30. Eugénia

Par Romane

 

– Fid chéri, tu es sûr que c’est une bonne idée ?

Le Légendier leva vers Psappha un regard rassurant, assise sur la causeuse d’en face. Il se trouvait chez elle, au-dernier étage de son pied-à-terre à Hydendark, un superbe hôtel particulier à deux pas de la Place des Orpailleurs. Dans quelques instants, Eugénia de Stalte s’annoncerait à la porte. Lorsque Fid lui avait proposé une entrevue, il ne pensait tout d’abord pas qu’elle y répondrait favorablement et surtout, aussi vite. Il avait dû trouver dans l’urgence un lieu de rendez-vous. Un lieu public était trop dangereux, le 12 Dreamyard Alley, trop personnel, et jamais on ne les laisserait mettre les pieds au quartier général des Orateurs.

Le logement de Psappha, sa seule véritable alliée hors de sa propre Corporation, la seule qui ne l’avait pas abandonné, s’était finalement imposée. Elle avait accepté sans émettre d’objection, mais demeurait inquiète.

– Tu me fais confiance, n’est-ce pas ?

– Bien sûr que je te fais confiance, mais…

– Mais tu ne parviens pas à imaginer qu’Igane se soit allié à une gamine pour détruire l’Intermonde ? acheva-t-il. Il veut me détruire, Psa’. Et tu l’as vu, au Conseil…

La Grande Poétesse soupira. Elle quitta le divan pour gagner la fenêtre. La robe jaune qu’elle portait ondoyait autour de ses chevilles nues - elle ne se chaussait jamais quand elle était chez elle. Son port de tête était toujours aussi altier, mais ses traits eux, se révélaient tirés.

– Je te crois, murmura-t-elle doucement en plongeant son regard vers la rue en contrebas. Mais…

– Quoi ?

–  Toute accusation que tu portes contre lui, tu la portes contre moi.

– À cause de votre appartenance mutuelle à la Guilde des Écrivains ? Si je finis par triompher de lui, le scandale la secouera un peu, mais tu y survivras.

Elle frissonna, croisa les bras comme pour se réchauffer et répondit, toujours sans le regarder :

– Tu m’as offert mon nom. Tu m’as aidée à m’améliorer. Mais tu n’es pas le seul à qui je dois beaucoup… Je ne supporte pas d’être écartelée entre mon amour pour elle et mon affection pour toi. Tu comprends ?

Sa voix tremblait un peu. Lorsqu’elle retourna auprès de lui, des larmes brillaient dans son regard. Il comprenait son déchirement. S’il avait dû la soutenir elle ou la Confrérie, qu’aurait-il fait ? Le Légendier lui prit la main.

– Je te jure qu’après ça, je ne te demanderai plus rien.

Une larme roula sur la joue de Psappha.

– Pardonne-moi, murmura-t-elle en l’essuyant. J’aimerais être entièrement de ton côté, mais certaines allégeances ne peuvent être brisées. J’espère au moins avoir pu t’aider.

Il n’eut pas le loisir de répliquer. Un majordome vint annoncer qu’Eugénia était arrivée. Après avoir embrassé Fid sur la joue, Psappha disparut dans le couloir pour les laisser seul.

Le Légendier prit d’amples respirations pour se concentrer. Après avoir affronté le Conseil, confronter Eugénia s’apparentait à un jeu d’enfant, pourtant, il savait que ce ne serait pas aussi simple. Il lui faudrait manœuvrer en finesse. En dépit de son inquiétude, un frisson d’exaltation anticipé hérissa malgré lui les poils de sa nuque.

L’Oratrice entra dans le salon d’un pas énergique, vêtue d’une robe immaculée qui dégageait la ligne de ses épaules et accentuait la grâce de son port de tête. Elle avait lâché ses cheveux sombres et une impressionnante parure ornait son cou. Un trait de khôl intensifiait enfin son regard bleu-gris.

– Monsieur, j’avoue que je ne m’attendais pas à votre invitation. Avez-vous à ce point perdu la main qu’il vous faille recourir à mes services ?

