’éviter, évidemment, mais Clayden n’espérait pas le blesser : seulement le distraire. Le temps qu’Adam Marbrand se ressaisisse, Clayden était déjà sur lui.

Il parvint à écarter son bras tendu et à le retourner contre lui, mais si l’index de Marbrand s’était éloigné de la gâchette, il maintenait fermement sa prise autour de la crosse. Le pistolet à percussion ressemblait à un jouet dans l’immense patte de Clayden ; pourtant, quand il en appuya le canon au creux du menton du soldat, Henry ne put s’empêcher de trembler avec lui.

— Nnnn !

Emilyse fit volte-face, Mrs Kinkle sur les talons. Voulait-elle sauver son frère malgré tout ? Ou avait-elle trop vu de morts aujourd’hui ? Chacune crochetée à une épaule, elles tentèrent d’éloigner Clayden de sa cible tandis qu’Henry se recroquevillait contre le mur : dans leurs affrontements incessants, leur pelote gesticulante avait pivoté et l’arme de Marbrand pointait désormais dans sa direction.

Le cri d’Emilyse précéda le claquement du coup de feu ; une lampe éclata dans une gerbe d’huile brûlante à quelques centimètres de l’oreille d’Henry. Et tout s’embrasa.

Henry recula, se rattrapant de justesse aux cornes d’un bouc, ses yeux suivant la course effrénée des flammes à travers la galerie : le pelage des animaux brûlait comme de la paille, se propageant aux étagères, aux rideaux, aux tapis…

— Fichez le camp ! s’écria Clayden, debout au-dessus de ce qui était maintenant le cadavre d’Adam Marbrand.

Le feu ronfla en dévorant le plumage d’une famille de corbeaux.

— Partez de votre côté, monsieur ! s’exclama Mrs Kinkle. Retrouvez-nous dehors !

Marbrand Senior ne représentait aucun danger, peut-être Emilyse espérait-elle même le secourir avant que la demeure entière ne soit réduite en cendres. Henry soutint son regard lourd et claudiqua jusqu’à la porte de sortie.

Verrouillée.

Il fit brusquement demi-tour : un rempart de flammes se dressait sur son chemin et la chaleur lui cuisait déjà le visage. Derrière leur danse chatoyante, les trois ombres de ses alliés s’étaient figées, et toute la volonté d’Henry le déserta subitement.

Le rugissement d’Emilyse se mêla à celui de la fournaise lorsque Clayden s’élança. Étranglé dans la fumée, aveuglé par les larmes, Henry le regarda lutter pour dégager le passage. Il n’avait pas la force de l’aider – pas la force de se sauver lui-même. Dans le piège vorace du brasier, déjà résigné, il attendait que la mort le consume.

L’énorme masse noire de Clayden progressait péniblement dans sa direction, auréolée de rouge et de doré, et l’esprit embrumé d’Henry se demandait désormais s’il s’agissait d’un messie ou d’un démon.

— Votre main ! gronda Clayden en plongeant le visage au creux de son bras lorsqu’une langue de feu le frôla.

Il ne put esquiver la suivante. Glacé par une horreur qui éteignait presque la fournaise alentour, Henry le regarda ruer pour se délivrer du baiser des flammes. Quand Clayden parvint à s’écarter, la moitié de sa figure était déjà ravagée.

Ses hurlements avaient déchiré le voile de la torpeur et la terreur s’abattit comme un coup de massue. Henry ne voulait pas mourir. Pas maintenant, pas… Jamais. Jamais. Il prit une profonde inspiration, comme un noyé rescapé, prêt à tout pour lutter ; une bouffée de fumée amère et ardente lui dévala aussitôt la trachée.

Prostré au sol, il essaya de tousser ; mais chaque quinte appelait plus d’air, plus d’émanation, plus de douleur. Henry parvint à redresser le menton et vit Emilyse tirer Clayden en arrière. Il ne voulait pas mourir, mais il réalisait qu’il y aurait pire. Alors oui, qu’elle le sauve, lui. Qu’elle sauve Clayden pour qu’il la protège. Henry avait seulement réussi à la mettre en péril.

Sa tête retomba lourdement sur le plancher dont les lames commençaient à noircir. Il cessa de cracher, cessa de frémir, cessa de respirer.

