Chap 27 : Chacun son plan

Par Achayre
Notes de l’auteur : Premier jet non corrigé - Ecriture de la semaine 25
07/09/23 : Mise en ligne de la version corrigée

Cyriaque sut que Tolen s’était éloigné lorsqu’il put soulever le coffre contenant sa précieuse Ételrune. Son envie de fracasser des crânes ne s’était pas éteinte avec le départ du mage, il la canalisait simplement pour alimenter ses réflexions. Un exercice périlleux qui consistait à utiliser sa rage comme combustible sans qu’elle ne prenne jamais le dessus sur la logique. À ce moment précis, l’âme et l’esprit du vieil homme étaient si ardents que Luzerne aurait pu les battre sur l’enclume de sa forge pour en faire une nouvelle arme dévastatrice.

Moïra était remonté comme un ressort prêt à sauter sous la tension. Plus effacée, lors du face à face avec Tolen, elle puisait dans sa frustration pour rivaliser d’imagination avec son maître. L’un des deux trouverait une idée pour leur permettre de fuir la prison de pierre. Restait à savoir lequel.

— Je ne vous ai pas enseigné la manipulation sans gravure, mais tu y arrives, n’est pas ?

— Heu… plus ou moins, minora Moïra. J’ai regardé dans vos livres sans attendre la leçon.

— Encore heureux que tu n’attendes pas après moi pour t’instruire. C’est plutôt plus ou moins ?

— Moins, admit-elle, à contre-cœur. Sans la forme complète de la rune, je n’arrive pas à fixer correctement mon aura sur les objets.

La manipulation sans gravure consistait à établir un lien entre l’aura du mage et un support sans y avoir apposé l’une des runes traditionnelles. En théorie pure, celles-ci n’avaient pour vocation que d’amplifier l’action souhaitée, et non de la rendre possible. Cependant, la création d’un lien devenait si difficile que travailler sans rune relevait presque d’un autre registre de magie. Les livres de Cyriaque restaient sibyllins. Moïra n’y avait compris qu’un point : le lien était possible dans la moindre anfractuosité du matériau visé.

Elle s’était exercée avec des pièces, lorsqu’elle en dénichait une assez rugueuse pour présenter des reliefs satisfaisants. Frappée au trésor central du royaume, la monnaie passait si souvent de poches en bourses qu’elle finissait polie comme un miroir. Il existait des pièces si usées que le visage du roi n’y était plus reconnaissable. Dès lors que les aspérités restaient perceptibles, Moïra parvenait à leur faire traverser la table et en tomber. L’exercice lui prenait la journée ainsi que toutes ses forces.

— Et dans l’empreinte d’une vis, tu t’en sentirais capable ?

— Si elle n’a pas été trop émoussée, je devrais pouvoir tenter le coup, en effet.

— Parfait ! s’exclama Cyriaque. Nous avons une sortie à portée de main.

Le vieux mage s’autorisa un trait d’humour en pointant le moignon de son bras droit vers son apprentie. Elle aurait volontiers mimé une tape dans la main manquante, mais elle connaissait son maître et savait que seule l’autodérision pouvait se jouer de son handicap. Moïra se contenta d’ouvrir grand les oreilles afin de ne rien rater.

Cyriaque s’approcha de l’encadrement de la porte et passa ses doigts sur les gonds. La pièce dans laquelle ils séjournaient n’était pas conçue pour servir de geôle. Personne n’avait jugé nécessaire de rendre les fixations inaccessibles. Une faille que les prisonniers comptaient transformer en une chance.

Trois articulations métalliques assuraient la jonction entre le battant et le chambranle. Chacune maintenue en place par quatre vis aussi épaisses que les petits doigts de Moïra. L’apprentie comprit rapidement où son maître voulait en venir. En effet, les têtes de vis comportaient une encoche profonde et irrégulière.

— Je te guiderai, étape par étape, lui assura Cyriaque. Tu en es capable.

— Attention, Maître, vous êtes à un cheveu de me complimenter. C’est louche.

Un grognement râleur répondit à la pique, mais un sourire se dessina entre le bouc et la moustache du mage.

— Concentre-toi ! Il n’y aura pas d’autre occasion de sortir d’ici.

Moïra déploya son aura blanche et la fit se promener d’une vis à l’autre.

— J’arrive à percevoir les encoches, l’informa-t-elle. Elles sont semblables à une Naudiz ou une Isaz. Ne manquent que les extrémités.

