37. Vie

Par Romane

 

  1. Vie

 

 

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Les trois Légendiers se retrouvèrent seuls avec Sœur Helena, dans sa maison, pour lui livrer un récit complet de ce qu’ils avaient découvert. Dix des Protectrices étaient déjà parties en direction de la faille pour la défendre, la Matriarche les rejoindrait peu après. Les autres femmes du Prieuré évacuaient l’Académie par précaution.

Dan fixait la matriarche avec rancœur, Élisabeth baissait la tête, prostrée. Ce serait donc à Fid de parler, quand bien même il brûlait de l’intérieur. De colère, de douleur. La proximité de la Montagne mettait ses jambes au supplice, comme si celle-ci le défendait de demeurer plus longtemps en ce lieu. Elle était tout à la fois une vieille connaissance et un cauchemar haï. Il avait négocié avec elle, il l’avait contrainte… Elle ne pardonnait pas.

Pourtant, aujourd’hui, il s’apprêtait à la sauver, en empêchant Igane de jouer avec cette faille dont il ignorait tout. Le Légendier se promettait aussi de trouver Eugénia. Il exigerait des comptes, la vérité… Savait-elle que Viya était morte ? L’espérait-elle en secret ?

Viya était morte. Pourquoi ces mots refusaient-ils de s’ancrer dans son esprit ? Fid serra les dents. L’heure n’était plus au deuil.

– Le nom d’Eugénia de Stalte vous dit-il quelque chose ? commença-t-il.

– Bien sûr. C’est l’ancienne recrue du Prieuré, destinée à devenir l’une des Douze, avant que Viya soit désignée.

– Comment Eugénia a-t-elle réagi, quand vous l’avez limogée ?

– Nous lui avons proposé de devenir Sœur auxiliaire. Elle a refusé. Elle était très peinée et a beaucoup pleuré. C’est sans doute pour cela que la Montagne l’a rejetée. Elle désirait trop ce rôle et pas pour les bonnes raisons. Lorsque je l’ai croisée au Palais-Citadelle, je l’ai trouvée toujours aussi orgueilleuse et blessée. Elle m’a ignorée.

– Et pourquoi donc n’avez-vous pas mis Viya au courant ? intervint Dan avec rudesse.

Helena pinça les lèvres.

– Eugénia n’appartient plus au Prieuré. Les liens qui l’ont unie à la Sororité doivent être tus, pour sa sécurité comme pour la nôtre.

– Viya n’a jamais caché son appartenance au Prieuré et Eugénia s’est empressée de révéler son propre passé avec votre organisation lorsqu’elle a pu en faire une arme !

– Viya a commis une erreur…

– Une erreur ? répéta Élisabeth en sortant d’un coup de son mutisme. L’erreur, c’était de nous cacher qu’une de vos anciennes recrues assoiffée de vengeance se trouvait à Hydendark !

– J’ai perçu sa douleur, mais je ne pouvais pas m’imaginer le reste !

– Viya est morte à cause de votre silence ! s’emporta Dan.

— Viya est morte parce qu’elle a refusé les signes que lui envoyait la Montagne.

Les mâchoires du garçon se contractèrent brutalement. Fid posa une main sur son épaule. Il comprenait sa colère, il la partageait, mais ils devaient tous garder la tête froide.

– Nous pensons, et j’en suis désolé, que l’ancienne matriarche a été assassinée, et qu’Eugénia a aidé à cela. C’est la seule qui aurait pu donner à l’assassin des informations assez précises. Quelqu’un est-il venu au Prieuré peu de temps avant le décès de votre prédécesseuse ?

Le Légendier nota sans s’en émouvoir une expression de douleur passer sur le visage de Sœur Helena.

– Il y a bien eu une voyageuse. Deux semaines avant la mort de notre chère Mère. Cette femme se rendait dans les reinaumes du Nord et s’était perdue, nous l’avons recueillie une nuit. Mais elle a été logée à l’Académie et n’a pas approché Irena.

Faute de réponses, Fid aborda le complot qui s’ourdissait contre les Légendiers, le plan d’Igane pour attaquer le Prieuré et l’existence d’une poudre qui pourrait servir d’arme pour détruire la Montagne. Le visage d’Helena se fermait un peu plus à mesure qu’il déroulait son exposé. Lorsqu’il l’acheva quinze minutes plus tard, elle conserva une longue minute le silence.