 

Une vague d’eau glacée le ramena à la réalité. L’odeur chaude et âcre des fourrures calcinées avait laissé place à celle froide et acide d’un feu douché. Plus de crépitements, mais le clapotis délicat de milliers de gouttes et, enfin, des voix. Des bras saisirent Henry pour l’allonger sur une civière ; les visages perchés au-dessus du sien semblaient graves et désemparés, et quand il voulut rendre ce qu’il retenait encore de fumée pour les remercier, un nouveau revers de terreur le balaya.

Il ne pouvait ni parler, ni bouger, ni même ciller pour capter leur attention.

Le temps sembla sursauter. Une brise humide agitait les cheveux roussis d’Henry. Le long de Bleinhem Street, une chaîne d’employés d’assurance et de volontaires paroissiaux s’appliquaient déjà à éteindre les derniers foyers de l’incendie qui ravageait le musée. Marbrand Senior se tenait là, à l’écart, les bras refermés sur sa poitrine et les yeux caves. Était-ce lui qui avait alerté les secours ? Henry voulut rouler de la tête pour chercher Emilyse, Clayden et Mrs Kinkle dans la foule des riverains tétanisés, mais ses muscles refusaient toujours de lui obéir. Les remous du brancard lui semblaient distants, à peine perceptibles ; il n’avait pas mal, mais il avait peur, et faim.

Et le temps l’emporta.

 

Le théâtre était comble. Dans les rangs serrés, sous la clarté laiteuse de la coupole, l’assistance demeurait silencieuse et attentive. Henry ne se rappelait pas avoir jamais attiré de tel public à ses exposés : les étudiants et les collègues habitués occupaient les premiers gradins, derrière venaient les aristocrates curieux, puis enfin les petites gens : servantes, ouvriers, enfants.

Des enfants. Il n’allait quand même pas éventrer un cadavre devant des enfants ?

Henry pivota vers la table et sursauta en y découvrant Emilyse, blanche et raide, entièrement nue. Des chariots chargés d’instruments patientaient autour d’elle, et, sous la pression des murmures et des regards, Henry s’en approcha.

Pour découvrir qu’il n’en reconnaissait aucun.

Leurs formes lui étaient vaguement familières, mais Henry eut beau fouiller sa mémoire, leur nom continuait à lui échapper.

— Qu’est-ce que vous attendez ?

— Ça va faire une heure qu’on est là !

— Vous êtes anatomiste ou pas ?

Henry s’empara d’un ustensile affûté, tentant encore d’en deviner l’appellation. Sa main tremblait. Son corps entier tremblait. Il ne savait pas comment s’y prendre, par où commencer, comment manier son arme ; il ne savait même pas s’il devait essayer. Si seulement les spectateurs avaient pu cesser de le presser…

Une haute silhouette se détacha alors des ombres du premier rang et s’avança sous les jets de quolibets et de journaux froissés. La tête dans les épaules, le fil de la lame toujours suspendu au-dessus du torse d’Emilyse, Henry regarda Clayden se camper près de lui. Son regard était aussi lourd que la main qu’il referma sur la sienne pour lui faire lâcher prise. Henry obtempéra, soulagé que le résurrectionniste lui vienne en aide, jusqu’à ce que Clayden pousse sa paume vers le bas.

Henry recula juste avant de frôler la poitrine d’Emilyse, mais la poigne de Clayden se resserra, son expression se durcit et il entraîna son geste vers son ventre, ses hanches, son pubis…

— Qu’est-ce que vous…

La foule éclata en un tonnerre d’applaudissements et de vivats. Henry luttait en vain contre la force imparable de Clayden et le trouble qui l’envahissait, tentant de ne pas regarder, de ne pas ressentir, de ne pas apprécier. Sous ses yeux écarquillés, soudain, Emilyse avait ouvert les siens.

 

Il fit le point sur le présent et le plafond : peinture blanche, murs carrelés. L’atmosphère glacée ne suffisait pas à atténuer l’odeur pestilentielle qui lui emplissait le nez et l’acrimonie de la fumée continuait à lui lacérer les poumons. Henry tenta de nouveau de jeter un regard à l’entour, mais rien n’y faisait ; sa vision périphérique ne lui permettait de discerner que des formes humanoïdes allongées en lignes à ses côtés. Aucune ne bougeait.

Les soupiraux vomissaient une nuit pleine dans la salle mortuaire. De l’autre côté des portes chromées, quelques rares pas lançaient des échos ténus et pas une voix ne se faisait entendre – peut-être parce que le cœur d’Henry cognait trop fort. Il ne voulait pas réfléchir à ce qui s’était produit ; il ne voulait pas comprendre ce que son réveil et sa paralysie signifiaient.