Elle avait décidé d’attaquer la première et de ne pas feindre l’amabilité. Bien. Cela leur épargnerait des simagrées. En l’apparence, Fid garda son regard fixé sur elle et s’autorisa un fin sourire, comme pour saluer sa pique. En réalité, la plus grande partie de son esprit visualisait, superposée à la réalité, la liste des réparties possibles. Il s’était longuement préparé avant de venir. Il avait étudié tous les angles d’attaque, tous les déroulements possibles. Elle aussi, il n’en doutait pas un seul instant.

– Si je me fie aux choix déplorables de vos alliés, Madame, je pense que c’est plutôt vous qui avez besoin de mes lumières. Vous m’aviez pourtant l’air pleine de bon sens. Je vous ai, semble-t-il, méjugée.

Elle haussa un sourcil dubitatif et vint s’asseoir dans la causeuse face à lui, sans qu’il l’y invite.

– Est-ce une habitude de Légendier que de mépriser aussi ouvertement tous ceux qui osent s’élever contre vous ? Si tel est le cas, il est heureux que le vrai visage de votre Corporation soit enfin mis au jour.

Elle était douée, mais restait prudente, profitant du sillon ouvert par Igane, amplifiant l’aura d’agressivité qui entourait désormais la Confrérie tout entière pour le discréditer. Elle testait aussi sa résistance, tentait de lui faire commettre une erreur ou espérait qu’il se radicalise sous le coup de la colère.

– N’y voyez aucun mépris, répliqua-t-il avec calme. Plutôt de la surprise. Qu’est-ce qui pousse une jeune fille qui a pourtant été, à un moment de sa vie du moins, destinée aux mystères du Prieuré à vouloir se venger de lui ?

 La première passe d’armes s’acheva sur cette question. Ils s’étaient jaugés, un simple enfantillage. Elle défendrait bec et ongle la position et les intentions d’Igane. Fid devrait pour sa part lui prouver qu’elle se fourvoyait et cerner ses motivations.

L’expression d’Eugénia ne se troubla pas, mais elle demeura muette quelques secondes de trop.

– Oh, vous savez, quand on est Oratrice, on se plaît à préférer la lumière des faits à la brume des mystères.

Elle n’avait pas répondu à la question, celle-ci l’avait donc dérangée. Il lui faudrait la confronter à nouveau sur ce point, mais tout de suite. D’abord, il devait déterminer l’emprise qu’Igane exerçait sur elle.

– La lumière des faits ? Pensez-vous vraiment qu’Igane nous éclaire de la vérité, Madame ? Vous savez fort bien qu’aucun des mots qu’il ne profère contre nous n’est vrai, et si vous aviez un peu de respect pour votre fonction, vous le fuiriez.

– Ses mots ne sont peut-être pas vrais pour vous, Légendier, mais soyez assuré qu’ils le sont pour moi. Je vous connais. Je vous vois très exactement comme cet homme vous dépeint, et vos paroles m’en donnent la confirmation : vous vous enorgueillissez d’une supposée supériorité de votre Confrérie. Vous voyez dans votre dénuement de la droiture. Dans les histoires venues d’une faille dont vous perturbez l’équilibre, un jeu. Igane lui est juste.

Fid brûlait de lui demander plus de précision concernant la faille. Qu’entendait-elle, par « perturber l’équilibre » ? Jamais la Sororité n’avait évoqué un tel problème. S’était-elle persuadée que les Légendiers représentaient un danger ? Et alors, fallait-il comprendre qu’elle agissait par désir de protéger une montagne, qu’elle continuait d’aimer profondément malgré le rejet dont elle avait été victime ?

Le visage de Viya s’imposa à lui. Il aurait dû davantage la pousser à se confier sur son apprentissage au Prieuré et sur ce qu’elle savait de la jeune femme qui lui faisait face.

Il ne laissa pas Eugénia deviner l’état de sa réflexion et embraya :

– Juste ? Dites-moi, un homme qui a à cœur le juste envoie-t-il des hommes armés contre ses adversaires, se cache-t-il comme un lâche derrière des machinations, ou bien utilise-t-il la clarté de sa parole et son intelligence pour les contrer ?

