Chap 23 : Revenus d'entre les morts

Par Achayre
Notes de l’auteur : Premier jet non corrigé - Ecriture de la semaine 21
07/09/23 : Mise en ligne de la version corrigée

À l’intérieur de la pièce plongée dans le noir, l’odeur était écœurante. Les fragrances fruitées des remèdes se mêlaient à celles, putrides, des chairs mises à l’air. Lev reposait, là, dans un lit que le propriétaire louait habituellement aux catins de passage. Moins bruyant, le jeune homme mourant n’avait reçu qu’une seule visite depuis le départ de son maître, la veille.

Sa conscience vacillant entre une profonde léthargie et de vagues retours à la surface, Lev ne parvenait pas à structurer ses pensées. Le temps et l’espace pulsaient dans son crâne au lieu de s’écouler autour de lui. Il ne percevait qu’un éventail de souffrances au creux du trou percé dans son ventre. Incapable de supplier qu’on l’achève, la mort tardait à emporter ce qui restait de ses échecs. Plus surprenant encore, malgré les soins inefficaces qu’on lui avait prodigués, l’adolescent gagnait en vigueur au lieu de décliner.

Une heure plus tard, Lev cru se réveiller d’un cauchemar. Son esprit était toujours englué dans les limbes, mais rien de plus insurmontable que sa récente gueule de bois. Le désordre dans ses souvenirs lui fit croire un instant que le voyage au Loir-Gris n’était qu’un rêve. Luzerne l’avait tant fait boire, juste avant son départ, qu’il avait sûrement déliré. Cette illusion rassurante s’évapora lorsque son corps lui rappela qu’une griffe avait exploré ses entrailles. La décharge électrique qui traversa le moindre de ses os, dispersa le reste de la brume.

Lev se remémora sa piètre performance lors du combat contre la vhermine, ses erreurs stratégiques et son sauvetage raté. La créature l’avait projeté en l’air, puis plus rien. Il fut le premier surpris de s’en être sorti vivant. Cyriaque et Moïra ne manqueraient pas de se moquer de lui, dès qu’il serait sur pieds.

La chambre était minuscule. Lev promena ses yeux alentour, dans l’espoir de croiser un regard amical. Son maître et sa rivale n’étaient pas là. L’unique rayon de lumière, que les rideaux ne filtraient pas, fendait la pièce en deux et se terminait sur le pli d’une capuche noire que l’adolescent ne reconnut pas. Celle de Moïra était bleue, quant à celle de Cyriaque, elle ne passait pas inaperçue. La silhouette n’était pas menaçante.

— Tu ferais mieux de ne pas trop remuer, lui conseilla une voix de femme. Tes blessures sont si graves que tous te pensaient condamné.

Le timbre particulier de ces paroles lui parut familier.

— Dolores ?

Un raclement de gorge réprobateur se fit entendre de sous la capuche.

— Non, désolé. Je ne suis pas ta tante.

Lev fit mine de se redresser pour voir qui lui rendait ainsi visite, mais une main ferme appuya sur son torse et le dissuada de poursuivre. La silhouette s’était avancée jusqu’au bord du lit. Elle était effectivement trop étroite d’épaules pour être la tenancière de la taverne. Lev passa en revue quelques noms de villageoises, mais il n’en connaissait aucune qui se serait soucié de sa santé.

— Vous êtes la traqueuse que mon Maître a engagée ? proposa-t-il, à cours d’idées.

Mauvaise réponse. En retour, l’inconnue décala sa main et fit pression sur la blessure du garçon.

— Quel genre de fils indigne ne reconnaît pas sa propre mère ?

La question laissa Lev sans voix. Délirait-il à nouveau ? Cela n’avait aucun sens et relevait, au mieux, d’une blague de très mauvais goût. Il se contenta de fixer l’ombre au fond de laquelle se cachait un visage qu’il ne pouvait pas distinguer.