Les battants grincèrent en révélant une silhouette ronde qui prit toutes les précautions du monde pour s’approcher d’Henry sans faire le moindre bruit. Qui pensait-elle déranger ? Ils étaient tous morts, ici.

L’ombre parvint finalement à son chevet et se pencha vers lui. C’était Mrs Kinkle, la tête enturbannée dans son châle, l’expression nerveuse et dégoûtée.

— M… monsieur ? murmura-t-elle, indécise. Monsieur ? Pitié…

Elle fit un geste, hésita, puis dut estimer qu’elle ne perdait rien à tout tenter. Mrs Kinkle saisit alors Henry par les aisselles : son sang charria les sensations jusqu’à ses extrémités, son cœur s’emballa de plus belle et une douleur exquise le tenailla avant qu’il tousse à s’en déchirer la gorge.

— Monsieur ! piailla Mrs Kinkle. Oh, Seigneur Dieu, merci ! Je n’osais pas croire que… Miss Marbrand a refusé de quitter Londres tant que nous n’avions pas tenté de vous… Je suis si soulagée ! Mais nous n’avons pas de temps à perdre. Tenez, des vêtements propres.

Henry réalisa seulement qu’il était nu et se rappela son trop récent cauchemar. Il laissa sa servante l’habiller, trop faible et trop sonné pour esquisser le moindre mouvement. Ses yeux hagards glissaient sur les tables jumelles à la sienne : une dizaine d’autres cadavres, des malades, des anonymes, attendant que les services de la morgue décident à quel croque-mort les confier.

— Vous pouvez marcher ?

Henry ne pouvait pas parler, en tout cas. Se cramponnant à sa cuisinière pour se hisser sur ses pieds, il songea au mutisme d’Emilyse et à ses déductions salvatrices. Comment avait-elle pu deviner qu’il… qu’il…

L’horreur et l’excitation du rêve ne le quittaient plus.

— Il ne faut pas traîner, insista Mrs Kinkle en l’entraînant vers la sortie. Mr Marbrand n’a pas manqué de signaler aux autorités que nous nous trouvions sur la scène de tous ces crimes… Personne ne vous surveille, vous, étant donné que la police vous pense… Enfin, dépêchons. Mr Clayden et Miss Marbrand nous attendent.

En s’exfiltrant de la morgue, Henry reconnut les couloirs de l’hôpital St Guy. Ils parvinrent à s’en échapper sans trop de difficultés et, bientôt, grimpèrent dans un fiacre stationné à bonne distance dans les ombres d’une ruelle malfamée.

Emilyse et Clayden lui lancèrent un regard halluciné lorsqu’Henry s’y hissa, poussé au séant par Mrs Kinkle. Une fois la stupéfaction passée, cependant, seul le soulagement demeurait – ainsi qu’un discret fard de souffrance. Emilyse s’était sommairement débarbouillée ; quant à Clayden, la moitié droite de son visage disparaissait sous des bandages dégageant une forte odeur végétale.

Il avertit le cocher et la voiture se mit en branle à toute vitesse. Ballotté contre la grande carcasse du résurrectionniste dans cette cabine à peine plus spacieuse qu’un cercueil pour quatre, Henry faisait désormais tout son possible pour ne penser à rien : ne pas songer à son poste et ses études abandonnées à l’école de médecine, ni à sa ville natale qui s’éloignait inexorablement. Ne surtout pas songer qu’il était mort pendant plusieurs heures et qu’il avait ressuscité.

Et l’homme dont le sang maculait encore la chemise trop large d’Emilyse, allait-il revenir lui aussi, malgré ses blessures fatales ? Quelles étaient les lois de ce phénomène inédit ?

Avachie sur la banquette, la meurtrière avait posé la tête dans le giron de Mrs Kinkle et serrait ses robes salies dans son poing. Henry s’éclaircit encore la voix et, à sa propre surprise, réussit à chuchoter :

— Vous vouliez trouver un remède, n’est-ce pas ? Le remède ultime ?

Emilyse acquiesça finalement, mélange de ferveur et de honte, et d’autres choses qu’Henry ne savait pas encore interpréter – qu’il ne pourrait peut-être jamais comprendre. Il tenta de l’imaginer dans l’obscurité de son laboratoire d’apothicaire, dissimulée sous le couvert de la nuit et de ses habits d’homme. Il chercha dans ses yeux sombres le reflet d’au-delà elle avait aperçu.