– Nous ne sommes pas assez de Protectrices. Nous devons être douze.

— Il va falloir se contenter de onze gardiennes. Si vous m’aviez averti du danger que Viya courrait, la situation aurait été différente.

— Vous n’auriez jamais dû savoir qui elle était. Mais j’ai compris lorsque je vous ai vu au Palais-Citadelle qu’elle vous l’avait révélé… (Elle désigna ses jambes d’un mouvement du menton). Et je me doutais que vous ne laisseriez pas partir l’espoir de guérison que vous avez cru voir en elle.

Il s’approcha d’elle, le regard soudain orageux.

— Non. Je crois que vous avez refusé d’imaginer que Viya ait pu vous échapper. Votre naïveté l’a tuée.

Il eut enfin la satisfaction de voir Helena baisser la tête.

— Ne pensez pas que sa mort ne me touche pas. J’ai élevé cette enfant.

— Alors, c’est ça. Vous pensiez être une mère, pour elle ?

La Protectrice releva la tête, piquée au vif.

— Et vous, Légendier ? Que pensez-vous être pour elle ?

La porte s’ouvrit brutalement, interrompant la Matriarche et répandant dans la pièce une volée de flocons.

Fid crut qu’il allait défaillir.

Viya se tenait sur le seuil.

*

La première chose que Viya sentit, ce fut un cœur. Le sien. L’air dans ses poumons, ensuite.

Ses vêtements étaient trempés et alors que ses dents se mettaient à claquer, elle se rappela Ulysse, le froid, Fid, le loup. Ce fut pour tenter d’apercevoir l’animal qu’elle se redressa. Mais celui-ci avait disparu.

La jeune fille retomba sur le dos, réalisa qu’elle était allongée à même le sol, sous une immense voûte de pierre. Une source chantait à côté de sa tête.

« Il y a un prix à payer pour passer la porte ».

Elle avait donc été initiée. L’enfant qu’elle avait été en aurait hurlé, mais ce constat n’éveilla rien d’autre en elle que de l’indifférence. Elle ne sentait pas changée.

À peine eut-elle formulé cette pensée qu’elle fut heurtée au creux du ventre par une vague d’inquiétude qui ne lui appartenait pas, mais lui coupa le souffle.

       La faille se savait en danger et l’appelait à l’aide.

Viya dut forcer sa respiration et fermer les yeux. Ce n’était pas rationnel.

« Une histoire vient de t’arracher à la mort », songea-t-elle. « Tu as grandi au milieu de femmes qui surveillent un passage ouvert entre les mondes. Tu côtoies au quotidien un homme qui pense les choses et les gens comme des intrigues, et le pire, c’est que ça fonctionne. Il est un peu tard pour le scepticisme. »

Elle se leva en grimaçant. On lui avait retiré son manteau, pourtant elle se rendit compte qu’elle avait cessé de frissonner.

À l’extérieur du sanctuaire, le monde était plongé sous une nappe de neige et de silence. L’appel de la faille pulsait toujours dans ses entrailles, pourtant Viya s’en détourna pour plonger dans la forêt de pins qui s’étendait devant elle. Elle connaissait chaque arbre. Elle avait, enfant, dormi entre leurs racines en les maudissant. Elle les entendait, maintenant. Elle percevait le gigantesque réseau de racines qui s’étendaient sous ses pieds. Elle sentait couler la rivière, à l’est, et la pulsation lente de la roche endormie sous le gel.

Toutes ces sensations la submergeaient, trop neuves pour qu’elle les comprenne complètement, trop intenses pour qu’elle n’ait pas envie de rire et de pleurer en même temps.

Si le loup avait ramené la jeune fille à la vie, la chèvre marchait avec elle, et elle partageait son ivresse et sa liberté.

Les arbres laissèrent bientôt place au Prieuré, avec ses petites maisons en pierre qui encerclaient la bâtisse où vivaient les Protectrices et dans laquelle Viya avait passé la majeure partie de son enfance. Plus loin se découpait le bâtiment de l’Académie. Emmitouflées dans leurs vêtements d’hiver, les fillettes se regroupaient devant sa porte. Autour d’elles, les Sœurs s’activaient, les comptaient et les recomptaient, aidaient les plus petites à enfiler leurs manteaux, séchaient des larmes.

Viya ignorait la raison de cette agitation. Pourtant à cette vue, l’urgence jusqu’alors diffuse qui l’habitait se transforma en angoisse. Elle n’eut pas besoin de réfléchir. Elle laissa ses pas l’emporter jusqu’à la maison commune.

