3 | Les Grisœils

Notes de l’auteur : Chapitre mis à jour le 16.07.23.

JULES.

Il y a eu ma première nuit, une auberge de jeunesse, ma première journée, une auberge de vadrouille. C’est ça : j’ai vadrouillé tout le jour, final’ toute la semaine. D’abord par curiosité, voir comment le monde serpente par ici, pis par nécessité, voir si j’trouverais pas un p’tit gagne-pain, des fois. Très vite, j’ai dû me rendre à l’évidence : les gens, ils voulaient pas de moi. Trop jeune ! qu’ils disaient. Trop sauvage ! qu’ils disaient pas mais que j’voyais dans leurs yeux, remplis d’répulsion et d’dégoût. Quoi, alors j’suis si vilaine à voir que ça ? Vous doutez d’ma capacité à vendre des brioches et dire bonjour-au-revoir aux gens, c’est ça ? Comme s’il fallait être beau et distingué pour empâter les gens ! Franch’, dans le fond j’reste commode. S’il faut, j’peux même faire bégueule, faire collet monté ! Nan, toujours pas ? Bien sûr mes cernes et l’impression que j’vais me casser en deux, j’nie pas ça moi. Mais j’jure que si vous m’acceptiez dans vot’ foutue taverne, j’ferais moins peur à voir. J’aurais ma picaille pour bouffer, payer c’maudit cagibi qui me sert maintenant de maison, là sous la mansarde du vieil immeuble. J’aurais meilleure mine quoi ! Nan ?! Vraiment ? Argh ! Z’êtes rien que tous des crapules !

Foutue. Jules s’sentait foutue. On voulait pas d’elle, nulle part dans les métiers. Bientôt c’est elle-même qu’elle voulait plus, nulle part dans sa tête. Alors, errante, elle solitairait dans la Ville Revolver, désaxée par rapport à tout ce qui l’entourait. Marche marche sans destination précise, là plus trop. Reniflante… bougonnante… les mains dans les poches d’sa salopette crottée de terre. Épatée malgré tout par tout c’qui l’environnait.

C’est la première fois qu’elle voyait ça. Une Ville pareille. Avec une haute muraille qui l’entoure toute entière, des tours qui éventrent le ciel, du gris-bitume qui pue aux murs, des berlines qui klaxonnent et qui avancent foutument pas. Yop, jam’ jam’ encore elle n’avait rencontré autant d’gens pressés, aussi bruyants et méchants, qui vous bousculent en vous insultant quand vous rôdez dans les hauts boulevards. Ça la faisait s’sentir tout ‘tiote Jules. Secouée, elle pestait et s’paumait dans l’énervement du béton. Sacrée migraine qui toc-toc sous le front… Marchant souvent dans les mêmes quartiers, osant pas trop aller là où ça misère fort et que les gens vous regardent comme s’ils allaient vous charcuter la gorge. Et Spectrette qui a toujours tout guidé dans la vie de Jules, cette fois elle marchait derrière elle sans plus rien l’orienter.

Fichtre de fichtre c’que ça peut m’émousser. Spectrette, elle m’voyage dans une Ville Cratère tout exprès, mais une fois qu’on y est, tu diriges que dalle ? Mais c’est quoi c’fourbon dans lequel tu m’jettes, hein Militairette ? Et toi qui continues de m’sourire avec tes yeux-tristounes… tes fichus beaux yeux de l’océan… là sans jamais rien m’répondre, la main crochée à la lanière d’ton fusil… j’te fout’rais bien une taloche dans la figure. Tu m’énerves. Franch’ ouais tu m’énerves royal’. Mais tu sais quoi ? Tant pis. J’vais me débrouiller seule. Très bien seule. Pas b’soin de toi ni d’personne pour m’piloter. Surtout que ouais ? Nos ‘tites vies dans la Ville Poussière, on les réinvente mieux en solitaire. Gnia v’là. J’renifle, j’baisse la visière de mon béret. Les traits ombrés, j’rase les murs, j’avance sur les trottoirs en tapinois.

Ça y rate pas que j’retombe sur les fameuses affiches aux murs, celles qui m’informent qu’ici aussi, on fait la chasse aux fantômes-pas-des-fantômes. C’est une grosse publicité qui existe autour de ça, avec des grosses agences et des grosses paroles qui s’engagent à nous guérir de c’maux-là. Et si on voit passer un tas d’entreprises différentes, c’est surtout celle-ci qui image la Ville : « l’Office des Voyeurs à émanations auractoplasmatiques ». L’O.V.E.A. Elle doit détenir le monopole du truc ou j’sais pas trop ? Et si c’était à elle l’énormo bâtiment debout sur sa colline de bitume, debout au milieu de tout, et qui fait comme gouverneur de la Ville Ronflère ? En tout cas, les gens qui y bossent doivent pas être très appréciés. Partout sous leur pancarte, on surprend des graffitis comme « à bas les Grisœils ! » ; « les Grisœils ternissent la vie ! » ; « les Grisœils sont pourris, pas nos Idées ! » Quoi alors les Grisœils, c’est leur surnom ?

Et ça l’est pas fini puisque des graffitis en fait l’y en a un tas et ça parle de liberté à retrouver machin-truc-chose, avec souvent la mer qu’on dessine, des immenses vagues que j’trouve sacrémio belles au milieu d’tout c’béton-tourbillon. C’est un grand mouvement intérieur qu’on veut retrouver face à une vie-figature que ça raconte les murs-dessins. Beaucoup sont signés l’Onde, ça doit l’être le mouv’ des révolutions par l’ici ? Forcé’ ça m’questionne c’que ça revendique exacto ! Qu’est-ce qu’il a d’terrible l’pouvoir actuel pour qu’on graffitime comme ça ? Même si eh, une part de moi commence à l’sentir que la Ville Crapulère l’a rien d’commode : primo la muraille autour m’fout le mal des prisons, deuxio j’ai l’impression d’être observée où que je vais par ces gens là-haut de la colline, tertio l’y a tout c’tas d’militaires que j’croise assez partout dans les rues et qui fichent la sacrée flippe. Costumés gris, portant une matraque à la ceinture, l’y surveillent j’sais pas trop quoi quand l’y sont pas près des bars en train de fumer ou boire un coup, ces fichus Grisœils… si c’sont bien eux les Grisœils ? Et bien à eux l’bâtiment au milieu d’la Ville Détestère ?

