5 | La Brocante (2/2)

Notes de l’auteur : Chapitre mis à jour le 16.07.23.

JULES.

J’dégage mon r’gard de Spectrette. J’rapporte mon attention sur l’zigoto d’vant moi.

— J’vois qu’un seul truc moi, relevé-je. J’y ai toujours vu qu’un seul truc et ça n’a jamais changé depuis que j’vois ce truc.

— Ce n’est pas étonnant. Le monde d’aujourd’hui s’est vidé de ses pensées, vous savez ? Si bien qu’il est même plutôt étonnant que vous voyiez une idéelle, ne serait-ce qu’une seule.

— Alors ça a pas toujours été comme ça ?

— Bien sûr que non ! Il fût un temps où tout le monde voyait des idéelles. Partout, du matin au soir, du soir au matin, les gens étaient là, existentiellement présents, nourrissaient leur environnement de par leurs affects, amplifiaient leur champ d’appréhension idéellique, ils pensaient le monde véritablement. Un vrai Âge d’Or raconte-t-on ! L’Âge de l’Or-pensée dit-on parfois. Mais c’est une époque révolue ça, maintenant, qui remonte à plus d’un siècle. Vous avez déjà entendu parler de la Grande Correction ? Qui a engendré la Belle Guerre ?

Je hausse des épaules.

— Très peu, mentis-je.

À cause que moi jamais j’ai entendu ces trucs-là.

— Ça a été un grand virage dans l’Histoire des Idées. Alors que, de tout temps, les idéelles étaient valorisées, on s’est soudainement mis à les diffamer. On ne prônait plus que la matérialité des choses et un rapport au réel plus « fidèle » disaient-ils. Concret, factuel, si bien que très vite, les gens ont perdu leur faculté de clairvoyance. On a voulu objectiver le monde, calquer une seule et même représentation pour tous.

— Mais pourquoi on f’rait ça ?

Il m’sourit petit, j’mords ma lèvre.

— Beaucoup ont analysé ce phénomène de société, dit-il. Philosophes, psychologues, sociologues, anthropologues, aujourd’hui pour la plupart censurés. Et parce qu’ils sont censurés, je ne peux pas tellement vous répondre avec exactitude. Toutefois, de ce que j’ai entendu dire, les théoriciens décrivent ce dépérissement de la pensée comme à la fois une manière employée pour refondre les croyances des gens, en même temps qu’une conséquence de la Belle Guerre. Concernant ce deuxième aspect, comment pouvait-il en être autrement ? Les gens sortaient de la guerre, leur vie s’était vidée de son sens. Oui voilà. Leur coeur était creux, leur esprit aussi. Difficile de vouloir éprouver le monde quand, après toutes les atrocités qu’il a vu naître, il est rendu intolérable. Il était détruit aussi bien dans ses Villes et ses routes que dans sa morale et son éthique. Et depuis, on s’est relevés bien sûr. De nouvelles générations sont arrivées, elles ont édifié des nouveaux systèmes de pensée, mais l’habitude de vivre s’est perdue. Le monde s’est désenchanté, on avance l’âme grise sans conscience de soi, coupés du monde, du maintenant, du paysage-vie des autres-vie, coupés de tout.

J’pince mes lèvres. Ça tournicote dans la tête. J’souffle :

— Donc y’a deux trucs ? Les gens qui sont devenus tristounes par eux-mêmes, pis les Grisœils qui d’toute façon interdisent les idéelles ?

— Oui, voilà ! L’O.V.E.A., ce sont nos chasseurs officiels d’idéelles. D’ailleurs, eux privilégient le terme « émanations auractoplasmatiques », d’où leur nom : l’Office des Voyeurs à émanations auractoplasmatiques. Parcourant les rues, ils tentent d’éliminer les dernières traces qu’il reste du phénomène. On raconte que lorsque l’iris de leurs yeux vire au gris, ils sont capables d’apercevoir les idéelles des autres. Ça ne fonctionne pas à tous les coups, ils ne sont pas tout puissants, mais quand même. Ils sont nombreux à arpenter la Ville en quête de Pensifs, ces quelques rares personnes douées d’une vision clairvoyante, comme vous.

— Et… qu’est-ce qu’ils font à ces… Pensifs ? Une fois qu’ils les ont attrapés ?

— Ils les emmènent, je ne sais pas trop où. Sûrement à l’Observatoire. Ils leur font subir des choses, je ne sais pas trop quoi. Toutes sortes de rumeurs circulent à leur sujet : manipulation, violence psychologique, expérimentation, emprise sur notre esprit et j’en passe… La plupart des Pensifs nous reviennent… eh bien, plus vraiment Pensifs. Ils prêchent l’idéologie de l’Observatoire. Quelques-uns on ne les a plus jamais revus, et certains enfin…

Il hésite, la mine triste. Je l’encourage d’un hochement de tête. Il lâche finalement :

— Certains ressortent de là-bas vivants mais ils ne sont plus jamais les mêmes ? Ils paraissent… eh bien. Vides. Désespérément vides. Souvent ils finissent par tomber en dépression, n’ayant plus le coeur à rien faire. L’air absent, ils évoluent dans le monde le corps apathique, ne possèdent plus aucune envie, aucun désir nulle part. C’est comme leur raison de vie qui leur a été arrachée, disent-ils. Donc bon ? Disons que les Grisœils, mieux vaut ne pas tomber dans leurs pattes.

— Mais pourquoi… autant de haine envers elles ? Dans le sens… les idéelles ?

— Mais enfin, ne le devinez-vous pas ?

Il penche sa tête, sourit bien qu’avec chagrin. Et ça s’serre dans ma gorge pask’ dans les faits, j’y vois très bien tout c’qu’on gagne à interdir les gens d’penser le monde.

— Au fait, je ne vous ai toujours pas demandé votre prénom ? me demande-t-il soudain.

Aussitôt soupçonneuse, j’me ramasse plus encore contre le meuble.

— Le vôtre ? dis-je.

— Jasmin. Ou plutôt : Jasmin Fleury.

— J’m’appelle Jules.

Son visage s’ouvre à cause qu’il est surpris. Forcément, un nom de garçon pour une fille…

— Vraiment ? se méfie-t-il.

— Oui.

— Jules…

— Oui. Jules. Mon prénom. Un ‘blème ?

Et j’lève le menton pour appuyer mon propos, le mettant au défi d’oser remettre en question cette (fausse !) réalité-là.

— Et… vous en auriez pas un deuxième ? marmonne-t-il. À tout hasard ?

— Pourquoi j’en aurais deux ?

— Oh je… vous savez c’est… relativement usuel, encore ? J’en ai bien deux, moi ! Vous savez… Jasmin. Fleury. Fleury n’est pas mon nom de famille.