L’attitude mortifiée de son saint père lui apparaissait avec une nouvelle clarté, désormais : Emilyse avait défié Dieu lui-même en cherchant à échapper à Ses plans, en refusant l’issue qu’Il imposait à tous Ses enfants et que tous Ses enfants avaient appris à accepter, voire à chérir : un ultime voyage permettant de rejoindre Les bras son Créateur et d’y purifier son âme. Quelle hérésie de chercher à l’éviter…

— On peut dire que vous avez le sens du sacrifice…

Elle esquissa un sourire désabusé auquel ils se cramponnèrent tous les trois : c’était le premier qu’ils lui voyaient. Henry continua :

— Et puisque nous sommes tous là pour en parler, on peut aussi dire que vous avez réussi.

Deux mallettes bringuebalaient à leurs pieds, contenant le complexe équipement que Joshua Brookes avait brigué. Selon lui, ce devait être ça, la clef de l’immortalité : les produits et les procédés dont Emilyse avait usé, et non pas Emilyse elle-même, puisqu’il n’avait pas hésité à la marchander ou à proposer de l’achever. Henry savait désormais que Joshua s’était fourvoyé, sinon Clayden et lui-même n’auraient jamais su résister aux embrochages ou survivre aux incendies.

Henry avait du mal à envisager les répercussions de sa découverte et des preuves qu’ils avaient accumulées pour l’étayer. La blessure de sa jambe le démangeait malgré sa guérison foudroyante et, à sa droite, Clayden grattait encore régulièrement la morsure qu’Emilyse avait infligée à son nez…

— Qu’est-ce que… glapit Henry en sursautant.

Emilyse s’était redressée d’un bond pour saisir brutalement leur main à tous les deux.

— Hnn…

Elle renonça aux borborygmes, visiblement fébrile et frustrée. La faim dansait au fond de ses yeux noirs et Henry comprit : elle avait réussi, oui, mais à quel prix ? Le docteur et son résurrectionniste avaient regagné la lande des vivants avec leurs mots et leurs souvenirs, eux ; changés, certes, cependant pas au point de déchiqueter un homme à mains nues. Elle ? Peut-être lui restait-il juste assez d’humanité pour se désoler de l’avoir perdue et regretter d’être encore là.

Henry serra alors ses doigts dans les siens et sentit son cœur se pincer quand son regard changea : humide, ému. Il choisit de le traduire en « merci » ; pas d’avoir prouvé sa victoire en ressuscitant à leur tour, mais simplement de se tenir à ses côtés.

Henry n’avait aucun mérite, pourtant. Il avait toujours pensé « miracle » en observant Emilyse et il le pensait encore. Malgré la gravité de ses actes et l’aura de danger bestial qui l’enveloppait, la révérence et l’admiration de l’anatomiste n’avaient pas flanché d’un iota ; sa curiosité scientifique l’aurait mené ici de toute façon, dans l’égoïste espoir de percer son mystère.

Mais ce soir, Henry éprouvait une douleur inédite : à l’idée qu’Emilyse se juge monstrueuse et pendable ; à l’idée qu’elle espère peut-être cette mort bafouée pour se libérer enfin de ses tourments.

Il échangea un bref coup d’œil avec Clayden. Moins penser à leur pomme et davantage à ce dont elle avait besoin, voilà ce qu’avait dit sa servante… Oui. Peu importait qu’Henry ait envie d’une énigme à étudier et peu importait que Clayden ait envie d’une victime à protéger ; seule Emilyse devait compter et seule Emilyse compterait désormais.

Une larme perla à ses cils mais, pour la première fois, Henry discerna une lueur d’espoir dans le creux de son regard.

— Ce qu’il vous faut maintenant pour oublier tout ça, fit Mrs Kinkle, détournant Henry de ses pensées brumeuses, c’est un bon mari, quelques enfants et…

Emilyse les lâcha subitement pour la dévisager, l’air vexée et trahie.

— Et un sens de l’humour, termina Mrs Kinkle en lui donnant une petite tape derrière la tête. Ne vous en faites donc pas, les bons partis ne vont pas se bousculer pour épouser une morte cannibale…

Henry crut accrocher le regard fuyant de Clayden et s’empressa de plonger le sien par la fenêtre. Dehors, un croissant de lune allumait des aurores argentées dans les bancs de brume qui louvoyaient entre les troncs. Les silhouettes lugubres de grands moulins apparaissaient parfois entre deux étendues de forêt, dressés comme des géants endormis sur le sein des collines. Le galop des chevaux les berçait ; Emilyse s’était assoupie. Ils fuyaient vers le nord, vers l’Écosse, vers une autre vie.