Déçue et passablement agacée, la femme souffla entre ses dents et se défit de sa capuche. Le rai de lumière qui traversait la pièce suffit tout juste à révéler des traits que Lev pensait ne jamais revoir. Elle ressemblait suffisamment à Dolores pour ne pas pouvoir nier la part de sang qu’elles avaient en commun. Brune, comme sa sœur, mais dénuée de ce physique imposant qui faisait le charisme de la tenancière. Ses boucles noires, son regard pétillant et ses lèvres subtilement ourlées lui offraient d’autres charmes, plus adaptés pour séduire ceux qui se risquaient à la fixer trop longtemps. Revenue d’entre les morts, Miraa Karczma se tenait debout au chevet de son fils.

— Tu es… Ma…man ? articula Lev, incertain.

— D’après la femme qui m’a accouché, je suis bien ta mère, lui confirma Miraa.

Ce visage, cette voix et cette manière si peu affectueuse d’évoquer la naissance de son fils : l’identité de sa visiteuse ne faisait plus aucun doute. Lev n’en revenait pas.

— Je suis mort en…

Sous le choc, l’adolescent n’arrivait plus à terminer ses phrases. Ce à quoi Miraa pallia sans détours.

— Malgré le mal que tu t’es donné pour cela, je suis au regret de t’annoncer que non.

Face à elle, les grands yeux ronds et fiévreux de Lev ne renvoyaient que de l’incompréhension.

— Tu es morte !

— Pas plus que toi. Je dirai même moins, vu ton état, plaisanta la manieuse de foudre. Cyriaque ne t’a-t-il pas enseigné que venir en aide aux autres était le moyen le plus sûr de se faire tuer ?

Lev se tortilla dans son lit trempé de sueur. Son cœur hésitait entre fondre de joie d’avoir retrouvé sa mère ou se glacer d’effroi à la rencontre de ce fantôme du passé. Il avait besoin d’aide pour encaisser la vague d’émotions contradictoires qui l’engloutissait.

— Moïra ?

— Partie ! déclara Miraa. Pareil pour le vieux grincheux. Heureusement qu’ils t’ont abandonné ici, sinon je n’aurai pas pu te sauver.

Elle accompagna ses premiers mots d’un claquement de doigts.

— Ils ne m’auraient pas abandonné, contesta l’adolescent.

Miraa vint s’asseoir sur le rebord du lit de Lev et entreprit de lui éponger le front. Un geste anodin et pourtant si inhabituel pour cette femme qui s’était toujours délestée de la présence de son enfant.

— Pour eux, tu étais sur le point de rejoindre les Saintes, leur offrit-elle comme excuse. Ils ont dû faire le choix entre veiller sur tes dernières heures ou repartir à notre poursuite, de peur que nous quittions la forêt.

Lev manqua de s’étrangler avec sa propre langue. La légendaire Miraaka — sa mère Miraa — venait de confesser un lien direct avec le traître que Cyriaque poursuivait depuis des années.

— Tu es avec Tolen ? grogna-t-il avant que la douleur ne le fasse taire.

— Il aimerait bien, mais non. Ce vieux cloporte m’a piégé, peu de temps avant que je te fasse porter la lettre. J’ai dû ruser pour m’en sortir. En mourant, cette nuit, tu aurais détruit mon dernier espoir.

Trop de sentiments opposés se disputaient le contrôle des réactions de Lev. L’idée que sa mère puisse travailler pour ce monstre le répugnait, tandis que le bonheur de la revoir, après une si longue absence, faisait passer ses blessures au second plan. S’il n’avait pas été cloué au lit, il aurait dû choisir entre l’affronter, s’enfuir ou se jeter dans ses bras. Au lieu de ça, Lev se contenta de l’écouter justifier sa disparition.

— Tout comme Cyriaque, je n’ai jamais oublié ce que Tolen a infligé à cette pauvre fille et aux autres membres des Arcanes Royaux. Par sa faute, nous avons été dispersés.

Miraa réajusta sa position, s’installant le long de son fils comme n’importe quelle autre mère l’aurait fait pour lui conter une légende avant de dormir.

— Ce n’était pas une obsession pour moi, mais lorsque l’on m’a proposé une fortune pour remonter une piste qui conduisait jusqu’à cette ordure, j’ai accepté avec plaisir. Tu sais, vivre selon mes goûts coûte cher.