J’serre mes genoux. C’est moite. C’est tremblotant.

— J’ai qu’un seul prénom et j’m’appelle Jules, dis-je rudement.

L’asticot me r’garde encore, hoche sa tête d’un air entendu, l’air cette fois d’me croire. Et moi, fatiguée par toutes ces nouvelles informations, j’appuie ma têtotoc-toc-toc-tocomigraine contre le meuble. Elle dodeline. Au-dessus d’mon visage, y’avait des vieux luminaires qui clignotinent la poussière. J’fronce du nez. J’observe les étagères qui fourbillent du boxon. Et à regarder tous ces objets poussiérer partout, ça m’rappelle le violoncelle et tout c’que j’y ai ressenti comme folies en l’touchant. Et ça m’élécrificote du dedans. Abruptement, j’me redresse. Le brocanteur a enlevé son monocle, il le bidule dans ses maigres doigts. De but en banc, j’lui demande :

— Est-ce que les idéelles ça peut entrer dans les objets ?

Il s’fige. Il r’lève la tête. Il m’examine. Yeux ronds. Cheveux blancs comme de la paille. Air hagard. L’est paumé l’asticot. Et soudain, y’a ce sourire qui se fiche sur ses lèvres… ah c’sourire ! Fichtre. Un sacré sourire sacrément démentiel, sait-on jamais, un sourire d’ceux qui portent en eux le but de toute une vie. Ça y est, ma question v’là : c’est précisément celle qu’il m’fallait poser pour comprendre jusqu’au bout du bout la furiofolie d’Jasmin Fleury. Hypra excité, sa cicatrice qui danse à sa joue, il rattache son monocle à son oeil pis s’penche, me soufflant expressément :

— C’est d’une telle évidence ! Pourquoi croyez-vous que j’ai ouvert cette brocante, il y a de ça déjà bien une dizaine d’années ? Si tous les objets ne sont pas des contenants à idéelles, d’autres le sont indubitablement. Comment pourrait-il en être autrement ? Les gens attribuent à leurs objets fétiches une haute valeur sentimentale, ces derniers alors deviennent souvenirs, bribes d’existence, récit de vie, histoire-photographie. C’est sûr et certain, un bibelot est aussi vivant qu’un être humain ! Alors imaginez un peu tout ce qu’on peut trouver dans une brocante remplie à ras bord de reliques qui ont tellement, mais alors tellement compté pour des gens ? C’est une trésorerie absolument phénoménale ! Là, par exemple : ce superbe violoncelle.

— C’est pour ça que j’ai total’ déliré avant…

— Oh non, vous n’avez pas déliré, vous avez simplement ressenti les idéelles qu’il contient. Mais tout le monde n’en est pas capable, vous savez ? Vous possédez un véritable petit don ! La plupart des gens ne soupèsent pas la richesse remuante de tous ces objets… Ah, vous n’imaginez pas à quel point je suis heureux que vous soyez entrée dans ma brocante, en voilà une merveilleuse coïncidence ! Là venez ! Je vous fais visiter !

Et l’philosophe-j’cueille-des-idéelles, il s’lève avec fureur, il s’retourne et déjà il est loin, disparu derrière une armoire, là-bas entre deux miroirs. Et Spectrette elle hésite pas un seul instant. Son fusil à l’épaule, son casque qui ballotte, elle saute sur ses pieds et le suit en gambillant, perdue au milieu des couloirs d’antiquailles, pendant que derrière j’ronchonne hé mais attendez-moi ! Et j’me lève et j’boitille derrière eux, reniflante et rogneugneu. Et comme ça, on s’est tout promenés dans l’bordelabyrinthe avec Jasmin l’guido qui nous montrait un tas d’choses et qui, parfois, m’fixait avec de drôles d’yeux, l’air d’attendre quelque chose de moi, j’sais pas trop quoi. Et on a fini par s’y retrouver au point d’départ, comme si ça avait toujours été ça, dans l’fond, l’but final de Jasmin : c’terriblo bo violoncelle.

Les mains dans les poches, il a un regard intense posé sur l’bidule… Ses yeux transpercent le bois mais il est loin le pacotilleur… Il pense à j’sais pas quoi. Et moi comme lui j’me refais happer par l’instrument. Et j’m’y souviens tout c’que j’ai senti à travers lui : l’idéelle dedans c’était un écho d’vie, un coeur qui battait d’sacrées mélodiosouvenirs. Et soudain j’y ai envie moi d’apporter ma contribution à la vivamusique qui est entrée là-dedans et qui, mystérieusement, y est restée y reste y chantera jusqu’au plus vieux des âges. Ça m’démange les doigts. J’y ai envie d’entourer l’instrument d’mon corps, lever l’archet et l’faire vibrer son coeur, mon coeur, toujours les coeurs des coeurs en miettes, en gris, nos tourments sans mot, mélodier la triste vibr’ de nos vies… Alors j’lui demande à Jasmin, qui là porte un mélancolivisage, si son vio’ il le vendrait pas ? Hein ? Par hasard ? Hein ? En plus comme ça, que j’me dis, j’pourrais découvrir c’que Spectrette lui trouve au vio’ pour qu’elle me déplace comme ça jusqu’à lui…

M’sieur-monocle sursaute. Lentement, y s’tourne dans ma direction.

— Pourquoi que vous le voulez ? souffle-t-il alors.

— C’est pour une amie.

— Ah.

Silence. Pas loin, une horloge tique. Il dit encore :

— Et elle, c’est pourquoi qu’elle le veut ?

— Comment ça ?

— Votre amie. Le violoncelle.

Silence. Mon pied gratte la poussière.

— Sais pas, expliqué-je.

Diantre. Suis nulle pour causer. Encore plus pour mentir. Et pis… goût de sang.

— Elle en joue bien ? insiste-t-il.

— Qu’est-ce que… ?

— Votre amie. Du violoncelle.

J’fixais mon pied gratouilleur, j’ose un coup d’œil sur le bric-à-braqueur. Œil. Monocle. Monœil. Il sourcille, il a dû voir le sang, j’mouille mes lèvres. Et la lumière qui, à travers la vitrine, verse sur son visage, m’fait voir des traits délicats, presque féminins. Et une peau lisse, encore jeune. Le nostalgiqueur n’est pas si vieux que ça, tout compte fait, malgré les cheveux blancs. Il m’donne juste l’impression d’avoir vieilli trop vite, trop tôt ? Alors même qu’il me semble être en retard sur son temps ? L’air d’être… coincé ? Dans un monde plus suranné, comme reculé ? Un peu… pareillement… à Jules ? Moi et cette fichue impression d’pas cadrer avec rien, personne, encore moins avec le monde… C’est juste que… en vérité… mais moi j’aurais voulu… j’le jure ! … et maintenant ? Monœil me regarde encore, et j’le regarde encore. Incapable de lui donner un âge. Quarante ans ? Soixante ? Moins ? Plus ? Et…

— Sais pas, répondé-je finalement.

