Chapitre 10

Par Isapass

On a marché à peine une demi-heure. Vu le rythme de notre guide, ça faisait pas bien loin. C’était un coin aride, sans un arbre. Y avait qu’une herbe rase qui poussait sur les bosses et les creux du terrain. Au moins, on avait laissé derrière nous l’odeur fangeuse et les moustiques du marécage.

Je me suis vaguement demandé où on allait, mais j’étais surtout concentré sur cet homme, devant nous. Il était sec à se casser, ridé comme une vieille pomme, voûté. Pourtant on l’avait suivi sans se poser de questions. Il dégageait un truc, une espèce de lumière. Je commençais à soupçonner, vu son âge, qu’il avait connu l’esclavage. C’était son pied, aussi, dans sa drôle de chaussure plus courte que l’autre et plus large qui me laissait penser ça. J’avais déjà entendu dire qu’on coupait la moitié du pied des esclaves fugitifs, s’ils étaient rattrapés. C’était difficile de l’imaginer en jeune homme, courant à perdre haleine pour échapper aux maîtres et aux chiens, mais y avait quelque chose d’insoumis dans sa façon d’agiter son chapeau, de pointer sa canne, dans le petit rire chantant qu’il mettait à la fin de ses phrases. J’arrivais pas à le lâcher des yeux.

Au sommet d’une butte, on a découvert un village. Une centaine de maisons en bois serrées les unes contre les autres, une église, un ou deux hangars, et c’était tout. Autour, des petits carrés de terre cultivée, bien tenus et bien alignés.

— Je m’appelle Modest Brown, il a expliqué. Tout le monde ou presque s’appelle Brown, ici, hi hi. Je vous emmène chez moi. Je vis avec ma bru, Evangelina. Elle manque un peu d’humour, mais c’est une gentille fille, vous verrez, hi hi.

En atteignant les premières baraques, je me suis rendu compte que tous les habitants étaient noirs et j’ai marqué un temps d’arrêt. Les quelques regards qui suivaient notre arrivée étaient pas réellement hostiles, mais j’y lisais plutôt de la surprise que de la chaleur.

— Hi hi, on a pas l’habitude de voir des visages aussi pâles que les vôtres, ici, jeune homme, a dit Modest en me donnant un petit coup de canne pour me faire avancer. On est au début des plaines. Les domaines de la région se sont bâtis sur l’esclavage. Après la Guerre civile, des villages comme celui-ci se sont formés, la plupart à l’endroit même où se dressaient les cases des esclaves. Le nôtre s’appelle Brown Hills, comme la propriété dont ces terres faisaient partie et comme les maîtres qui nous ont affublés de leur nom, génération après génération. Le dernier a péri dans l’incendie de sa maison. Personne ici a regretté sa mort, pourtant nous nous sommes pas donné la peine de rebaptiser notre lieu de vie. Il faut croire que nous aimons vivre avec nos fantômes, hi hi.

Derrière nous, Walt avançait à petits pas, comme pour pas déranger, en adressant à tout bout de champ des signes de tête à tous ceux qu’on croisait. Collée à lui, Mercy avait l’air toute crispée.

La maison de Modest ressemblait en tout point aux autres, sauf qu’au lieu des murs nus qu’on apercevait chez les voisins, la véranda débordait d’un bric-à-brac d’herbes séchées, de plumes, de cailloux irisés, de statuettes… C’était un peu étouffant, mais ça donnait envie de sourire.

— Je ramasse tout ce qui me plaît quand je me promène, m’a soufflé le vieux en montant les trois marches. Et ensuite, je tresse, j’aligne, j’expose, je remplace… Je crois que je cherche à inventer ma propre culture, hi hi !

La même impression de joyeux désordre régnait à l’intérieur. Tous les murs de la pièce commune étaient couverts d’étagères, de tapisseries colorées ou de tableaux, et le moindre espace était envahi par des livres ou des petits objets, dont la plupart semblaient précieux.

— J’ai pillé la maison des maîtres pendant qu’elle brûlait, expliqua Modest, le regard brillant. Ils me devaient bien ça, hi hi !

Sa manie de répondre aux questions avant que je les pose était un peu troublante, mais je le trouvais de plus en plus sympa. Même Mercy montrait une ombre de sourire. Quant à Walt, il avait l’air complètement fasciné par notre hôte.

