26. Adieux

Par Romane

 

En rentrant à Dreamyard Alley, Viya et George s’installèrent dans la cuisine plongée dans la pénombre. Ils savaient tous deux qu’ils ne dormiraient pas. L’Intendant ranima le poêle moribond et entreprit de tromper son angoisse en faisait les cent pas. La jeune fille caressait Cheshire, qui s’était lové de lui-même sur ses genoux, sensible à son émotion. Elle n’avait pas pu dire au revoir à Fid et une tristesse poisseuse lui collait à l’âme.

Ils auraient pu passer ainsi la nuit entière, glacés par la conscience aiguë que leur monde s’écroulait, lorsque des bruits graves de cloches déchirèrent le silence hivernal. Trois vibrations longues, une pause, puis deux coups à nouveau, qui se répétèrent encore et encore.

            George avait blêmi.

– C’est le signal qui annonce que la ville va être bouclée, expliqua-t-il. Plus aucune entrée. Plus aucune sortie. Le Prince est inquiet.

« Dong-Dong-Dong… Dong-Dong » sonnèrent une fois encore les cloches.

Le rythme était curieusement familier à Viya. En un éclair, elle revit Igane, lors de son procès. Il pianotait cette même séquence sur la table.

Fallait-il y voir une signature, un signe qui lui prouvait que l’Écrivain était bien derrière l’arrestation de Fid ? Ou était-ce une pure coïncidence ? Les assertions du Prince l’avaient ébranlée. Elle ne parvint pas à trancher la question.

À l’aube, elle écrivit à l’Héritier pour qu’il la laisse accéder à la prison. George avait décrété qu’elle devait partir dès que possible sur l’Archipel, mais elle devait parler à Fid avant cela. Le Prince espérait sans doute qu’elle soutire à Fid des aveux et accéda à sa requête. Un fiacre vint la chercher au milieu de la matinée. Viya voyait les colleurs d’affiches s’activer pour placarder des unes où la nouvelle frasque des Légendiers faisait les gros titres. Les Orateurs œuvraient dans leur sillage. Disséminés sur les places et sous les porches, ils répandaient la nouvelle. La jeune fille avait fini par refermer le rideau du fiacre, atterré. Elle fut soulagée d’atteindre le Palais-Citadelle, où une garde taiseuse l’abandonna en face de la cellule de Fid.

Le Légendier avait les yeux grands ouverts. Il ne trahit aucune émotion quand elle apparut face aux barreaux, mais il s’approcha.

— Je pars sur l’Archipel aujourd’hui, je voulais vous dire au revoir, expliqua-t-elle.

Ce n’était pas l’entière vérité. La gorge serrée, Viya scruta ses cheveux décoiffés et son visage exsangue. Les soupçons du Prince brûlaient dans sa mémoire. Fid sentit que quelque chose n’allait pas.

– Quoi ?

Le ton était bourru. En cet instant, avec sa mise froissée, Fid ressemblait furieusement à l’homme qu’elle avait approché quelques semaines plus tôt au Phare des Docks. Si Viya avait su que cette rencontre la conduirait dans les geôles du Palais-Citadelle, devenue membre d’une Confrérie au bord de la destruction, se serait-elle accrochée dans cet élan désespéré à la manche de son manteau ?

Une larme traîtresse coula seule le long de sa joue. La vérité, c’était qu’elle ne savait plus. Elle était perdue, et terrifiée de voir son monde s’effondrer une fois encore. Fid devait être l’homme qu’il prétendait être. Elle ne supporterait pas qu’il en soit autrement.

– Qu’as-tu ?

Sa voix s’était un peu radoucie. Ses larmes avaient toujours cet effet-là sur lui. Elles le sortaient de la tour faite d’humeur acariâtre et d’ironie mordante dans laquelle il s’enfermait.

– Le Prince m’a confié certaines choses.

Elle renifla et baissa la tête vers la pointe de ses chaussures, le temps de trouver le courage d’articuler :

– Je dois savoir. Les Légendiers ont-ils créé cette poudre explosive ?