Non, Lev n’en savait rien puisqu’il ne l’avait presque pas vu de toute son enfance. L’imaginer mener grand train, pendant que son fils croupissait dans un village déprimant, ne l’aida pas à faire le tri dans son ressenti. Ces dernières années passées avec Cyriaque et Moïra l’avaient, en partie, sorti de cette admiration aveugle pour sa légendaire génitrice. D’une certaine manière, malgré les conflits, ils étaient davantage sa famille qu’elle. Restait le lien indestructible du sang et son envie de la voir moins égoïste qu’elle ne l’était.

— Evidemment, c’était un piège, poursuivit la manieuse de foudre. Je me pensais assez futée et puissante pour prendre le dessus sur cette charogne, mais ce ne fut pas le cas. Il y a quatre-vingt-dix ans de manipulation dans le crâne de Tolen.

— Mais il ne t’a pas tué. D’après Cyriaque, croiser Tolen et en revenir vivant est déjà un exploit.

Miraa ne partageait pas l’enthousiasme de Lev. Au contraire, elle arborait un air gris loin de la prestance qu’elle affichait jusque-là.

— Mourir aurait été une délivrance. Ce qu’il m’a infligé relève d’un niveau de sadisme inimaginable.

— Qu’a-t-il fait ? s’inquiéta Lev.

— Il m’a volé la seule chose plus précieuse que ma vie : mes pouvoirs. J’ai été drainé comme on presse un vulgaire agrume.

Lev aurait juré que de minuscules éclairs crépitèrent dans les pupilles de sa mère lorsqu’elle évoqua cet épisode traumatisant.

— Au moins, tu es toujours là…

— Il a fait de moi sa chienne de compagnie, fulmina la mage. Depuis, il me tient à sa merci, obligée d’obéir en échange de sa pitié.

Elle tendit sa main droite vers le poêle qui dormait dans un coin de la pièce. Une très faible décharge électrique s’échappa de son index et se dispersa à la surface de la fonte sans l’affecter.

— Me voilà réduite à quémander des faveurs pour bénéficier d’une fraction de son pouvoir.

Dans son autre main, Miraa dissimulait un cristal à l’intérieur duquel luisait une forme d’énergie. Elle l’approcha du visage de son fils afin qu’il puisse voir de quoi il était question. Lev mit quelques secondes à faire le rapprochement entre l’objet et ce qu’il savait des aptitudes de Tolen. Cyriaque avait parlé de cristaux dans lequel le mage aspirait l’essence de ses ennemis pour s’approprier leur puissance.

— Je ne suis plus qu’une vulgaire lampe à huile qu’il faut remplir régulièrement si l’on veut qu’elle illumine la pièce.

Joignant le geste à la parole, elle mordit dans le cristal à pleines dents et aspira son contenu. L’énergie qui brillait dans la pierre perdit en intensité, alors que Miraa, elle, se redressait de toute sa hauteur. Un instant, Lev crut la voir rajeunir avant qu’elle ne retrouve son aspect normal.

Miraa tendit à nouveau son bras vers le poêle, mais cette fois ce fut la foudre qui traversa la pièce et percuta la fonte. Dans le ventre crasseux de l’objet, la bûche qu’il renfermait prit feu.

— La grande Miraaka ne peut pas se contenter d’être le laquais d’un homme.

Attiré par le bruit, le propriétaire de la chambre pointa son nez, déterminé à se plaindre de son locataire. Une détermination qui vacilla lorsque ses yeux se posèrent sur le visage avantageux de la mère de Lev. Il en oublia de parler, ce qui permit à Miraa de prendre l’initiative.

— Pardon messire, le petit avait froid, l’embobina-t-elle. Je crois que j’ai fait tomber mon sac en allumant le poêle.

Rien n’aurait pu égaler la détonation qu’elle avait engendrée en tombant sur le plancher, mais l’homme ne chercha pas à argumenter. Il se contenta de lui sourire bêtement.

— Passez donc me voir avant de filer, suggéra-t-il à la belle brune en refermant la porte.

Ce à quoi elle répondit d’une simple inclinaison de la tête. Elle le snoberait lorsqu’elle quitterait les lieux, mais, pour l’instant, elle le voulait docile et hors de sa vue.