Eugénia lui décerna un sourire espiègle.

– Oh, je vois. Vous seriez donc juste et lui pas ? Mais comment osez-vous parler de courage et d’intelligence, vous qui usez de votre voix pour faire perdre en quelques phrases tout sens commun à n’importe qui ?

La tentative de Fid de rallier Eugénia à sa cause avorta sur cette répartie, qui plaça le Légendier dans une impasse. Il était inutile d’argumenter en faveur de sa propre probité et de discréditer Igane. Eugénia s’était jointe de son plein gré au projet de ce dernier.

Pourtant, elle avait eu cet infime trouble quand il avait évoqué la destruction du Prieuré. Peut-être l’ombre d’un remord. Il hésita le temps d’une seconde à l’amener en douceur à se confier sur ses motivations, mais elle détecterait la manoeuvre. Il restait heureusement une seconde carte à jouer. Moins élégante, mais efficace. Susciter sa colère.

– Une meilleure question me vient, la provoqua-t-il. Comment se sent-on, lorsqu’on a mis un monde à ses pieds par la seule force de son intelligence, mais que ce n’est pas et ne sera jamais celui-ci que l’on désirait ?

– Ne pourriez-vous pas répondre seul à cette question, Monsieur l’ancien Orateur ? répliqua-t-elle trop rapidement.

Il dissimula un sourire. Il avait touché juste. Au fond, elle était comme Viya, torturée par une blessure qu’elle refusait de laisser cicatriser.

Il attrapa sa canne à côté de lui. Il ne se leva pas, mais profita du mouvement pour se pencher un peu plus vers elle. Elle bougea elle aussi en réaction. Un tremblement nerveux agita son bras lorsqu’elle le ramena du dossier contre son corps. Ses doigts étaient raidis et blanchis, elle fit jouer inconsciemment leurs articulations. Le sang les avait quittés pour se concentrer sur son cœur et son cerveau, signe d’anxiété.

– Je vous ai troublée ? Je comprends. Lorsqu’on aspire à une vie simple, solitaire, baignée de mysticisme, on ne peut emprunter une trajectoire plus éloignée que celle qui consiste à se représenter devant une foule et à quémander les faveurs de quelques riches mécènes. Peut-être venez-vous de réaliser qu’en vous alliant à Igane vous avez réduit à néant tous vos espoirs de retrouver un jour la voie à laquelle vous aspirez ? Non, de toute évidence, vous l’aviez déjà compris. Dans ce cas, pourquoi persistez-vous ?

– Vous persistez bien à vivre aux crochets d’une Confrérie misérable.

Fid se leva enfin et marcha jusqu’à la fenêtre. Il laissa son regard errer trois longues secondes sur les toits enneigés. Eugénia n’osa pas prendre possession de son silence, après cette répartie ridicule. Elle réalisait qu’elle s’était laissée submergée par son émotion et ignorait comment regagner l’avantage. Il s’étonna de l’avoir emmené si vite à son point de rupture. Un soupçon de pitié l’envahit. Il le chassa. La partie n’était pas finie.

Il prit une inspiration, et il put presque la sentir se tendre d’appréhension.

– Trois, annonça-t-il d’une voix douce, sans la regarder.

Deux secondes s’écoulèrent, durant lesquels Fid pencha la tête pour observer par la croisée, la chute d’une stalactite accrochée à l’avancée de toit.

– Je vous demande pardon ?

Au dernier mot, la glace se brisait sur le trottoir.

Il se tourna à nouveau vers Eugénia avec la lenteur agaçante que lui imposait sa canne, mais qui, en ces circonstances, mettait la jeune fille au supplice.

– C’est votre troisième attaque que vous dirigez directement contre moi plutôt que de me répondre sur le fond. Je vous fais grâce de votre première pique, il fallait bien commencer de manière énergique.

Il marqua une petite pause.

–  Vous perdez pied. Je dois avouer que j’espérais un échange de qualité. Mais à la vérité, vous êtes si… décevante.