– Bien sûr que non.

Son timbre semblait trop clair pour exprimer autre chose qu’une absolue sincérité.

– M’avez-vous introduite au palais en tant que conteuse dans le but de m’y faire réaliser un acte illégal ? Tuer un des souverains ? Obtenir des informations confidentielles sur les autres Corporations ?

Les yeux de Fid s’écarquillèrent de stupeur.

– Comment peux-tu imaginer un seul instant que…

– Le Prince l’imagine très bien, et il imagine bien pire. J’ai encore deux questions.

Il grogna. Elle passa la pointe de sa langue sur ses lèvres sèches.

– La conversation avec Igane a-t-elle eu lieu ou déliriez-vous ?

La jeune femme réalisa trop tard avoir manqué de tact. Le visage de Fid marqua un désespoir tel qu’elle ne parvint plus à soutenir son regard. Cette expression parla pour lui. 

– Je suis désolée. Je ne voulais pas vous blesser. Le… le Prince-Héritier semble croire que vous avez tout imaginé.

Il ferma brièvement les yeux, heurté. Si même le futur souverain, qui l’avait pourtant longuement côtoyé, le pensait fou, tout Hydendark finirait par suivre. Igane déroulerait aisément son histoire. Fid prit le temps de capter son regard. Une supplique muette dansait dans ses yeux.

– Igane hante mes cauchemars, articula-t-il. Mais sur les histoires, je te jure qu’il était là.

Elle acquiesça, un peu honteuse d’avoir douté de lui.

– Ta dernière question ?

Viya ferma les yeux cinq longues secondes. C’était la plus difficile. Elle fouilla une dernière fois sa mémoire, à la recherche d’un ultime détail qui la dispenserait de poser cette douloureuse interrogation. Elle se revit petite fille aux portes du Prieuré. La silhouette d’adulte dans la neige était fine et élancée. Elle ne gardait aucune trace de sa voix, mais se rappelait lui avoir pris la main. C’était une paume de géant au creux de laquelle ses petits doigts pouvaient tenir serrés tous ensemble, mais nombreux étaient les adultes à pouvoir englober les doigts d’une fillette de cinq ans.

– Êtes-vous l’homme qui m’a conduite enfant au Prieuré ?

Fid se pétrifia sous le coup de la stupeur. Elle ne sut si elle devait y lire un aveu ou de la simple sidération.

– Je ne me souviens pas de lui, s’obligea-t-elle à poursuivre. Vous auriez très bien pu vous servir de votre voix pour faire germer en moi le désir de rejoindre Hydendark lorsque je serai assez grande - ça expliquerait mon obsession pour cette ville. Adulte et Légendière, je peux ainsi jouer pour vous les intermédiaires avec la Sororité. Vous avez dépensé une somme folle pour racheter ma dette auprès des Orateurs. Je ne vaux…

– Ça suffit ! Je ne sais pas ce que le Prince-Héritier t’a mis en tête, mais tu te trompes ! Tu es une orpheline que de pauvres gens ont confiée au Prieuré dans l’espoir que tu aies une vie meilleure que la leur ! Rien de plus !

– Pourquoi vous énervez-vous ?

– Je ne m’énerve pas !

Sa voix puissante rebondit sur les parois. Il appuya sa tête contre les barreaux, paupières closes, et expira doucement pour se calmer.

– J’ai découvert quelque chose. Du moins, je crois. Si ce que j’entrevois se révèle juste, j’aurais plus que jamais besoin de ta confiance.

Elle fit taire l’inquiétude qui grandissait en elle et l’invita à poursuivre d’un signe de tête.

– Je crois qu’Igane va utiliser cette poudre contre l’Intermonde.

– Quoi ?

