Chap 22 : C'est un piège !

Par Achayre
Notes de l’auteur : Premier jet non corrigé - Ecriture de la semaine 20
TW : Violence physique explicite

07/09/23 : Mise en ligne de la version corrigée

Cyriaque prolongea son quart de garde, face à la forêt redevenue paisible. Si le serpent de lumière était visible de loin, le mage craignait qu’il n’ait la capacité de dissimuler son éclat. Dans ce cas, la créature pouvait tirer avantage de n’importe quelle motte de terre pour se cacher. Taupin aurait été d’une grande aide, mais les grands voyages le rendaient nerveux. Le taupelier était l’exemple parfait qu’une créature tombée du ciel pouvait devenir autre chose qu’une nuisance, une fois domestiquée. Nul ne savait, mieux que lui, débusquer les animaux rampants qui s'approchaient trop du potager. Taupin était presque aveugle la nuit, mais, de sa truffe en étoile, il aurait palpé le sol jusqu’à percevoir les vibrations émises par l’intrus. Cyriaque l’avait vu creuser un tunnel à une vitesse telle que la terre ne semblait offrir aucune résistance. À la manière des requins, il remontait de sous sa proie et y plantait les dents en surgissant du sol.

Malheureusement, le petit jardinier monstrueux était à des jours de la clairière où ils avaient échoué. Le mage ne pouvait compter que sur ses propres aptitudes et, quand elles le pourraient, sur celles des deux femmes qui l’accompagnaient. Moïra et Ksenia tentaient de calmer l’homme d’une trentaine d’années qui s’était précipité hors de la forêt. Roulé sur le flanc, en position fœtale, celui-ci se tenait le bras gauche et pleurait toutes les larmes de son corps. Dès qu’elles voulaient accéder à sa blessure, l’inconnu devenait hystérique.

— J’ai été mordu ! répétait-il en boucle. Je ne veux pas finir comme Ariette et Gustave.

— Si vous voulez de l’aide, il faut nous montrer votre bras, chercha à le raisonner Moïra. Je ne peux rien faire si vous êtes allongé sur votre blessure.

— Vous l’avez vu, hein ? Vous l’avez vu ? enchaîna l’homme, les yeux fous et fiévreux.

— Qu’est-ce que c’était ? se renseigna Ksenia, intriguée de ne pas avoir reconnu la créature.

— Ariette ! Gustave ! meugla l’inconnu, au milieu de ses larmes. Ils sont morts tous les deux. Là, sous mes yeux.

— Vous étiez plusieurs ? Qui a tué vos amis ?

Les questions de l’archère perdaient en compassion, au profit d’une curiosité intéressée. Ajouter un second monstre inconnu à sa liste de trophée l’excitait au plus haut point. Elle voulait tout savoir.

— Ariette, c’est ma femme, et Gustave, c’est son frère, articula-t-il avec difficulté. Enfin… c’étaient…

De nouveaux sanglots emportèrent ses efforts de communication. Obtenir quoi que ce soit de sa part demandait des efforts que les deux aventurières n’avaient pas envie de mettre en œuvre. L’agresseur se trouvait toujours dans la forêt, peut-être prêt à fondre sur elles. Il était donc primordial qu’il devienne plus coopératif.

— Et vous, vous êtes qui ? insistèrent-elles, à tour de rôle.

L’inconnu livra un prénom qu’elles distinguèrent à peine entre deux crises. En une volée de mots épars, il se présenta comme étant un ouvrier saisonnier, venu du sud pour travailler au Loir-Gris. Son récit était aussi décousu que fragmenté. Il revenait sans relâche aux prénoms de sa femme et de son beau-frère qu’il appelait de toutes ses forces.

— Bâillonnez-le s'il le faut, mais faites-moi taire cet abruti ! ordonna Cyriaque.

Excédées par les suppliques, elles le tirèrent par l’épaule jusqu’à le faire basculer sur l’autre flanc, mais, aussitôt, il fourra son bras entre son ventre et ses cuisses, empêchant Moïra d’inspecter la blessure. Ksenia perdit le peu de délicatesse dont elle faisait encore preuve et lui asséna une béquille en haut de la cuisse pour le contraindre à obéir. L’apprentie mage parvint à lui tordre le bras, suffisamment pour accéder à la morsure présumée.

— Je ne vois pas de marque, pesta-t-elle.

— Il m’a mordu ! geignit l’homme qui voulait se remettre en boule. Ça brûle dans mon sang ! J’ai froid !

— Regarde sa main. Cherche jusqu’au coude, l'invita l’archère. Il y a forcément un point d'entrée.