Ses yeux s’écarquillèrent malgré elle.

– Lorsque je vois qui vous avez pris sous votre aile, Monsieur, je me réjouis de ne pas perturber vos habitudes, persifla-t-elle alors qu’il s’apprêtait à poursuivre.

Cette saillie inattendue l’atteignit plus que de raison. Il feint de soupirer pour masquer son trouble.

– Une quatrième attaque ? Vous ne pouvez pas faire mieux que ça ?

Elle avait perçu la minuscule pointe de souffrance que son expression avait laissé filtré et elle prit une inspiration pour rétorquer. Fid savait qu’il lui fallait vite poursuivre avant qu’elle ne reprenne espoir :

– Qu’importe, vous comprenez enfin ce que vous avez fait subir à Viya, et ce qu’Igane a décidé de nous faire subir. C’est douloureux, n’est-ce pas ? D’être jugée de la sorte par autrui. De finir par douter de soi, car vous doutez de vous, Madame, en cet instant. Maintenant que vous n’êtes plus protectrice et que j’ai décrété que vous étiez une Oratrice méprisable, qu’allez-vous faire de votre vie ?

– Je n’ai pas besoin de vous pour connaître ma valeur.

Elle avait craché cette phrase dans une ultime tentative de garder contenance. À son visage figé et pâle, elle n’en pensait pas un mot. Depuis son arrivée chez les Orateurs, elle n’avait récolté que des lauriers. Et voilà qu’elle était en train de perdre, face à Fid, un traître, un paria.

– Exactement, acquiesça le Légendier de son ton le plus compatissant. Et vous n’avez pas non plus besoin des promesses d’un homme rongé par la vengeance.

Sa douceur soudaine dut la déstabiliser, car elle demeura muette. Il poursuivit :

– Vous me dites qu’Igane est juste, j’affirme que vous savez ce qu’est la vraie justice, que vous vous êtes alliée à lui par opportunisme et que vous avez l’intelligence nécessaire pour discerner ce qu’il est vraiment bon de faire. Vous pensez peut-être que les Légendiers sont des voleurs et que tôt ou tard, à dessin ou non, nous déséquilibrerons l’Intermonde. Je soutiens que nous ne permettrons jamais à une telle chose d’arriver. Igane, en revanche, va détruire cette Montagne que vous aimez tant, cette Montagne à laquelle vous rêviez de consacrer votre vie. Vous savez comme nous que sa préservation est essentielle. Alors, aidez-nous. La Sororité vous reconnaîtra à votre juste valeur. Celle que vous vous savez posséder.

Eugénia se leva pour lui faire face. Elle avait pâli davantage, mais demeurait digne.

– Je me moque de la reconnaissance de la Sororité.

Elle avait prononcé cette phrase sur le ton d’un aveu. Il y lut tout ce qu’elle taisait.

– Vous ne voulez donc pas faire tomber l’Intermonde, puisque vous l’aimez, mais le Prieuré. Oh, je vois… Igane est-il au courant de votre divergence de motivations ?

Son silence fut éloquent.

– Il est allé un pas trop loin pour vous dans son désir de grandeur, devina Fid. Et vous savez que vous devez l’arrêter.

– Il reste ma meilleure chance de parvenir à mes fins. Et je me réjouis qu’il débarrasse au passage Hydendark de votre Corporation ridicule.

— Et quelles sont ces fins, Madame ?

Elle conserva un silence buté.

– Vous allez tôt ou tard devoir stopper Igane. Vous jouez à un jeu dangereux, Eugénia.

Elle secoua la tête. Un rictus odieux se peignit sur son visage et il sentit mourir la vague compassion qu’il avait ressentie.

– Non, Légendier. C’est vous qui jouerez pour moi. Maintenant que vous avez confirmation des intentions d’Igane, Viya va devoir rejoindre la Montagne pour barrer sa route.

Il lui répondit le ton patient qu’on emploie avec un enfant :

– Vous oubliez que la ville est bouclée.

Eugénia eut un petit rire qui le glaça.