*

Sa cage thoracique se soulevait en mouvements amples, comme si elle avait couru.

De la neige parsemait ses cheveux plaqués contre son crâne. Elle avait les joues rougies par le froid et le nez qui coulait.

– Tu étais morte, murmura Fid, si bas que personne ne l’entendit.

Il resta stupidement planté là. À côté de lui, ses jeunes confrères peinaient tout autant à intégrer cet étrange revirement de situation. Sœur Helena fut la première à réagir. Avec une expression d’intense soulagement, elle fit entrer Viya dans la maison et l’installa près du feu. Dan s’ébroua et s’approcha de la jeune fille. Il resta un instant interdit avant de l’enlacer avec force, hébété, puis Élisabeth limita dans un rire euphorique.

 La Matriache apporta des couvertures et ils durent se détacher. Alors qu’Helena la frictionnait, Viya lui souriait. Ce n’était pas un rictus hagard ou perdu. Non, il s’agissait d’un vrai sourire, lumineux, plus lumineux encore que celui qu’elle avait offert à ses amis.

Toute la colère que Fid tentait pragmatiquement d’étouffer remonta de son ventre en un magma brûlant.

– Vous m’aviez dit qu’elle était morte, articula-t-il d’une voix sourde.

« J’ai pleuré sur son corps. », ajouta-t-il en silence.

Viya et Helena se tournèrent vers lui d’un seul mouvement. Le sourire de sa protégée avait fané, mais alors qu’il en aurait d’ordinaire conçu de la culpabilité, il en fut curieusement soulagé.

– C’est exact, déclara la Matriarche avec calme. Son cœur s’était arrêté. Manifestement, il est reparti, par la miséricorde de la Montagne.

Il eut un rire étranglé. La douleur dans ses jambes augmenta d’un cran et son rythme cardiaque s’emballa.

–  Votre Montagne l’a ramenée parce qu’elle avait besoin d’elle, pas par miséricorde.

– Vous auriez préféré qu’elle meure ?

– J’aurais préféré que cette stupide faille la laisse tranquille ! s’emporta-t-il. Quand elle me parlait de vous, je ne comprenais pas le dégoût que vous lui inspiriez. Être Protectrice me paraissait un travail prestigieux et honorable. Mais sa détestation devient limpide, à présent… Si vous êtes utiles à la Montagne, elle vous sauve, si vous lui résistez, elle vous tue ! Vous appelez pompeusement la tâche qui est la sienne un destin, alors que ce n’est ni plus ni moins qu’une servitude !

– Fid.

Viya venait de parler pour la première fois. Son oreille de conteur nota que sa voix paraissait un peu plus grave, un peu plus adulte.

– La faille va être attaquée, poursuivit-elle. Je dois la défendre.

– Non.

Ce mot fut un grondement de tonnerre. Il n’aimait pas ce qu’il percevait dans les paroles de la jeune fille, dans son ton trop assuré : quelque chose en Viya avait changé. Il la regarda au fond des yeux. Quelle emprise cette Montagne exerçait-elle à présent sur elle ? Quinze ans plus tôt, la faille avait brisé son corps sans aucune pitié. Il ne la laisserait pas détruire sa protégée.

– Tu n’es pas obligée, expliqua-t-il en avançant vers elle, avec la lenteur que lui imposait le feu qui ravageait ses jambes. Ce n’est pas cette vie que tu veux, tu te souviens ? Tu voulais rester à Dreamyard Alley. Tu voulais vivre pour les histoires. Vivre avec nous.

Il était à moins d’un mètre d’elle, assez près pour voir son regard se troubler.

– Fid, je n’ai pas le…

      Le Légendier posa sa paume contre sa joue et elle s’interrompit. Il demeura un instant silencieux, tentant de rassembler ses mots, et surtout de mettre à distance son émotion. Mais lorsqu’il parla, il ne put empêcher sa voix de trembler :

– Je devais te sauver et j’ai échoué. Mais je ne te laisserai plus jamais tomber. Même si cet endroit t’a ramenée parmi nous, tu ne lui dois rien. Tu es libre.