– Le Prieuré est affaibli depuis que les Protectrices ne sont plus que onze. Réfléchis comme Igane. Peut-être projetons-nous d’élargir la faille pour la traverser. Peut-être voulons-nous prendre le contrôle du Prieuré, avec l’aide de l’une Sœur déchue dans nos rangs. Peut-être que le dangereux individu que je suis a décidé de faire repasser l’Ennemi dans notre monde. Ce serait un dénouement assez grandiose pour lui… Bien évidemment, la véritable attaque sera portée par Igane ou l’un de ses sbires, mais personne ne le saura. Dans tous les cas, après un pareil événement, ce sera la fin de la Confrérie. Et probablement avec nous la fin du Prieuré. Plus d’Intermonde, plus d’histoires venues d’ailleurs, de concurrence et de Légendiers horripilants.

Viya s’était liquéfiée à mesure qu’il parlait.

– Sans compter qu’Eugénia connaît le Prieuré et peut aider Igane à perfectionner son plan pour détruire le Prieuré qui l’a tant blessée, murmura-t-elle. Elle prenait son futur de Protectrice à cœur et a sans doute été plus assidue que moi dans ses études.

Son mentor acquiesça d’un air sombre.

– Ça me paraît plus que probable en effet. Les Sœurs espéraient peut-être qu’elle finirait par oublier ce qu’elle savait ou qu’elle aurait au moins la présence d’esprit de le taire. Mais nous savons que rien n’arrête la haine d’Igane et d’Eugénia, pas même la perspective de semer des cadavres.

– Sœur Irena.

 Au mot « cadavre », le nom avait surgi à son esprit, il était venu frapper à sa mémoire avec la force d’un coup de poing.

– L’ancienne matriarche de la Sororité ?

– Elle est morte brutalement. Elle était encore jeune, elle n’avait même pas préparé sa succession. Sœur Helena me l’a dit. Je suis sans doute la seule personne à Hydendark qui connaît cette information.

Fid se figea, la bouche arrondit de stupeur.

– Tu es en train d’insinuer qu’Igane l’aurait… tuée ?

– Helena m’a demandé de retourner dans le nord à la suite de la mort de Sœur Irena. Igane aurait très bien pu tuer une des Protectrices, en espérant qu’Eugénia soit réélue à ma place et qu’elle puisse diriger l’opération de l’intérieur. Vous avez suggéré qu’Igane me harcelait parce qu’il craignait que je sache quelque chose. Il a peut-être eu peur que Sœur Helena m’ait fait part de soupçons d’assassinat. Et que je fasse le lien entre ces soupçons et le passé d’Eugénia ! Qui d’autre qu’elle aurait pu donner des instructions pour commettre un meurtre dans l’enceinte du Prieuré ?

Fid acquiesça et demeura silencieux une poignée de secondes, en la dévisageant.

– Tu as dit qu’Igane espérait qu’Eugénia serait réélue, finit-il par murmurer avec une extrême douceur. Mais elle ne l’a pas été.

Ce fut ce ton soyeux qui alarma Viya.

– Non, refusa-t-elle tout net.

– Tu dois te rendre au Prieuré pour prêter secours aux Sœurs, insista-t-il. Tu dois te faire initier, empêcher Igane de nuire à la Montagne. Nous ignorons comme la faille va réagir au contact de cette poudre, si elle va se refermer ou ouvrir un passage duquel pourrait surgir n’importe quoi ! Est-ce que ta rancœur contre le Prieuré vaut la peine de déclencher une guerre ?

Les arguments de Fid se glissèrent dans son esprit. La vision d’une plaine à feu et à sang se mit à danser devant ses yeux.

Une guerre… La conscience soudaine de son propre égoïsme la brûla comme une gifle.

– N’utilisez pas votre fichue voix sur moi, balbutia-t-elle.

Il agrippa les barreaux et planta son regard dans le sien.

–  Nous devons bien ça à la Sororité. Tu nous dois bien ça. Tu dois aller au Prieuré.

Viya sentit sa volonté fléchir sur la dernière phrase. Les mots de Fid s’engouffraient dans son esprit en un fleuve impétueux, balayant sans douceur sa résistance. Sa voix lui avait toujours inspiré du courage ou offert de l’apaisement, elle la renvoyait désormais face à sa propre lâcheté et la laissait terriblement vulnérable.