Une grande femme, dans les trente-cinq ou quarante ans, est entrée par la porte de derrière, avec un panier de légumes au bras. Elle se tenait aussi droite que Modest était courbé. Quand elle nous a vus, elle s’est arrêtée net.

— Ah, Evangelina ! Nous allons avoir des invités pendant quelque temps. La jeune demoiselle pourrait s’installer dans ma chambre, pendant que je partagerai l’appentis avec ces messieurs.

Pendant que Modest parlait, Evangelina nous a pas quittés des yeux, le visage complètement neutre. Son regard s’est attardé un peu plus sur Mercy, mais impossible de savoir ce qu’elle pensait de nous. Modest devait pourtant pas ramener des trouvailles comme ça de ses promenades tous les jours. Elle a fini par hocher lentement la tête, et puis elle a marché jusqu’à la table pour y poser son panier. Aussitôt, Mercy s’est avancée pour l’aider. Je me suis enfin réveillé de l’espèce de torpeur dans laquelle les discours de Modest m’avaient plongé.

— Merci pour votre accueil, j’ai dit en tendant la main. Je suis Samuel Carson, et voici Walter Cobb, et Mercy.

— Mercy ? a demandé Modest en se tournant vers elle. Vous n’avez pas de nom de famille, Miss ?

Elle a baissé le front, puis elle a murmuré :

— Je le connais pas.

Le vieux a haussé un sourcil.

— Alors il faut vous en choisir un ! Celui que vous voulez.

Mercy a ouvert une bouche et des yeux ronds. Ça a fait rire Modest.

— Hi hi, rien ne presse, Miss Mercy. Réfléchissez-y.

Elle a hoché la tête, puis elle a recommencé à couper son chou, un sourire aux lèvres. J’aurais parié qu’elle réfléchissait déjà.

 

Dès qu’on s’est assis tous les cinq autour de la table du souper, Walt a demandé s’il pouvait dire les grâces. Modest a paru ravi par la proposition et il a donné son accord avant de joindre les mains et de fermer les paupières. Moi j’ai baissé le front, mais j’ai gardé un œil discret sur nos hôtes. Walt a commencé par sa litanie habituelle. Quand ils ont entendu ses mots d’enfant, j’ai vu les sourcils d’Evangelina se hausser et le sourire de Modest s’élargir.

— Bénissez Modest et Evangelina, a poursuivi Walter. Y nous accueillent sous leur toit même si nous connaissent pas, juste quand ça dev’nait difficile pour nous. C’est gentil et très généreux, comme vous l’avez voulu entre les hommes. Aidez-nous à bien les r’mercier et donnez-leur la paix et la santé.

— Amen.

Evangelina a poussé le plat fumant de choux au lard vers Modest.

— J’aime votre façon de prier, a dit le vieux.

— C’est Mère qui m’a appris, a expliqué Big Boy, tout fier.

— Quant à notre accueil, nous apprécions vos bénédictions, mais vous avez raison. Chacun devrait ouvrir ses portes à son prochain.

— C’est pas près d’arriver, j’ai grogné.

J’avais pas pu m’en empêcher. En face de moi, Mercy me faisait les gros yeux. Je me suis tassé sur ma chaise, en repérant au passage un demi-sourire vite effacé sur la figure d’Evangelina.

— Hi hi, c’est un peu vrai, a commenté Modest. Heureusement, nous sommes pas les seuls à considérer que tout le monde devrait pouvoir bénéficier d’un abri quand il en a besoin. Ça vient parfois des gens les plus inattendus. J’ai entendu parler d’un magistrat, à la frontière est de l’état, qui donne asile et immunité à tous ceux qui frappent à sa porte.

Je fixais mon assiette en m’appliquant à manger en silence, histoire de cacher ce que je pensais de son anecdote. Modest avait beau connaître plein de jolis mots, il était aussi naïf que Walt, apparemment. J’avais pas eu affaire à la justice, mais de ce que j’en savais, les juges étaient pas du genre à recueillir les fuyards. En général, ils faisaient pas de détails et réglaient les choses vite fait. Jamais à l’avantage des pauvres gens.

— Et puis, mon invitation sous notre toit était un peu intéressée, hi hi ! On sait jamais, vous vous trouverez peut-être suffisamment bien dans notre petite communauté pour vous y établir ?