Et jamais vers la mort.

 

***

 

Après un premier rejet de la loi en 1829 par le Royal College of Surgeons et en réponse à la vive condamnation publique du commerce illégal de cadavres, le Parlement du Royaume-Uni établit en 1832 l’Anatomy Act, offrant aux docteurs, enseignants en anatomie et étudiants en médecine davantage de latitude dans la dissection des corps.

Sous réserve de pouvoir prouver leur professionnalisme, ces spécialistes étaient désormais autorisés à réclamer une licence auprès du Ministre de l’Intérieur, s’engageant par là même à traiter dignement les corps qui leur seraient confiés. Quatre Inspecteurs d’Anatomie étaient alors chargés de réguler leur conduite et de compulser leurs rapports. Ils assuraient ainsi le suivi géographique et quantitatif des corps destinés à la dissection.

L’essentiel de l’Anatomy Act résidait dans son article 7, indiquant que toute personne disposant d’une licence valide et obtenant la possession légale d’un corps était autorisée à entamer un « examen anatomique » tant qu’aucun proche parent ne s’y opposait. Cette mesure ouvrait le champ à tous les corps non réclamés : patients décédés au sein des hôpitaux, prisonniers trépassés et anciens occupants d’hospices et de maisons de travail.

De plus, les responsables d’un défunt pouvaient désormais céder son corps en échange d’un enterrement aux frais de l’école d’anatomie. Plus rarement, certaines personnes donnaient volontairement leur propre corps au nom du progrès scientifique.

Les écoles hospitalières d’anatomie gagnèrent en popularité et le nombre d’établissements privés diminua jusqu’à disparaître par fusion ou par banqueroute. Ils vendirent leurs collections aux enchères, à l’intention des amateurs particuliers, du Royal College of Surgeons ou des écoles elles-mêmes. L’approbation de l’Anatomy Act mit fin aux agissements des résurrectionnistes.

La même année, Emilyse Marbrand accoucha d’une petite fille, et on raconte qu’elle vécut pour toute l’éternité.

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BeuldesBois
Posté le 23/03/2020
<3 Hello you,

Le chapitre 9 c'était mon préféré, han. Entre le lien entre deux personnages qui nous tombe dessus (j'ai tellement rien vu venir) et ce que raconte le chapitre en lui-même, et comment il le racooonte. J'ai trop aimé.

Mrs Kinkle... xD Il faut que je te raconte.
Avec les temps actuels y a pleins de trucs différents qui passent à la tv, et surtout y a plein de temps à passer devant la tv, ce qui fait que je me suis retrouvé devant les 101 Dalmatiens à un moment donné (...), et je me rappelais plus du tout du personnage de la nanny que j'ai redécouvert, et juste après je découvre ta Mrs Kinkle et malgré moi, les deux se superposent un peu... Alors voir la sœur spirituelle de la nanny des 101 Dalmatien sortir un couteau et planter quelqu'un c'était !!! J'en pouvais plus, elle m'a trop choqué xDD... J'ai adoré. (Forcement. Tu me connais.)

J'aime trop les liens qui se font dans ma tête quand on sait que cette histoire prend place dans un recueil où plein d'autres histoires abordent le thème de l'immortalité. Là on peut s'imaginer que c'est le point de départ qui permet à toutes les suivantes d'exister. (Alors que si ça se trouve no rapport du tout et c'est très bien comme ça aussi.) Elles sont de la même famille. Déjà ça joue sur mon implication émotionnelle quand je me dis ça, mais en plus ça rend super curieux de comprendre comment/pourquoi/quand toutes les autres vont prendre place.

Je ne me rappelle plus combien de nouvelles/llas vont composer/composent ce recueil ?
Faudra qu'on en reparle en dehors de cette boîte à commentaires <3
Plein de bisous partout !
Dan Administratrice
Posté le 06/05/2020
Mon bouchon ♥

Huhu je suis ravie d'avoir réussi à te duper ! En plus j'en avais réécrit un bout de ce chapitre 9 suite à des remarques d'Isapass donc si la nouvelle version a fait le taff c'est parfay !