Et pour le coup, c’est vrai de vrai que j’sais pas. Dans l’fond, j’en sais foutûment rien si Jules, du violoncelle, elle en joue bien ? Comment savoir ? Personne m’écoute jamais. Et j’laisse jamais personne m’écouter. Ah non ça non, jamais !

Le boutiquaire soupire alors, envahissant temps mort. D’une petite voix, il m’dit enfin le prix. Fichtre ! L’impression de flancher. C’est trop, trop, trop pour moi. Et j’sais pas s’il a fait exprès ? Un coût trop, trop… trop impayable quoi ? Pask’ il veut pas s’en séparer d’son vio’ et qu’il voit bien que j’fais pauvre, que j’fais ours, en plus des cernes et d’la maigreur qui m’collent à la peau ? Et comment que j’dois réagir, moi, maintenant ? J’ai pas la force de méchanter, pas envie de brocanter, surtout j’en sais fichtrement rien comment qu’on boursicote l’oseille. Pis faut dire : j’veux pas l’attrister davantage, le vioque-homme… l’homme-vioque qui n’est pas si vioque… j’sais pas, hein ? Ce qu’il faut faire ! … j’vais pas le lui arracher son vio’ quand même ! Soudain j’me sens toute penaude. Il vaut mieux que j’parte. J’ai ni l’pécule ni l’cœur de lui faire du mal… au monsieur-chagrin. Incomprise, et… oui. Comme d’hab’… j’me sens… saleté de solitude ! J’vais pas…

— C’est un peu cher, dis-je alors. Tant pis.

Et je pivote sur mes talons pour me tailler fissa, ni vue ni connue. Seulement lui, le monsieur-chagrin, l’y m’coupe dans mon élan en me disant :

— Vous savez… il y a beaucoup de travail par ici…

Et il continue en m’disant que si je l’aide pendant quelque temps, il pourra peut-être me le donner le violoncelle… à la fin ? En contrepartie ? Et que même si je l’épaule tout comme il le faut, j’pourrais recevoir un peu de sous comme une p’tite rétribution ? Là comme ça ? En toute franchise, qu’il m’a soufflé, c’est que c’est extrêmement rare, les gens comme moi… Et il ne peut pas manquer l’occasion de… enfin… C’est un travail épuisant parfois, de veiller sur le trivial… dépoussiérer les grandes idées ayant traversé la tête des petites gens. Fascinant mais épuisant. Alors un petit coup de main… vous… vous comprenez ?

Oh oui, je comprends très bien : l’homme-vioque est autant désespéré que moi, question solitude. Le gulus, bien qu’il pense que j’ai des facultés spéciales, il est quand même prêt à engager la minus de Jules, une pauv’ fille à l’allure de fripouille. C’est pas rien ! Mais moi j’fais quoi ? D’un côté ça m’tente sa proposition, comme c’est la seule façon que j’ai d’récup’ le vio’… De l’autre j’vois bien qu’il veut s’servir de moi pour j’sais pas trop quoi, « veiller sur le trivial » comme il dit, mais ça veut dire quoi ça ? Alors qu’est-ce que j’fais ? J’cherche Spectrette pour d’mander conseil, j’la trouve nulle part, elle s’est volatilisée, j’grinche à l’intérieur, elle s’taille pile quand j’ai besoin d’elle quoi ! Fichtre ! Ma décision, ça veut dire j’dois la prendre toute seule ? Diantre.

À monœil, j’lui souris juste, c’est une grimace, pis v’là j’réfléchis plus trop. Dans l’fond j’ai trop b’soin du vio’. J’dis d’accord, j’veux bien, pourquoi pas, après tout… J’sais pas s’il m’a tout entendue mais j’pense que oui, pask’ un large sourire illumine sa face. Vraiment c’est dément ses minuscules dents qui sourient autant.

— C’est formidable ! s’exclame-t-il. Alors montons ! Plein de choses à vous montrer ! Beaucoup de… enfin bien sûr, si vous avez du temps devant vous… ?

J’en avais. D’une vive pirouette, il s’retourne, s’dirige vers un escalier, quoi alors la brocante elle a plusieurs étages ?? Jasmin Fleury gravit les marches, moi sur ses talons, Spectrette perdue j’sais pas trop où. P’t-être elle est partie jouer avec d’autres copines les idéelles ? Et j’sais pas trop pourquoi mais à m’imaginer ça, ça m’fait rigoler depuis dedans. On est en haut. Et crac! que je marche sur un bidule ! Et cric! que ma basket casse un truc ! D’toute façon… c’est du raté la vie. Et Jasmin m’a tout fait visiter. Et… et… fichtre ! Diantre ! Et… et…

… et j’ai été étonnée par sa brocante, ah oui ! Ça oui ! Foutrement étonnée ! Deux choses à dire : la première, c’est que la Brocante, elle est gigantisme. Encore plus gigantisme que ce que j’avais pensé d’abord. Moi qui avais vu un seul étage et qui m’étais paumée dedans, je découvre qu’en vrai, des étages, y’en a diantrement cinq. Oui. Cinq. Cinq ! Deuxième chose : la Brocante, en vrai, elle est ordonnée, diantrement disciplinée. Hé ouais ! Qui l’eut cru ? Que cette débandade d’antiquaille avait sa cohérence interne ?