Cette fois, même Walt en est resté comme deux ronds de flan.

— Euh… nous ? j’ai demandé.

Les yeux du vieux se sont plantés dans les miens avec l’intensité de clous. Il ne rigolait plus du tout. Il avait l’air un peu dérangé.

— Imaginez ça, jeune Sam. Un village de noirs et de blancs, un mélange de couleurs. Si tous nos descendants étaient mulâtres, plus de distinctions, plus de différences…

Son regard m’a lâché et il s’est reculé sur sa chaise en reprenant son sourire amusé.

— C’est un beau projet, non ?

— Très beau, a murmuré Walt, fasciné.

— Il est difficile à accomplir, il a trop peu de partisans. Mais je perds pas espoir. N’est-ce pas, Evangelina ?

— J’ai rien contre, a répondu Evangelina, le visage toujours impassible. Tous les hommes méritent un bon accueil. Tous ceux qui vivent dans la voie de notre Seigneur, en tout cas.

 

Plus tard, quand je me suis couché sur ma paillasse toute fraîche dans l’appentis, pas loin de Walt et de Modest, j’ai repensé à la façon dont elle avait dit ça. Je savais toujours pas si, à ses yeux, ça nous incluait ou pas.

 

***

 

Les jours suivants, on a proposé notre aide à Evangelina et Modest. Il y avait toujours à faire sur leur petit lopin de terre, et pour soigner les quelques poules ou les quatre chèvres qu’ils possédaient. Big Boy et moi, on a pas tardé à remarquer que leur maison avait bien besoin d’un bon rafraîchissement et de réparations. C’était pas étonnant, d’ailleurs : vu son âge, Modest faisait plus grand-chose, à part parler. Ça, il s’en privait pas. Là en plus, il avait des oreilles attentives. Walt buvait ses beaux discours de réconciliation et de paix comme paroles d’évangile.

Je pouvais pas m’empêcher d’écouter aussi. J’étais le premier à reconnaître que le monde dont il rêvait avait l’air très sympa, mais j’y croyais pas une seconde. À mon échelle, j’avais pu voir toute ma vie qu’entre ce qu’on souhaite et ce qui se passe pour de vrai, y a de quoi déchanter. Le plus simple était encore de rien souhaiter. Et là on parlait pas d’un seul individu, non, les plans de Modest impliquaient au moins tout un village. Or, tant de monde qui se met d’accord, qui oublie le passé, qui pardonne… ça aurait été trop beau. Sans compter que ça correspondait pas vraiment à ce qu’il avait laissé entendre de sa jeunesse. Quand je le lui ai fait remarquer, il a dit :

— Hi hi, tu as raison, jeune Sam. C’est vrai que j’ai été le premier à mener la révolte. Le front se rapprochait et nous avions entendu dire que certains des domaines alentour avaient exécuté tous leurs esclaves mâles pour prévenir les mutineries. On connaissait nos maîtres, on savait très bien ce dont ils étaient capables pour l’avoir subi très souvent. Quand j’ai compris que c’étaient eux ou nous, j’ai pas hésité. Les autres m’ont suivi et on les a tués avant qu’ils nous tuent. Ensuite, oui, on a été trop loin, parce que le goût du sang tourne la tête et le cœur. C’est pour ça qu’il vaut mieux pas y goûter. Jamais. Mais c’est bien vieux, tout ça.

J’ai réfléchi à ses derniers mots. Mon regard est tombé sur son pied mutilé.

— Vous dites que vous avez plus de colère ? Ils vous ont torturé, enfermé, acheté, vendu… et aujourd’hui vous leur en voulez plus ?

— Ceux qui m’ont fait ça sont morts. De ma main. À qui voudrais-tu que j’en veuille ?

— C’est pas si simple. Les noirs sont pas acceptés partout, ils sont payés deux fois moins, accusés deux fois plus… Les blancs ont pas changé, en fait.

À mesure que je parlais, la vase bouillonnait dans mon ventre, me donnait envie de hurler et de taper des poings.

— Mais il y a pas « les blancs » et « les noirs », a répondu Modest en souriant. Il y a les hommes. Les bons et les mauvais. Ceux qui veulent du changement et ceux qui en ont peur. Ceux qui affichent leur foi et ceux qui la vivent. Crois-moi, jeune Sam, toutes les couleurs de peau sont représentées dans chacune de ces catégories.