– Vous m’aviez promis que vous n’utiliseriez jamais votre voix, gémit-elle.

– Je ne l’ai pas utilisée, j’ai simplement argumenté. Ta conscience t’a soufflé ce qu’il est juste de faire.

 Elle secoua la tête, les yeux embués.

– À quoi bon ? Regardez-vous, regardez-moi ! Comment voulez-vous qu’on l’arrête ?  De toute façon, la ville est verrouillée. Vous n’avez pas entendu les cloches ?

Fid vacilla. Il marmonna quelque chose d’indistinct, une imprécation peut-être.

– Igane m’avait prévenu.

La gorge de Viya se serra. Elle lui raconta qu’Igane pianotait le même rythme que le signal qui annonçait le bouclage de la cité.

– Très bien. J’imagine que le Prince-Héritier ne me gardera pas ici éternellement. Lorsqu’il me laissera sortir, je parachèverai l’histoire d’Igane. Il veut que je sois un monstre, j’en serai un. Après ça, il ne pourra plus nous nuire.

– Non ! Vous serez arrêté ! Exécuté…

– Entre ma mort et celles de milliers d’autres, je fais rapidement mon choix.

Comme elle le détestait, en cet instant, tout drapé qu’il était d’héroïsme. C’était facile pour lui de prononcer cette phrase, il avait déjà tant sacrifié. Mais son mentor n’avait pas le droit d’exiger cela d’elle. Il l’avait peut-être arrachée à une vie de misère, mais elle n’avait pas à lui obéir aveuglément pour autant.

– Rien ne dit que l’Intermonde tombera ! Rien ne dit que c’est ce qu’Igane prévoit de faire !  Vous ne pouvez pas me demander de retourner dans mon pire cauchemar sur une simple supposition !

– C’est plus qu’une supposition. Et ton initiation entre les murs du Prieuré ne sera pas ce cauchemar que tu redoutes.

– Ah oui ? Et comment êtes-vous parvenu à ces certitudes ? À l’aide d’une brillante analyse d’intrigues et d’une dissection scrupuleuse de ma structure narrative, conduite dans une cellule miteuse pendant que vous dessoûliez ?

L’expression blessée qu’elle s’attendit à voir tomber sur ses traits ne vint pas.

– Je ne te contraindrai pas. Je te demande juste d’y réfléchir. Nous avons un peu de temps. Igane veut d’abord me voir me débattre. Je vais en profiter. J’ai bon espoir que les Corporations finissent par se ressaisir. Igane est une exception, parmi une nuée d’amoureux des mots qui ont foi dans ce qu’ils font. Il les a aveuglés, mais son influence ne durera pas éternellement. Quand je serai libéré, je m’emploierai à la défaire.

Un court instant, elle imagina Fid devant une foule anonyme. Elle le vit retourner l’opinion contre Igane en l’espace de quelques phrases. Mais elle savait que ça ne fonctionnait pas comme ça. Il avait argumenté avec elle sans qu’elle accepte pour autant de rejoindre le Prieuré. Face aux peurs les plus profondes, les mots ne suffisaient pas toujours. Si Igane gagnait, c’était parce qu’il ne se contentait pas d’aligner des mots : il posait des actes.

Elle renifla, mais finit par opiner.

– Je ne vous reverrai sans doute pas avant longtemps. Alors, promettez-moi que vous ne ferez rien de stupide. S’il vous plaît.

Il acquiesça.

Ils y étaient. Le moment des adieux. Viya l’avait détesté une minute plus tôt, mais sa gorge se noua soudain. Plus que quelques instants, et ils seraient séparés. Fid, en prison, en proie à ses peurs les plus intimes. Elle sur l’Archipel, à assister impuissante à la machination d’Igane.

Comment un homme avait-il pu décider de faire tant de mal autour de lui ? De les détruire ainsi, méthodiquement ? Elle serra convulsivement l’insigne des Légendiers accroché à son manteau. Le regard de Fid tomba dessus.