– Ne vous inquiétez pas pour ça. Le destin vous enverra très bientôt une motivation supplémentaire qui vous poussera à remuer ciel et terre.

L’esprit de Fid se vida à ses mots. Avant qu’il ne se ressaisisse, elle avait quitté la pièce. Il se rua derrière elle, aussi vite que lui permettait sa jambe, dut s’arrêter en arrivant à l’imposant escalier, essoufflé et certain qu’il ne la rattraperait pas.

La jeune fille se trouvait déjà deux étages plus bas. Elle s’arrêta, une main délicatement posée sur la rampe, sa robe blanche déployée en corolle autour d’elle et leva vers lui son cou gracile pour plonger son regard dans le sien.

C’était celui d’une vainqueuse.

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Edouard PArle
Posté le 15/03/2024
Coucou Romane !
Super chapitre, plein de tension et de piques. Tu arrives vraiment bien à retranscrire cette tension grâce aux mini-détails, aux précisions de temps (2 secondes s'écoulèrent...) et aux sensations de Fid, de la domination pendant une majorité de l'entretien, jusqu'à la défaite finale. Eugénia est un personnage vraiment intéressant, c'est vraiment dur de savoir quel rôle elle va finalement jouer dans cette histoire, si elle se détachera à un moment d'Igane, et si oui à quel point. Tu parviens vraiment à nous intéresser de plus en plus à elle.
Psappha est touchante et intéressante. Je me demande si elle est seulement là à des fins de nuance, ou si elle aura un vrai rôle à jouer.
Petite remarque :
"Il feint de soupirer pour masquer son trouble." -> feignit
Un plaisir,
A bientôt !
Louison-
Posté le 28/07/2021
Coucou !
Et wow, quel chapitre ! Rempli de tensions, je trouve vraiment chouette que tu arrives à balancer des piques, par ci par là, ça rend la conversation vachement piquante et j'aime trop ça x) C'est la force de ton récit, d'ailleurs, la façon dont les persos manient le langage. Je trouve ça top <3

Sinon, tu sais, je crois que je deviens comme Momo, #TeamEugénia. Elle pue assez la classe cette fille, et en même temps elle montre un mini-peu de fragilité, donc je voulais te saluer pour la construction de ce personnage. J'ai vraiment aimé qu'elle sorte vainqueuse de la conversation, j'en ai ressenti une forme de satisfaction, même si ça voulait dire pour Fid que c'était un échec ^^'

Ainsi donc, les motivations d'Eugénia et Igane divergent un peu... hum, ça me fait penser que, peut-être, ça va conduire Eugénia de plus en plus douter du bien fondé du truc? Enfin je sais pas, je me dis qu'Eugénia pourrait revenir sur ses pas, ça la rendrait d'autant plus intéressante, comme personnage ! Elle qui déteste autant Viya. Dans tous les cas, je me réjouis vraiment de découvrir comment elle va agir dans la suite !

Sinon, le bout entre Psappha et Fid était très touchant ^^ Moi qui au tout début de l'histoire avait misé sur Psappha, comme quoi ce serait elle qui serait le grand méchant de toute l'histoire, visiblement j'étais VRAIMENT à côté de la plaque ^^ Ca m'apprendra à miser sur des persos les moins susceptibles d'être les méchant s haha ;)

Bref bref, j'ai l'impression que la tension monte pas mal avec ce chapitre, ça donne envie de découvrir la suite !

A bientôt :D
Romane
Posté le 01/08/2021
Coucou Louison ! Désolée pour le retard avec lequel je te réponds ! <3

Merci pour ton retour sur ce chapitre ! Je suis heureuse de savoir que tu aimes les piques que s'échangent Fid et Eugénia et surtout de savoir qu'elles fonctionnent... Mine de rien, ce n'est pas évident de balancer une punchline par écrit et qu'elle sonne juste dans la tête du lecteur !

Très heureuse aussi de ton ressenti sur Eugénia. Je n'avais pas prévu de passages particuliers pour la caractériser, mais j'ai l'impression qu'elle a un peu pris son épaisseur toute seule et c'est chouette :D

Merci pour ta lecture <3
Contesse
Posté le 18/07/2021
Re !