J’ai haussé les épaules.

— Les bons hommes blancs ? Je sais pas où vous allez les trouver, ceux-là.

Modest a ouvert des yeux étonnés, et puis avec son petit rire, il a pointé un index sur Walt et un autre sur moi. J’ai rien trouvé à répondre. Et puis j’ai surpris le sourire de Big Boy. Il paraissait… oui, fier de moi. J’ai mis un moment à trouver pourquoi. D’habitude, Big Boy se crispait quand il me sentait en colère. Oui, mais là, pour la première fois, c’était pas mon sort à moi qui m’avait fait bouillir. Je comprenais pas bien pourquoi ce qu’avaient subi les esclaves ou ce que subissaient encore leurs descendants me mettait dans un tel état. Ça apaisait pas ma colère pour autant.

 

Le soir, j’ai raconté la discussion à Mercy. Depuis qu’on était arrivés, elle aidait surtout Evangelina pour la cuisine, ou les lessives. La belle-fille de Modest était toujours très difficile à déchiffrer. Elle parlait peu et souriait encore moins. Je l’avais vu à plusieurs reprises lever discrètement les yeux au ciel quand son beau-père partait dans ses fantasmes. Elle était aussi peu convaincue que moi, apparemment. Pourtant, juste après, ses traits s’adoucissaient alors qu’elle contemplait le vieil homme. Quoi qu’il en soit, elle avait jamais protesté contre notre présence — pas devant nous en tout cas —, et elle avait même l’air d’apprécier notre aide. Faut dire qu’à nous tous pour faire le boulot qu’elle abattait presque toute seule d’habitude, ça laissait des journées plus tranquilles et des soirées plus longues.

Sous la véranda, Big Boy écoutait toujours les discours de notre hôte, les yeux pleins d’admiration. Mercy et moi, on était assis dans l’herbe à cinquante pas de la maison.

— Quand j’ai dit que les bons blancs, y en avait pas beaucoup, Modest a rigolé et il a montré Walt du doigt, et moi aussi.

Mercy a hoché la tête.

— Ben oui, il a raison, si y a vraiment quelqu’un de bon, c’est bien Walt.

J’ai fait semblant de pas remarquer qu’elle disait rien à propos de moi. Je pouvais pas vraiment lui reprocher, après les crasses que je lui avais balancées au début. Et puis je voulais lui parler de Walter depuis longtemps. Elle avait jamais paru étonnée de rien, elle avait jamais posé de questions sur ce qui s’était passé à Pierce Rock. C’est vrai qu’elle avait pas vu les corps ravagés, mais quand même.

— Tu… t’as jamais pensé qu’il y avait un truc pas net avec Walt ?

— Bien sûr que si.

Elle avait lâché ça d’une voix calme, comme une évidence.

— J’ai déjà entendu ce qu’il dit en dormant, elle a rajouté en voyant ma surprise. Avec cette voix bizarre, là, qu’on dirait que c’est pas la sienne. Je crois qu’il en a bien bavé quand il était jeune. Qu’il soit devenu comme il est malgré ça, ça prouve que c’est vraiment un… ça prouve qu’il est vraiment très bon. C’est tout.

Je me suis demandé ce qu’elle avait failli dire avant de se reprendre, mais c’était pas le plus important. Sa foi en Walt était si grande que j’ai hésité à continuer. Mais ça me démangeait, toutes ces questions que je me posais sur lui.

— Est-ce que t’en es si sûre que ça ? Je veux dire… il est bon, il fait confiance à tout le monde, et tout, c’est vrai. Mais… tu crois pas qu’il a aussi un côté plus… plus sombre ?

Pendant que je parlais, Mercy me fixait en faisant les gros yeux, comme pour me mettre au défi d’aller jusqu’au bout. J’ai dû détourner le regard pour pas abandonner le sujet.

— Tu sais pas tout, j’ai lâché. Avant que tu nous rejoignes, je l’ai vu faire des choses… bizarres. Pas forcément très gentilles.

Mercy faisait non de la tête avec un air buté. Si je continuais, elle allait me prendre pour un dingue.