Klaxon. J’sursaute. Pneus freinants. Gueulement. Insulte. Mioche qui vagit. Gueulement. Encore. Ville Tapagère. Toujours. Ça se r’met à toquer sous le front. Saleté d’migraine ! C’est follo comme les voitures arrêtent pas de s’quereller sur la route. Chaque jour c’est pareil et les gens apprennent pas à mieux conduire. Bon. Me faut un endroit plus calme. Sur-le-champ. Sinon ma tête éclate. Un parc, tiens pourquoi pas ?

J’me détourne de l’écriteau. J’frémis : y’a une femme qui m’observe tout au fond de la rue. Le hic, c’est qu’elle le fait d’façon total’ intense, comme ça sans raison, alors qu’autour de moi, c’est pas les gens à r’garder qui manquent. L’est moyen grande la nana, pis sèche, droite, cassante, comme un bâton fuselé ou un couteau hypra aiguisé. Pantalon noir, ch’mise blanche, ch’velure lisse et sombre, elle porte l’élégance mais j’crois pas qu’elle soit belle pour autant. En tout cas, depuis là où j’me trouve, j’ai l’impression y’a un truc dissonant sur son visage, comme un côté trop carré qui quadrature sa mâchoire en déformé. L’est assez jeune, la vingtaine ? À la main, elle tient une sorte de miroir.

Soudain, elle s’dédouble. Hein quoi ? Une autre personne du même âge s’pointe à ses côtés. Plus robuste, assez énorme et athlétique, c’est un garçon des plus pâles pâleurs : ses cheveux mi-longs sont argent, sa peau est blanche-livide-salut-j’maladive. L’y doit pas beaucoup supporter le soleil le gulus, à s’couvrir comme ça tout le corps : vaste chapeau noir, manteau violet qui lui descend jusqu’aux mollets. Ça doit être une sacré chaudière là-dessous ! Sérieux j’sais pas comment il fait pour pas fondre ? La chaleur aujourd’hui c’est de l’épais, donc ouais ? Et j’suis pas sûre, mais j’crois surprendre un machin voler près de lui, s’poser sur son épaule, comme un mini-oiseau ou un papillon qu’il aurait adopté. Ça aurait pu être joliet s’il y avait pas ce regard, si pâle et acéré, qui me fixait à vouloir me découper la tête. Fichtre !

Mon ventre ça fait cuic ! Intérieur d’ma joue mordillé. J’me recule instinctivement. Tout ça v’là que ça m’panique, surtout lorsque la couleur des yeux chez l’garçon vire subito au gris. Comme ça sans prévenir. C’est d’un gris-lumière qui étincelle et blafarde toujours plus, et moi j’y capisch que dalle pask’ jamais encore j’avais vu une telle chose dans ma vie. Dans l’sens : des yeux si blêmes-brilles qu’ils disparaissent les iris. Ça m’fout l’angoisse au ventre, surtout ça fait tilt dans ma tête : « Grisœils » c’est pour dire yeux gris, ça signifie forcément que le gars la fille, ils appartiennent à l’O.V.E.A. Mais pourquoi l’y sont pas habillés en gris ? Moi j’pensais c’était les militaires les Grisœils ! Est-ce qu’ils sont plus importants ou quoi qu’ils doivent pas s’trimballer un costume supra moche ? Pas bon signe ça… Les graffigraphes sur les murs crachent trop sur les Grisœils pour qu’ils soient les gens sympas. Et ce pressentiment se r’trouve confirmé lorsqu’un sourire se fiche aux lèvres du garçon, c’est un sourire mauvais, un brin glaçant, qui vous flanque une sacrée pétoche… ah ça oui ! Et miss-hachoir à côté, ça pue tout autant : elle avait tourné son ‘tit miroir dans ma direction, comme pour m’inviter à m’y observer, examinant elle-même ce qu’il s’y reflétait, avant de subitement redresser son visage, vriller sa pleine attention sur moi, yeux dans les yeux, et soudain jeter un tel sourire des méchances sur sa face que mon sang s’est retourné 10x à l’envers. Grinçante sa binette.

Forcé’ moi j’me détourne. J’fuis. J’déguerpis violent. Spectrette, l’est où Spectrette ? J’vois Spectrette nulle part. J’cours j’cours. Vlam, j’percute la tourbillon’foule de plein fouet. Et j’cours j’trace encore. Et les Grisœils ça y rate pas qu’ils se mettent à ma poursuite. Coup d’oeil derrière mon épaule, ils entrent dans la flopée’foule. Grrr… J’accélère j’bouscule j’force et v’là que dans la tapée’foule faite de gens pressés, j’deviens gens pressée moi aussi. Enfin j’en sors d’la foule-au-boulevard. J’déboule sur les trottoirs, cavalante comme c’est pas permis. J’dois les avoir semés, la cohue d’sons d’odeurs d’corps transpirants m’aura rendue trouve-moi-plus. Ouais bein ouais bein non !!? Les Grisœils ils sont félins ou j’sais pas trop, parce que lorsque j’tourne dans une étroite ruelle pour m’y cacher, ils y sont là les gulus. Là, juste devant moi. Quoi mais l’y sortent d’où comment que quoi ?

L’oeil terriblement gris, manteau-violet me nargue froidement. Dans chacune de ses mains : un sabre. Hein ??! Mais quoi c’est quoi son délire ? Miss-tranchoir quant à elle c’est carrément un fouet qu’elle a. Un fouet rouge-lueur qui flamboie dans la pénombre de la venelle. Sa consistance m’rappelle les choses-fantômes, l’arme brasille ardent, qu’il devienne fouet de feu que, franch’ ? Ça m’étonnerait même pas.