Lev posa une main fébrile et glacée sur l’avant-bras de sa mère. Peu habituée aux contacts physiques, Miraa frissonna, ce qui trahit un certain malaise dans ce moment d’intimité qu’elle s’efforçait de créer avec son fils.

— Qu’est-ce que le Maître et moi venons faire dans cette histoire ?

— Il est l'appât et tu es ma botte secrète, résuma la mage.

Une réponse trop concise pour satisfaire la curiosité de l’adolescent. Bien qu’il se sentait en meilleure forme, à mesure que la conversation se prolongeait, Lev peinait encore à saisir les intentions sous-entendues par sa mère.

— Explique moi.

— Pendant que Cyriaque traque Tolen, ce dernier manigance pour s’emparer de la lame enchantée qu’il trimbale partout, à sa suite.

— Ételrune ! s’exclama Lev.

Miraa leva les yeux au ciel.

— Ce vieux pleurnichard a donné un nom à cette chose ? demanda-t-elle. C’est pathétique.

Le regard dur que Lev posa sur sa mère ne partageait pas son dégoût.

— L’essence de la femme qu’il aime persiste dans cette lame, précisa-t-il. Je ne vois pas ce qu’il y a de pathétique à vouloir entretenir son souvenir.

— Améthyste… Ételle est morte, se corrigea la mage. Il y a plus de quinze ans. Que ses pouvoirs soient enfermés dans un bout de métal ne fait pas d’elle une Sainte. Son corps n’existe plus. Jamais elle ne redeviendra la personne qu’il serrait dans ses bras.

Le ton était dur et froid. Comment une femme qui préférait sa liberté à la compagnie de son enfant aurait pu comprendre l’attachement entre Cyriaque et Ételle ?

— Tant qu’ils sont liés à la lame, les dons d’Améthyste sont hors de portée de Tolen. C’est l’unique raison pour laquelle il s’est contenté de roder autour de ton maître depuis le drame. Un contre temps auquel il n’a cessé de chercher une solution, jusqu'à ce qu’il découvre un angle d’attaque.

Du bout de son doigt foudroyeur, l’ancienne Arcane Royal traça les contours d’une cible sur le torse de son fils.

— Cyriaque n’est pas facile à approcher, mais il avait une dette envers moi. Et moi, je t’avais toi. Ne restait plus qu’à me piéger pour me contraindre à rejoindre son plan malsain.

— Tu n’as jamais voulu que je prenne ta suite, conclut Lev, amer. Ce que j’ai pris pour ton héritage n’était en réalité qu’une manipulation pour arriver à tes fins.

— Seul un manieur de runes peut défaire le sort qui lie ton maître à sa lame, lui révéla-t-elle. Nous avions besoin de quelqu’un dans la place. Une âme innocente qui tromperait la paranoïa du vieux Renard. C’est pour cela que tu as été envoyé apprendre les secrets de sa magie.

— Je n’aiderai jamais un monstre comme Tolen ! jappa l’adolescent, par-dessus la douleur. Qu’il vienne me drainer s’il en a le courage !

Miraa eut un mouvement de recul. La mage ne s’attendait pas à une réaction si passionnée de la part du petit garçon malléable qu’elle avait envoyé sur les routes. Elle était indéniablement surprise de voir qu’il s’était trouvé une morale et des convictions plus concrètes que celles dans lesquelles les bardes trempaient les contes et légendes.

— J’ai pris la liberté de faire l’inverse, annonça Miraa.

D’un geste ample, elle écarta les draps et la couverture sous lesquels gisait son fils. Lev remarqua qu’elle y avait glissé un cristal similaire à celui auquel elle s’était abreuvée en magie. Posé sur son ventre, à côté de sa blessure la plus grave, le cristal diffusait dans la plaie l’énergie qu’il contenait. Le premier réflexe du jeune homme fut de l’attraper pour le jeter au loin mais sa mère l’en empêcha.

— Ne fait pas ça !

— Plutôt mourir que de le servir ! mugit Lev en se débattant.