— Par exemple quand il utilise son… son truc, là, j’ai quand même insisté. Tu sais, quand on a la peau qui pique comme si y avait de l’orage ? Ça fait des fourmis sur les bras. Comme la fois où il a détourné le coup de fusil, à Paggle Farm ?

Elle m’a jeté un regard de pitié, comme si elle me prenait pour un débile. Et puis elle a chassé mes paroles de sa main ouverte.

— Écoute, Sam Carson. Je sais pas ce que t’as vu ou ce que t’as cru voir. En tout cas, je suis sûre que tout ce qu’a fait Walt, c’était pour toi, ou pour moi. Y a pas besoin d’en dire ou d’en comprendre plus.

D’un autre geste sec, elle a mis fin à la discussion. Ensuite elle s’est allongée dans l’herbe en souriant, les mains posées sur la bosse de son ventre. Elle voulait profiter du crépuscule tiède. Comment j’aurais pu insister ?

 

***

 

Le dimanche suivant, on a accompagné Modest et Evangelina au temple. J’avais espéré y échapper, mais ça aurait été très impoli. Evangelina m’avait prêté un vieux veston de Modest et on avait tous nettoyé nos chaussures. 

Tout le village faisait la queue pour entrer dans la petite église en bois blanc. Sur le seuil, le pasteur accueillait ses fidèles un par un. Quand ça a été notre tour, Modest nous a présentés en expliquant qu’on résiderait chez lui pour encore quelques mois, ou même plus. J’étais certain que notre présence à Brown Hills était déjà connue ; les voisins de Modest avaient dû passer la nouvelle et il paraissait étonnant qu’elle ait pas atteint le pasteur, mais il en a rien dit. Il a adressé un petit regard désolé à Evangelina qui a pas bronché, puis ses yeux sont tombés sur le ventre de Mercy qu’elle pouvait plus cacher. Son sourire s’est crispé un peu. Il nous a souhaité la bienvenue en nous serrant la main.

— C’est un plaisir que vous vous joignez à nous, il a dit en montrant du bras le banc le plus proche.

Quand on a pris les sièges qu’il nous avait assignés, Mercy nous a lancé une moue gênée pendant qu’Evangelina l’entraînait vers les bancs de devant. Big Boy en a rien vu. Il avait un sourire béat et les yeux brillants fixés sur la croix de l’autel. Moi j’étais beaucoup plus mitigé. Notre place était claire : bien au fond, loin des autres.

Apparemment, le rêve de métissage de Modest avait pas touché le pasteur. Ni la plupart de ses fidèles, vu les regards qu’on nous jetait à Walter et à moi. 