— Je ne distingue que de vieilles cicatrices. Pas de sang. Pas de trace de piqûre, ragea la blonde.

— Raaah ! Pousse-toi ! Je vais le faire. T’es aveugle ou quoi ? la rudoya Ksenia.

Moïra s’écarta, vexée par les mots de l’archère, et les nerfs à vif d’avoir eu à gérer l’inconnu sorti de la forêt. Après tout, elle n’était ni infirmière, ni douce et prévenante, alors autant retourner auprès de son maître.

Indifférent aux tracas de la jeune apprentie, Cyriaque promenait la pointe d’Ételrune dans chaque ombre qui aurait pu offrir un refuge au serpent de lumière. Jusque-là, il n’avait réussi qu’à déranger un mulot et taper dans des racines inertes. Les cris de l’homme lui hérissaient le poil au point qu’il vint à se demander s’il n’allait pas le mordre à son tour.

— Impossible de le calmer ou de le soigner, lui rapporta Moïra. Je ne sais pas ce qu’il a rencontré dans l’obscurité, ni si c’était un piège à notre intention, mais il en a perdu la raison.

— Tu penses qu’il a été empoisonné ?

— Dur à dire, soupira l’apprentie. Il faudrait lui briser le bras pour qu’il nous laisse l’examiner.

Le mage grimaça, bien qu’il se serait porté volontaire, avec plaisir, si briser un os au braillard pouvait le faire taire pour un temps.

— On sait de qui il s’agit ? relança-t-il, curieux d’en apprendre plus sur cet énergumène débarqué de nulle part.

— Il n’a pas dit grand-chose d’exploitable. J’ai cru saisir qu’il était saisonnier au village avec sa femme et son beau-frère. Les deux autres seraient morts. Pas moyen de savoir ce qu’ils fichaient dans les bois à cette heure de la nuit. En plus, il a un nom bizarre, on dirait une maladie.

Intrigué, et lui-même porteur d’un prénom peu répandu, Cyriaque l’invita, d’un regard, à préciser sa remarque.

— Si j’ai bien compris, il s’appelle Timu ou Taimu. Vous voyez, un de ces prénoms du sud-ouest que personne ne sait écrire ou prononcer.

Le nom de l’inconnu rebondit dans le fond du crâne du vieux mage, puis dégringola à travers les méandres de sa mémoire. Lors de sa descente, il accrocha d’autres bribes de souvenirs. Une anecdote, ici, un détail là. L’information anodine se parait de trop de détails pour filer inaperçu vers l’oubli. L’ensemble ainsi formé vint s’écraser dans une partie de l’esprit de Cyriaque où s’étaient agglutinées d’inutiles histoires, à propos d’un voyage vers le Bois Sifflant.

— Teemu ? prononça-t-il avec le bon accent.

— Oui, c’est ça, opina Moïra. Vous en avez déjà rencontré un lors de vos aventures ?

— Moi, non, mais Lev, oui !

La foudre traversa le système nerveux du vieux mage, éclairant de nouvelles perspectives funestes. Cyriaque se savait englué dans un piège, mais pas jusqu’à quel point celui-ci avait été taillé sur mesure pour sa personne. Si cet inconnu était bien l’homme auquel il pensait, alors le puzzle prenait forme. Teemu devenait la pièce qui faisait la jonction entre la mort de Miraaka et les plans de Tolen. Ce ne pouvait pas être une coïncidence.

— Ecartez-vous de ce type ! rugit-il en direction de Ksenia.

— Faudrait savoir ! cria-t-elle en retour. Vous voulez qu’il la ferme ou que je le laisse compromettre notre chasse ?

— Il est avec eux !

Les mots parvinrent à la jeune femme, comme étouffés par plusieurs épaisseurs de coton. Ses yeux s’étrécirent et son éternel sourire se tordit en une mimique contrite. Elle ne percevait plus les sons correctement. Malgré ses efforts de concentration, les lèvres de Cyriaque s'agitaient sans bruit. Moïra, à ses côtés, avait l’air horrifiée. Son visage était pâle, ses traits devenaient flous. L’apprentie du mage semblait s’éloigner de l’archère sans pour autant bouger d’un pouce.

Ksenia ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. Dans sa poitrine, son cœur battait de moins en moins vite. Elle n’avait pas abusé de la valériane cette semaine. La douleur qui s’éveillait dans l’os de sa mâchoire lui donna un indice. Celle-ci rayonnait depuis son oreille droite.