      Viya le considéra quelques secondes. Puis soudain, elle l’étreignit. Il demeura un moment immobile, désarmé, avant de l’enlacer à son tour. Ce fut alors qu’elle murmura :

– « Au milieu de toutes ces histoires qui nous consolent, nous questionnent et nous guident, il en arrive parfois quelques-unes, précieuses, spéciales. Ces histoires-ci nous sauvent. Elles nous arrachent à la nuit. »

Il se figea. La voix de Viya se fit plus basse encore :

–  Ce n’est pas la faille qui m’a sauvée. Ce sont les histoires, tes histoires. Ma conscience a survécu quelques secondes, mais je n’avais pas la force de revenir. Puis tu es arrivé. Tu m’as rappelé cette phrase. L’instant d’après, il y avait la chèvre et le loup. C’est le loup qui m’a ramenée. Je ne suis redevable qu’à toi. Tu as raison, je suis libre, et si je défends la faille aujourd’hui, c’est seulement parce que c’est ce qu’il est juste de faire. Fais-moi confiance.

La gorge de Fid s’était serrée à mesure qu’elle parlait et ses derniers mots l’ébranlèrent au plus profond de son âme. Il en fut incapable de parler. Elle se méprit sur son silence et répéta :

– Fais-moi confiance. Je t’en prie.

– Je te fais confiance…

Viya se détacha de lui. Maintenant qu’il l’observait de près, il réalisait que la fatigue qui marquait d’ordinaire ses traits et les cernes qui creusaient ses yeux avaient disparus.

La Source avait refermé ses blessures et comblé ses doutes. Pour la première fois depuis qu’il la connaissait, il la voyait épanouie.

– Quel est le plan ? demanda-t-il alors.

– Vous le révéler m’obligerait à vous confier certains de nos secrets les mieux gardés.

– Vous pensez vraiment que c’est un problème ? rétorqua Fid en retrouvant son aplomb. Viya ne sait même pas comment s’exercent ses dons de Protectrice et elle va pourtant devoir les utiliser dans très peu de temps. Dites-moi ce que vous comptez faire, que Dan et moi puissions au moins assurer ses arrières. Par ailleurs, je connais déjà nombre de vos secrets.

– Et moi, beaucoup des vôtres, Légendier.

Elle avait prononcé cette phrase sur le ton d’un avertissement.

Il croisa les bras, peu impressionné. Sœur Helena finit par céder :

– Lorsque nous sommes toutes en symbiose, lorsque nous sommes douze, nos pouvoirs sont décuplés. En temps normal, la faille nous offrirait sa puissance qui nous permettrait d’ériger un bouclier autour de notre enceinte. Mais même si Viya a été initiée, elle ne maîtrise pas ses nouvelles capacités. Une telle défense est donc vouée à l’échec.

Le ventre de la jeune fille se noua. Pendant son enfance au Prieuré, on lui avait répété que l’harmonie et la complétude du groupe des Protectrices étaient vitales pour pouvoir assurer sa défense. En cas d’attaque, si l’une manquait à l’appel, le fragile équilibre qui assurait la survie de la Sororité était compromis.

Viya l’avait délibérément oublié.

– Qu’allez-vous faire, alors ? s’enquit Dan.

Sœur Helena ne put dissimuler une moue d’inquiétude.

– Les Protectrices vont se concentrer sur la sauvegarde de la faille elle-même. Elles sont en ce moment en train d’entrer en transe. Dans cet état particulier, si une attaque est portée contre la déchirure entre les mondes, notre énergie est transférée à la faille pour la consolider. Jusqu’à ce que nous en manquions.

Fid haussa un sourcil dubitatif.

– Cela semble un peu hasardeux. Igane est une menace sérieuse. Les Sœurs chargées de l’évacuation du Prieuré devraient au moins revenir se battre. Les enfants peuvent se débrouiller seules dans la forêt.

– Mes Sœurs ne sont pas des guerrières. Elles ont choisi de vivre dans la paix et je ne risquerai pas leurs vies. Les Protectrices garderont la faille. Je peux vous assurer qu’elles seront efficaces.

– Comment pouvez-vous l’affirmer ? Nous ignorons comment Igane compte procéder ! Et Eugénia a elle aussi un plan, que je ne suis pas parvenu à décrypter !

La Matriarche ne répondit pas tout de suite. Elle le dévisagea longuement, comme si elle tentait de deviner les raisons de son agressivité, avant de murmurer avec douceur :

– Je persiste à croire que vous avez joué avec le feu en enfermant l’Ennemi de l’autre côté de la faille, mais je puis vous assurer qu’il ne profitera pas de cette attaque pour retraverser. Nous avons identifié des artefacts en provenance de plusieurs civilisations différentes, mais aucun signal du monde où il vit désormais. Il semble que le passage par lequel vous l’avez fait migrer n’existe plus. Vous n’avez aucune raison de vous inquiéter.