Le fouet de miss-tranchelarde soudain il flue, en plein dans ma direction. Et moi, d’un réflexe qui m’stupéfie moi-même, j’me jette à terre pour éviter le coup. Ça feu-claque à gauche, ça m’atteint pas. Tout mon bras droit : rapé contre le goudron, ma hanche ça béton-brûle. Un deuxième coup vient mais moi j’suis déjà debout. Chancelante, j’me détourne, j’cours jusqu’au bout du maigrocouloir. J’sors d’la sombre allée pour me réengager dans l’avenue. J’file. Essoufflée ma poitrine cahote. J’fonce sans réfléchir sur la route, en plein dans la circul’. Derrière, les Grisœils s’écrient : mais elle est complètement fêlée ! Leur réac’ ça m’fait glousser de l’intérieur, un peu moins lorsqu’un camion klaxonne freine c’est l’avant d’une voiture qui m’frappe la jambe heureusement pas fort la voiture s’stoppe féroce et moi pfiou j’ai juste eu le temps d’me reculer ! Et maintenant j’y vois le voitureur dedans qui m’fait un sacré doigt d’honneur. Pardon-pas-pardon ! J’glisse au milieu d’autres bolides. J’fais tomber un cycliste. J’me retrouve de l’autre côté de la rue, vivante, suante, les joues en feu. Et mon coeur caracolant qui fait pulse-pulse à la frénésie, dingue comme il est enragé là-dedans. J’me retourne. La circul’ ça cavale à toute vitesse. J’surprends les Grisœils qui m’observent tout là-bas, si mécontents soudain, comme s’ils s’y attendaient pas à ma dérobade comme ça. Ils me foudroient avec leurs yeux. Ceux de chapeau-noir sont particulièrement glaçants tant ils argentent la couleur des nuages. Et moi, vivante, suante, j’lève le menton tout en leur adressant mon plus terrible sourire des pires sauvageonnes. Gnia, dans vos fesses ! Vous aviez cru que vous pouviez m’avoir comme ça ? Eh bein non de non ! Seul’ment, mon euphorie tombe lorsque, sur la route, le feu passe au rouge pour les voitures, vert pour les marche-deux-pattes. Et les Grisœils forcément, ça y rate pas qu’ils se remettent à me poursuivre. Fichtre !

J’virevolte. J’courotte ardent. J’glisse dans le mondain, entre les poubelles, les lampadaires et les gens amers, me sentant étrangement bien, comme si la catapulte du moment faisait de moi une autre personne. Plus assurée, audacieuse. Une personne qu’on n’saurait rattraper, jamais m’rattraper, moi qui coule dans l’air avec un naturel déconcertant. Toute catimine en hâte dans une galerie de gens mordants… Fichtre les Grisœils ils en démordent pas. Malgré que j’galope à m’en brûler l’gosier, ils sont toujours là derrière moi. Ils m’rattrapent peu à peu. Le hic, j’sais pas vraiment où aller, comment que j’les sème moi ?

Contre toute attente, c’est Spectrette qui m’a donné la solution. Soudain elle était là, courante avec moi mais là-haut, là-haut, là-haut sur les toits des mochégros immeubles. Elle m’a fixée d’son regard en plonge-tristesse, elle m’invitait à la rejoindre. J’peux dire que la vision était belle. Ah oui elle l’était sacrément ! Voir Soldatette comme ça, en pleine action, tenant son fusil à la main… la binette foutument déterminée à m’sauver… y’avait d’quoi foutre le frisson. Surtout qu’elle lumineusait plus que d’habitude. Ça m’a rappelé le ciel-été à la campagne, rien à voir avec le ciel-grise-mine de la Ville Tortionnaire… et j’ai pensé que c’était plus beau que tout. Là, d’surprendre un peu d’beau-flagrant au milieu d’tout c’terne, c’puant, c’cahotant.

J’vois une échelle. C’est une échelle pour la construction, genre un échafaudage. Sans réfléchir, j’y grimpe. Mais à peine j’m’attaque au second étage qu’un clac ! retentit, qu’un vlam ! s’enroule autour de mon mollet, qu’un aïe ! m’échappe. Affreux comme ça m’brûle la peau. Le fouet ça m’embobine la cheville, on veut m’tirer en bas, mes pieds glissent, s’décrochent de l’échelon. Je s’rais tombée si mes mains s’y étaient pas accrochées avec hargne à l’échelle. Ugh ! Pendue à l’échafaudage, harponnée à la cheville, j’y tente de résister à la nana qui veut m’ramener en bas. Mes doigts ça glisse, j’vais dégringoler ça y est… pis j’sens l’coeur ça chavire… un spasme m’tremble le corps. J’ai comme l’envie… d’lâcher. Comme l’envie… Seulement alors, y’a Spectrette qui réapparait. Là tout là-haut… Couchée sur le toit, elle m’fixe… là tout là-haut… ses rigoles d’eau qui veinent sur sa peau… plus brilles-brilles qu’ils ne l’ont jamais été… ou alors non… j’crois plutôt c’est l’inverse… ça flambe-flambe moins… Spectrette elle se floute… flou-floute plus… et c’est comme une partie de moi qu’on m’enlève… un trou qu’on fait dans ma tête… Quoi, et si c’est le fouet qui m’fait cet effet-là ? Qu’à s’ancrer dans ma peau, il m’vide de Spectrette ? Il l’expulse de ma tête ?

En bas, nana-au-fouet-des-flammes crie han ! comme un effort qu’elle fait. J’me sens toujours plus tirée en bas. L’une de mes mains lâche. Mon regard se voile, Soldatette s’estompe toujours plus dans le ciel… évaporée dans un nuage, et… non ! Non ! Non non non, ah non j’permettrais pas ça !

Dans l’fond, j’sais pas trop c’qui finit par m’éveiller. Un rayon du soleil qui miroite dans son fusil et que j’trouve tellement beau ? C’qui est sûr : moi ça éclate à l’intérieur. J’suis pas d’accord c’est tout. J’suis pas d’accord qu’on m’court après comme les Grisœils l’ont fait. J’suis pas d’accord qu’on me flagelle la jambe comme ça. J’suis pas d’accord qu’on me l’arrache à m’précipiter en bas. Par-dessus tout, j’suis pas d’accord qu’on m’ampute Spectrette. Alors, avec un cri hargneux, j’me réempare de l’échelle à deux mains. Pis j’secoue ma jambe. Ça j’peux garantir que j’la secoue féroce !! Avec une vigueur que j’me soupçonnais plus avoir. Tout ça, sans lâcher Spectrette du regard, comme si mes yeux rien qu’eux pouvaient la retenir… Spectrette… non tu peux pas partir !! Pas comme ça… peux pas… pas pas non… ¡! m’abandonner maintenant… !!?

Là j’colère ¡ J’m’indigne !!! ¡¡¡

!!!

¡¡¡¿

!!!

Tout ça jusqu’à ce qu’enfin, le fouet ça m’lâche. Il tombe le fouet feu-fourieux. J’soulage. J’repose aussitôt mes pieds sur l’échelle. Et j’grimpe j’grimpe. J’grimpe j’file, façon j’écureuil-sur-mon-arbre, là si vite que j’comprends même pas comment j’arrive à aller si vite. J’sprintégrimpe, c’est tout. Les Grisœils m’ont eue une fois avec leur fouet ? Haha ! Pas deux. Plus jam’… Quand bien même ils décident de m’suivre. C’qu’ils finissent par faire. Évidemment.