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!Brune!
Posté le 26/03/2023
Salut,
Même si j'ai toujours autant de plaisir à lire les pérégrinations de Sam et de Walt, je trouve dommage qu'il n'y ait pas un peu plus de rythme dans ton récit. J'ai parfois l'impression de voir les mêmes scènes se dérouler d'une page à l'autre ; certes, le sujet (une longue marche à travers les États-Unis pour chercher pitance) restreint le cadre et les actions, mais tu avais si bien mis en scène les "pouvoirs" de Walt au début que je suis légèrement frustrée de voir qu'il ne se passe pas grand-chose de ce côté.
À part ça, j'apprécie toujours le regard que tu portes sur tes personnages ; tu décris à merveille les relations qui se nouent ou se dénouent au fil du voyage, celles plus intimes, plus profondes qui lient Sam à Walt et Mercy. On ne peut que s'attacher à ce trio hors norme qui traîne ses guêtres au hasard de la vie, ballotté d'un endroit à l'autre, sans autre but que celui de survivre.
Isapass
Posté le 05/04/2023
Salut Brune ! Toutes mes excuses pour le délai de réponse. Je note ta réserve, mais je dois dire que j'ai volontairement choisi de ne donner qu'un rôle limité au fantastique, ce qui explique qu'il n'y ait pas plus de scènes de magie. Il va quand même y en avoir d'autres, ne t'inquiète pas ! Mais ce qui m'intéresse avant tout dans ce projet, ce sont les relations entre les personnages et leur évolution. D'ailleurs, je sais déjà que j'aurais des ajustements à là-dessus en correction. Mais du coup, je suis quand même contente que les relations entre Walt, Sam et Mercy continuent de te plaire !
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
Tac
Posté le 22/01/2023
Yo !
Rhooo que ce chapitre est intéressant. Une part de moi s'étonne vaguement que Sam n'ait jamais croisé ce genre de village s'il a beaucoup vadrouillé, ou qu'il n'ai pas entendu de rumeur sur l'existence de tels villages.
Une chose m'interpelle ; sam et walt ne rencontrent pas les voisins ? si c'est un village ils devraient se croiser au moins, non ? leur seule mention c'est quand ils arrivent la première fois et à la fin... or il est clairement dit que walt et sam ne restent pas planqués dans la grange ou à la cave, alors même de loin... je sais pas, je trouve ça un peu bizarre (sans être extrêmement prévalent non plus).
Quand la belle-fille dit qu'elle a rien contre l bon accueil des gens, "Tous ceux qui vivent dans la voie de notre Seigneur, en tout cas.", je sais pas pourquoi mon cerveau s'est dit que c'était peut-être une façon de juger Mercy car pas d'enfants en dehors du mariage, blablabla. D'un autre côté c'est clairement dirigé vers Sam et elle semble prendre Mercy sous son aile, alors je me demande dans quelle mesure elle sait de qui est l'enfant ? Est-ce qu'elle ne penserait pas que Sam est le père ? Mais n'en aurait-elle pas parlé à Mercy ?
Je m'accroche sur des détails, hein, car en vrai j'ai rien à dire ! je trouve que ça marche bien , j'ai l'impression que tu es plus dedans, que tu as pris le pli par rapport au début et que tu as retrouvé ton style comparé aux chapitres précédents plus introspectifs. Je trouve ça très cool !
J'ai oublié de dire que je trouvais int"ressant que les gesn de Pierce ROck recherchent Mercy ; ça fait élément incontrôlable qui va arriver à un moment deonné, probablement lorsque les choses sembleront aller mieux pour nos héros. C'est malin ! mais en tant que lecteurice, je te déteste pour ça :')
Plein de bisous !
Isapass
Posté le 27/01/2023
Ok, je note ta remarque. Le truc c'est que Sam n'est pas sur les routes depuis si longtemps (4 ou 5 ans). Ils peuvent être dans une région qu'il ne connait pas bien et où l'esclavage était beaucoup plus présent que dans le reste de l'état. Enfin, les villages en questions peuvent être un peu à l'écart. Quoi qu'il en soit, je ne sais pas si c'est pertinent d'expliquer tout ça, mais je peux au moins faire en sorte que Sam se pose la question.
Pour ce qui est d'Evangelina, dans ma tête sa phrase "ceux qui vivent dans la voie du seigneur" n'était pas forcément un jugement mais plutôt un avertissement. C'est quelqu'un d'intègre même si pas très ouverte d'esprit. J'imagine qu'elle attend de voir qui a fait quoi pour juger. Et puis le fait qu'elle prenne Mercy sous son aile, tu l'as peut-être compris après, ça relève de choses plus personnelles et peut-être plus... primaires.
Tant mieux si l'ensemble marche bien et si tu trouves que le chapitre est intéressant, ça me fait plaisir.
Et j'aime aussi que tu me détestes pour l'élément lié à Pierce Rock... ;)
Rachael
Posté le 27/10/2022
J'aime bien le personnage de modeste, il me fait penser (dans une certaine mesure) au vieux de mon histoire (la rêveuse de Veldys) avec son côté fantaisiste et collectionneur. Et il a l'air aussi disjoncté que lui, avec ses rêves d'utopie. Parce que bon, pas sûr que beaucoup soient prêts à le suivre, j'ai l'impression que les blancs sont un peu moins bien vus par les autres du village... et on comprend pourquoi.
Donc ce havre de paix est une respiration bienvenue pour les persos, mais je n'ai pas l'impression que ça va durer. Sadique, va !
Il me semble que tu as repris un ton plus "familier" ici, moins "littéraire" que dans les chapitres précédents. Je le dis juste en passant, je sais que tu vas harmoniser tout ça à la relecture.
Je suis contente que tu aies repris aussi bien l'écriture (bien étant au sens de : ce que tu écris est bien !!!), ca fait plaisir à voir (et surtout à lire)
Isapass
Posté le 04/11/2022
Oui, c'est vrai, je n'y avais pas pensé mais Modest à un petit côté qui ressemble à ton vieux à toi (L'Envell ?). Je crois qu'il est quand même moins énigmatique (le tien mettait la barre très haut, faut dire).
Tu as bien compris, il y a le rêve de Modest pour le village, et celui des autres... ce ne sont pas forcément les mêmes. A suivre...
En effet, j'ai l'impression que j'ai pas mal retrouvé le ton du début. Ce sera à harmoniser à la fin, oui, mais j'ai l'impression que ça va mieux.
Le prochain chapitre est à moitié écrit mais j'ai eu du boulot et il y a eu le PAtober, les HO... Bref, j'ai encore mis en pause. Pourtant je suis impatiente de l'écrire le prochain, même s'il contient beaucoup de scènes très basées sur l'émotion, donc très casse-gueule !
Merci pour ta lecture, tes retours et tes encouragements !
A bientôt, des bises !
LionneBlanche
Posté le 25/10/2022
Coucou, Isa !
C’est fou ce qu’ils se lisent vite, tes chapitres ! Et comme tout me revient en mémoire rapidement, aussi ! Je me suis souvenu de l’arrivée du monsieur, dès les premiers mots, et du contenu du chapitre précédent, aussi, et de ma peur. ^^
Un ancien esclave ? Couper la moitié du pied ?! :’( Il me stress un peu avec ses « hi hi » ^^ : comme d’habitude, j’ai envie de faire confiance, MAIS…