— Puisque tu as été condamnée par le Conseil, tu n’es plus censée l’arborer, nota-t-il. J’imagine que George n’a pas encore eu le cœur de te le confisquer…

 Ce fut la goutte de trop. Une larme roula sur la joue de Viya. Cet insigne symbolisait son identité. Si elle n’était plus Légendière, alors qu’était-elle ?

La main de son mentor se faufila une fois encore au travers des barreaux et se posa sur la nuque de la jeune fille. Ce contact lui était plus douloureux que n’importe quel mot. Elle imaginait déjà l’après, le moment où il retirerait sa paume.

— Ce n’est qu’un morceau de métal.

— Pas pour moi.

– Je le sais. Mais tu le porteras à nouveau, je te le promets. En attendant, entraîne-toi, pour que ta gloire soit éclatante lorsque ce jour viendra.

La gorge de Viya se serra. Elle en était presque venue à oublier son apprentissage. À quoi servait-il de préparer cet avenir, si sa Corporation tombait ? Elle prit une inspiration. Une seconde larme glissa sur sa peau.

– C’est un peu stupide, non ? De se raccrocher au fait de raconter des histoires alors que tout le reste est en train de s’écrouler…

« Alors que c’est une histoire qui est en train de nous faire tomber. »

Fid eut un très mince sourire et essuya ses larmes du pouce.

– Je ne vois au contraire rien de plus essentiel.

Il y avait une telle évidence dans ces mots qu’ils apaisèrent un instant ses craintes.

– Ne m’écris pas, poursuivit son mentor. Ne me fais même pas passer de mots par un autre Légendier. Ils pourraient être fouillés et tout ce qui serait retrouvé sur eux retourné contre nous. Si tu as quelque chose à me faire savoir, quelqu’un de la Confrérie devra me le transmettre de vive voix. Je procéderai de la même façon.

Elle eut un coup au cœur. L’idée d’une correspondance ne l’avait pas vraiment effleurée, mais à présent qu’il le lui interdisait, garder avec lui un contact écrit lui sembla indispensable. Une larme roula à nouveau sur sa joue. Il regarda, interdit, ce sillon clair se dessiner sur sa peau.

– Je ne sais même pas pour combien de temps je vous quitte, murmura-t-elle dans un sanglot rauque.

Il ne répondit pas à sa question muette. Il ignorait lui-même quand ils se reverraient. S’ils se revoyaient seulement un jour. Il intensifia seulement un peu la pression de sa paume contre sa nuque et répondit de sa voix la plus douce :

– C’est mieux ainsi. Tu seras loin de ce chaos.

– Mais vous ? s’étrangla-t-elle alors que de nouvelles larmes embuaient ses yeux.

Il ferma les paupières, comme s’il ne supportait pas de la regarder pleurer.

– Ne t’inquiète pas pour moi. Les histoires sont là pour moi.

Viya renifla. Ce n’était certainement pas quelques belles phrases qui allaient le sauver. La jeune fille arracha alors son insigne d’un geste sec et le lui tendit.

— Gardez-le vous.

Il s’en saisit avec une émotion manifeste. En réprimant un sanglot, Viya passa un bras au travers des barreaux et attira Fid à elle. Il répondit à son étreinte.

– Ça va aller, murmura-t-il à son oreille, je te le promets.

Elle se dégagea doucement et recula d’un pas, puis d’un second, jusqu’à ce qu’elle ait la force de lui tourner le dos et de s’engouffrer dans l’escalier.

Même si elle avait tout fait pour le laisser derrière elle, l’Intermonde la poursuivait. Un mentor qui souffrait par la faute de la Montagne. Eugénia, son ennemie jurée, qui se révélait être l’ancienne Élue des Douze. Un complot s’organisait et aurait peut-être pour fin de détruire les Sœurs.

Peut-être que Fid avait raison.

