Chapitre 1 — Blaine

Notes de l’auteur : La suite est enfin là ! \o/
Je suis encore en pleine écriture du début de ce tome, mais j'ai quelques chapitres d'avance. Normalement, il ne devrait pas y avoir trop de temps entre chaque chapitre. ^3^
Sur ce, enjoy ! o/

Dès mon retour à la maison, j'avais pleuré. Mais pas pour les raisons attendues.

Ma grand-mère s'était précipitée pour me voir et m'avait pris dans ses bras tout en me répétant qu'elle était fière de moi. J'ignorais pourquoi elle s'impliquait à ce point, même si j'avais parfois pu apercevoir sa peine teinter son visage. Elle aussi avait un vécu qui pouvait la détruire de l'intérieur.

Puis ce fut Kayla qui vint me sauter dans les bras. Elle était resplendissante et ça me rassurait de la voir ainsi. Même si je m'étais éloigné d'elle pour un week-end, elle était toujours aussi pleine de vie.

— Je suis vraiment trop contente pour toi ! s'exclama-t-elle, les yeux embués.

Elle allait peut-être se mettre à pleurer bien plus que moi.

Malheureusement, nos pleurs allaient prendre une autre tournure avec l'arrivée de notre père. Il était au bout du hall d'entrée, posé contre le chambranle qui donnait sur le grand salon.

— Blaine... Je ne t'ai pas vu de tout le week-end, asséna-t-il, l'air furieux. Aurais-tu fui à tes devoirs ?

— Totalement, affirmai-je, essayant de garder mon calme tant bien que mal. Alors, abandonne l'idée de me marier avec Kate, parce que je vais plutôt te donner une excellente raison pour m'abandonner. J'ai épousé Charlie. Charlie Sullivan. La fille qui aurait dû être mon ennemie.

Le visage de mon père se décomposa par la surprise. Puis ce fut la colère qui prit le dessus et ses poings se fermèrent violemment. Il approcha d'un pas et mon cœur sauta un battement en craignant ce qu'il pourrait me faire physiquement. Psychologiquement, il était probablement déjà trop tard.

— J'espère que tu te fous de ma gueule... Pourquoi tu aurais fait ça ?

— Parce que j'aime Charlie, et pas Kate. Et Charlie m'aime aussi.

— Par pitié ! grogna-t-il, déjà exaspéré par la situation. Vous n'êtes pas amoureux ! Vous êtes juste deux gamins complètement perdus qui veulent se rebeller contre leur famille !

De nouveau, il fit un pas vers nous. À tout moment, je m'attendais à ce que son comportement change brutalement et devienne totalement imprévisible. Enfin, c'était le cas bien avant, dès que je m'étais éloigné de lui et que j'avais remis en question son mode de pensées.

— Je veux plus te voir ici ! hurla-t-il de plus belle. Tu prends tes affaires et tu dégages ! Et n'ose même plus mettre les pieds ici ou prendre contact avec quiconque de cette famille !

— Pardon ?

— Tu croyais que j'allais abriter un traître sous mon toit ? Et puis quoi encore ? Alors t'arrêtes de chouiner et tu t'actives !

Il me pointa de son index pour unique menace puis il quitta la maison en nous frôlant. Pendant un instant, j'avais cru qu'il s'arrêterait en chemin pour s'enfoncer dans la violence physique. Je fus alors soulagé de le voir partir aussi facilement.

Puis mon regard se posa sur Ulric. Depuis le salon, il nous observait. Il s'approcha lentement de nous, l'air grave.

— Tu le fais exprès de provoquer notre père à ce point ? me demanda-t-il, presque aussi furieux que mon père.

— Il allait me marier de force !

— Et alors ?

Son ton était complètement détaché et sous-entendait clairement un "je m'en fous".

— T'es au courant que ça m'implique moi et une autre personne ? En l'occurrence Kate ? Elle non plus n'avait pas envie de subir ça.

