Chapitre 1

Martine Darais avait été appelée par le procureur cet après-midi. Un appel bref, mais clair. Elle s’attendait à une nouvelle histoire de ces peu fameuses qui arrivaient dans cette ville – entre les vols de bananes, les cambriolages de machines Duréx et les enlèvements de souris blanches –, et pourtant, ce fut cette fois une histoire tout digne d’intérêt.

Car un homme était mort.

Martine avait été nommée commissaire il y avait de cela quatre ans, avait dans la police une ancienneté de huit ans, et depuis son arrivée à ce travail qu’elle pensait palpitant, rien n’était arrivé sortant de l’ordinaire, hormis quelques vols de papiers d’identité, rien d’incroyable. Jusqu’à ce jour. C’était son premier meurtre – entre guillemets. Après tout, il n’y avait pas des meurtres tous les jours au beau milieu de Paris.

Bref, le travail du commissaire Darais était parfaitement ennuyeux. Elle avait cependant eu le temps de se forger de bonnes connaissances, et des relations plutôt bonnes, et cela avait parfois permis un tournant décisif dans sa carrière, notamment lorsqu’elle remplaça l’homme désormais à la retraite.

Elle entra dans son bureau, suivie de prêt par le procureur, qui avait tenu à s’entretenir avec elle. Elle lui proposa de s’asseoir, avant de lui montrer une boite de cookies Granona déposée non lui de lui. Il refusa tout net, avant d’en venir directement aux faits : elle allait devoir enquêter sur un crime commis dans une commune éloignée de Paris.

Martine ne put s’empêcher de demander pourquoi elle devait s'adjoindre à une équipe hors de son secteur :

« Mais pourquoi une commissaire de Paris plutôt qu’un ou qu’une commissaire dans la ville en question ?

- C’est justement votre ami, du moins l’un d’entre eux, le Major de police de cette ville, récemment muté pour son plus grand déplaisir là-bas, qui a parlé de vous. Il a dit qu’il souhaitait travailler en étroite collaboration avec vous, une professionnelle du terrain. Il parlait de vous. Il disait que vous méritiez d’être encore au-dessus de commissaire, apparemment – si cela était possible, évidemment. Et j'accède à sa demande car l'affaire semble particulière. Inhabituelle. Un meurtre dans un village inconnu ? J’ai trouvé ça… Etonnant. Et il n’y a pas de commissaire dans leur ville, il me semblait évident de vous choisir.

- Je ne vois absolument pas de qui vous parlez, en fait.

- Un homme trapu qui travaillait dans le Xe arrondissement, avant d’être muté l’an dernier.

- Ah, lui… Cet homme n’est pas mon ami. »

Elle n’avait pas compris au départ, ou du moins, n’avait pas voulu admettre, qu’il parlait de son ex-mari. Un homme qui ne savait prendre les responsabilités dans une famille au sérieux, trop occupé par son travail. Elle ne l’avait pas vu depuis deux ans et aurait aimé l’avoir oublié. Mais pour lui, apparemment, ce n’était pas le cas.

Après avoir salué le procureur, Martine se rendit sur-le-champ dans la commune où le meurtre avait eu lieu, n’ayant d’autre choix possible que d’accepter.

Partie en voiture, elle arriva rapidement mais dut chercher plusieurs minutes durant une place non loin du poste de Police. Quand elle eut trouvé, elle appela le Procureur pour l’en informer :

« Je suis arrivée.

- Parfait. Vous allez commander l’opération, certains risquent cependant de vous considérer comme illégitime : c’est la première fois que vous venez dans cette ville, vous ne connaissez rien pour l’instant. C’est la première fois que vous travaillez avec des personnes ici. Alors attendez-vous à une certaine réticence face à votre arrivée. Cependant, vous avez les commandes. Alors ils ne le montreront peut-être pas…

- J’avais compris, c’est bon. »

La discussion dura encore quelques courtes secondes, avant de se clore. Alors Martine Darais entra dans le local de la Police Nationale de la ville.

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