— Exactement, approuva Cyriaque. Le principe de la manipulation sans gravure repose sur les similitudes entre une aspérité naturelle ou artificielle et la forme d’une rune. Représente-toi ces formes comme des runes incomplètes. Trouve y tes appuis.

L’aura immaculée de Moïra allait et venait de fente en fente. Elle en cherchait une plus simple, peut-être avec une imperfection ou une usure propice à faciliter la création du lien.

— À chaque fois que j’applique une force, mon aura fui par les ouvertures, se découragea la frêle blonde. Les vis sont incrustées dans le bois.

Cyriaque fit non de la tête et se retint d’avoir des mots cinglants. La situation était trop critique pour recourir à ses méthodes d’apprentissage habituelles. Il se montra plus pédagogue qu’à l'accoutumé.

— Ces vis sont entrées dans le bois en forçant le passage. Elles y ont littéralement creusé des sillons dans lesquels elles ont tourné de nombreuses fois. C’est un chemin qui peut être fait à l’envers.

De sa main valide, il mima une rotation régulière.

— Ne cherche pas à les arracher, mais fait leur remonter la piste qui les a menées si profond. Tu es un horloger et ton aura manipule les aiguilles de la montre. Tourne à contresens. Suis ce qui a déjà été tracé.

— Mais je n’ai pas d’accroche, répéta Moïra.

L’apprentie pouvait lire toute la retenue que son maître s’imposait. Derrière ses yeux mi-clos, il bouillonnait de la voir échouer. En effet, si son lien avec Ételrune lui était cher et ses aptitudes variées, ne plus pouvoir utiliser son aura sur d’autres objets l’handicapait plus que la perte de sa main. Le Renard n’acceptait pas de se sentir diminué en pleine crise. Cette dureté, cette amertume, Cyriaque la partageait régulièrement avec ses élèves. Il se mordit l’intérieur de la joue et tenta une autre approche.

— N’étale pas ton aura dans toute la fente. Contente-toi de l’appui que tu perçois sur les parois latérales.

— Et après ?

— Après quoi ? Mais bordel ! tonna Cyriaque. Tu n’as jamais utilisé un tournevis de ta vie ?

Moïra rentra la tête dans les épaules, alors que le vieux mage braillait bien trop fort pour un prisonnier en passe de s’évader. Le barrage qu’il avait érigé pour endiguer sa colère venait de rompre et les mots blessants dévalaient la pente de sa langue acerbe. Lorsque la vague fut passée, Moïra voulut reprendre l’exercice, mais la vis qu’elle ciblait avait disparu.

En voulant inspecter le trou, la jeune femme s’étonna de voir le support métallique déformé. Le logement qui accueillait la vis cinq secondes plus tôt s’était fissuré et élargi. Curieuse, la jeune femme introduisit son aura dans l’ouverture pour la sonder. Elle y retrouva la fente de la tête de vis, cinq centimètres dans l’épaisseur du montant.

— Bel exploit ! la félicita Cyriaque, à peine calmé. Par contre, pour dévisser, il faut tourner vers la gauche. Voilà pourquoi tu n’y arrivais pas.

Le compliment très modeste de son maître ne lui fit ni chaud, ni froid. En revanche, Moïra jubilait face au constat de sa puissance. Jamais elle ne se serait crue capable de déployer une telle force, même par inadvertance. La perspective de sa progression était grisante. Au terme de sa formation, Moïra se destinait au monde du spectacle, mais une prouesse dans ce genre l’incitait à questionner ce choix. Son potentiel méritait une ambition à sa hauteur.

— Vers la gauche, acquiesça-t-elle. C’est noté.

Portée par la confiance de son récent succès, Moïra s’attela à déloger la vis suivante. Cela nécessita encore plusieurs essais avant qu’elle ne s'accommode à la pratique. Après quoi, dévisser les suivantes ne fut qu’une formalité.

Le battant de la porte ne tenait plus que par le pêne et le verrou engagés dans la gâche. Cyriaque réclama l’aide de Moïra afin d’écarter suffisamment le panneau de bois pour qu’ils puissent s’échapper. Le coffre contenant Ételrune les suivit en flottant à ras du sol. L’instant d’après, les deux prisonniers déambulaient dans le couloir, espérant qu’ils lui inspireraient la suite d’un plan.