Un chapitre haletant, qui déborde de tension grâce aux répliques qui fusent. Je vais pas te mentir : moi j'ai direct cru qu'Eugénia gagnerait parce que... bah, je crois un peu trop en cette fille, je pense xD #TeamEugénia
Non, mais j'adore Fid aussi, hein !
J'ai trouvé son échange avec Psappha assez touchant aussi, enfin Psappha était touchante, déchirée entre 2 "amours" si on peut dire :/

Mais du coup je comprends ce que dit Isa : c'est vrai que ça rend Fid un peu agaçant parce qu'il arrête pas de perdre alors qu'il se croit fort, mais moi je me disais que c'était fait exprès de ta part ? Non ? x) Bref, je ne trouve pas ça gênant, il y a une part de déni là-dedans qui est assez intéressante. Fid qui ne veut pas s'avouer que tout simplement il s'est rouillé et il est plus aussi doué qu'avant, et aussi doué que ce que disent les légendes (t'as vu j'ai repris ton titre lol). Donc il perd face à une petite jeune qui commence tout juste à percer ! Enfin, moi ça me semblait logique que tu présentes Fid de cette manière, je ne sais pas ce que tu voulais faire de lui exactement ^^

En revanche, c'était sûr qu'Eugénia avait rejoint Igane par opportunisme. Et ce qui est sûr c'est qu'elle va finir par le lâcher à un moment parce qu'elle va comprendre qu'en fait, elle, elle voulait pas ça du tout ! Enfin, je me fais mes films là, mais je suis presque sûre de moi xD

Voilà, hâte de voir ce qu'il va se passer maintenant, et ce que ce cher Igane a encore concocté !
A bientôt <3
Romane
Posté le 20/07/2021
"c'est vrai que ça rend Fid un peu agaçant parce qu'il arrête pas de perdre alors qu'il se croit fort, mais moi je me disais que c'était fait exprès de ta part ? " ==> Alors, en un sens, oui, j'avais pour but que Fid soit un peu perdant. Qu'il est besoin d'évoluer, lui aussi, en repensant sa façon d'interagir avec les gens et le monde, parce qu'il est parfois un peu auto-centré / critique / prétentieux. Maintenant je ne veux pas que ça paraisse trop accentué et que ça fasse perdre la sympathie que beaucoup de gens ici ont pour le personnage. Ni l'affection que je lui porte moi-même... Donc je me dis qu'il y a peut-être un petit souci de dosage dans sa prétention (plutôt que de direction).

Merci pour ce que tu me dis sur le reste du chapitre :D
A bientôt pour la suite !
dodoreve
Posté le 29/06/2021
J'aime beaucoup le rythme que tu instaures dans leur affrontement : une réplique (dialogue), et la trace qu'elle laisse (paragraphe qui suit). Par exemple : "Elle était douée, mais restait prudente, profitant du sillon ouvert par Igane, amplifiant l’aura d’agressivité qui entourait désormais la Confrérie tout entière pour le discréditer. Elle testait aussi sa résistance, tentait de lui faire commettre une erreur ou espérait qu’il se radicalise sous le coup de la colère." > C'était pourtant un risque, mais je ne trouve pas ces paragraphes redondants du tout. Ils viennent donner un écho plus fort à ce qui vient de se jouer, et ça donne vraiment la sensation d'une résonnance que tu viens amplifier, c'est super. En plus, ça n'alourdit ou ne ralentit pas trop les choses, surtout quand tu prends le soin de nous ramener au rythme (par exemple : "Il ne laissa pas Eugénia deviner l’état de sa réflexion et embraya").