— Encore une fois, et alors ? Surtout que tu lui tournais pas mal autour, à Kate, j'ai l'impression...

Ce sentiment d'injustice qui grandissait en moi me donnait terriblement envie de me défendre, mais je perdrais juste mon temps et mon énergie avec lui. Parce que je savais que mon frère n'était plus que le reflet de mon père. Celui-ci s'était rabattu sur mon frère après ma rébellion, sur quelqu'un de plus facilement malléable.

Puis je me dis que je ne verrais probablement plus mon frère avant un bon bout de temps, alors être honnête...

— Tu sais que j'aurais pu provoquer bien plus notre père ? le provoquai-je, un brin sarcastique. J'aurais pu lui dire que je suis bi et que je suis sorti avec Tyler, le frère de Wade, celui qui est mort d'une overdose. J'aurais pu aussi lui dire que j'avais baisé Kate mais qu'elle n'a jamais été intéressée par moi et ne le sera jamais...  Mais juste oser respirer sous mes yeux, c'était suffisant pour qu'il me déteste. Parce que j'ai pas fini par jouer les petits toutous comme toi !

Mes propos furent suffisants pour que sa mâchoire tombe. Des tremblements parcoururent tout mon corps et pire que tout, une sensation d'amère de regret commençait à naître au fond de moi. Certes, je n'avais pas insulté mon frère, mais j'avais vraiment la sensation d'être allé trop loin.

Alors, je profitai de son mutisme passager pour monter à l'étage et rejoindre ma chambre.

Rapidement, je m'emparai d'une valise où je pourrais y ranger le nécessaire. Quelques vêtements, mon ordinateur, quelques souvenirs... Et le reste n'avait que peu d'importance. De toute façon, à quoi m'étais-je réellement attaché ici ? Pas grand-chose.

Kayla était au pas de la porte de ma chambre, les yeux larmoyants.

— Je veux pas que tu partes, articula-t-elle entre quelques sanglots.

— Moi non plus...

Je la pris dans mes bras et la serrai fermement contre moi. J'aurais dû m'y attendre à une telle situation et pourtant, je ne l'avais pas envisagé. Je me sentais soudainement si stupide. Parce que maintenant, j'allais clairement mettre en danger ma sœur. J'aurais terriblement voulu que ce choix puisse protéger tout ce que j'aime... Mais pas du tout.

— Tu vas aller où ? La famille de Charlie ne t'acceptera pas...

Elle peinait à lâcher chacune de ses syllabes et ses larmes s'accumulaient sur mon épaule.

— Je vais quand même essayer... C'est tout ce qu'il me reste.

En la relâchant, j'aperçus ses yeux rougis par les pleurs et elle n'essaya même pas de retenir ses sanglots.

— Ne t'en fais pas, je ne suis pas mort. Je serai toujours là... Tu pourras toujours me contacter et on pourra se voir quoi qu'il arrive. Je te le promets. Je ne t'abandonnerai pas.

— Comment je vais tenir sans toi ?

— Kayla... Ce combat, c'est toi qui l'as mené jusqu'à maintenant, je n'ai pas fait grand-chose. J'ai juste été là pour te dire que tu n'étais pas seule.

Elle tenta de sourire, mais n'y parvint pas et laissa plutôt couler ses larmes.

Je savais qu'elle avait encore beaucoup de chemin à faire pour combattre son addiction. Évidemment, son chemin n'avait jamais été tout tracé et elle avait chuté à plusieurs reprises, mais à chaque fois, même si la chute fut brutale, elle en avait tiré quelque chose.

Elle m'impressionnait chaque jour, parce qu'elle aurait pu tout abandonner et se morfondre, mais au lieu de ça, elle s'était accrochée à la vie et, même si sa quête de bonheur était encore compliquée, elle avait retrouvé la joie de vivre. Et pourtant, certains oseraient dire qu'elle ne mériterait pas de vivre, qu'elle serait qu'une toxico jusqu'à la fin de ses jours. Mais quand je la voyais sous mes yeux, ce n'était pas une héroïnomane qui finirait par plonger, au contraire, c'était un être humain comme n'importe lequel d'entre nous. Un être humain qui avait malheureusement connu des bas bien violents, mais qui savaient apprécier les hauts.