L’archère ferma les yeux dans l’espoir de s’affranchir de la migraine qui lui vrillait les tempes. Par habitude, elle porta la main à l’arrière de sa joue, mais celle-ci était toute engourdie. Un liquide poisseux y coulait. Son index glissa jusqu’à ses lèvres. Ce qui maculait ses doigts avait une odeur métallique et le goût du sang. Elle mourut sans comprendre comment.

Derrière Ksenia, l’inconnu geignard s’était relevé, alerté par les cris de Cyriaque. Il se tenait droit, le regard dur et l’allure lugubre. Au bout de sa main droite, un stylet disparaissait dans le pavillon de l’oreille de la traqueuse. La garde du poignard à lame triangulaire venant en butée contre le crâne de la défunte. Sans vie, le corps de Ksenia roula au sol, privé à jamais de son sourire.

Moïra ne put retenir un glapissement d’effroi en assistant à la scène. Serait-elle morte également si elle était restée au chevet du menteur ? Aurait-elle pu la protéger ? Autant de questions qu’il faudrait remettre à plus tard.

De son côté, Cyriaque ne s’accorda pas le luxe d’éprouver des émotions trop élaborées. La rejoindre parmi les morts par manque de réactivité n’aurait rien de glorieux, ni de respectueux envers sa mémoire. Il était prêt à affronter l’agent envoyé par Tolen.

— Désolé pour votre amie, l’interpella l’homme. Le plan ne prévoyait pas que je m’encombre d’une invitée surprise.

— Vous êtes Teemu Haden ?

— Ho… C’est donc ça mon erreur. Le petit vous a parlé de moi ? lui demanda l'assassin. Je ne pensais pas qu’un idiot dans son genre se serait souvenu de mon nom.

— Lev a été élevé au milieu d’histoires. Vous auriez dû prévoir qu’il serait impatient de conter les deux maigres lignes que comportait la sienne.

Une tension de plus en plus palpable emplissait l’espace entre Teemu et les mages. Chacun jaugeait l’autre avant de passer à l’action.

— Pauvre Miraaka, son fils aura toujours été un boulet dans son sillage.

— Et vous l’avez tuée pour l’en libérer ? le provoqua Cyriaque.

— Sa mort était… nécessaire pour que Lev soit crédible, se justifia l’homme, sans compassion.

— Conduire le gamin jusqu’à moi faisait partie de votre plan ?

Cyriaque fit signe à Moïra de contourner leur adversaire par la droite, tandis qu’il se déplaçait en arc de cercle sur l’autre flanc. Teemu les regarda faire et éclata de rire. Insouciant, il prit le temps d’essuyer son stylet avant de le dissimuler dans sa tenue.

— J’ai une tête à élaborer les plans ? Je suis seulement le gars qui fait le sale boulot. C’est ma spécialité et l’on me paye très généreusement pour ça.

La désinvolture du tueur mettait l’obéissance de Moïra au supplice. Attendre que Cyriaque prenne l’initiative relevait de la torture. Trois ou quatre pas supplémentaires et elle serait à portée pour lui asséner une attaque. Un détail qui n’échappa pas à Teemu. Ce dernier révéla l’atout qu’il cachait à la base de son annulaire gauche. Grandissant depuis sa chevalière, un long filament de lumière verte se lova à ses pieds. Il suffisait de le voir onduler et changer d’aspect pour deviner le degré de maîtrise de son utilisateur.

C’était donc ça qu’ils avaient confondu avec un serpent phosphorescent. L’idée était bonne et Cyriaque se reprocha d’avoir été berné si aisément. Lev lui avait pourtant narré les aptitudes de l’inconnu qui avait apporté les dernières volontés de sa mère. Il aurait dû faire le rapprochement plus tôt. Avant de baisser sa garde et de lui livrer Ksenia.

Teemu empestait la suffisance. Voilà encore un motif pour régler son compte à cet individu. Cependant, Cyriaque fit preuve de sang-froid. Il n’était pas à exclure que ce malandrin soit le meurtrier de Miraaka, une mage dont les sorts de combat se montraient toujours dévastateurs. Son apparente faiblesse était certainement un subterfuge de plus, destiné à les abuser.

— Qu’avez-vous fait du corps de Miraaka ?

— Malheureusement, très peu de choses malgré mes fantasmes à son sujet, se désola Teemu. Quelle femme ! Et puis, cette odeur de lilas dans ses cheveux…

— Vous êtes répugnant, cracha Moïra.

— Et toi, trop jeune pour prendre sa place dans mes rêves, gamine, se moqua-t-il de l’apprentie. Survis à tout cela, remplume-toi un peu du balcon, et nous discuterons au coin d’un lit lorsque tu auras un corps à mon goût.