— Il faut descendre et avaler autant de route que possible avant qu’ils ne se lancent à notre poursuite, proposa la jolie blonde, persuadée d’avoir énoncé une évidence.

— Non ! Il faut monter, intercepter Tolen et l’éliminer. Il n’y a pas d’autres alternatives.

— Mais vous êtes sans armes, rétorqua Moïra. Et vous avez bien vu que le coffre lui obéit sans efforts. Il faut sauver nos vies et revenir avec des renforts.

— On va le perdre ! Si nous n’agissons pas ce soir, il va disparaître dans la nature dix ans de plus. Toi aussi tu veux passer ta vie à le traquer ou à guetter par-dessus ton épaule, de peur qu’il ne surgisse sans crier gare ? On règle ça ce soir. Qu’importe l’issue du combat, à l’aube cette histoire appartiendra au passé.

— Vous êtes prêt à mourir, rien que pour avoir le dernier mot ?

— Moïra… soupira Cyriaque en agrippant l’endroit où aurait dû se cacher son cœur. Je suis mort à la seconde où Tolen a détruit l’unique personne qui ait jamais compté dans ma vie. Traite-moi de fou, si cela te permet d’accepter ma façon de faire, mais ne penses pas que je vendrai facilement ma peau.

Le vieux renard blessé ne dévierait pas de son choix. Il avait déjà trop attendu et trop souffert, pour s’accorder le moindre sursis. Moïra était sur le point de se résigner lorsque le bruit d’une porte qui s’ouvrait se fit entendre à l’autre extrémité du couloir.

Attirée par les voix, la locataire de la dernière pièce du corridor venait de risquer un regard à l’extérieur. La curieuse tenait un gros marteau dans sa main droite, prête à s’en servir en cas de danger. Malgré les murs épais, il lui semblait avoir reconnu un phrasé et une intonation familière. Sa crinière rousse, aussi discrète que la torchère qui aurait dû coiffer le phare, attira l'œil de la blonde. 

— Luz… Luzerne !? appela-t-elle, perplexe. Mais qu’est-ce que tu fous ici ?

Démasquée, la forgeronne s’extirpa du bureau dans lequel on l’avait prié d’attendre sagement, puis se précipita vers Moïra. Elle la chargea, comme un ours fondant sur un importun trop curieux. Au moment de l’impact, Luzerne passa ses mains sous les aisselles de son amante et la souleva jusqu’à ce que leurs visages se côtoient. L’intensité de leurs retrouvailles se traduisit par la passion présente dans le baiser qu’elles échangèrent. Une effusion sans équivoque qui fit détourner les yeux à Cyriaque, non par dégout, mais par jalousie.

— J’ai appris que tu avais été enlevée par une sorte de maniaque, débita la rouquine. Je peux t’assurer que je n’ai pas hésité une seconde à m’embarquer dans les délires de Lev pour venir à ton secours.

— Moins vite ! Moins vite ! la supplia Moïra. Lev était à l’agonie lors de notre capture, et nous sommes à des jours de marche de Grand Val.

— Ah ça ! M’en parle pas, s’exclama Luzerne. Figure-toi que, ce midi, y a le petit presque-mort qui s’est pointé à la maison en baragouinant que tu étais tombée dans un piège et qu’il fallait venir te sauver sans quoi tu serais morte demain. Après quoi j’ai fait un tour de toupie maudite et ça nous a entortillé jusqu'à pas loin du phare où vous étiez retenus.

Luzerne simplifiait et tronquait beaucoup trop d’éléments pour que son amie en saisisse tous les termes. Ce que Moïra retint se limita à la joie qu’elle éprouvait de la savoir auprès d’elle, à l’aune d’un combat mortel.

— Toi aussi, ils t’ont capturé ?

— Je ne sais pas trop si nous sommes des prisonniers dans une cellule ouverte ou des sujets pour les expériences douteuses d’un mage complètement cinglé, hésita Luzerne.

— Ils t’ont fait du mal ?

— Non, la rassura la forgeronne. Y a une foldingue qui a essayé de m’électrocuter, mais Lev m’a sauvé les miches.

— Mais Lev ne devrait même pas tenir debout.

— Il est d’une fraîcheur douteuse, mais ça va. Il n’a jamais été très solide, bien qu’il ait fait de gros progrès.