— Ce n’est pas lui que tu sers : c'est moi, rectifia Miraa. Tu crois vraiment que la légendaire Miraaka, se rangerait docilement à ses côtés ? Cette ordure m’a privée de ma magie, jamais je ne lui pardonnerais. Je ne t’ai pas envoyé chez Cyriaque pour plaire à Tolen, mais parce que j’ai un plan pour mettre le sien en échec.

Lev laissa le cristal poursuivre son œuvre en paix. Le pouvoir qu’il absorbait depuis la pierre régénérait ses organes perforés, recollait ses chairs et lui donnait la force de converser avec sa mère. Comprendre tout cela ne suffisait pas à lui faire apprécier le geste. Miraa n’en demandait pas tant. Elle voulait qu’il l’écoute.

— Tolen convoite la totalité de l’essence d’Améthyste car elle lui apporterait la vie éternelle qu’il convoite, récapitula la mage. Moi, je me contenterais d’un infime fragment. Juste de quoi me réparer, me rendre ma magie. Après quoi, à deux, nous disposons d’une puissance capable de terrasser ce vieux fléau.

Le silence se fit entre eux, le temps que Lev digère la masse d’informations qui déferlait dans son esprit encore envasé.

— Mon Maître n’est pas quelqu’un de généreux, lui rappela-t-il. Ne crois pas qu’il se séparera d’une once du pouvoir d’Ételrune par affection pour son apprenti. Je suis loin d’être son préféré ou quoi que ce soit dans le genre. Il m’a pris à son service à contre-cœur.

— Alors, nous nous servirons contre son gré, pesta la mage. Cette vieille carne devrait savoir qu’Améthyste se serait saignée à blanc pour soigner les membres des Arcanes Royaux. En se prenant pour un reliquaire, il me condamne à une vie pire que la mort.

Le jeune homme aurait aimé faire preuve de plus de convictions en défendant son maître, mais Cyriaque refusait de se lier trop fortement à ses apprentis. Si cette distance servait son enseignement, elle n’encourageait pas à une implacable fidélité. Miraa parvenait à le faire douter. Malgré tous ses torts, elle restait sa mère. Une mère aux abois qui venait demander de l’aide à son fils.

— Admettons que j’accepte. Jamais je ne serais assez puissant pour le contraindre à quoi que ce soit.

Un constat que la mage chassa d’un revers de la manche.

— Tu en sais suffisamment pour le forcer à déployer entièrement son lien, lui assura-t-elle. Suit cette partie du plan de Tolen. C’est tout ce que je te demande. Je m’occuperais du reste.

— Quel reste ?

Miraa se racla le fond de la gorge, face à ce surcroît de curiosité.

— Tolen m’a confié qu’il ne pourrait trancher le lien entre Cyriaque et l’épée qu’à l’endroit exact où leurs énergies se mêlent. Si tu parviens à nous révéler ce point, je pourrais y drainer ce qu’il me faut, sans rompre l’attache.

Lev n’aimait pas le plan de sa mère. Celui-ci avait le goût de la traîtrise. Certes, l’adolescent n’était plus aussi versé dans les contes qu’à son départ du Loir-Gris, mais il en gardait des valeurs morales qui peinaient à se conformer à la réalité et aux idées de Miraa.

— Tu vas m’abandonner à mon triste sort ? osa-t-elle lui demander.

Elle qui n’avait jamais pris soin de lui. Elle qui n’avait jamais été là dans son enfance. Elle qui avait abandonné son fils par égoïsme.

— La question ne se pose pas, soupira Lev. Avec mes blessures, je ne suis en état de rien.

— Tu seras sur pieds avant la nuit, lui assura Miraa.

La mage se dressa à nouveau le long du lit, d’une manière théâtrale signifiant qu’elle était arrivée au terme de son argumentation. Ce qu’il adviendrait par la suite ne dépendait plus de ses mots, mais de son fils. Lev ferma les yeux une seconde, convaincu qu’il se trouvait devant un choix que l’on avait déjà fait pour lui.

— Le temps file et, à l’heure qu’il est, Cyriaque et la blondinette sont déjà aux mains de Tolen.

— Impossible ! protesta Lev, sans que cela n’affecte sa mère. Tu mens !