Moïra perdit le contrôle. Son aura blanche gagna en intensité et projeta l’un de ses chakrams au visage de Teemu. Combattant aguerri, il s’inclina pour éviter la lame circulaire. Celle-ci ne fit que siffler le long de ses boucles noires. L’assassin agita la main et le serpent lumineux se précipita à la poursuite de l’arme, dont il se saisit avec une agilité déconcertante. La lumière s’était glissée entre ses branches, l'arrêtant en plein vol. Teemu inspecta le chakram avant de le planter profondément dans le sol, grâce à la magie de sa chevalière.

— Impétueuse. Ça me plait.

L’éclat métallique d’Ételrune s’invita dans son champ de vision, lui rappelant que son attention était requise ailleurs.

— Vous feriez mieux de trouver des réponses convaincantes à mes questions, si vous chérissez l’idée d’obtenir, d’une femme, autre chose que ses larmes sur votre tombe, le menaça Cyriaque.

— Je reconnais bien là la langue venimeuse d’un vieillard.

— Rassurez-vous, je suis assez vert pour vous fendre la tige, prévint le mage.

Teemu, tout à son insolence, tourna complètement le dos à Moïra pour ne plus se consacrer qu’à son échange avec l’ancien Arcane Royal.

— Allez-y ! l’encouragea-t-il. Posez-moi vos questions. J’espère que vous avez le temps, car j’ai une passion pour le son de ma propre voix.

— Où est Tolen ?

Simple, efficace et direct, Cyriaque attaqua droit au but.

— Ici ou là, proposa l’assassin en désignant divers endroits aux alentours. Il pourrait aussi bien être derrière vous qu’en dehors du Royaume d’Arpentras. Je le soupçonne parfois de se rendre au-delà du ciel.

— Balivernes !

Peu enclin à se laisser promener de la sorte, Cyriaque envoya son arme lui mordre le mollet. Le coup fût précis, mais Teemu en réchappa en interposant son ruban de lumière verte. Ételrune ripa sur l’obstacle et se contenta d’étêter des marguerites qui poussaient dans l’axe.

— Messire, vous perdez vos bonnes manières, le tança l’assassin.

— Du peu que j’ai appris de vous, par Lev, vos manières cachent vos méthodes sournoises. Moi, je ne donne pas dans l’hypocrisie.

Teemu empoigna sa veste à hauteur de son cœur, faussement blessé par la réplique de Cyriaque.

— Par les Saintes, comme vous y allez. L’application que je mets dans mon travail ne me dispense pas d’un peu de savoir vivre.

Le ruban lumineux vert s’enroula derrière le dos de l’homme, un quart de seconde avant que le second chakram de Moïra ne vienne s’y écraser.

— Vous voyez. Quand c’est elle qui manque d’honneur, cela ne vous choque en rien.

Un moustique trouva judicieux de se mêler à la guerre que se livraient les regards de Teemu et du mage. Il vint se poser au coin de la moustache de Cyriaque avant d’être soufflé par le vent jusque dans son œil. L’impact le fit cligner des yeux et secouer la tête. Un temps que l’assassin mît à profit pour s’emparer de l’apprentie.

La lumière verte émise par sa chevalière s’enroula autour de la gorge de Moïra et appliqua une pression qui lui coupa le souffle. Elle n’était pas d’une constitution très solide. Lui rompre le cou serait un jeu d’enfant. Teemu la tenait à sa merci.

En réponse, Cyriaque lança Ételrune à la rencontre des entrailles de l’assassin, mais dû se résoudre à la retenir. L’émissaire de Tolen ne représentait pas une menace, pour lui, qui aurait justifié de l’éventrer au prix de la vie de Moïra. De plus, il voulait le faire parler. Ce qui était incompatible avec une fin précoce.

— Tout doux, l’ami ! J’ai appris que vous aviez déjà perdu un apprenti, ce serait triste d’en voir un second mourir le même jour, non ?

Cyriaque ramena l’épée au niveau de sa main manquante, affichant son intention de ne pas en rester là.

— Relâchez Moïra ! intima-t-il à l’homme. C’est une affaire entre Tolen et moi.

— Ça, c’est la fable que vous vous racontez le soir pour arriver à dormir entre deux cauchemars, le contredit Teemu. Mon employeur n’a que faire de la ruine qui croupie sous une capuche ridicule. L’histoire, dont vous vous croyez le héros, se joue uniquement entre lui et l’énergie que vous avez emprisonné dans cette lame. Vous, vous êtes, au mieux un problème. Un figurant qui outrepasse son rôle dans une pièce écrite par un maître.