Je me rappelais pas du tout la nanny non plus j'ai dû aller voir sur internet xD Mais y a carrément de ça ! Dans le genre association bizarre je crois qu'à un moment je l'ai presque vue comme Chourave dans HP donc ça se pose là aussi... Malgré tout je suis contente que ses petites improvisations au couteau t'aient plu :p

Cette novella est effectivement le point de départ ! C'est la première chronologiquement et dans l'ordre officiel de lecture (y en a cinq en tout), même si là, pour deviner des liens avec les mémoires grises, faut être un peu extralucide x'D Mais quand tu dis qu'elles sont de la même famille tu crois pas si bien dire WINK WINK...

Des bisous à twaaa merci touplein ♥
Rachael
Posté le 07/03/2020
Puisque j’arrive au bout de cette lecture, bien agréable ma foi, je vais te donner mes impressions générales.
J’ai beaucoup aimé le début avec l’ambiance gothique que tu installes si bien, et la découverte des personnages, en particulier Alister, très bien campé. La référence à une époque particulière et au système des résurrectionnistes est vraiment une bonne idée. Ensuite, l’action démarre vraiment et on a une accélération jusqu’au bout, jusqu’à une fin qui pour moi est un peu trop rapide, car il reste bien des questions, sur l’aspect bestial de la ressuscitée par exemple ou même sur sa personnalité. Cette rapidité de l’action sur les derniers chapitres m’a laissé l’impression que l’intrigue (qui est très bien trouvée) était privilégiée au détriment des personnages et de leur relation. J’aurais vraiment aimé en savoir plus sur Milton/Emilyse et comment elle en était arrivée là par exemple, ou sur Graham et ce qu’il cherche vraiment par ses dissections. Alors c’est sûr le format novella donne moins de place à l’introspection, mais dans les mémoires grises tu étais vraiment plus rentrée dans la tête de tes personnages, en montrant leurs conflits internes.
Voila, cela n’empêche pas que j’ai bien apprécié cette lecture et ton écriture qui est toujours aussi riche, mais j’aurais aimé plus de profondeur au niveau des personnages (et cela n’engage que moi…)

Détails
Clayden tractant presque Henry, Mrs Kinkle le portant presque : un peu lourde cette répétition et ces participes présents
longée de bibliothèques : flanquée ?
Dan Administratrice
Posté le 05/05/2020
Et coucou Rachou !

Merci pour ce retour global, j'ai déjà tout soigneusement noté dans mon doc, je vais pouvoir m'attaquer à une petite reprise pour améliorer cette fin ! Tu n'es apparemment pas la seule à avoir trouvé que c'était là que ça cafouillait, donc je vais essayer de redresser ça et d'apporter plus de profondeur aux autres personnages.

Car c'est vrai qu'on en sait assez peu sur Graham, à la fin. Par contre Milton/Emilyse il me semblait que j'avais donné des pistes avec la maman cramée et la sorcellerie, mais peut-être que ça ne suffisait pas ?

Après comme je le disais à Eulalie, il y a des choses que je ne vais probablement pas trop expliciter ici de toute façon (par exemple la bestialité de la "zombie") puisque ce sera davantage le sujet de la novella suivante. Mais comme ici je les présente indépendamment je comprends qu'il faille un sentiment de complétude, quand même, et pas trente-six questions laissées en suspend.

Le souci aussi par rapport aux mémoires grises est que je voulais ici quelque chose d'un peu plus léger, malgré le sujet ; même Milton qui est motivé par un drame, je l'ai volontairement tourné de façon détachée et limite comique. Donc le jeu va être de réussir à leur donner de la profondeur et des motivations sans pour autant en arriver à des extrémités telles que celles de Freddie ou Lindhal...

En tout cas ça me donne beaucoup de grain à moudre, donc merci merci merci pour ta lecture, tous tes commentaires et les relevés de mochetés ! Je suis contente que tu aies apprécié malgré tout ^^
GueuleDeLoup
Posté le 06/01/2020
Hello Danoushka,
Bon, j’ai mis à profit ces derniers jours pour terminer cette novela.

En toute franchise, mon avis est mitigé. Il le serait sans doute moins si je découvrais ta plume, mais ce n’est pas le cas, je commence à bien la connaitre et je me suis habitué à mes coups de coeur réguliers.

Pour moi, les deux points fort de ton texte sont largement :
-son ambiance, très bien transcrite. Pour moi qui suis une amoureuse des muséum d’histoire naturelle, des monstres en tout genre et de l’époque +/- victorienne, ça marche très très bien.

-ton écriture, toujours impeccable avec ses dialogues savoureux et mordants et tes descriptions très agréables à lire.