Ayant mis la main sur sa demoiselle en détresse, Luzerne s’était déjà détachée de l’urgence de la situation et devisait comme elle l’aurait fait autour d’une bière à la taverne. Moïra, elle, ne céda pas à la tentation d’un bavardage désinvolte. Certes, ces retrouvailles lui rendaient du courage et augmentaient leur force de frappe, mais le plan de Cyriaque restait suicidaire.

— Luz, on est dans la merde jusqu’aux hanches, la ramena-t-elle à la réalité. C’est formidable de t’avoir avec nous, mais as-tu bien compris ce qu’il se passe ici ?

— Y a un mage qui veut siroter la magie de votre vieux maître, résuma-t-elle en désignant Cyriaque avec son marteau. Le gars a l’âge d’être un squelette, mais, grâce à la mère pas morte de Lev, il a réussi à vous capturer. Coup de bol, je débarque avec la demi-portion. Je te charge sur mon épaule, pendant que les mages se mettent sur la gueule et on se sauve de ce trou maudit avant de se faire roussir les miches.

— Je ne vais pas m’enfuir avec toi, Luz, la déçue Moïra. Pas si le Maître s’obstine à vouloir affronter Tolen quoi qu’il lui en coûte.

Cyriaque s’avança vers le duo dépareillé. Toujours suivi pas le coffre contenant Ételrune, il s’invita dans la conversation.

— Tu devrais partir avec ton amie, proposa-t-il à son apprentie.

— Non ! s’insurgea Moïra. Je refuse de vous abandonner. Sans moi, vous allez vous laisser mourir !

L’ancien Arcane Royal eut un léger mouvement de recul de la tête. Il ne s’attendait pas à une telle déclaration.

— Nous ne sommes pas proches au point que tu me suives dans cette dernière bravade, argumenta le mage. À ta place, je choisirai la fille et la vie qui va avec.

— Pas proches ? se fâcha Moïra. Vous êtes mon Maître, ce n’est pas un lien assez fort à votre goût ?

Cyriaque était connu pour son individualisme et sa déplaisante manière de se détacher des autres. Ses détracteurs allaient jusqu’à l’accuser de ne percevoir les gens que comme des outils ou des opportunités, et ils n’avaient pas complètement tort.

— Tu te destines à autre chose que l’aventure et l’héroïsme. Tu as des projets de vie. Là-haut, il n’y a que la mort, prophétisa le mage en désignant les étages supérieurs.

Piquée dans son orgueil, Moïra se cambra face à son maître. Elle le toisa avant de lui claquer une gifle mémorable.

— Nous voilà quitte pour l’affront. Ne remettez plus jamais en doute mon engagement. C’est vrai, je ne suis pas vous, et je ne souhaite pas le devenir, mais nous partageons des valeurs. Alors nous allons gravir ce phare tous ensemble et découvrir quel destin les Saintes ont à nous proposer.

Trop à l'affût des changements chez Lev, Cyriaque comprit à quel point il avait négligé l’observation de sa première apprentie. La gamine aisée et pompeuse, qu’il avait acceptée à ses côtés pour l’argent, s’était métamorphosée en une personne plus noble. Il ne put contenir un sourire à l’idée d’avoir pris une leçon de la part de son élève.

— Heu… Wouhou ! Je suis encore là et je n’approuve pas du tout ce plan, interféra Luzerne.

— Désolé, mais décider des plans, c’est la prérogative du Maître, s’excusa Moïra.

— Et la vôtre, c’est de vous rendre utile en essayant de ne pas vous faire tuer, compléta Cyriaque, revenu à sa raideur habituelle.

— Bah vous irez expliquer ça à la mère de Lev ! s’agaça la forgeronne. Vous êtes bien mignons à tous avoir un plan différent, mais faudrait voir à accorder vos vièles.

La mâchoire de Cyriaque se crispa à l’instant où elle évoqua Miraaka. Cette fois, elle avait capté son attention. Ce qui, en soi, était une sensation déplaisante, puisqu’elle le gratifiait d’un regard assassin.

— Le seul plan de Miraa, c’était de nous livrer à Tolen, avec l’aide de son larbin dépourvu d’honneur. C’est à cause d’elle si nous sommes là.

— Vous allez baisser d’un ton avec moi ou je vous aligne le dentier, le menaça Luzerne, son marteau prêt à entrer en jeu. Y a pas de Maître qui tienne chez les Sativa.

En réaction, Cyriaque voulut mettre sa lame en garde, mais en fut empêché par le coffre qui l’emprisonnait.