— Tu es bien plus forte que tu ne le crois, ne doutes jamais de ça.

Elle me prit de nouveau dans ses bras. Un bref câlin. Puis elle se reprit :

— Je ne voudrais pas te retarder... Mais si jamais il te manque des affaires, je pourrais probablement te les ramener.

— Tu ne me retardes pas... Je crois que j'ai déjà mis l'essentiel dans ma valise.

Elle jeta un bref coup d'œil à ma valise et un petit rire lui échappa. Elle se sentait presque mal à l'aise de rire, mais quand elle croisa mon sourire rassurant, elle se calma aussitôt.

— Promets-moi encore une fois que tu ne m'abandonneras jamais.

— Promis.

J'allais quand même l'abandonner en partie et c'était suffisant pour faire naître une violente douleur à ma poitrine. Parce que je n'avais jamais été éloigné d'elle, toujours au cas où elle replonge. Ces fois-là, j'avais été présent, j'avais pu agir... Mais si elle retrouvait de personne qui ignorait comment gérer la situation, ça pourrait lui être fatal.

Malheureusement, je ne pouvais pas rester ici, même pour la protéger. Mon père n'avait pas cédé à la violence physique, sauf s'il me revoyait dans sa demeure.

Je vérifiai une dernière fois ma valise, la fermai puis descendis pour rejoindre le hall. Ma mère s'y trouvait, en retrait. Quand elle croisa mon regard, elle hésita un instant puis elle me prit fermement dans ses bras.

— Blaine... Je te promets que tu reviendras rapidement à la maison. Je trouverai un moyen.

Sa prière était pleine de remords, comme si c'était elle qui avait merdé et donc qu'elle devait corriger son erreur.

— Ne prends pas de risque pour moi... Je vais gérer ça. Prends soin de toi... de Kayla... Et fuis cette maison toi aussi.

— Je ne peux pas...

Malheureusement, je devais reconnaître que je ne connaissais pas si bien mon père que ça et, au final, j'ignorais totalement quelle relation il entretenait avec ma mère, quand bien même j'en avais eu un aperçu.

— Prends soin de toi, insistai-je une énième fois.

— Je t'aime Blaine.

Jamais je n'avais vu ma mère aussi émotive, peut-être parce qu'elle avait la sensation de me perdre, probablement une des pires épreuves qu'une mère pouvait vivre.

— Moi aussi je t'aime maman...

Elle me regarda de haut en bas, comme si elle voulait photographier cet aspect de moi pour toujours. Puis elle croisa les bras, se résignant à me laisser partir.

— Sois heureux avec Charlie... C'est tout ce que je te souhaite.

J'aurais tellement voulu rester... Si seulement j'avais le choix. Alors, j'enfilai un manteau et, ma valise en main, je quittai la maison. Pendant quelques pas, je me retournai de temps en temps. Ma sœur était à la fenêtre, me saluant d'un signe de main. J'avais beau m'éloigner de ma famille, je sentais leur peine s'intensifier à chaque pas.

Je pris une longue inspiration et m'avançai d'une démarche rapide devant la maison de Charlie. J'ignorais si je devais d'abord la prévenir via un message ou tout simplement sonner. Après tout, le résultat serait le même et je risquais de prendre cher quoi qu'il arrive.

Mon angoisse me paralysait et m'empêchait d'y voir clair. Alors, je choisis l'option qui pouvait me rassurer en partie : envoyer un message à Charlie. Mon message fut assez court, juste pour attirer son attention, on aurait tout le temps de s'expliquer après.

"Charlie, j'ai besoin de ton aide. Mon père m'a viré de chez moi."

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