Cependant, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages . Il s’agit très probablement d’un parti pris, car ce que j’aime le plus entre les personnages sont les liens qu’ils tissent entre eux et comme tes personnages ne sont fondamentalement pas des amis, des amants, ni des membres d’une même famille... et bien la mayonnaise a un peu de mal à prendre. Mais vu que tu n’as pas essayé de faire ça, ça me parait difficile de te le reprocher comme une erreur.
- J’ai peut-être aussi un peu de mal avec le format novela. J’ai l’impression de ne pas avoir eu une fin qui me retourne comme une crêpe comme celle qu’on a dans une nouvelle, ni le lien affectif qu’on a avec le texte qu’on construit patiemment avec le roman. Encore une fois, c’est un parti pris personnel, donc je n’ai pas de conseil à donner pour modifier ton texte.

Bref, dans l’ensemble, c’était pas mal, mais tu m’as déjà tourneboulée davantage que ça. J’espère que ce n’est pas trop dur comme avis mais comme je te le disais, j’ai l’impression d’être horriblement sévère dans mes commentaires ces derniers temps.

Des poutoux et à bientôt <3
Dan Administratrice
Posté le 05/05/2020
Coucou Gueugueule ! Désolée pour le retard y a toujours un moment où je me laisse distancer dans mes réponses de commentaires ><

Eh, on peut pas réussir à tous les coups ! Ni plaire à tout le monde ^^ C'est pas grave si t'as moins aimé, faut pas te sentir gênée !

Je suis contente que l'ambiance et l'écriture aient fonctionné, déjà ! Pour les personnages, Rach me faisait la réflexion aussi qu'ils finissaient par s'effacer derrière l'intrigue et qu'ils étaient plus "profonds" dans Les mémoires grises, donc en rerereprenant cette novella je vais essayer de les creuser davantage.

Pour le rythme, c'est clair qu'il est un peu étrange ici (moins cyclique que dans Les mémoires grises peut-être, qui commence à un point et finit au même après un développement plus classique). Après malheureusement je ne pense pas pouvoir y changer grand-chose puisque ça reste la novella d'introduction du recueil que, de plus en plus, j'essaye de monter comme un roman en cinq parties plutôt qu'une juxtaposition de cinq textes courts. Je suppose qu'il faudra voir à la fin comment le tout s'enchaînera... *sue des fesses*

En tout cas non, ne t'inquiète pas, ton avis n'est pas trop dur du tout, d'autant qu'il rejoint certains autres (et que j'ai personnellement tout à fait conscience d'avoir galéré avec la fin, donc ça m'étonne pas plus que ça que ça se sente x'D).

Merci pour ta lecture et ton retour honnête ! J'espère réussir à remanier cette novella comme elle le mérite ! Des bisous petons ♥
SalynaCushing-P
Posté le 02/12/2019
Que quoi ?? c'est finiiiiii ?? J'en veux encore moi ! J'aime trop l'ambiance et les personnages !
Tu as écris éthanal à un moment, faute de frappe ou variante de l'éthanol ? En tout cas j'ai adoré ta nouvelle, gothique à souhait !
Tu aimes Frankenstein ? Car c'est vraiment dans cette veine.
Dan Administratrice
Posté le 04/05/2020
Eh oui désolée c'est assez court finalement ! Mais merci pour ton retour, je suis vraiment heureuse que l'ambiance et les personnages t'aient plu ! J'ai pas retrouvé de "éthanal" dans le texte mais "méthanal", qui existe !

Tu parles de Frankenstein le roman et ses dérivés, ou spécifiquement de la série récente ? (parce qu'on m'a dit que la série ressemblait beaucoup à cette histoire du coup j'avoue avoir un peu peur de la voir, même si je pourrais certainement y piocher des trucs...)