Ça boucante l’échafaudage. Il tremblote et p’t-être qu’avec toute cette précipitation, il va finir par crouler, mais Spectrette m’attend au sommet alors hors de question que j’m’arrête et que j’descende. Plutôt crever ! Moi j’écureuille moi j’vole presque, j’jure qu’on m’aura plus. J’gravis les échelons en m’moquant d’ces foutus muscles qui crament. L’effort m’mange la respiration. M’en fiche. C’qui compte vraiment, c’est Spectrette et pis c’est tout.

Dernier étage à monter. Là. J’arrive. Là. Mes pieds vlam vlam sur l’échelle. Là. J’suis là. À quatre patte, j’me relève. J’suis là. Vivante, suante, j’me retrouve au sommet d’la Ville Torrentuère, en face de Spectrette qui lumineuse comme avant. Donc le fouet c’était vraiment ce qui la faisait disparaître ? J’suffoque la respiration, mes jambes flagellent mais j’tiens bon. J’souris à Spectrette. Son fusil à la main, elle hoche la tête. Son casque balotte. Toute grande, elle me surplombe. Elle se retourne soudain. Et elle s’élance tandis que derrière moi, les Grisœils raffutent dans le dernier étage de l’échafaudage. J’jure. J’me rue à la suite de Spectrette, toute soulagée soudain qu’elle se remette à me montrer le droit chemin. Et ainsi, sur le toit des gratte-ciel, surplombant les méchants boulevards, Jules et Spectrette couraient.

Oui, on leur dira : c’est follo le truc. En même temps y’avait pas d’hésit’ à avoir. Spectrette, c’est comme si elle savait tout. Non seulement ce qu’il leur fallait faire, mais ce dont Jules est capable dans ses mouvements. Lui accordant sa pleine confiance, Jules grimpait là-haut lorsque Spectrette grimpait, sautait d’un immeuble à l’autre lorsque Spectrette sautait, glissait sur les tuiles lorsque Spectrette glissait, se balançait aux balcons lorsque Spectrette se balançait. C’était du total’ barjo. Et Jules, ça la foutait dans une euphorie indescriptible. Le vent fluait à ses oreilles, le paysage filait sous ses yeux, ses pieds ses mains savaient exactement où se poser, où se crocher. Elle en oubliait presque les Grisœils qui poursuivaient Jules et Spectrette, enchainant roulades et glissadotoitures avec adresse. Toutefois, à mesure que Jules écureuillait toujours plus vite, toujours plus risqué, son sourire de mufle aux lèvres, les Grisœils perdaient du terrain. Certains mouvements, ils hésitaient, ça les ralentissait, au contraire de Jules qui, flirtant avec le périlleux, accélérait, en venait parfois à devancer Spectrette. Celle-ci s’affolait aussitôt, s’empressait de reprendre le rôle de guide, paniquée à l’idée que Jules aille trop loin dans l’imprudent. Et Jules en riait, et Jules s’en énergisait, et Jules s’en fichait royal’ du danger. En fait, Jules n’était plus en danger. Pas lorsque les Grisœils étaient deux lointains points noirs à l’horizon et qu’elle maîtrisait tout de la situation. C’est comme ça qu’elle se sentait. Invincible. Foudroyante. Ouais. C’est ça. Total’ ça. Cavalière, Jules les foudroyait la mort et les félons-gens.

Spectrette, au bout d’un moment, elle a quand même fini par s’arrêter. Elle s’arrête. Inquiète, peut-être, par le sifflement des poumons chez Jules, quand bien même celle-ci sourit fourieusement, plus radieuse qu’elle ne l’a jamais été : il y a elle, son béret de travers, ses cheveux de cuivre tout courts tout bataille, ses joues ivres-rouges, truffées d’taches de rousseurs, sa salopette mouille-sueur, ses baskets souille-toiture, et son impétucoeur force-vive, vivrons-fort.

Spectrette penche sa tête. Elle fait la moue. Jules ça la ricane. C’est vrai quoi ! On les a bien eus les Grisœils, qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ? C’était pas dément, même ? Comment on les a grave semés, facilito les doigts dans l’nez ? Spectrette secoue sa tête, n’approuvant pas une Jules qui débride comme ça. Elle se retourne, se dirige vers la porte là-bas qui cache une cage d’escaliers. Roh mais non ! On était bien là, loin d’tout c’tohu-bohu d’la Ville Hurlère ! Allez reviens !

Et si Jules croise d’abord ses bras, bougonnante, refusant d’bouger, elle se voit bien obligée d’suivre Spectrette, celle-ci ne s’étant pas retournée. Nuagette a repris son rôle de guide, Jules va pas la laisser filer sans l’accompagner, quand même !

Elles sont en bas. Spectrette s’tient debout sur le trottoir sans remuer. Rue retentissante. Beuglards, la plèbe, les voitures, camionnettes, camions… Jules fourre ses mains dans les poches, se balançant en avant en arrière. Toc-toc-toc dans la tête. Dis Spectrette, tu bouges ou… ? Enfin, Spectrette se r’met en marche. Elle emmène Jules quelque part. Elle emmène Jules où ?

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Liné
Posté le 02/06/2023
Hello Louison,

Un vrai régal que de se re-plonger dans Les Portiers du ciel... ! Je me demande si ce roman ne va pas rentrer dans ma catégorie "histoire que je picore chapitre après chapitre pour me donner de l'inspiration le matin", tellement je trouve la langue belle, ingénieuse, poétique, osée... Mention spéciale au "regard en plonge-tristesse" et au verbe "écureuiller" !

A très vite !
Louison-
Posté le 04/06/2023
Coucou Liné !
Merciii tout plein pour ton passage ici et tes doux mots, ça me fait vraiment plaisir ! Je vais aussi essayer de repasser par chez toi trèèèès bientôt hihi, profitons du bingo pour dégommer nos PAL ;)
Bisou, à pluche !
Edouard PArle
Posté le 13/12/2022
Coucou !
Toujours top. Je rentre de plus en plus dedans (le pdv de Jules) au fur et à mesure. Je prends mes marques, je m'habitue au style avec les mots inventés, les changements de narration, l'argot... On sent que c'est maîtrisé et que tu ne choisis pas les mots au hasard. Il y a plusieurs passages que je trouve assez amusants d'ailleurs. Mais il y a aussi de la tension avec la course-poursuite, et le duo grisoeils qui est plutôt flippant.
Liste non exhaustive de passages que j'ai particulièrement appréciés :
"Soudain, elle s’dédouble. Hein quoi ? Une autre personne du même âge s’pointe à ses côtés. Plus robuste, assez énorme et athlétique, c’est un garçon des plus pâles pâleurs : ses cheveux mi-longs sont argent, sa peau est blanche-livide-salut-j’maladive. " J'adore l'image du dédoublement et le rythme de la dernière phrase.
"Cavalière, Jules les foudroyait la mort et les félons-gens."
"l y a elle, son béret de travers, ses cheveux de cuivre tout courts tout bataille, ses joues ivres-rouges, truffées d’taches de rousseurs, sa salopette mouille-sueur, ses baskets souille-toiture, et son impétucoeur force-vive, vivrons-fort." J'adore cette description, on a pleins de détails pour aider à avoir une image mentale.
Un plaisir,
A bientôt !
Louison-
Posté le 17/12/2022
Coucou !
Merci beaucoup pour ta lecture :D Chouette si t'entres de plus en plus dans le pdv de Jules hihi, c'est vrai qu'il faut un petit temps d'adaptation <3 Merci sinon pour les phrases que tu relèves, ça me fait plaisir, parce qu'effectivement parfois je peux mettre long avant de trouver le mot ou le rythme adéquat donc je suis contente si ça crée un petit effet !