Le squelette c’est simple pourtant. Fruste mais efficace. Premier étage : les meubles. Massifs, qui pourrissent et croupissent, alignés comme un repli devant les miroirs qui jaunissent. Deuxième étage : la margaille, bidules-trucs pour la vie d’tous les jours. À savoir : vaisselle, vilaine porcelaine, luminaires, vases, tableaux, statues, nains de jardin, boules de Noël et d’autres rouilleries encore, comme les arrosoirs, les jouets, les peluches. Et aussi… les horloges, les coucous, les réveil-matins, les pendulettes, les sabliers et le Temps qui fuse, ripe et titube… Alors le troisième étage : les étoffes. Mochetés de fringues qui fripent et nippent. Blêmes, elles portent la poussière. Quatrième étage : les bouquins, les cartes, les globes. Comme une bibliomonde. Des rayonnages et des rayonnages de papiers fripés comme pépé, que du folio foutrement ratatino. Et avec… des mappemondes, des mondosphères. Et… j’souffle… dur… cinquième étage… le cinquième étage, franch’ ? Le cinquième étage c’est le pire des étages question bidule et c’est aussi l’plus beau. C’est celui que Fleury a nommé l’étage de la Souvenance, là où il fourgue les objets dont il soupçonne qu’ils portent à coup sûr des idéelles. Ici, c’est le fourre-passé et le fourre-chagrin, c’est tout ce qu’on n’vend pas. Il y a trop de mémoire là-dedans… trop de vie qui a pleuré dans ces objets-là… Là-haut, ce sont surtout des photos, des cassettes vidéos, des bijoux légués de génération en génération… et portés… les amusettes, les talismans, les porte-bonheurs… porte-existence… les carnets du cœur, les lettres d’amour… Ce sont des cartons et des cartons et des cartons de destins mâchés et c’est… des objets qui auraient très bien trouver leur place dans un étage inférieur, dans le fond, puisque se trouvent mêlés autant le fauteuil de grand-pa’ que la tasse dans laquelle grand-man’ a bu son café, chaque mat’ depuis ses quinze piges. Donc ouais, ça s’pourrait… mais… tout à la fois, ces trucmuches… les étages plus bas… c’est simple : ça s’peut pas. Et ça n’a rien de dingo ou encore d’absurde, bien au contraire… juste… c’est effrayant, en fait. Bigrement flippant… le sentiment de savoir, en regardant ou touchant cette camelote-là… qu’à travers son propriétaire, elle a autant aimé et souffert que lui, si ce n’est plus. Il suffit parfois d’une initiale, d’une écorchure, d’une trace de sang séché pour savoir… et alors… et alors quoi ? Et alors, le brocanteur a raison lorsqu’il estime que tous ces objets sont des maisons à idéelles. Ça expliquerait cette atmosphère douce et feutrée qui avive l’étage, comme si l’endroit était suspendu hors de l’espace et hors du temps.

Ma main qui dépoussière la belle pacotille, j’me retourne. Étrangement calme. Jasmin me r’garde au loin, appuyé contre la rampe d’escalier. Il ne s’est pas avancé, il a gardé son monoeil et ça n’a pas l’air de le déranger, lui, de m’voir avec un regard biaisé. Loupé. Sa loupe… un œil. Il porte un sourire en coin, comme s’il était tout content d’quelque chose, ça m’flipouille, j’lui demande :

— Pourquoi il est en bas, le violoncelle ? lui demandé-je.

— Excusez-moi… vous dîtes ?

— Il était là n’est-ce pas ? Il a toujours été là, au cinquième étage. Le violoncelle, il… c’est un truc qui… la Souvenance. Alors... pourquoi, alors qu’il était ici en haut, l’avez-vous vu descendu à l’étage des, oui… meubles ?

Il hésite, se tord les doigts.

— Vous savez… Ce violoncelle m’a été légué par une femme il y a maintenant des années de cela… Elle m’a donné la tâche de le cacher, le garder précieusement, tout en me prévenant qu’un jour, une personne viendra à lui, l’entendra gémir, le fera revivre alors… Non, pardon. Elle avait dit : nous fera revivre. Oui, je me souviens bien… Bon, voilà ? Et j’ai attendu, attendu… et rien. Des années de rien, jusqu’à ce que mon horoscope, ce matin…

— Vous avez dit horoscope ?

— Oui. Tout n’était pas très clair, et j’espère l’avoir bien interprété… mais… ça parlait de musique, vous savez ? C’était écrit… le chant de la Forêt à descendre. L’horoscope disait c’est comme une vérité à exposer à la face du monde pour que ce dernier se libère enfin. Il disait aussi que ça m’amènera cette grande voyageuse, épieuse de vibrations internes, spirale dans le Temps, qui récoltera avec moi les gemmes de la vie ordinaire. C’était écrit : « À l’interstice des vécus et des vivras, elle est un grain d’éternité. » C’était suffisamment parlant pour que je descende ce violoncelle, vous ne trouvez pas ? Quand bien même ce n’est pas sa place. Dans le fond, je ne voulais pas vraiment qu’on l’achète, je ne veux toujours pas qu’on l’achète… Mais vous savez… je, je… oui… je… si vraiment vous êtes–

— Vous vous foutez de moi ?

— Non. Je suis absolument sérieux.

J’le regarde sans plus rien dire. Sang. Ma gorge s’serre ardent. Et c’est vrai que j’en ai vu dans la Ville Enragère d’ces affiches qui baratinent sur l’astrologie, et même que ça m’faisait bien marrer, mais jamais j’avais pensé qu’on puisse vraiment y croire quoi, à toutes ces crétineries ! Franch’ ¡ Et là en plus, il pense que j’suis la vraie propriétaire du vio’ ou j’sais pas quoi, celle qu’il attendait depuis des années entières d’frustration ?

— Vous vous foutez de moi, répété-je.

Et j’panique et j’passe devant lui et j’descends toutes les marches de tous les escaliers de tous les étages de toute la Brocante pask’ ce type-là, l’follo des idéelles, a l’esprit grave dérangé. Qu’est-ce qu’il me cache d’autre encore ? Est-ce qu’il va pas finir par m’meurtrer ou j’sais pas encore ?

— Attendez ! Ne partez pas comme ça !

Et j’serais partie. Vraiment j’serais partie si, à peine mes pieds attaquant la chaussée, je n’avais pas été freinée par une armée de rats qui envahissait la rue et courait là et ne s’arrêtait pas. L’allée, toute l’allée en est gonflée, de ces bestioles-là, et le cri est montant, crissant, grinçant, alors mon front… aigu… toquade dans la tête et… et moi je… crois que c’est définitif : je suis… foldingue ¿ !!

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
JeannieC.
Posté le 09/03/2023
Hey coucouuu !
Eh bien ça faisait longtemps, mais me revoici pour la suite de ce dialogue entre Jules et le drôle de lascar =D Jasmin Fleury j'adore, c'est trop mignon <3
Tout ça se précise avec plein d'intéressantes révélations, que tu mènes avec énergie pour que jamais ça n'en fasse des caisses ni ne soit trop professoral. C'était risqué mais tu arrives très bien à tisser des moments explicatifs, même des réflexions assez profondes, avec des émotions dans les dialogues. J'ai bien aimé notamment le passage autour de la guerre, et c'est très vrai : comme nous autres après les deux guerres mondiales, le trauma civilisationnel a été si fort qu'on a déconstruit énormément de choses...
Ultra curieuse maintenant de ce que l'OEVA fait des idéelles. Et je me suis régalée enfin avec la description de cette brocante - un vrai cabinet de curiosités, notamment ce cinquième étage - "le pire et le plus beau", très joli ça, ce paradoxe/oxymore, et aussi l'image d'un "fourre passé" vraiment poétique <3