Je trouve ça curieux de se choisir soi-même un nouveau nom de famille, mais c’est sans doute mieux que de ne pas en avoir.

Étrange village, mais en y réfléchissant, c’est logique. Qu’ils souhaitent intégrer des blancs, après tout ce qu’ils ont vécus, c’est énorme, par contre ! En vrai, s’ils n’étaient pas poursuivis, cet endroit serait vraiment génial ! Mercy pourrait avoir son bébé tranquille, ici, et eux s’établir, arrêter d’être sans cesse sur les routes. Sauf qu’on risque de les dénicher…
Je pense un peu comme Sam, tu l’auras deviné : je trouve ça tellement grandiose qu’il pardonne, qu’il en soit capable. Évidement qu’il y a des bons et des mauvais chez les blancs comme chez les noirs, mais être capable de le voir après avoir été esclave, mutilé… Ouah !

« — Ben oui, il a raison, si y a vraiment quelqu’un de bon, c’est bien Walt. »
C’est sympa pour Sam… ^^ Mercy se pose moins de question que lui, que moi. Est-ce parce qu’elle a peur de se les poser, par crainte de gâcher ce qu’elle a, ou parce que, réellement, ça n’a pas d’importance pour elle ?

Hm… Dommage que l’accueil ne soit pas général, et je n’ai pas trop aimé le regard vers le ventre de Mercy. Mais en même temps, c’est complétement logique, même si j’espère que ça ne leur attirera pas d’ennui.

Evangelina est un peu plus difficile à cerner, mais même si je reste toujours sur mes gardes, elle m’a l’air de quelqu’un de bien ; elle semble écouter les doux rêves de Modest comme si elle n’y croyait pas, mais aimait ses idées et l’innocence qu’il a les penser réalisables.

Tout va bien dans ce chapitre, du coup, je me demande ce qui va mal tourner, et il y a tellement de possibilités ! ^^

À bientôt, Isa !
Isapass
Posté le 26/10/2022
Ce chapitre est un peu plus court que les autres, c'est peut-être pour ça que ça t'a fait cette impression. Et puis l'écriture est simple, avec des phrases assez courtes, donc ça doit jouer aussi. En tout cas, j'en déduis que tu ne t'ennuies pas ? Ca me fait très plaisir.
Peut-être que cette fois, Sam, Walt et Mercy sont tombés sur des gens vraiment gentils. Il en faut quand même. On verra bien ;)

Tu as raison, c'est difficile de changer de nom de famille, mais ils auraient au moins pu rebaptiser leur village, plutôt que garder le nom de la propriété où ils étaient esclaves.
"Qu’ils souhaitent intégrer des blancs, après tout ce qu’ils ont vécus, c’est énorme, par contre ! " : attention, c'est seulement Modest, qui dit ça. Rien ne dit que les autres pensent la même chose, hein ;)