Voilà, merci encore et à bientôt ! En espérant que tu avances bien dans ta réécriture pour que je puisse à mon tour visiter par chez toi :D

Bisou, à plus !
JeannieC.
Posté le 18/11/2022
Hey coucou <3
Je sors la tête du marathon des Histoires d'Or - alors comme promis me revoilà par ici =) Et quel plaisir de retrouver la narration de Jules. Superbe mélange de ton vagabond - comme à sauts et à gambades au rythme d'une ballade - et de blasitude. La voilà à la découverte de la ville, avec ses déconvenues. Elle aborde ça avec un genre de légèreté dans le style, mais qui laisse tout de même poindre l'inquiétude. Et la voici toute petite dans cette ville qui éventre le ciel comme tu l'écris si bien.
Je suis fan de tous les petits mots argot / familiers que tu brodes au motif, et des moments où les phrases s'emballent comme les klaxons de la cité. On en découvre un peu plus, au passage, sur l'univers avec cette traque, l’O.V.E.A et les Grisoeils. Décidément, ils s'attaquent aussi à Jules x)

"Le fouet de miss-tranchelarde soudain il flue" > on entendrait presque le FFFLLLLT du fouet dans l'air, excellent xD
"nana-au-fouet-des-flammes" > Il y a un côté un peu déjanté dans ce passage, tout le moment avec la fille au fouet. Dans les images que tu exploites, les couleurs, les mouvements qui fusent, on est pas loin d'une baston citadine dans un comic.

Et l'intervention de Spectrette <3 Sauveuse in-extremis mais toujours aussi mystérieuse. Le côté faussement blasé de "bon allez elle se remet en marche ou bien" alors qu'elle est venue à la rescousse, ça m'a fait sourire.

Bref pour te citer, "c'est follo le truc" et j'aime <3

A bientôt ! =)
Louison-
Posté le 19/11/2022
Coucou Jeannie !
Merci infiniment de repasser par ici après les HO ! Ca me touche <3 Et comme toujours, ton commentaire est si poétique qu'il est une oeuvre d'art à lui-même haha, t'es beaucoup trop adorable dans la façon avec laquelle tu décris tes impressions <3

Sur le vagabondage de Jules : ouip ! Elle est toute petite au milieu de tout ça, et je voulais assez instaurer une ambiance assez chaotique donc ravie que tu l'aies perçu ainsi <3 Ses ptits mots argotiques : yay, elle a son vocabulaire de fripouille Jules hihi ^.^
Merci ensuite pour les phrases que tu relèves avec le fouet ! Tu dis qu'on l'entendrait presque fluer, yooouhou, comme j'accorde assez d'importance aux sonorités des mots je suis heureuse que tu entendes tout ça <3

Spectrette : un tas de mystère, certes. Ca va frustrer Jules tellement de fois haha, ça me fait rire moi aussi x)

Voilooou, merci encore pour ton commentaire si mignon ! Je passe moi aussi dans le cours du weekend par chez toi, hâte de retrouver Hyriel et découvrir Estienne :D

Bisooou, merci pour ton retour extra "follo" <3
Tudor
Posté le 25/07/2022
Ce parti pris dans les tournures de Jules est tellement incroyable, c'est à la fois drôle poétique, dynamique, atypique et hyper parlant et ça lui donne du volume bref je suis très très fan (p'tit coup de coeur pour le "livide-salut-j'maladive" c'est excellent ). Ma théorie c'est que Jules est l'enfant caché d'Alain Damasio avec Boris Vian x)
Louison-
Posté le 01/08/2022
aaaw comme toujours, merci pour ton retour ! Contente si t'as perçu tout ce que tu relèves, et surtout que tu lies Jules à Damasio et Vian : roh mais là, c'est que d'honneeeeeur, je suis toute touchée <3 <3 Alors merciiiii encore tout plein !
dodoreve
Posté le 15/04/2022
Youpi trop chouette COUCOU LOUISON TU TE SOUVIENS DE MOI ??
(Franchement c’est pas trop tôt.)

« Foutue. Jules s’sentait foutue. On voulait pas d’elle, nulle part dans les métiers. Bientôt c’est elle-même qu’elle voulait plus, nulle part dans sa tête. Alors, errante, elle solitairait dans la Ville Revolver, désaxée par rapport à tout ce qui l’entourait. Marche marche sans destination précise, là plus trop. Reniflante… bougonnante… les mains dans les poches d’sa salopette crottée de terre. Épatée malgré tout par tout c’qui l’environnait. »
Ah j’aime beaucoup le rythme, là. Et je trouve que tu transmets bien ce qu’elle doit ressentir : la troisième phrase notamment (ptite mère). Et puis « solitairer » : oui. « Marche marche sans destination précise, là plus trop. » : pareil, c’est tout perdu dans la tête et les pas et on le ressent bien je trouve !

« du gris-bitume qui pue aux murs » c’est triste et ça pue mais j’adore

« Et Spectrette qui, d’habitude, a toujours tout guidé dans la vie de Jules » C’est de la chipotance mais d’habitude/toujours ça crée une répétition que je ne ressens pas tellement d’un point de vue stylistique ?

« Fichtre de fichtre c’que ça peut m’émousser. Spectrette, elle m’voyage dans une Ville Cratère tout exprès, mais une fois qu’on y est, tu diriges que dalle ? Mais c’est quoi c’fourbon dans lequel tu m’jettes, hein Militairette ? » Rah j’ai beaucoup aimé le passage du elle à je et du elle à tu, j’ai trouvé que ça s’articulait hyper bien entre ce paragraphe et ce qui précède !