Des bisous !
À bientôt !
Louison-
Posté le 10/03/2023
Heeeeey ! Et merciiiii pour ton repassage ici, ça me fait plaisir ! <3 ^^

(oui Jasmin Fleury ce prénom ça me fume, en plus ce type boit du thé aux fleurs à longueur de journée. Limite si je me fous pas un peu de sa gueule bhaha x))

Contente si toutes ces explications donnent pas trop une impression professorale ! C'est un peu ma peur, d'avoir une histoire longuette qui prend son temps d'expliquer des concepts et d'amener certaines réflexion sur tel ou tel sujet, donc là si ça passe c'est cool ! :)

Chouette aussi si t'aimes la description de la Brocante, on va y passer toooout plein de temps huhu ^^

Voilooouuu, merci pour le reste de ton message ! Et à vite, j'essaie de passer par chez toi tout bientôt ^^ J'ai déjà hâte de retrouver Estiriel <3
Edouard PArle
Posté le 09/02/2023
Coucou !
J'ai pas l'impression de relever grand chose de constructif, ton écrit est vraiment très abouti que ce soit sur le fond ou la forme. Donc ce sera principalement ce que j'ai aimé xD C'est important aussi !
Pas mal de nouveaux éléments dans la lignée du chapitre précédents ! Sur les idéelles, les grisoeils, on a plusieurs nouveaux enjeux. Ce chapitre permet de mieux saisir plusieurs éléments forts de l'intrigue. L'histoire de la disparition des idéelles est vraiment top et fluide. Je comprends la réaction de Romane en lisant ce paragraphe, il est vraiment riche !
J'ai beaucoup apprécié la découverte de la brocante, je confirme que l'ambiance me plaît toujours autant. C'est vraiment un lieu fascinant, d'autant plus depuis que je sais que les objets ont été choisi pour leurs idéelles (cette idée est top !). Le violoncelle me fascine de plus en plus, cacherait-il quelque chose ?
Les échanges entre Jasmin et Jules sont assez touchants, on les sent tout les deux maladroits et solitaires, les dialogues sont vraiment bons. C'est très intéressant qu'elle travaille pour lui, je suis curieux de découvrir l'évolution de leur relation.
Mes remarques :
"j’appuie ma têtotoc-toc-toc-tocomigraine" super expression !
"un cœur qui battait d’sacrées mélodiosouvenirs." très joli !
"à la vivamusique" super aussi !
"Il y a trop de mémoire là-dedans… trop de vie qui a pleuré dans ces objets-là…" très belle phrase !
"des objets qui auraient très bien trouver leur place" -> trouvé ?
Un plaisir,
A bientôt !
Louison-
Posté le 11/02/2023
Re- !
Ahaha mais bien sûr que tes commentaires sont constructifs, quoique tu dises ça m'aide, j'ai tes ressentis et c'est toujours très intéressant d'avoir un autre point de vue que le sien sur son propre écrit. Surtout que comme tu dis, c'est important aussi de relever les choses qu'on aime bien dans un écrit :D

Yes avec ce chapitre on commence doucement à poser les enjeux, tout est pas encore clairement délimité mais les dynamiques se mettent en place ^^

Pour la Brocante : tant mieux si tu t'y plais, Jules va y passer pas mal de temps huhu, je crois que ce lieu me fascine autant que toi bhaha (le violoncelle yayy tant de mystère <3)

Rah oui Jasmin et Jules sont adorables ensemble ! Très maladroits comme tu dis <3 A voir comment ça évolue dans la suite :D

Merci sinon pour tes autres petites remarques, t'es incroyable de relever tout ça <3 Alors merci, encore et toujours, tes commentaires me font vraiment chaud au coeur !

Bisoooou, à viiiiite ! Je cours de ce pas te lire héhé.
Romane
Posté le 31/05/2022
Encore des explications très bien menées dans ce chapitre ! Il y a aussi cet enjeu conflictuel clair autour de l’O.V.E.A que tu mets en place et la façon dont tu le lies à ton world building .

J’aimerais revenir sur ce passage. « Leur coeur était creux, leur esprit aussi. Difficile de vouloir éprouver le monde quand, après toutes les atrocités qu’il a vu naître, il est rendu intolérable. Il était détruit aussi bien dans ses Villes et ses routes que dans sa morale et son éthique. Et depuis, on s’est relevés bien sûr. De nouvelles générations sont arrivées, elles ont édifié des nouveaux systèmes de pensées, mais l’habitude de vivre s’est perdue. Le monde s’est désenchanté, on avance l’âme grise sans conscience de soi, coupés du monde, du maintenant, du paysage-vie des autres-vie, coupés de tout. »
- D’abord, si tu parles des « gens », est-ce que ça ne doit pas être au pluriel .? Mais c’est du détail.
Ce qui m’intéresse là-dedans, c’est la puissance de ce paragraphe. Ce n’est pas facile d’écrire ce que tu écris, en mêlant ce genre de réflexions, une intrigue, un univers fantastique. Vraiment pas et je te dis bravo pour ça. Bravo d’arriver avec ta poésie à livrer des choses aussi fortes, qui portent tant d’échos avec ce que nous pouvons vivre actuellement. Bravo d’avoir le courage de le faire. Bravo de le faire sans moralisme, avec ta douceur. Je ne sais pas si tu en as conscience, d’à quel point ton livre est unique. Il n’y a que toi, ta personne, ta vision du monde, pour pouvoir produire ce texte-ci. C’est vrai d’autres ouvrages, tant la subjectivité de l’écrivain vient apporter sa couleur à une oeuvre, mais il y a dans ton roman une densité supplémentaire qui rend ça absolument vrai. Bravo, donc <3


J’aime beaucoup cette piste d’objectif, de trajectoire, qui s’ouvre à Jules à la fin, avec cette histoire de violoncelle !
Louison-
Posté le 03/06/2022
Ooh merci, tu cites ce paragraphe que tu caractérises de "puissant" et moh, trop adorable merci <3 <3 Et puis tout ce que tu dis derrière ! En fait j'ai pas grand-chose à répondre, sache juste que chacun de tes mots me touchent particulièrement et que osdasdfasalsdfjéas, m-e-r-c-i tout gros <3

Yes cool aussi si t'as perçu une petite trajectoire qui s'ouvre à Jules à la fin :D Ca manquait cruellement dans le premier jet, après c'est pas non plus un truc motivé qui fait effet "question de vie et de mort" pour l'instant donc je suppose que ça reste assez faible mais bon, au moins y'a une petite piste qui s'ouvre :)
dodoreve
Posté le 07/05/2022
HenloLouLou ! Aujourd'hui ce sera court, mais j'ai vraiment adoré ce chapitre. Je trouve ça impressionnant de voir à quel point les choses sont claires et bien pensées : il y a beaucoup d'explications mais elles sont lues sans aucune lourdeur, tout est fluide et si si si agréable, et puis tu as bien vu certains points comme le fait de ne pas t'étaler sur le pourquoi qu'il y aurait de l'intérêt à ce que les gens ne pensent pas. Et je t'avais déjà dit que ton histoire beh de base elle me prenait par les sentiments, mais là j'ai encore eu ce petit frisson du "ça me concerne", parce que je m'imaginais sans mes idées ou même mes rêves qui n'ont aucun sens mais tu vois des petits trucs de rien du tout qui fait que je vis dans mon monde et puis wow, ça me rendait triste. Et c'est pas incohérent, ça fonctionne très bien et il y a un écho clair avec notre société dans ce qui est décrit là, le fait de vouloir tout réduire à un truc objectif. Trop méga chouette.

