Tu es dans mes instants. Dans mes rêves et mes songes, en arrière-plan.
Et ton parfum, partout, partout. Sur mes draps, mes bras, mes mains et mes cheveux. Entre mes doigts et contre mes yeux. Niché dans chaque battement de paupière, chaque coin et recoin de ma peau, et autour de tous mes mots. De ceux qu’on chuchote aux petits matins cotonneux, et qui viennent se heurter à la vitre du train. De ceux qui glissent en esquivant nos lèvres et qu’on emporte au loin, cachés dans une poche de poitrine mal boutonnée.
Je suis imprégnée d’impressions furtives, comme mille timidités soupirées, comme les esquisses maladroites de désirs doucement distillés ou tendrement tempérés.
J’ai sur moi le goût des plaisirs sans noms. Les couleurs invisibles et inconnues des sillons laissés par ton souffle.
Ma bulle embaume la saveur secrète des sensations insolubles. Mon monde ruisselle des souvenirs étourdis de tant de musiques intensément sourdes.
Du charme désinvolte d’une courbe, à l’attrait discret d’un trait semblable à un simple sursaut, tout est mélange d’images étranges et si pleines de vie encore, que mon corps est empreint du caractère infiniment ténu de toutes ces délicatesses.
Je vois à nouveau les gestes déliés dans leur chaleur vaporeuse. Dessin élégant de gaillardes envie indescriptibles. Ces petits délices téméraires, ces infimes fractions, fluides, frissonnantes et momentanées, ces ficelles de temps, ces saisissements surpris d’allégresse exquise, cette inéluctable liberté… S’évaporent. S’évadent et volent, et valsent sur la surface.
Pourtant, il y a dans l’air, comme une vague amère qui bruisse, insinuée sous le ciel gris insipide, et qui tiraille les tirades légères du vent sur mes joues.
Je hurle la saveur âcre de ton absence.
L’âpreté du silence.
Au plaisir de te lire.
J'apprécie ce passage: "S’évaporent. S’évadent et volent, et valsent sur la surface.", car la présence du dernier "et valsent…" donne vraiment la sensation d'un coup de vent qui vient justement rajouter cette proposition, qui remue ta prose et son discours; c'est génial et si poétique.
J'ai été emballé par tes lignes, et te remercie pour le partage.
Au plaisir d'en lire encore,
A.R.
Merci beaucoup pour ce joli joli commentaire si enthousiaste ! Cela fait chaud au cœur (et à la plume).
Au plaisir de te lire.
J'avais sur les oreilles une chanson triste avec quelques envolées de guitare et je dois dire que l'alchimie a parfaitement fonctionné ! L'utilisation de mots moins courus est tout bonnement remarquable. Un usage moins constant des adverbes rendrait, à mon sens, le tout plus fluide (vaporeux mais non évaporé ?)
Une petite correction sur "délice" qui est féminin au pluriel (soit "petites délices téméraires").
Hâte de te lire pour la suite !
Hâte de te lire également.
un texte court mais efficace.
Quelle douceur dans le récit ! La première phrase est parfaite ! Elle nous emporte avec une facilité désarmante.
(En effet la longueur n'est pas mon fort en général). Merci beaucoup !
Au plaisir de te lire.
Je m'interroge, pourquoi y a-t-il une virgule après « air » ici ? « Pourtant, il y a dans l’air, comme une vague amère qui bruisse »
Si c'est la vague qu'introduit « il y a », il ne devrait pas y en avoir ici, me semble-t-il... Dis-moi ce que tu en penses !
Tu n'as que trop raison. Je fais hélas partie de ceux qui usent et abusent de la virgule.
C'est un mal que je tente de soigner...
Merci de cette remarque ;)
Voilà un petit bijou. Je ne suis pas sûre de tout comprendre, mais je suis charmée par la beauté des images évoquées, le choix des mots, aussi judicieux qu’inattendu, et la musicalité qu’il apporte.
Ce n’est pas ce commentaire qui va te faire progresser, mais c’est toujours agréable de recevoir des compliments… ;-)
Un petit détail :<br /> « le goût des plaisirs sans noms » [j’écrirais « sans nom » (car chacun a son nom)]
Merci, merci. Tes compliments me ravissent, en effet ;)
Pour parler des petits détails (qui ont souvent leur importance néanmoins), tu as tout à fait raison.
Grand merci (encore) !
C'est un sujet qui me touche particulièrement.
J'aime beaucoup les "impressions furtives" et "l'âpreté du silence" qui me semblent terriblement parlants.
J'ai bien l'intention de découvrir davantage de vos textes.
Ivy
C'est une chose qui nous touche tous, je crois.
Merci pour ce commentaire :)
Plulume
Tu portes très bien ton pseudo ! C'est la première fois que je lis quelque chose de toi, je crois, et je sens que je vais rôder plus souvent du côté de tes poèmes en prose...
Absence est très fluide, très doux, et tes allitérations sont une petite merveille à l'oreille comme aux yeux ! Un grand bravo ;-)
A très vite
Liné
Tout le monde (ou presque) est bienvenu dans les méandres vaguement poétiques de mon imagination. Rôde, donc.
Je te remercie.
A très vite,
Plulume
Je suis un manche a balai en poèmes, je ne suis absolument pas compétente pour une critique constructive, mais je l'ai trouvé très beau. Je l'ai lu deux fois, même, la deuxième a haute voix et les allitérations lui donnent un panache savoureux. il se trouve quz j'ecoutais 'I'm still loving you' en même temps, c'était pas mal ;)
Au plaisir de te relire!
Je te remercie beaucoup, sorte de manche à balai néanmoins sympathique.
Tes compliments sont constructifs... de ma prétention :)
Au plaisir de te lire aussi.