Merci encore pour ta lecture et tes commentaires !
SalynaCushing-P
Posté le 04/05/2020
Je parle du livre :) et des séries/films y'en a beaucoup sur Frankenstein le roman ;) Donc dans "la série récente" il faut me préciser laquelle XD car bon ....
Dan Administratrice
Posté le 04/05/2020
Bin justement je demandais des précisions parce que Frankenstein c'est devenu vaste x'D La série récente c'est "The Frankenstein Chronicles" (2015) :)
Eulalie
Posté le 18/11/2019
Salut Dan,
j'ai dévoré ta nouvelle. J'ai particulièrement aimé l'ambiance burtonienne que tu installe dans les premiers chapitres. Inquiétant et en même temps décalé. Je trouve qu'elle s'estompe un peu au fur et à mesure que l'intrigue s'intensifie, ou plutôt qu'elle évolue pour se fondre dans l'intrigue. Cela ne m'a cependant pas vraiment dérangée, j'ai savouré différemment.
J'ai été impressionnée par ta façon de cerner les personnages en peu de mots. J'ai particulièrement aimé les interactions entre Clayen et Graham qui montrent vraiment le décalage entre les deux hommes et leurs milieux sans effacer leur respect mutuel. Chapeau. J'ai adoré le personnage de Milton, un peu caricatural par certains côtés et si inattendu par d'autres.
Je ne sais pas trop pourquoi mais au chapitre deux, je pensais que Milton était Graham. J'ai aussi eu du mal à démêler les tenants et aboutissants de la dualité de Milton/Emilyse. Mais je crois que ma fatigue y est pour beaucoup (c'est ça de lire entre 23h et minuit avec bébé qui dort à côté). Finalement c'est le personnage d'Emilyse que j'ai eu le plus de difficulté à cerner : pourquoi une telle force ? pourquoi Mrs Kinkle la comprend (l'explication des femmes télépathes me semblait amusante mais pas crédible) ? qu'est-ce qui la faite changer de créature bizarre et effrayée à jeune femme cannibale mais conscience et exerçant sa volonté ? Je n'ai trouvé que des réponses partielles à ces questions. Et finalement cela ne me gêne pas, c'est le charme du genre.
J'ai trouvé ton intrigue claire et bien menée. Le retournement à la mort de Milton était pour moi très inattendu (je ne l'avais pas du tout vu venir, j'ai même relu le début pour rechercher les indices). Je l'ai trouvé excellent bien qu'un peu déroutant chronologiquement.
Quant à ta prose, j'ai aimé l'humour sous-jascent, la façon de parler d'Alistair, les émotions traitées sans pudeur mais avec douceur qui m'incitaient à la compassion même des Marbrand.
J'ai passé un excellent moment et je t'en remercie. Si tu as besoin d'une BL un jour, je suis volontaire.
Dan Administratrice
Posté le 05/05/2020
Coucou Eulalie et désolée pour le siècle qu'il m'a fallu pour te répondre ><

Je suis vraiment contente que ce texte t'ait plu ! Tu n'es pas la première à me dire que le style ou l'ambiance s'efface un peu au fil du texte en étant éclipsée par l'intrigue, alors je vais essayer de rectifier le tir ! Et je suis très heureuse si les personnages t'ont plu ♥

Je pense qu'il y a quelques petites choses que j'ai volontairement gardées dans le flou car cette novella s'inscrit dans un recueil avec un fil rouge commun. Par exemple, dans la novella suivante (que je dois encore écrire) les "zombies" comme Emilyse sont beaucoup plus répandus et j'aurai l'occasion à ce moment-là de m'étendre davantage sur leur condition. Je comprends du coup que ce soit frustrant ici, je vais voir si je peux rajouter quelques précisions sans risquer de faire des doublons ensuite.

"Qu'est-ce qui la faite changer de créature bizarre et effrayée à jeune femme cannibale mais conscience et exerçant sa volonté ?" il me semblait qu'on pouvait quand même percevoir le basculement au moment où ses deux "moitiés" se rejoignent (Milton et Emilyse) et où elle retrouve quelques souvenirs, dont celui de sa mort et de "l'après", mais peut-être que c'était pas assez clair ? ^^'

Tant mieux si le twist a fonctionné en tout cas ! Et si le reste t'a plu !

Je garde précieusement ta proposition de BL dans un coin si tu es toujours partante. Je vais bientôt faire une repasse sur ce texte avec tous les retours que j'ai eus ici, donc si tu es toujours d'accord de me donner un coup de main, ça me serait super utile sur une version un peu améliorée !

Merci pour tout ♥
Eulalie
Posté le 09/05/2020
Salut Dan,
je suis heureuse d'avoir une réponse :-)
Comme je te le disais dans mon commentaire, j'ai eu du mal à percevoir les deux moitiés Milton/Emilyse et à comprendre leur lien (j'ai compris à la fin seulement) du coup ça rendait son changement de comportement un peu trop abrupt à mes yeux. Et comme je te l'ai dit, ça fait partie du genre, du coup même perdue je ne suis pas frustrée.
Tu peux compter sur moi pour la BL, je crois que j'ai besoin de quelque chose qui m'aide à renouer avec l'écriture qui me fuit en ce moment.
A bientôt !
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