C'est rien du tout mais je relève :
"Au-dessus d’mon visage, y’avait des vieux luminaires qui clignotinent la poussière. J’fronce du nez. J’observe les étagères qui fourbillent du boxon." Cette dernière phrase est complètement incroyable ahahah (en vrai j'ai vite abandonné l'idée de relever des trucs mais là je trouvais ça trop marquant et original)
"Là venez !" J'aurais mis une petite virgule ?
"Specrette" Manque un -t là j'ai l'impression

Biouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuux
Louison-
Posté le 08/05/2022
HenloDoDoDoDo <3 Et merciiii comme toujours ! Et woui tout parfait la longueur du com', surtout t'uses pas à en faire à chaque fois des immenses comme le précédent !! Ca fait ultra plaisir oui mais sache que je suis tout autant satisfaite avec des courts, ou même juste une lecture et un petit : coucou j'ai lu bisou, surtout que parfois y'a pas grand-chose à dire <3 <3 <3 <3 <3<3<3 <3 <3 KOEURS PARTOUT AAAH.

Je suis contente si les explications sont pas trop longues encore ! Et encore plus contente si ça entre en résonance avec toi, c'est vrai que moi aussi ça me rendrait très triste si je pouvais pas penser comme là j'ai la liberté de le faire, avec mes idées mes rêves, donc oui, heureuse si ça te parle <3

Merci pour le passage que tu relèves et la coquiiiille !

BIOUCÂLINES par milliers <3
dcelian
Posté le 18/04/2022
COUCOU !!! Rohlalaaa à mon tour de te commentairer (oui oui, même avec un partiel demain, m'enfiche), alors ZOU !!

On sent dès le début que Jasmin commence à apprivoiser Jules, ou plutôt qu'elle se laisse apprivoiser/intéresser, que sa curiosité prend le pas sur son côté sauvage. Leur dynamique est vraiment cool parce qu'elle évolue rapidement mais on la comprend sans problème !!

"L’Âge de l’Or-pensée"
>> Rha ça donne envie d'y jeter un œil. Et pas qu'un, même ! D'ailleurs rien à voir mais en lisant ça jme suis dit : "tiens, ça aurait fait un joli titre ça !!" Mais bon j'adore celui que t'as choisi aussi *-*

Okayyyy on commence à en apprendre encore plus sur l'univers avec la Belle Guerre/Grande Correction, toptoptop. Ce deuxième nom laisse suggérer plusieurs choses assez curieuses, jme demande à quoi il fait référence. En tout cas, je trouve ça tellement classe quand y a tout un passé qui s'est déroulé avant le récit et dont on ne parle que comme de l'"Histoire", ça rend tout plus profond et réfléchi je trouve, comme si le livre se construisait sur des fondations déjà établies grâce à ça. Trop bien skpsfkspak^fegbr

"On a voulu objectiver le monde, calquer une seule et même représentation pour tous."
>> Haaaaa c'est génial parce que intéressant dans le contexte de ton histoire ET t'évoques du même coup des "problèmes" de notre monde actuel.
Réussir à faire écho entre son histoire a priori fictive et notre réalité, c'est absolument brillant. Et c'est tellement logique et pertinent, en plus, parce que bon certes tout ça c'est de la "fantasy" mais l'imaginaire qu'on a il provient forcément du réel auquel on est confrontés c:
Bref : j'adore j'adore J'ADORE

"Il était détruit aussi bien dans ses Villes et ses routes que dans sa morale et son éthique"
>> Cette phrase CLAQUE et dans l'ensemble tout ce paragraphe sur l'après-guerre est très intéressant aussi

"elles ont édifié des nouveaux systèmes de pensées"
>> "de pensée" ici !

"Les gens qui sont devenus tristounes par eux-mêmes"
>> Hahahaha mais cette simplicité dans la façon de penser et d'exprimer les idées de Jules : incr'

"On raconte que lorsque l’iris de leurs yeux vire au gris, ils sont capable d’apercevoir les idéelles des autres. Ça ne fonctionne pas à tous les coups, ils ne sont pas tout puissants, mais quand même"
>> ptite coquille : "capables"
Et sinon : je trouve ça cool déjà que t'expliques ce à quoi servent leurs yeux étranges (comment ils ont obtenu un "pouvoir" pareil ? c'est un peu flippant), mais aussi la mention du "ça ne fonctionne pas à tous les coups" : déjà pare qu'on se doute que ça va avoir de l'importance à un moment ou à un autre, et puis surtout parce que ça fait des antagonistes pas omnipotents et c'est justement supertop de les rendre faillibles !
Et on sent déjà une forme de contradiction dans le système : les "Pensifs" sont emmenés à l'Observatoire et probablement pas pour leur faire visiter ses sources thermiques, et d'un autre côté les seuls qui sont capables de repérer ces Pensifs sont forcément des Pensifs eux-mêmes. HMMMMM mais du coup est-ce que les Grisœils ça serait pas des Pensifs kidnappés et reconvertis, en mode lavage de cerveau et endoctrinement ???? HMM HMMMMMMMMMM

"La plupart des Pensifs nous reviennent… eh bien, plus vraiment Pensifs. Ils prêchent l’idéologie de l’Observatoire"
>> Donc effectivement y a une forme d'endoctrinement. Je sais pas pourquoi mais quand Jasmin évoque "Toutes sortes de rumeurs circulent à leur sujet : manipulation, violence psychologique, emprise sur notre esprit et j’en passe…" >> ça m'a carrément donné une vibe Orange Mécanique (tu l'as vu?). On reste sur l'idée très dystopique qui me semble coller assez bien à ton histoire pour le moment, mais c'est carrément un compliment parce que bon ce film est quand même assez zinzin !