Fid demeura silencieux et blême. Viya réalisa qu’elle n’avait pas songé un seul instant à ce que cela pouvait bien signifier pour lui de revenir ici.

– C’est pour Viya que je m’inquiète.

Sœur Helena ne rétorqua pas immédiatement. Elle se détourna et ouvrit un placard. Lorsqu’elle leur fit à nouveau face, elle tenait un sabre à la lame effilée. Viya sentit sa mâchoire se décrocher de surprise. Dans son esprit, Sœur Helena était une femme puissante et pugnace, mais jamais elle ne l’aurait imaginée porter une arme.

– Ma réponse vous rassure-t-elle, Légendier ?

– Savez-vous au moins vous en servir ?

Le fil aiguisé fila si vite vers lui que Viya cessa de respirer et que Dan et Élisabeth poussèrent un cri.

Déjà, l’attaque s’interrompait dans un bruit de ferraille. Fid venait de sortir une lame de sa canne et avait bloqué le coup. Le Légendier et la Sœur se jaugèrent quelques instants puis baissèrent leurs armes.

– Wahou ! Tu m’avais caché ce talent, Fid ! s’enthousiasma Dan qui, à son air médusé, découvrait manifestement comme Viya et Élisabeth l’existence de la canne-épée.

– Un peu lent, mais vous ne nous serez donc pas totalement inutile, apprécia la femme. J’occupe une place particulière parmi les Douze. J’ai été entraînée à demeurer en transe tout en me battant, si nécessaire. Je vais devoir rejoindre notre sanctuaire et assurer la défense de mes Sœurs. Vous et ces jeunes gens me seconderez dans ma tâche.

– Et Viya ? demanda Élisabeth en s’approchant de la jeune fille. Elle ne sait pas entrer en transe, je suppose.

– Non, mais je vais tenter de lui en apprendre les rudiments dans le peu de temps qu’il nous reste pour qu’elle puisse au moins…

Elle n’eut pas le temps d’achever sa phrase.

Dehors, un tir déchira le silence de l’hiver.

 

 

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Louison-
Posté le 18/08/2021
Coucou ! :)

Très dense ce chapitre, la dynamique entre tes personnages est bien menée, je trouve. Et ce que j'apprécie particulièrement, c'est l'évolution de Viya. Enfin, elle semble avoir trouvé une forme de sagesse intérieure, et vraiment, mais vraiment ça fait plaisir ! Depuis le temps qu'elle bataille à l'intérieur <3

Concernant la protection de la Faille : je me dis que c'est très abstrait comme concept, et je me demande, en fait, qui est l'Ennemi ? Concrètement ? Et la faille, est-ce que c'est "physique" ou pas ? Enfin, c'est juste que je me pose beaucoup de questions à ce sujet et je n'arrive pas vraiment à saisir les enjeux si jamais ça échoue. Je comprends bien la ligne directrice, mais concrètement je me demande jusqu'à quel point ça veut plonger le monde dans le chaos en cas de destruction, ou si c'est "uniquement" le rapport de force entre les corporations qui s'en retrouve complètement chamboulé. Je sais pas si tu vois où je veux en venir ?

Mais sinon, j'ai beaucoup apprécié le rapprochement entre Fid et Viya, dans ce chapitre. Leur relation est vraiment touchante <3 Et puis, le côté un peu rancunier entre Héléna et Fid est bien exposé aussi, je trouve ! On sent qu'il y a pas mal de tension, d'urgence, et ça donne vraiment envie de savoir la suite et voir où tout ceci va nous mener. Viya déjà a si peu de temps pour ingérer ses nouvelles capacités, et voilà qu'Iguane et Eugénia (sûrement ?) sont déjà là... Ca monte en tension !
Romane
Posté le 10/09/2021
Bonjour Louison ! Je suis désolée du retard avec lequel je réponds à tes commentaires T_T ! La fin du mois d'août a été chargée, mais je ne pensais pas avoir tant tardé !

Merci pour ce que tu me dis sur l'évolution de Viya !