« Quoi alors les Grisœils, c’est leur surnom ? » Tout ce qui précède c’est cool, je trouve que ça fonctionne bien le principe du personnage qui découvre un truc et qui exprime les questions que nous on peut se poser.

« Chancelante, j’me détourne, j’cours jusqu’au bout du maigrocouloir. J’sors d’la sombre allée pour me réengager dans l’avenue. » Mmmh je trouve qu’on peine un peu à s’y retrouver dans l’espace : ça peut être un effet de style, mais « maigrocouloir » ça sonne tellement intérieur que pour le coup j’ai eu l’impression d’avoir loupé une entrée ou un truc.

« c’est l’avant d’une voiture qui m’frappe la jambe heureusement pas fort la voiture » Je chipote mais j’ai trouvé que ça manquait de toi ici, parce que Juju elle est très sonore et tactile, et là tu caractérises le choc (« pas fort ») mais tu ne l’exprimes pas ? Après c’est très rapide tout ça donc je comprends que tu aies voulu privilégier la rapidité !

« Et mon coeur caracolant » <3

« vivante, suante » Tu les répètes deux fois dans le même paragraphe, je sais pas si c’est fait exprès ? (j’aime bien par contre vivante/suante)

« les lampadaires et les gens amers » ah cette rime, j’adore

« pis j’sens l’coeur ça chavire » <3

« j’écureuil » alors c’est fou de chipoter là-dessus mais plus tard tu dis « écureuillait » du coup je me demande si ce serait pas plus logique d’écrire « j’écureuille » ? pour que ça fasse vraiment verbe et pas non ? Mais bon on est hors-logique donc tu fais ce que tu veux huhu

J’ai parcouru les commentaires précédents et je suis bien d’accord avec CielOrage, c’est très bien que Jules vive au milieu des explications plutôt qu’elle ne les reçoive ! Parfois je perdais un peu l’espace de la ville mais autrement c’était cool de voir bien plus les voitures et le gris (plus que dans la première version je dirais). Pour autant tu ne perds pas le rythme propre à Jules et tu sais bien : j’adore. <3
Louison-
Posté le 22/04/2022
COUCOU DODO OUI JE ME SOUVIENS QUE TROP BIEN DE TOI PARDI.

Aaaw mais merci tout plein d’être revenue me lire, vraiment ça me asdlfasdfasdf. Trop trop choupi quoi <3 <3 <3 Chantilly même, comme tu dirais <3

« Et Spectrette qui, d’habitude, a toujours tout guidé dans la vie de Jules » C’est de la chipotance mais d’habitude/toujours ça crée une répétition que je ne ressens pas tellement d’un point de vue stylistique ? >> Oooh woui merci t’as trop raison !

« Chancelante, j’me détourne, j’cours jusqu’au bout du maigrocouloir. J’sors d’la sombre allée pour me réengager dans l’avenue. » Mmmh je trouve qu’on peine un peu à s’y retrouver dans l’espace : ça peut être un effet de style, mais « maigrocouloir » ça sonne tellement intérieur que pour le coup j’ai eu l’impression d’avoir loupé une entrée ou un truc. >> ça maaarche je note, merci !

« c’est l’avant d’une voiture qui m’frappe la jambe heureusement pas fort la voiture » Je chipote mais j’ai trouvé que ça manquait de toi ici, parce que Juju elle est très sonore et tactile, et là tu caractérises le choc (« pas fort ») mais tu ne l’exprimes pas ? Après c’est très rapide tout ça donc je comprends que tu aies voulu privilégier la rapidité ! >> oui en vrai c’est une phrase qui m’a toujours posée problème, je l’ai retournée trop de fois haha mais je crois que tu cernes bien le souci, c’est une bonne idée d’ajouter du sonore ça fera même plus rapide et direct comme ça je pense !

« vivante, suante » Tu les répètes deux fois dans le même paragraphe, je sais pas si c’est fait exprès ? (j’aime bien par contre vivante/suante) >> Oui c’est fait exprès !

« j’écureuil » alors c’est fou de chipoter là-dessus mais plus tard tu dis « écureuillait » du coup je me demande si ce serait pas plus logique d’écrire « j’écureuille » ? pour que ça fasse vraiment verbe et pas non ? Mais bon on est hors-logique donc tu fais ce que tu veux huhu >> en fait je me suis posée la même question que toi, au début j’ai mis écureuille et puis j’ai changé pour écureuil en me disant que les gens comprendraient mieux comme ça ? J’avais peur que écureuille même si oralement ça passe crème, qu’à l’écrit ça dérange trop, mais peut-être ça reste vachement transparent je sais pas ?

Sinon, pour ta remarque finale : je prends note que tu te perdais un peu dans l’espace de la ville ! Je vais essayer d’améliorer ça <3 Et pour toutes ces autres phrases que tu relèves et que t’aimes bien : merci tout plein, t’es vraiment adorable et asafsdasafd, koeur koeur sur toi Dodo. Non que dis-je, BIOUS pardon.
Romane
Posté le 05/04/2022
Donc les Grisoeils s'en prennent aussi à Jules ! C'est super, ça crée un genre de fil, de lien, d'emblée entre leurs deux arcs !

Je trouve que tes personnages ont plus d'énergie. Ils sont beaucoup plus frondeurs, puissants, immergés dans l'action. Peut-être parce que dans l'autre version, ils recevaient beaucoup d'explications, alors qu'à présent, ils vivent au milieu d'elles. Je trouve que c'est très visible ici, par exemple : "En fait, Jules n’était plus en danger. Pas lorsque les Grisœils étaient deux lointains points noirs à l’horizon et qu’elle maîtrisait tout de la situation. C’est comme ça qu’elle se sentait. Invincible. Foudroyante. Ouais. C’est ça. Total’ ça. Cavalière, Jules les foudroyait la mort et les félons-gens. " Ça donne un vrai souffle et une dynamique à l'histoire qui est très plaisante, et qui, je trouve, relève encore davantage le piquant du caractère de Jules.