"Les derniers ressortent de là-bas vivants mais ils ne sont plus jamais les mêmes ? Ils paraissent… eh bien. Vides. Désespérément vides"
>> Ha ben non zut, l'effondrement d'une théorie. Si tous les Pensifs kidnappés ressortent de l'Observatoire, ça peut pas être eux les Grisœils. Bon, je vais revoir cette idée ! (hihi)

"Il penche sa tête, sourit bien qu’avec chagrin. Et ça s’serre dans ma gorge pask’ dans les faits, j’y vois très bien tout c’qu’on gagne à interdir les gens d’penser le monde."
>> onpviehghpe ce passage est magiquement touchant et très Jules et très beau et YES

"— Au fait, je ne vous ai toujours pas demandé votre prénom ? me demande-t-il soudain.
Aussitôt soupçonneuse, j’me ramasse plus encore contre le meuble.
— Le vôtre ? dis-je."
>> Hahah le retour de l'animosité, juste après s'être un peu trop laisser aller aux émotions...

"— Jasmin. Ou plutôt : Jasmin Fleury."
>> C'est tout de même assez cocasse

"— Oui. Jules. Mon prénom. Un ‘blème ?"
>> Mais vraiment je l'aime de tout mon cœur cette petite. Et je sais qu'elle est même pas si petite, mais c'pas grave, elle l'est dans mon cœur

"— Et… vous en auriez pas un deuxième ? marmonne-t-il. À tout hasard ?
— Pourquoi j’en aurais deux ?
— Oh je… vous savez c’est… relativement usuel, encore ? J’en ai bien deux, moi ! Vous savez… Jasmin. Fleury. Fleury n’est pas mon nom de famille."
>> Hmmmm jme souviens aussi d'un débat comme ça dans le premier jet déjà, cet intérêt étrange pour les double prénoms, pour les signes astrologiques, décidément tu as quand même l'art de te saisir des détails les plus anodins (ou seulement pas assez creusés!) de nos existence et d'en faire une pâte à magie : céfou

"C’est sûr et certain, un bibelot est aussi vivant qu’un être humain !"
>> Cette phrase de brocanteur, vraiment ! hahaha

N'empêche que cette histoire d'idéelles dans des objets précieux, et de ce que les Pensifs peuvent les ressentir, ça me fait CARREMENT penser aux dons de "liseuse" d'Ophélie dans la passe-miroir !!! C'est tellement une idée dingo en même temps *-*
Trop génial que tu la reprennes à ton compte !!!

"Et l’philosophe-j’cueille-des-idéelles, il s’lève avec fureur, il s’retourne et déjà il est loin, disparu derrière une armoire, là-bas entre deux miroirs"
>> déjà ce "philosophe-j'cueille-des-idéelles" : j'adore, mais surtout : "ENTRE DEUX MIROIRS" ??? Alors que je viens de faire une remarque sur la passe-miroir ????? Nan, j'ai déjà décidé que les coïncidences n'existaient pas, et ça c'en est la preuve FLAGRANTE ET MANIFESTE

"Et j’me lève et j’boitille derrière eux, reniflante et rogneugneu"
>> mais HAHAH

"j’veux pas l’attrister davantage, le vioque-homme… l’homme-vioque qui n’est pas si vioque… j’sais pas, hein ?"
>> trop touchant ça

Tout le passage sur le moment où elle veut lui acheter le vio' et lui qui hésite et qui finalement lui propose de travailler là : j'adore. On sent carrément comment Jules est attirée par l'instrument, et en même temps on sent toute sa maladresse, et puis Jasmin Fleury qu'est pas beaucoup plus adroit, et l'instant est très "mal" rythmé ? Pas dans le sens "c'est mal écrit", hein, surtout PAS ! Justement, tu les as tellement bien écrits que leur gêne mutuelle se communique au lecteur, du coup c'est à la fois inconfortable et doux et agréable, jsais pas. Très très joli en tout cas.

"— Pourquoi il est en bas, le violoncelle ? lui demandé-je.
— Excusez-moi… vous dîtes ?"
>> "dites" plutôt !

J'ai beaucoup aimé le passage de description des cinq étages aussi : on retrouve le même agencement que dans ton premier jet si je dis pas de bêtise, mais c'est toujours un très joli moment qui rend étrangement nostalgique, surtout quand on arrive au dernier. Ça donne fichtrement envie d'y jeter un œil, à cet endroit déphasé !

"— Vous savez… Ce violoncelle m’a été légué par deux étrangers il y a maintenant des années de cela… Ils m’ont donné la tâche de le cacher, le garder précieusement, tout en me prévenant qu’un jour, une personne viendra à lui, l’entendra gémir, le fera revivre alors… Non, pardon. Ils avaient dit : nous fera revivre. Oui, je me souviens bien… Ils avaient précisé que je reconnaîtrai cette personne à sa spirale, bien que je n’ai jamais compris ce qu’ils entendaient par là. Bon, voilà ?"
>> Hoo, ça c'est nouveau par contre, non ??? En tout cas je m'en souvenais pas. On replonge dans l'intrigue après s'en être écarté pour cette parenthèse de Souvenance, c'est très réussi en termes de rythme je trouve !

"« À l’interstice des vécus et des vivras, elle est un grain d’éternité. »" >> joliii *-*

"Et c’est vrai que j’en ai vues dans la Ville Enragère d’ces affiches qui baratinent sur l’astrologie, et même que ça m’faisait bien marrer"
>> "vu" c:

AHHH et les rats qui reviennent pour conclure le chapitre !!! Punez il s'en est passé des choses, en tout cas j'ai mégakiffé, c'était hyper agréable à lire, hyper intrigant aussi, on apprend certaines choses et on se questionne sur d'autres, bref : ON VEUT SAVOIR !!
J'ai d'autant plus hâte de voir où tu nous emmènes, est-ce que Nova va voir les rats aussi ? Et les quatre ombres de femmes mystérieuses du premier jet, est-ce qu'elles vont revenir ? Bref, tout plein de questionnements et très peu de réponses : j'adore !
J'ai pas tout relevé des petits écorchements langagiers de Jules (ça faisait TROP), mais qu'est-ce que je l'aime ROHLALAAAA !!! A chaque fois qu'elle pense ou qu'elle parle, c'est toujours teinté d'un humour à la fois fin et presque grossier ? jsais pas, c'est génial ce que tu fais. CHANMAX

Apluch <3
Louison-
Posté le 22/04/2022
CIELAN. Bientôt tu vas me ramasser à la petite cuillère tellement chacun de tes com’ m’achève toujours plus à chaque fois <3 Mercimercimerci <3 <3 <3 <3 ROHALALA ya pas un synonyme qui existe pour dire merci mais en plus grand ??

Chouette si la curiosité de Jules prend le pas sur sa sauvagerie et si on sent une sorte d’ « évolution » sans qu'elle soit trop brutale !