Concernant la protection de la faille, oui, je vois très bien le côté "abstrait". Pour moi, il y a un risque réel qui met en péril le monde lui-même, puisque l'ennemi peut sortir pour envahir le continent. Sauf que là où ça se complique, c'est que l'Ennemi est sorti de la faille parce qu'il n'avait pas le choix (son propre monde a été détruit). Au final, se serait plutôt l'obstination des hommes du monde de Viya a refusé de cohabiter avec lui qui causerait leur propre perte, mais ce n'est pas un point que j'ai beaucoup développer.
Concernant la protection de la faille en elle-même; je pense que le côté abstrait vient du faite que je n'ai pas trouvé de moyen de la défendre qui fasse pleinement sens avec le reste de l'histoire. Pour le moment, je suis obligée d'invoquer une sorte de puissance/ transe magique, mais ça me parait délié du reste de la logique de l'univers donc je trouve ça dommage.

Merci pour ce que tu me dis sur les relations entre les personnages, sinon <3

Contesse
Posté le 14/08/2021
Coucou Ciel !

Bon, Viya est revenue, sans surprise ^^ Mais ça fait vraiment du bien de la voir guérie et avec toutes ses forces ! Elle va en avoir besoin avec qui se profile, comme sous-entendu à la fin du chapitre.

Je trouve ça assez fort qu'elle ait enfin accepté son rôle, et on sent qu'il émane d'elle une nouvelle sagesse et une maturité qu'elle n'avait pas enfin ! Cette évolution est vraiment bienvenue je pense ! Il faut dire que bon, perso j'accepterais un peu n'importe quel job si ça pouvait m'éviter de mourir. xD
Encore une fois, je m'interroge sur la signification du loup et de la chèvre, et le lien avec les histoires qui l'ont soit-disant sauvée. Je ne sais encore pas si l'on doit comprendre quelque chose de précis là-derrière, alors je m'interroge ^^

Ensuite, c'est peut-être que moi qui suis longue à la détente, mais un passage m'a fait buguer :

"— Il va falloir se contenter de onze gardiennes. Si vous m’aviez averti du danger que Viya courrait, la situation aurait été différente.

— Vous n’auriez jamais dû savoir qui elle était. Mais j’ai compris lorsque je vous ai vu au Palais-Citadelle qu’elle vous l’avait révélé… (Elle désigna ses jambes d’un mouvement du menton). Et je me doutais que vous ne laisseriez pas partir l’espoir de guérison que vous avez cru voir en elle.

Il s’approcha d’elle, le regard soudain orageux.

— Non. Je crois que vous avez refusé d’imaginer que Viya ait pu vous échapper. Votre naïveté l’a tuée."

Dans ce dialogue, j'ai eu du mal à trouver le fil conducteur, je trouve que les répliques d'Helena et de Fid n'ont pas vraiment de lien et que le dialogue ne coule pas vraiment de source ? Je sais que Fid est énervé, mais vraiment j'ai l'impression qu'il répond à côté à chaque fois, et Helena aussi, et du coup j'ai eu un peu de mal à saisir l'idée qui devait être dégagée de ce passage x) Mais ce n'est peut-être que moi ! Et si l'idée c'est que justement, il n'en ressort rien et c'est totalement stérile et incompréhensible, alors tout va bien ^^

A bientôt pour la suite !
Romane
Posté le 15/08/2021
Merci pour ton retour sur l'évolution de Viya.

Et pour ce que tu me dis sur la symbolique pas très claire des histoires, je vais y réfléchir... Disons que pour moi, Viya évolue en partie parce qu'elle rencontre des textes qui l'interrogent et la guident en douceur vers son acceptation d'elle-même. Et quelque part, en choisissant le loup, elle accepte enfin sa puissance.

Sur le dialogue : C'est peut-être la réplique d'Helena qui ne va pas, à la reflexion : En gros, pour résumer, Fid demande à H. pourquoi elle ne l'a pas averti du danger que courrait Viya, H répond qu'elle a eu peur que Fid l'empêche de rejoindre le Prieuré (parce qu'il espérait que la présence de Viya puisse le guérir) et Fid répond en gros qu'Helena pensait juste naïvement que Viya accepterait de la suivre et n'a donc pas jugé utile de prévenir Fid. Elle n'imaginait pas que Viya s'obstinerait. Je vais voir comment retravailler ce passage.