Le tout porté par ton style inimitable, c'est un plaisir de te lire ! Bravo pour ce chapitre <3
Louison-
Posté le 08/04/2022
Ouiii les Grisoeils s'en prennent à Jules ! hihi ^^

Et super super contente si tu sens + l'énergie des persos, c'est vrai que j'ai voulu pas mal dynamiser les personnages, les rendre plus actifs aussi, surtout Jules ! Alors ravie si cet aspect que j'ai retravaillé semble avoir été amélioré :) Concernant les explications, argh en vrai il va en avoir dans la suite, la plupart te seront pas inconnues, mais je serais curieuse de savoir si tu les juges encore trop "tassées" ou si c'est malgré tout mieux disséminé. J'ai essayé de mieux écouler les infos mais il me reste quelques blocs explicatifs, faudra que je vois s'ils restent indigestes ou si ça passe mieux :)

Quoiqu'il en soit, merci encore beaucoup pour tes commentaires !
Contesse
Posté le 23/03/2022
Coucou Loulou :)

Bon, alors finalement je ne peux pas envoyer de vocal avec mes p’tites phrases que j’aime puisque j’ai mes notes sur mon téléphone et que je dois enregistrer aussi sur mon téléphone donc… x)

Les voici, en exclusivité for youuu !!

Les phrases/tournures que j’ai adorées :

« Bientôt c’est elle-même qu’elle voulait plus, nulle part dans sa tête » J’ADORE. Tout. La phrase, et le parallèle avec celle d’avant je suis fan <3

« sa peau est blanche-livide-salut-j’maladive » —> je crois que je me suis tapée un fou rire interne, vraiment JE SUIS FAN ! Le « salut-j’maladive » m’a tuée, et en même temps la rime rend le tout très joli, poétique… c’est à la fois drôle et poétique ! Donc droétique. Ou poétôle. Lol, ça sonne comme un ustensile de cuisine ça, genre « ouèche Nadine, t’as cuit les asperges au poétôle ? C’est super bien revenu ! » (oui quand on cuit des asperges on s’appelle Nadine désolée.)

« des yeux si blêmes-brilles qu’ils disparaissent les iris. » LÀ AUSSI J’ADORE ! L’allitération, puis l’idée que ça brille tant que ça disparaît, c’est une belle antiphrase, kiss kiss love <3

« m’aura rendue trouve-moi-plus » —> je kiffe aussi ! Ça pourrait clairement devenir une expression ça :O Genre « Marc, c’est quoi cette attitude à la trouve-moi-plus là, non mais c’est pénible à la fin !! » Mdr. Une expression qui serait utilisée par les profs pour engueuler les élèves, je vois bien ça xD

« vert pour les marche-deux-pattes » —> J’ADORE encore ! J’y avais tellement pas pensé alors que c’est tellement évident ! Ouéchouillette.

« Ugh ! » Euh… sorry mais… Non. C’est « UUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUGH ». Voilà, c’est mieux. Loul. Hey Adora. WE’RE WARRIORS. UNSTOPPABLE.

« Fouet feu-foufurieux » —> ALORS LÀ, c’est mon préf de tout le chapitre je crois *_* (et ça n’a rien à voir avec le fait qu'il s’agit d’un fouet… quoi ? Comment ça j’aime bien ? Je ne vois pas de quoi tu parles…) Vraiment y a tout ! Le jeu de mots, les allitérations, tu joues beaucoup avec les sonorités je trouve (sur les autres expressions aussi hein) et vraiment j’adore ces jeux de sons, de mots, ça rend la lecture si fun, si riche <3

Coquilles/trucs qui m’ont interpellée :

« Alors, errante, elle solitairait dans la Ville Revolver, désaxée par rapport à tout ce qu’il l’entourait » —> tout ce qui* ;)
P.S. « solitairait »j’adore aussi <3 Néologisme kiss kiss love *_*

« Sur-le-champ » —> ça a sonné étrange à mes oreilles, je trouvais ça très formel/soutenu/autoritaire pour Jules ? Je sais pas ? À toi de voir ^^

« ses cheveux mi-longs sont argents » —> pas de S à argent car ce n’est pas un adjectif ;)

« d’un réflex qui m’stupéfie moi-même, » —> réflexe* :)

« félons-gens. » —> là c’est sans doute moi qui suis pas assez culturée mais j’ai pas compris le sens ? Je suis allée chercher « félon » parce que j’avais oublié, lol, mais ouais du coup ça m’a fait buguer mais c’est sans doute moi x)

« elle se voit bien obliger d’suivre Spectrette, celle-ci ne s’étant pas retournée » —> obligée* ;)

Et voilaaaaaaaaa. C’était mwaaaaaa. lol.

(Tu sais qu’il est minuit et genre les coqs dehors ils chantent à donf ? Dis Loulouille, quand c’est que ma vie elle aura un sens ? Hein, dis ?)

Bisouilles Loulouille <3
Louison-
Posté le 26/03/2022
Momooo <3

Encore une fois, un immense merci pour ton com’ ici et tes autres vocaux, ils me font tous supra plaisir et t’es incroyable de prendre du temps comme ça pour les Portiers <3

« sa peau est blanche-livide-salut-j’maladive » >> Hahah c’est vrai que Jules elle fait fort là x) Heureuse si tu t’es tapée un fou rire interne, et toi tu fais fort aussi avec ton « poétôle », j’adore <3 (ça veut dire à chaque fois que je cuis des asperges je change de prénom et je m’appelle Nadine ??? :OO PLOT TWIST)

« trouve-moi-plus » >> alors si ça devient une vraie expression ça, Jules en sera toute honorée ;)) hahah

« UUUUUUUUGH » oui sorry Jules avec son petit « ugh » c’était pas assez. Sache en tout cas que quand je l’ai marqué, j’ai GRAVE pensé à toi et je souriais comme une conne et, bref xD
(Hey Catrouille)

« fouet feu-fou-furieux » >> moh trop mimi tout ce que tu dis, mercimerci <3

Merci pour les coquilles sinon !

*ses cheveux mi-longs sont argents >> ah c’est pas un adjectif argent ? enfin y’a le nom bien sûr mais je pensais que c’était aussi un adjectif de couleur, mais de toute façon je crois effectivement que y’a pas de s parce que les adjectifs de couleur qui font référence à un autre truc type « orange » s’accordent pas :)

« (Tu sais qu’il est minuit et genre les coqs dehors ils chantent à donf ? Dis Loulouille, quand c’est que ma vie elle aura un sens ? Hein, dis ?) » >> JAMAIS MUHAHAHHAHAH.