"Il lui faudrait la confronter à nouveau sur ce point, mais tout de suite." pas* tout de suite, non ?
"la minuscule pointe de souffrance que son expression avait laissé filtré" filtrer*

Je vois ce qu'Isapass veut dire, mais je ne crois pas partager tout à fait ce ressenti. Pour moi, l'issue que tu donnes à cet affrontement est très bien trouvée : c'est Eugenia qui a le dernier mot (pente descendante du personnage), mais tout le chapitre nous montre bien que c'est Fid qui en réalité a le dessus (consistance du personnage). En fait, ce qui se passe, c'est que Viya est devenue son point faible. Comme c'est une autre personne que lui, ça n'altère en rien (ou pas tout à fait) son intégrité et le pouvoir qu'il a, mais ça change effectivement drastiquement la donne dans une confrontation. Peut-être qu'il faudrait davantage mettre cet aspect en avant ? Il me semble que c'est suffisamment perceptible - il ne faudrait pas que ce soit trop lourd et que ça manque de subtilité, alors que la subtilité est une des grandes qualités de ta plume - mais c'est à toi de voir. Ce que je trouve d'autant plus pertinent dans ce choix, par ailleurs, c'est que vis-à-vis de cette pente descendante (si remontée il y a), le fait que Viya gagne en force aurait des conséquences assez explosives sur l'aura de Fid.

J'aime beaucoup, en tout cas, cet entrelacement dans la dynamique entre les personnages. Et je ne peux pas te redire à quel point j'ai apprécié retrouver ce seuil d'égalité dont je te parlais dans mon dernier commentaire dans l'affrontement entre Fid et Eugenia. C'est soutenu, fin et brillant. À mon sens, un des chapitres les plus appréciables à lire dans la répartie des dialogues et dans leur écho que tu leur donnes. Et j'ai de mon côté trouvé qu'on percevait bien les enjeux de cette pseudo défaite du personnage de Fid, qu'on ne voit pas tout à fait s'écrouler non plus, mais c'est à toi de voir quoi faire de nos différents ressentis ! Là encore, c'est évidemment à toi de trancher, mais la lecture de ce chapitre confirme un peu aussi celui que j'avais du précédent : si Fid allait intentionnellement porter le désir de Viya de se confronter à Eugenia, désir avorté par sa faiblesse à elle et pas par son refus à lui, cela ne donnerait-il pas plus de visibilité au fait que ce soit Viya la faiblesse de Fid, et donc la partie qui le rend véritablement défaitiste ? Je ne sais pas si ma proposition / hypothèse est très claire (ni très pertinente, après tout), mais c'est en tout cas comme ça que j'aurais tendance à voir les choses.

Avec le recul (et pardon de revenir sur le chapitre précédent ici), je me demande en tout cas vraiment si les réflexions de Fid à propos du Prince ne gagneraient pas à intervenir à un autre moment dans ton histoire. C'est important et on se pose la question, donc il ne faut pas supprimer cet enjeu, évidemment (le déplacer plus tôt ?). Mais surtout, l'écarter nous permettreait de nous concentrer d'abord sur Fid/Igane, avant de passer à Fid/Viya, pour ensuite trouver ce Fid(+Viya)/Eugenia(-Fid). Ohoh, j'en viens aux équations, la situation devient critique, mais tu auras compris l'idée ? Mine de rien, Fid et Viya n'en seront que plus forts unis, alors que là c'est un peu embêtant pour le Romancier qu'Eugenia se désolidarise de ses véritables intentions. Là encore, je ne sais pas si c'est très clair ce que je raconte 8) ... Toujours est-il que même si je vois bien qu'il y a un truc qui te chiffonne dans le chapitre 29, je trouve ce qui se joue maintenant ultra stimulant et brillamment écrit (bravo).

Au plaisir de lire la suite <3
Romane
Posté le 29/06/2021
Bonjour Dodo !
Merci pour ton commentaire détaillé, qui éclaire les choses sous un angle différent du ressenti d'Isa ! Je trouve vos deux remarques très pertinentes, mais la tienne me permet d'envisager une solution peut-être plus nuancée.

C'était important pour moi de laisser la trace de leurs pensées, si onn peut dire, pour deux raisons. D'abord, parce que je voulais que ça soit clair. Ensuite, parce que j'avais envie d'exposer un peu la mécanique des dialogues.