Hmmm, alors pour ta remarque sur le dialogue
dodoreve
Posté le 18/07/2021
Cette fois je ne suis pas ivre de fatigue, donc j'espère que je ne raconterai pas n'importe quoi dans mes commentaires x)

"Son oreille de conteur nota que sa voix paraissait un peu plus grave, un peu plus adulte." J'adore ce détail, très subtil, parce qu'à travers cette remarque c'est aussi toi qui le remarque en tant qu'auteure. Et ça permet de détourner un peu ce topos du personnage qui revient changé et d'un autre personnage qui prend acte de son changement. Avec une petite phrase comme ça on le perçoit à un niveau différent, comme si on se rappelait bien qu'il s'agit d'une histoire. :)

"C’est le loup qui m’a ramenée. Je ne suis redevable qu’à toi." Là ce n'est qu'une question de chipotage, mais je me demande si la phrase ne pourrait pas être formulée autrement, parce que telle quelle c'est presque comme si elle "annulait" les enjeux de développement du personnage...?

"Vous le révéler m’obligerait à vous confier certains de nos secrets les mieux gardés." J'ai trouvé qu'on ne situait pas tout de suite qui répondait à Fid avec cette remarque, puisqu'il était en train de parler à Viya.

"Les Sœurs chargées de l’évacuation du Prieuré devraient au moins revenir se battre." Un détail que j'apprécie : ça semble évident pour Fid, alors que je suppose que dans un monde plus "sexiste" ce serait évident de considérer que les Sœurs doivent être protégées (bah oui eh ce sont des femmes). J'aime encore cette piste qui suggère que ton monde n'a pas cet état d'esprit :)

"J’occupe une place particulière parmi les Douze. J’ai été entraînée à demeurer en transe tout en me battant, si nécessaire." Une réflexion que je me fais : peut-être qu'on n'a pas assez conscience de l'organisation du Prieuré...? Je n'ai pas tout de suite repensé au fait que sœur Helena était la nouvelle Matriarche, et dans "l'écosystème" qu'elle forme avec les sœurs (en tout cas cette impression d'entité collective et vivante, qui ressent la Source et la Montagne, tout ça) j'aurais tendance à voir les choses encore un peu floues. Il y a une perche intéressante ici pourtant : sait-elle se battre en transe parce qu'elle est devenue Matriarche ? est-ce parce qu'il existe des "spécialisations" parmi les Sœurs dont on n'aurait pas conscience ici ? Viya le savait-elle ? Est-ce que ça fait partie des choses qu'on apprend à l'Académie ? Au début de ton histoire on remarquait déjà un peu ce "flou" autour du Prieuré, et je crois qu'on le retrouve un peu ici, maintenant qu'on y est concrètement. Rien d'incohérent, donc, mais ça donne envie d'en savoir plus :)

On arrive à un point où on voit un peu comment les pièces se placent sur l'échiquier. Reste à savoir ce qui va vraiment se passer désormais. Pour le moment, je ne présage aucune issue en particulier, donc je n'ai qu'une envie : lire ;)
Bon courage pour tes projets d'en ce moment et à bientôt <3

"puis Élisabeth limita dans un rire euphorique" l'imita*
Romane
Posté le 18/07/2021
Merci pour ton commentaire !


""C’est le loup qui m’a ramenée. Je ne suis redevable qu’à toi." Là ce n'est qu'une question de chipotage, mais je me demande si la phrase ne pourrait pas être formulée autrement, parce que telle quelle c'est presque comme si elle "annulait" les enjeux de développement du personnage..." ==> Oui, je vois ce que tu veux dire. Quelque part, on retombe dans le travers d'une passivité du personnage. Pour tout te dire, j'avais hésité à ajouter un passage dans le chapitre suivant où Viya pense que c'est Fid qui vient à elle, et où celui-ci lui fait remarquer que ce n'est pas lui, mais la représentation qu'elle se fait. Pour résumer, insister sur le fait que c'est Viya elle-même qui convoque ces histoires pour la sauver. Je me dis que ça peut être une piste intéressante.

Par rapport au "flou" qui entoure le Prieuré et son fonctionnement : tu as tout à fait raison, je pense que c'est quelque chose qu'il me faut vraiment retravailler en amont.


Je corrige la coquille ^^

Merci pour ta lecture ! <3
dodoreve
Posté le 18/07/2021
"Pour résumer, insister sur le fait que c'est Viya elle-même qui convoque ces histoires pour la sauver. Je me dis que ça peut être une piste intéressante." Complètement d'accord ! :D
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