Peut-être qu’on n’en avait jamais fini avec le passé et qu’il était impossible de le laisser derrière soi.

« Si tu ne vas pas à la Source, si tu ne bois pas son eau, tu mourras. »

Elle chassa la voix de Sœur Helena de toutes ses forces. Ce n’était qu’une superstition. Un odieux chantage.

Maintenant que la ville était verrouillée, maintenant qu’elle était seule, il fallait que ce le soit.

 

 

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Edouard PArle
Posté le 11/03/2024
Coucou Romane !
Très beau chapitre ! La discussion entre Fid et Viya est très touchante, suffit à balayer tous les doutes qu'elle a pu ressentir. Très belle scène même si je suis frustré de ne pas avoir plus d'éléments quand à la question de Viya sur qui l'a emmenée au Prieuré et pourquoi Fid a tant payé pour elle.
Les contacts physiques au moment de la séparation sont très beaux, on y croit. D'autant plus marquants qu'on en a eu très peu jusque là.
Très intéressant d'apprendre que Viya va enfin avoir à se confronter au Prieuré, et volontairement. C'est un boulet qu'elle traîne depuis le début du roman, je suis très content d'enfin découvrir ce lieu et pourquoi Viya y a été si traumatisée.
Petite remarque :
"Fid se figea, la bouche arrondit de stupeur." -> arrondie
Un plaisir,
A bientôt !
Louison-
Posté le 18/07/2021
Coucou !

Chapitre très touchant, je t'avoue que j'ai été émue par la séparation entre Fid et Viya. C'était très délicat et subtil. Comme l'a noté Momo, la main sur la nuque est un geste unique et c'est ce qui rend les adieux d'autant plus tristes.

Que Viya retourne au Prieuré, je vois assez cela comme inévitable. Un jour ou l'autre, elle devra s'y confronter, sans quoi elle laissera toujours quelque chose derrière elle d'ouvert. Et puis surtout, sinon, elle meurt x)
Et c'est cool, ce dialogue, il permet de lier ce qui se passe à Hydendark et la Sororité. Enfin, les deux se rejoignent ! Et cette histoire autour de la poudre explosive, ça fait sens. Ca interroge beaucoup quant à la suite, et j'espère qu'il n'y aura pas trop de massacre :( Ce qui est bien aussi, c'est que tu laisses ouvert la question quant à : est-ce que Fid est l'homme qui a amené Viya au Prieuré? Bien sûr il nie, mais je suis pas entièrement convaincue. A mon avis, Fid est bien lié, d'une certaine façon, au Prieuré. Bien plus que juste à travers les histoires qui lui parviennent de l'Intermonde.

Petite remarque : j'aurais bien aimé avoir un poil plus de descriptions de la prison. Je pense que, dans cette scène-ci, mettre un accent sur un lieu pour le moins hostile rendra la scène d'adieux d'autant plus forte. Ca mettra plus en valeur le fait que Fid est bloqué et qu'il lui est impossible de rejoindre Viya. Donc oui, je pense que tu gagnerais à ajouter quelques lignes par-ci par-là, décrire la chose comme lugubre, sale et puante pourquoi pas :) Et également, plus de descriptions physiques de Fid seraient bienvenue, je pense. Montrer à quel point il est homme décrépi dans cette prison, très démuni :) Mais bon, ce n'est que mon avis ! A toi de voir, je sais que tu préfères le concis dans les descriptions ^^

Et sinon, ce que j'ai ADORE, c'est le passage au tutoiement de Viya, à la toute fin. J'étais là afésjapfkavjéalksvéa. Comme si une étape majeure était franchie dans sa relation avec Fid.