— Je vais ramener Lev par la peau du fion et vous vous expliquerez œil dans l'œil, cracha-t-elle, selon une formule très personnelle dont elle avait le secret.

— Lev n’est pas avec Tolen et sa mère ? réagit le mage.

— Elle nous a demandé d’attendre sagement, caché dans un bureau. Alors votre valeureux apprenti, il est au fond du couloir, planqué dans un coin, de peur que je lui ramène des ennuis avec ma curiosité. Venez donc avec moi, ça m’évitera de me coincer le dos en le traînant jusqu’ici.

L’impatience de Cyriaque avait changé de cible. Lui qui pensait que Lev avait déjà retourné sa veste, voilà qu’une occasion se présentait de le ramener à la raison. Le véritable piège de Tolen étant dévoilé, il se devait de le tenir en échec. Il voulait également découvrir comment Lev avait pu survivre à ses blessures. Une part de lui se réjouissait de le savoir sauf, mais une autre s’inquiétait qu’il n’ait été corrompu d’une manière plus sournoise.

Lorsque le groupe hétéroclite s’introduisit dans le bureau de l’intendant, tous crurent que Lev s’était sauvé. Ce fut Luzerne qui le débusqua dans l’armoire du fond, après avoir remarqué que de nombreux papiers avaient été jetés au sol.

— Moi qui commençait à croire que tu t’étais trouvé une belle paire de baloches de héros, j’ai été gourde. Sort donc de là, je t’ai ramené des copains.

Elle délogea l’adolescent de sa cachette et le poussa en direction de son maître et de son ancienne rivale. Lev cligna des yeux à plusieurs reprises, pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.

— Vous vous êtes échappés ?

— Oui, grâce à une nouvelle technique que tu vas me jalouser, le taquina Moïra.

Loin de se montrer heureux, Lev tomba à genoux et se mit à les supplier. Le ton de sa voix transpirait de désespoir.

— Non, non, non ! Ça ne va pas. Maman a un plan. Vous devez retourner dans votre cellule avant que Tolen ne vienne vous chercher.

Les traits tirés et l’air grave, Cyriaque vint s’asseoir devant son apprenti et le força à soutenir son regard.

— Un renard, ça ne vit pas en cage. Ne compte pas sur moi pour faire demi-tour. Ce soir, nous sommes engagés dans une partie d’échecs contre un vieux gredin qui a trois coups d’avance sur moi. Alors, tu vas tout me dire du plan de Miraa avant que je ne sois convaincu que tu es devenu un pion adverse. Sans quoi, je serais contraint de t’écarter définitivement du jeu.

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TiteTeigne
Posté le 25/06/2022
Le titre du chapitre résume assez bien la situation : tout le monde a sa propre idée des évènements à venir et rien n'est accordé. Et c'est un peu la sensation que j'ai, tout part dans tous les sens et je suis un peu perdue sur qui veut faire quoi, qui contre qui et avec qui... Si c'est l'effet recherché, il est là !
Et Luzerne, fidèle à elle-même, avec ses gros sabots, je l'adore !

Petite annotations :
"Moïra était remontéE..."
"mais tu y arrives, n'est-CE-pas ?"
"se jouer de son handicap (e)"
"vous êtes à un cheveu (x)"
"et avaler autant de routeS que possible"
"J'ai appris que tu avais été enlevéE"
"on s'est retrouvéS pas loin du phare"
"à l'aube (aune) d'un combat mortel"
"je choisiraiS la fille..."
"Pas procheS ?"
"s'était métamorphoséE en quelque chose..."
"DésoléE, mais décider des plans..."
"Sors (sort) donc de là"
Achayre
Posté le 27/06/2022
Eh oui, il y a autant de plans que de personnes dans cette histoire. C'est un artifice pour dénoncer la règle classique du héros avec un unique plan que tout le monde suit sans discuter. Ici, chacun garde ses intérêts personnels et sa conviction de mieux savoir que les autres.
Tolen veut le pouvoir.
Miraaka veut retrouver les siens.
Cyriaque veut sa vengeance.
Moïra veut prouver qu'elle mérite la confiance de son maître.
Luzerne veut sauver sa copine.
Lev... lui, il ne sait plus trop. Il est perdu entre plusieurs plans, se savant le pion des autres quoi qu'il arrive. Il va falloir qu'il choisisse. C'est fini de basculer de l'un à l'autre en fonction du vent.
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