Très bonne remarque, pour Mercy : elle se pose en effet moins de questions. Elle n'a pas non plus vu tous les phénomènes auxquels Sam a assisté. Du coup, pour le moment, elle n'a pas de raison de se poser des questions (sauf peut-être sur la mort de ses agresseurs, en effet, et là l'une de tes hypothèses est peut-être bonne)

Tant mieux si Evangelina est plus difficile à cerner, c'est ce que je voulais. Et puis Modest parle beaucoup, elle a peut-être juste du mal à en placer une XD

Ah ah, tu as bien compris mon état d'esprit : "qu'est-ce que je pourrais faire maintenant pour torturer mes personnages ?" Je serais ravie de connaître les possibilités auxquelles tu as pensé !

Merci pour ta lecture et ton commentaire. Le chapitre suivant est à moitié écrit, mais avec les HO qui commencent, je ne sais pas vraiment si je vais beaucoup écrire ces prochaines semaines.
LionneBlanche
Posté le 27/10/2022
Oh non, Isa, je ne m'ennuie pas du tout. Tes chapitres sont mes petites gourmandises de la semaine : quand j'ai un peu de répit et que je peux me poser devant, je sais que je vais passer un bon moment. :)
Jowie
Posté le 23/10/2022
Hey Isa !

J’étais plus rassurée quant aux intentions de Modest en lisant qu’il avait un passé d’esclave et qu’une sorte de lumière rayonnait de lui. Le fait que Walt soit fasciné par lui m’a également mise en confiance, même si je me demandais s’il n’avait pas quelques tendances anarchiques cachées. Et puis je n’ai pas arrêté de douter durant le restant du chapitre. Une société où tous vivent côte à côte serait certes super, mais vu le monde hostile dans lequel vivent les personnages, cela semble presque trop beau pour être vrai. On sent également que malgré l’accueil qu’on leur offre, une certaine tension demeure palpable. Evangelina mentionne “son Seigneur” et on se demande si ce Seigneur-là est vraiment ouvert à tous et à toutes par exemple, un élément qui est renforcé avec la scène à l’Eglise, où Walt et Sam sont relégués aux derniers bancs… Peut-être que Modest est la seul personne convaincue de son idéal et que les autres se méfient tout simplement des blancs.
Bref, le suspense se poursuit !
Quant au côté “dark” de Walt, je suis sûre qu’il en a un (lié à un traumatisme?), même si je ne suis pas sûre de comprendre comment Sam y a repensé maintenant (vu que ça fait un petit moment que Walt n’a fait que aider et n’a mis personne en danger). À moins qu’il n’ait eu peur que Walt ne blesse quelqu’un lors de l’épisode avec le fusil ?
C’est toujours un plaisir de te lire, je me réjouis de découvrir la suite :)
Isapass
Posté le 26/10/2022
Salut Jowie !
On peut dire que Modest est un peu anarchiste, en effet ! En tout cas, ses idées peuvent paraître subversives dans le contexte. Et très utopiques !
"Peut-être que Modest est la seul personne convaincue de son idéal et que les autres se méfient tout simplement des blancs." : voilà, tu as bien compris l'idée.
C'est une bonne remarque, le fait que Sam n'ait pas vraiment de raisons de repenser maintenant au côté dark de Walt. Dans mon esprit, comme il l'a quand même vu faire des trucs incroyables (comme commander à une tornade ou tuer 3 hommes), c'est quelque chose qu'il a en tête en permanence, cette espèce de mystère. Donc il est impatient d'en parler avec quelqu'un et là, il a enfin l'impression qu'il peut en parler avec Mercy (au moins à demi-mots). Est-ce que tu trouves que ça tient la route ? Ou ça fait trop parachuté ?
Merci pour ta lecture et tes retours, c'est un plaisir d'avoir tes commentaires, comme d'habitude !
Jowie
Posté le 30/10/2022
Hello :)
Alors pour moi, il suffirait de faire un petit rappel (en par exemple une phrase) pour que l'on comprenne pourquoi il repense soudain à cet incident. Il pourrait (je dis n'importe quoi, mais tu comprends l'idée:) fixer le fusil d'un passant, ce qui lui rappellerait l'incident avec Walt et expliquerait ça soudaine réflexion ^^
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