Enfin bref, merci pour ce chapitre. Je le considère comme un tournant, et en plus il est axé sur l'émotion. Très réussi <3

A bientôt !
Romane
Posté le 18/07/2021
Coucou Louison !
Merci pour ton commentaire <3

Oui, j'aimais bien l'idée que Viya soit amenée doucement à renouer avec cette partie d'elle-même; et que ça soit maintenant possible pour elle parce qu'elle a grandi, pris conscience que certaines choses la dépassait.
Tu en sauras plus bientôt pour Fid :-)

Ta remarque sur les descriptions à ajouter à cette scène me semble tout à fait juste. C'est vrai que j'aime bien les descriptions concises, mais pour ce roman c'est surtout parce qu'il a tendance à prendre beaucoup de volume et que si je décris trop, je vais me retrouver avec un nombre de mots beeaaucoup trop élevé pour tenter un éventuel envoi chez les éditeurs. Dans cette version là, que j'estime avoir réduite au strict nécessaire, je suis déjà à 115.000 mots et ça commence à être un gros roman. Il y a même certaines ME qui ne l'accepteraient pas, parce qu'elles placent une limite à 600.000 signes ^^' Mais là, c'est de la description utile.

Merci, je suis heureuse de savoir que tu as apprécié l'émotion ! J'ai toujours peur de glisser dans le pathos, mais je suis contente de voir que ce n'est pas le cas !
Bisous !



Contesse
Posté le 05/07/2021
Coucou Ciel,
Je continue mon chemin dans ton histoire avec plaisir (pardonne-moi s'il te plait pour l'irrégularité dans ma lecture, je trouve mes vacances presque plus occupées que mon année xD) :)

Comme toujours, j'adore les scènes avec Fid et Viya, et j'ai trouvé celle-ci particulièrement bien réussie et touchante ! L'idée de la main sur la nuque m'a beaucoup parlé et a eu une résonance toute particulière en moi. En fait, tu nous prouves encore une fois que cette relation est unique, indéfinissable, par ce geste qui est aussi "unique". Genre PERSONNE prend quelqu'un par la nuque xD Sauf Fid ! Et ça montre encore une fois à quel point leur relation n'est comparable à nul autre, et donc j'ai aimé ce clin d'oeil !

Je me doutais que Viya se rapprocherait de plus en plus de l'idée de retourner au Prieuré, je l'ai déjà dit : pour moi c'est qu'une question de temps avec qu'elle y aille ! Sans doute qu'elle va vite se rendre compte qu'à l'Archipel, elle se sent un peu prisonnière et surveillée et elle va aller trouver refuge au Prieuré, pour son propre bien et aussi pour sauver tout le monde !
J'ai hâte de voir comment ça va se goupiller ;)

P.S. J'ai remarqué que t'avais chopé le tic de Cherry, Mathilde et Louison : tu m'appelles "Momo" maintenant ! Alors écoute, bienvenue au club xD

A bientôt pour la suite <3
Romane
Posté le 05/07/2021
Coucou Momo ! (Allons-y pour ce surnom, que j''ai en effet piqué aux autres héhé)
Tu es toute pardonnée pour l'irrégularité de ta lecture (d'ailleurs je dois faire mon retour sur ton (tes?) derniers chapitres de la Table des Sept !)

Ah, oui, je n'avais pas réalisé le côté un peu décalé du geste de Fid. Je le fais jamais non plus, mais sur le moment ça me paraissait le bon, parce que j'avais envie d'un contact physique mais qui ne soit pas trop intime xD

Merci pour ta lecture !
Contesse
Posté le 06/07/2021
T'inquiète pas, rien ne presse pour la suite de LTDS, tu n'as qu'un chapitre de retard en plus je crois ;)

Eh bien, pensé ou pas, j'ai trouvé le geste très approprié ;)
dodoreve
Posté le 20/06/2021
La séparation de Viya et Fid est très touchante ! Je ne m'attendais pas à autant de gestes d'affection, je t'avoue qu'une petite partie de moi continue de trouver ça un peu gênant, mais bon c'est surtout convaincant du point de vue de la relation qui s'est construite entre eux. J'aime bien l'attention que porte Viya aux réactions de Fid face à ses larmes, ou encore la tentative vaine de le blesser.
Je ne sais pas comment tu as structuré l'histoire dans son ensemble, mais je trouve ça bien que même avec le titre, tu mettes tant l'accent sur leur séparation : ça signale bien le passage à une autre partie si on peut le représenter comme ça, et je crois comme Isapass que Viya (que l'on a déjà vue grandie par l'influence de Fid) prendra désormais réellement son indépendance, ce qui sera intéressant du point de vue du développement du personnage.
Au plaisir de lire la suite <3
Romane
Posté le 21/06/2021
Salut Dodo ! <3