Les mots de cette longue tirade martelèrent l’âme de Cyriaque à la façon d’autant de coups de poings au visage. Son engagement envers Ételle, sa rage contre Tolen, c’était tout ce qu’il lui restait, tout ce qui rythmait sa vie. Sans cela, il aurait déjà quitté le métier d’aventurier et se serait laissé faner dans un coin paumé. Lui dire ces choses revenait à dépeindre son existence comme étant un gâchis ridicule.

— Qu’attendez-vous de moi ?

— Que vous me remettiez l’épée sans faire trop d’histoires. Je crois que nous avons mis assez de désordre dans cette forêt.

— Admettons que j’accepte votre proposition débile, gronda Cyriaque. Tolen sait sûrement que je ne peux pas me détacher d’Ételrune.

— Il le sait, lui confirma Teemu. C’est bien pour cette raison que nous avons monté cette mise en scène. Nous voulions vous acculer, pousser le Renard à ramper devant son ancien camarade.

Cyriaque inspecta de nouveau le sous-bois, à la recherche d’une ombre qui trahirait la présence de la vieille carne qu’il respectait autrefois.

— Vous allez devoir me tuer maintenant, sinon vous ne l’aurez jamais, le défia le mage d’une voix forte à destination des ténèbres.

— Non, non, non. Ce n’est pas dans le plan, s’amusa Teemu.

— Ça non plus ! gargouilla Moïra.

De derrière son épaule gauche s’éleva un poinçon représentant la rune Raidho. En concentrant ce qui lui restait de force, elle fit fuser l’outil dans la face de son agresseur. La pointe sculptée traversa la chair de la joue et se planta dans l’os derrière la pommette avec un bruit sec.

Teemu hurla de douleur et perdit le contrôle de sa chevalière. La lumière qui enserrait la gorge de Moïra se dissipa aussitôt. Libérée, mais à bout de souffle, la jeune femme s’écarta de lui en marchant à quatre pattes. Bien qu’elle soit parvenue à le blesser, elle ne s'estimait pas tirée d’affaires.

— Bien joué ! jubila Cyriaque.

Le vieux mage en profita pour prendre l'ascendant sur le vil serviteur de Tolen en glissant Ételrune dans son dos. Ce dernier bataillait avec l’outil fiché dans son visage. Lorsqu’il réussit finalement à l’extraire, il dût presser fort de sa main pour contenir le saignement. Ses yeux débordaient de haine envers la blonde.

— À votre âge, vous devriez savoir que l’on ne force pas une dame à danser, le sermonna Cyriaque.

Malgré la douleur, Teemu ricana du trait d’esprit de sa cible.

— Une blessure ne signifie pas grand-chose lorsque l’on profite des largesses de mon maître. Il sera si satisfait de mes résultats qu’il ne me refusera pas une petite retouche.

— Satisfait ? s’étonna le mage. Ton plan se résumait à te faire capturer ?

— Non, à gagner du temps…

Teemu se redressa. Sous sa main pleine de sang s’étirait un sourire.

Le piège venait de se refermer. À la limite de son champ de vision, le Renard distingua une forme entre les arbres. Cette ombre qu’il avait guetté si longtemps s’était enfin manifestée. Un cristal à la main, la silhouette déchaîna son pouvoir sur Cyriaque et son apprentie qui ne purent s’y soustraire. Neutralisés, ils s’affalèrent dans l’herbe.

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TiteTeigne
Posté le 22/05/2022
Oh mais oui punaise !! J'ai tellement pas fait le lien avec le serpent vert phosphorescent mentionné au chapitre d'avant ! Comme Cyriaque, on assemble les pièces petit à petit et mais oui, c'est tellement évident ! Comme on se retrouve Teemu. Cela fait un bail, on en oubliait son existence XD Bien joué ! Piège qui se referme avec brio sur Cyriaque et Moïra. Dommage pour Ksenia qui fait parti des dommages collatéraux de cette rivalité ancestrale...
Bon chapitre, bravo !

Pas grand chose à noter :
"vous n'étiez pas censés avoir (avec) d'escorte en arrivant au campement"
"Lev a été élevé au milieu d'histoires"
"Bien qu'elle soit parvenuE à le blesser"
Achayre
Posté le 22/05/2022
Merci beaucoup. J'étais assez inquiet que le retour soit trop évident ou prévisible. Content que l'effet ait au moins marché sur quelqu'un :p
J'espère que ce n'est pas seulement dû au fait qu'il s'est écoulé de nombreuses semaines depuis la fin du chapitre 2 ^^

A très bientôt :)
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