Oh l’Age de l’Or-pensée comme titre : tu sais tous mes titres de tous mes tomes sont pas encore choisis ? :p Si j’ai une idée pour le tome 2, les autres j’ai rien décidé encore héhé. DONC ça reste envisageable ;)

Tant mieux si tu sens une sorte de profondeur historique sur laquelle se construit l’histoire de Jules et Nova ! Cette remarque me fait super plaisir <3
Et surtout, que tu dises que l’histoire ici permet de faire réfléchir sur notre monde : aaaw, mais là je sais pas si tu peux me faire plus plaisir que ça.

« je trouve ça cool déjà que t'expliques ce à quoi servent leurs yeux étranges (comment ils ont obtenu un "pouvoir" pareil ? » >> Aah mais ça question pour toi : j’ai vachement hésité à mettre ce détail, parce que je m’étais dit que le lecteur peut-être le comprenait par lui-même et que bon, j’ai pas besoin de le préciser ? Donc tu trouves bien que je pose ça clairement ou tu aurais préféré que ce point reste flou, quitte à ce que les intuitions du lecteur puissent être vérifiées implicitement par la suite puisqu’on va de toute façon en reparler ?

Chouette sinon que tu trouves chouette (chouette chouette chouette chouette chouette qu’on m’enlève ce mot de la bouche) que les antagonistes ici ne soient pas omnipotents :)

« les "Pensifs" sont emmenés à l'Observatoire et probablement pas pour leur faire visiter ses sources thermiques » >> mais tu me fais trop rire :’)

« les seuls qui sont capables de repérer ces Pensifs sont forcément des Pensifs eux-mêmes. HMMMMM mais du coup est-ce que les Grisœils ça serait pas des Pensifs kidnappés et reconvertis, en mode lavage de cerveau et endoctrinement ???? » Oh wow cette théorie. Incroyable. J’adore haha. Et outre ta théorie : ouéééé tu relèves bien que c’est contradictoire dans le fond que des Pensifs doivent repérer des Pensifs pour éliminer les Pensifs <3

"La plupart des Pensifs nous reviennent… eh bien, plus vraiment Pensifs. Ils prêchent l’idéologie de l’Observatoire"
>> Donc effectivement y a une forme d'endoctrinement. Je sais pas pourquoi mais quand Jasmin évoque "Toutes sortes de rumeurs circulent à leur sujet : manipulation, violence psychologique, emprise sur notre esprit et j’en passe…" >> ça m'a carrément donné une vibe Orange Mécanique (tu l'as vu?). >>> Non j’ai pas vu Orange mécanique ! Mais écoute je prends note <3

Ha ben non zut, l'effondrement d'une théorie. Si tous les Pensifs kidnappés ressortent de l'Observatoire, ça peut pas être eux les Grisœils. >> Hééé mais j’ai pas dit qu’ils ressortaient tous de l’Observatoire héhé ;) Faudra peut-être que je précise mieux, mais Jasmin dit que y’a 3 « catégories » : 1) ceux qui ressortent endoctrinés, 2) ceux qu’on revoit plus rip 3) ceux qui ressortent l’âme vide. DOOOONC ta théorie est pas fofolle <3

(rip le prénom Jasmin Fleury)

(ouiiii ces double prénoms la folie <3)

Oué la vibe PM ! Totalement haha, moi-même en écrivant le chapitre j’étais : ouèche ça fait très Ophélie tout ça <3

Je suis contente sinon si tu sens le malaise pendant le passage où Jules veut acheter le vio’ à Jasmin ! J’avais hésité à enlever et raccourcir, mais j’ai laissé parce que je me suis dit : nah, c’est mims tsé, alors contente si ça se perçoit ainsi <3

Oui pour la partie où Jasmin dit que le vio’ c’est deux étrangers qui sont venus, c’est nouveau effectivement !

Et les raaats finaux, yaay. Et wow, tes dernières remarques me mettent à terre définitivement. Pis ça me chauffe le cœur que t’aimes Jules, pis tout le reste aussi, t’es juste oufoufoufoufoufoufouf (t’as vu le ouf qui devient fou avant de revenir ouf). T’es trop CHANMAX. Et pour toutes ces autres phrases que tu relèves : merciii.

Allez, merci encore, àpluch et la biche ! (à comprendre la bise, lol)
dcelian
Posté le 29/04/2022
"« je trouve ça cool déjà que t'expliques ce à quoi servent leurs yeux étranges (comment ils ont obtenu un "pouvoir" pareil ? » >> Aah mais ça question pour toi : j’ai vachement hésité à mettre ce détail, parce que je m’étais dit que le lecteur peut-être le comprenait par lui-même et que bon, j’ai pas besoin de le préciser ? Donc tu trouves bien que je pose ça clairement ou tu aurais préféré que ce point reste flou, quitte à ce que les intuitions du lecteur puissent être vérifiées implicitement par la suite puisqu’on va de toute façon en reparler ?"
>> Ha ben alors ici oui je trouve que c'est bien d'en parler tu vois ! C'est vrai que j'ai pu dire "c'est cool de garder le flou sur certains détails", mais là ça me parait très important quand même, et c'est amené de sorte que ça casse pas la fluidité du récit donc c'est très bien comme ça selon moi !!

Hahaha ben en tout cas tant mieux si mes com' t'enthousiasment ouèche <3

Et MUHAHAA je peux donc ressortir ma théorie des tiroirs ! PARF'
Mais oui peut-être que tu devrais modifier un tout chouï dans le texte, parce que quand tu dis "Les derniers ressortent de là-bas vivants mais ils ne sont plus jamais les mêmes ?", je trouve qu'on comprend "les derniers Pensifs emprisonnés ressortent", pas "les derniers Pensifs QUI ressortent", et ça fait quand même toute la différence !!

Hihi trobien si j'étais pas seul dans mon délire de Passe-Miroir <3

ET TOI-MÊME T'ES CHANMAX !
Louison-
Posté le 29/04/2022
"Ha ben alors ici oui je trouve que c'est bien d'en parler tu vois ! C'est vrai que j'ai pu dire "c'est cool de garder le flou sur certains détails", mais là ça me parait très important quand même, et c'est amené de sorte que ça casse pas la fluidité du récit donc c'est très bien comme ça selon moi !!" >> Ca maaaaarche merciiii !

Et pour ta remarque sur les "derniers" >> Oooooh je vois !! merci de me noter ça, effectivement c'est très pertinent ! <3

TROP DE CHANMAXITUDE OUECHE MERCI ENCORE.
dcelian
Posté le 14/05/2022
<3<3
(JSUIS DE RETOUR)
Vous lisez