Ah oui, tu trouves ça gênant ? ^^' J'avoue que je n'avais pas vu ça comme ça ! C'est amusant, parce que les lecteurs n'ont pas le même ressenti. Je sais que certains d'entre eux espèrent par exemple une évolution vers une relation romantique (ce qui n'est pas mon choix). J'imagine que ça dépend des sensibilités de chacun.

En effet, une autre partie va débuter, avec de l'évolution à prévoir ! J'espère de tout cœur qu'elle sera à la hauteur de tes attentes <3
dodoreve
Posté le 21/06/2021
Mh... Une partie de moi voit bien le potentiel pour une relation romantique, mais leurs échanges sont tout de même très marqués par ce rapport mentor/élève sans forcément en sortir. Ce n'est pas une mauvaise chose pour ton histoire puisque tu ne veux pas faire le choix d'une relation romantique : ce que je veux dire, c'est que même s'ils parlent parfois de choses personnelles, ils ne les "partagent" pas à proprement parler - tel que je le ressens, en tout cas. Et du coup c'est une relation très forte, qui peut même basculer dans une forme d'emprise qui serait surtout dominée par le mentor (= l'homme plus âgé) : c'est ça qui me gêne un peu parce que j'associe les démonstrations d'affection à cette direction-là, sur le principe, mais aussi parce que je trouve que ce type de relation demande toujours d'être extrêmement précautionneux, à écrire certes et surtout à vivre. Je ne m'en indigne pas, si ça peut te rassurer, et si ça évoluait d'une manière ou d'une autre, j'essaierai d'y être sensible sans me braquer ! Alors voilà, disons que ça me partage, parce que d'extérieur je dirais "wow wow attention là" MAIS en même temps je ne suis plus tellement à l'extérieur de ton histoire désormais : je suis bien dedans ! Bref, je ne sais pas si ma manière de l'expliquer est très claire, mais j'espère que tu verras mieux ce que je veux dire. Dans tous les cas ça ne me déplaît pas, ça ne m'indigne pas, ça ne me "satisfait" pas (si je voulais projeter une relation amoureuse), mais ça m'intéresse parce que ça montre combien leur relation est complexe et aussi profondément humaine :)
Romane
Posté le 21/06/2021
Je suis d'accord avec le fait qu'il faut faire très attention en écrivant ce genre de relations, comme tu dis il y a ce risque d'emprise. C'est pour ça que je refuse catégoriquement de basculer dans une relation romantique. Cela dit, pour moi dans ce chapitre, c'est juste une démonstration d'affection, rendue nécessaire par le contexte ^^
Isapass
Posté le 20/06/2021
Bien joué ! Je cherchais comment le lien avec le Prieuré allait finir par se faire. J'avais oublié la mort de la sœur (mais je me doute que c'est volontaire de ta part de ne pas t'être étendue dessus pour mieux la faire ressurgir maintenant ;) )
Du coup, j'imagine que Viya va devoir trouver comment quitter la ville ? Je pense que c'est une bonne chose parce que ça veut dire qu'elle va devoir agir seule et s'émanciper enfin. Jusque là, elle était un peu ballotée par les événements et suivait Fid. Mais si elle rejoint le Prieuré, elle va devoir se débrouiller et ne pas se laisser influencer par les sœurs non plus.
Du coup, je suis impatiente de lire la suite !
Romane
Posté le 21/06/2021
Coucou Isapass ! Merci pour ta lecture !
Tout à fait, c'était volontaire !

Tout à fait, Viya va commencer à devoir se prendre en main !
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