Voilouuuuille, encore un immense merci Momo pour ton commentaire ! T’es super chouettosympadorable, mercimercimercimercimerci <3

Koeurouille sur touille et à très citrouille (j'ai marqué vitouille d'abord mais ça m'a corrigé citrouille trop drôle madame-citronouille) <3
dcelian
Posté le 22/03/2022
HEYYYYOOOOOOOOOO!!!!
Woo punaise heureusement que tu m'as prévenu pour ce nouveau chapitre, j'aurais pu l'attendre longtemps. Trobien que t'arrives à maintenir un rythme comme ça, franchement bravo !
Pour le titre : je suis déjà intrigué, parce que j'avais envie d'en savoir plus mais aussi parce que les Grisœils étaient plutôt côté Nova, et là c'est manifestement un chapitre de Jules. MH MHHHHH !! Et puis comme elle ne connaît rien à cette nouvelle ville, peut-être qu'elle va tomber sur eux et qu'ils vont la martyriser et qu'elle va souffrir atrocement et... J'Y VAIS GOGO

" D’abord par curiosité, voir comment le monde serpente par ici"
>> trop joli, j'aime beaucoup cette curiosité qui caractérise assez bien Jules, je trouve !

" Vous doutez d’ma capacité à vendre des brioches et dire bonjour-au-revoir aux gens, c’est ça ? Comme s’il fallait être beau et distingué pour empâter les gens !"
>> T'as une ptite répétition de "gens" ici !

" Franch’"
>> Hahaha on y revient ! toujours aussi fan

" On voulait pas d’elle, nulle part dans les métiers. Bientôt c’est elle-même qu’elle voulait plus, nulle part dans sa tête"
>> Très joli et TRISTE aussi !! Désespère pas ma grande, moi jte trouve géniale et c'est déjà ça ;-;

" Ça la faisait s’sentir tout ‘tiote Jules. Secouée, elle pestait et s’paumait dans l’énervement du béton"
>> Archi cool. J'adore comme tu jongles avec les mots, vraiment, comme tu utilises des mots qui existent pas, ou qui fonctionnent pas dans ce contexte mais que t'arrives quand même à faire fonctionner *-*

" Nos ‘tites vies dans la Ville Poussière, on les réinvente mieux en solitaire"
>> Cette phrase là est absolument TROP CHOUETTE. Le retour de la poésie brutale de Jules, les nouveaux surnoms de la ville, la RIME ROHLALA : un combo qui me parle beaucoup !!

L'impression que j'ai de la ville est méga chouette. Ça fait un peu science-fiction, presque un peu dystopie en mode grosse ville toute froide avec des gros gens tous froids. J'adore comme Jules s'y traîne en intruse absolue et le contraste que tu crées entre elle et l'environnement. Ici franchement chapeau sur les descriptions et tout c'était vraiment chouettos !!
J'ai trouvé ça intéressant qu'ils fassent carrément des affiches pour la "chasse aux fantômes-pas-des-fantômes"

" sa peau est blanche-livide-salut-j’maladive"
>> bhahaha
Etranges ces deux "gulus" pour citer l'autre.. des Grisoeils peut-être ? je continue !

BINGO BAM heheh !
Je m'attendais presque à des machines en fait, quand tu disais "Grisoeils", du coup je suis assez surpris que ce soient des humains. Enfin, si ce sont effectivement des humains, ce qui n'est pas encore confirmé. J'aime bien la paire que forment ces deux intrigants en tout cas, ils sont mystérieux et j'aime le mystère, et ils sont inquiétants et j'aime l'inquiétance....LA SUITE

Ok wow alors : j'ai commencé à relever des phrases et puis jme suis rendu compte que je copiais la moitié de ton chapitre, rien n'allait plus. Ce chapitre était DINGO WOLALAAAAAA ibgzeiohgaefovaepoghoafj
Déjà que j'aimais trop Jules avant ça, mais là c'est monté de plusieurs crans encore, c'est sûr ! La course-poursuite est teeeeeellement bien amenée, hyper variée, hyper drôle, vivante, stressante, pressante, GENIALE !!! T'as assuré punez. Mégabravo <3
Et y a plein de petits détails que j'ai tellement hâte que t'approfondisses, genre les Grisoeils et ce leur mystérieuse obsession des Idéelles, genre où DIABLE Spectrette décide d'emmener Jules à la fin du chapitre et pourquoi elle a l'air de toujours savoir ce qu'elle fait, genre le courage-folie de Jules, incroyable à lire tellement on s'y croirait, genre le lien fou qui les unit toutes les deux... BREF
C'était grave biennnnnn agoepjghhghpo *-*

Il fallait quand même que je relève ça, parce que c'est magique et que ça résume vraiment bien Jules à mes yeux : "celle-ci sourit fourieusement"
>> Si cool, si malin

ENCORE BRAVO pour ce chapitre du tonnerre, et bon courage pour la suite !! Merci pour ce partage de folie <3
Louison-
Posté le 26/03/2022
HEEEEYOOOOO CIELAAAN <3
Et aaaah, trop merci beaucoup pour ton retour qui est, comme d’habitude, si adorable <3 <3 Merci tout grand, vraiment !

« Et puis comme elle ne connaît rien à cette nouvelle ville, peut-être qu'elle va tomber sur eux et qu'ils vont la martyriser et qu'elle va souffrir atrocement et... » >> hahah yaaaay, bien vuuuu monsieur ;))

Oh oui la répétition de gens merci de me l’avoir notée !

(franch oui <3)

« Archi cool. J'adore comme tu jongles avec les mots, vraiment, comme tu utilises des mots qui existent pas, ou qui fonctionnent pas dans ce contexte mais que t'arrives quand même à faire fonctionner *-* » >> aw, t’es si mimi. Re-merci tout grand <3 Et re-merci pour cette autre phrase que tu relèves avec la Ville Poussière <3 <3

Sinon, je suis contente si tu perçois la Ville comme tu l’as perçue !

« Je m'attendais presque à des machines en fait, quand tu disais "Grisoeils", du coup je suis assez surpris que ce soient des humains. » Oh d’accord ! Marrant ça :D

« et ils sont inquiétants et j'aime l'inquiétance.... » >> Inquiétannnnnce j’adore ce mot que t’as inventé <3

« Ok wow alors : j'ai commencé à relever des phrases et puis jme suis rendu compte que je copiais la moitié de ton chapitre, rien n'allait plus. » >> *me cache sous ma couette tellement t’es adorable* Contente si la course-poursuite t’a plu ! C’était chouette à écrire en tout cas, alors oui ravie si le plaisir passe aussi à la lecture. Et merci pour toutes ces autres choses que tu dis, ça me rend toute asdljaésldfkasf à l’intérieur. <3 <3 <3

Mille koeurs sur toi Céliciel, j’espère vraiment que tu prends conscience à quel point je te suis reconnaissante pour ton enthousiasme et tes mots qui me touchent tous chacun d’eux <3

JE T’ENVOIE UN IMMENSE KOEUR-MERCI <3
Vous lisez