Pour moi, Fid n'est pas vraiment défaitiste, dans la mesure où il a pris une sacrée longueur d'avances sur Igane. Eugénia n'est peut-être pas de son côté, mais elle est à présent détaché de l'autre antagoniste, et maintenant qu'il le sait, c'est un atout. Après, Eugénia poursuit ses propres objectifs et ils sont importants pour elle (on les décourvrira plus tard). Trop important pour qu'elle tombe du côté F/V.
Je comprends totalement le besoin d'action, de voir Viya se libérer et oeuvrer par elle-même et elle va finir par le faire; promis. Mais je ne veux pas précipiter les choses, tout simplement parce que même si elle se renforce intérieurement depuis son arrivée chez les Légendiers, elle est encore fragile. C'est un parti-pris, ça peut poser problème et être sujet à débat, mais j'ai conçu son évolution dans la durée. Du coup, tu as très bien cerné ce que je veux faire, à savoir que Fid et Viya vont commencer à se renforcer mutuellement, là où Eugénia et Igane se dissloquent. Ce n'est pas pour rien qu'ils sont 4, opposés deux à deux et que les "duos d'alliés" si on peut dire, ont des configurations similaires. Bref, c'est construits comme un carré d'opposition. (Je ne suis moi non plus très loin de faire une équation xD )

Merci pour ta lecture !
dodoreve
Posté le 29/06/2021
Ce "manque" d'action est loin de m'atteindre, j'apprécie au contraire de voir Viya se construire petit à petit. Et puis, à côté de mes habitudes d'écriture, on est dans une action assez folle ici xD donc forcément, pour moi ça me semble au contraire plein de rebondissements. Peut-être qu'aux yeux de certains lecteurs, ça se voit moins, mais c'est quand même l'équivalent d'une baston orale, ce chapitre (j'ai vraiment eu cette impression).
Et plus sérieusement, ce serait incohérent que l'action fasse fi de sa fragilité, donc c'est très bien comme ça, je trouve ! Je ne crois pas que ce soit mauvais signe que l'on ait cette attente, du coup : c'est simplement à l'image de cette longue initiation, qui n'a rien de magique et d'évident. Trop hâte d'avoir un regard sur l'ensemble et de voir ce chemin parcouru quand on arrivera à la fin !
Isapass
Posté le 29/06/2021
La "joute" est bien faite et tu excelles dans les dialogues. C'est le point fort de ce chapitre où on sent vraiment la tension entre eux et la victoire qui bascule d'un côté à l'autre.
Mais pour moi, ça renforce encore l'impression que j'ai à propos de Fid : il vend encore une fois la peau de l'ours avant de l'avoir tué. J'ai eu la nette impression qu'il partait vainqueur dans ce combat, alors qu'il en sort perdant.
Ca peut arriver une fois, tout le monde peut faire une erreur d'appréciation des forces en présence. Mais pour Fid, c'est un peu récurrent : face à Igane (à chaque fois), face au prince, face à Eugénia...
Bref, je ne vais pas recommencer, mais du coup, ça augmente encore mes doutes à son égard et ça me donne l'impression qu'il n'est pas fiable puisqu'il sous-estime systématiquement ses adversaires.
Et sa fameuse "voix", tout le monde en parle, mais on ne l'a jamais vue en action. Existe-t-elle vraiment, au final ?
A très vite
Romane
Posté le 29/06/2021

Salut Isa !

"pour moi, ça renforce encore l'impression que j'ai à propos de Fid : il vend encore une fois la peau de l'ours avant de l'avoir tué. J'ai eu la nette impression qu'il partait vainqueur dans ce combat, alors qu'il en sort perdant. " ==> Oui, au vu de ton précédent commentaire, je me doutais que tu aurais cette impression. Je vais essayer de le rendre plus combattif. J'ai aussi prévu que Fid soit plus combattif dans le chapitre précédent.

Sa voix existe. Mais il est réticent à s'en servir, parce qu'il a été contraint de l'utiliser pour de mauvaises raisons, comme George l'a expliqué à Viya. Peut-être que je devrais incorporer plus d'exemples, plus tôt (mais qu'il en fasse un usage bénéfique)
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