— Fait ce qu’il te plaira de la journée qui vient, mais sache que Tolen n’a plus de patience et que torturer Cyriaque ne le distraira pas longtemps. Doute de moi. Surestime le Renard. Demande aux Saintes par quel miracle ta mère est revenue d’entre les morts, proposa-t-elle, tout en surenchère. Ou alors…

La suite ne franchit les lèvres de Miraa qu’après un long échange de regards, au cours duquel elle sonda l’âme de son fils.

— Ou alors, je t’explique comment te porter à son secours ?

Lev capitula, pris dans les engrenages des plans d’autres que lui.

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TiteTeigne
Posté le 02/06/2022
Un chapitre qui me laisse un peu en demi-teinte. Surprise de ce retour d'entre les morts mais en même temps, c'est probablement le seul personnage qui semblait possible de surgir du passé. Et alors se pose les questions de la loyauté. Envers son Maître, certes peu démonstratif et distant mais avec qui il a passé le plus d'années de sa vie, ou sa Mère, légende qu'il idolâtre et souhaitait venger alors qu'il n'est qu'un vulgaire pion. Un choix s'impose, mais celui-ci semble simple pour ma part. J'espère être surprise ou que les évènements vont se dérouler de manière inattendue !

Je suis un peu perdue dans ces passages :

"Lev manqua de s’étrangler avec sa propre langue. La légendaire Miraaka — sa mère Miraa — venait de confesser un lien direct avec le traître que Cyriaque poursuivait depuis des années.

— Tu es avec Tolen ? grogna-t-il avant que la douleur ne le rappelle à l’ordre.

— Il aimerait bien, mais non. Ce vieux salopard m’a piégé peu avant que je te fasse porter la lettre. J’ai dû ruser pour m’en sortir.

Trop de sentiments opposés se disputaient le contrôle des réactions de Lev. L’idée que sa mère puisse travailler pour ce monstre le répugnait, tandis que le bonheur de la revoir, après une si longue absence, faisait passer ses blessures au second plan."

Je ne comprends pas trop. Quand s'est elle sauvée ? La lettre d'il y a plusieurs années ? Est-elle toujours sous sa coupe ? C'est un peu confus

Et dans celui-ci : "— Tolen m’a confié qu’il ne pourrait trancher le lien entre Cyriaque et l’épée qu’à l’endroit exact où leurs énergies se mêlent. Si tu parviens à exposer ce point, je pourrais y drainer juste ce qu’il me faut, avec ce cristal, sans rompre l’attache."
Que veux-tu dire par exposer ce point ?

J'espère que cela sera constructif !

Et quelques corrections d'orthographe selon moi :
"Non, désoléE"
"Aucune qui se serait souciéE de sa santé"
"D'après la femme qui m'a accouchéE"
"Ce vieux salopard m'a piégéE"
"Puisqu'il ne l'avait presque pas vuE"
"La détonation qu'elle avait engendrée"
"Jamais je ne lui pardonnerai"
"Moi, je me contenterai"
"Je m'occuperai du reste"
Achayre
Posté le 05/06/2022
Coucou :) Dsl pour la réponse tardive. Je bosse sur plusieurs trucs pour cet été ^^

Je vais voir pour préciser le lien entre Miraa et Tolen. Ce qu'il fallait comprendre c'est qu'elle fait semblant de lui obéir en attendant le bon moment pour le doubler. Comme elle l'explique à Lev, elle suit le plan de Tolen, mais compte restaurer ses propres pouvoirs pour l'affronter.

Pour ce qui est du lien, il faut peut être que j'en dise plus, même si l'action aura lieu plus tard donc sera explicité. En gros, dans la logique du chap où il se lie avec l'épée en se faisant dévorer l'aura, il existe une frontière entre ce qu'il en reste et le pouvoir d'Etelle. C'est cette jonction que Tolen veut trancher et que Miraa veut atteindre pour drainer du pouvoir.

Je ne sais pas si c'est plus clair :p

Merci pour ton soutien <3
TiteTeigne
Posté le 08/06/2022
Plus clair avec les explications oui merci :)
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