15. Convocation

Par Romane

 

Personne n’était venu sermonner Viya, laquelle avait prudemment évité de sortir de sa chambre. Pendant la nuit, les douleurs de Fid s’étaient à nouveau réveillées, plus vives qu’à l’accoutumée. George avait sans doute jugé préférable de reporter la discussion et avait veillé son confrère. Il avait proposé d’envoyer quérir un médecin. Le malade avait refusé, exigeant qu’on lui apporte plutôt du vin. L’Intendant avait dû rejeter sa requête, car Fid l’avait insulté de tous les noms.

Viya n’était pas intervenue. À l’aube, elle avait gagné sans bruit la bibliothèque et avait commencé à étudier, seule. Le Légendier ne lui enseignerait sans doute rien aujourd’hui. Elle se réjouit secrètement qu’il soit cloué au lit pour la journée. Elle n’avait pas le cœur à l’affronter.

George entra dans la salle de lecture à neuf heures pour continuer un classement entamé la veille. Il lui lança un coup d’œil glacial. Archibald l’avait mis au courant de son méfait. Son cœur se serra, mais elle chassa bien vite la pointe de remords qui l’envahissait et poursuivit sa lecture.

Elle avait presque réussi à oublier l’incident quand une voix gronda en face d’elle.

– Tu es indigne de cet endroit. Indigne de cet ouvrage que tu lis. Et le pire, c’est que tu n’en as même pas conscience.

Viya leva les yeux vers Fid. Il tenait le journal du jour dans sa main gauche. De l’autre, il s’appuyait péniblement sur sa canne et son mal n’en était pas l’unique cause. Il était ivre et George n’était plus dans la pièce pour tenter de le raisonner.

La jeune fille ferma le livre qu’elle lisait.

– Je suis entièrement disposée à discuter avec vous, mais pas maintenant.

Il abattit violemment le journal sur la table. Viya ne put s’empêcher de tressaillir. « Panique Place des Orpailleurs », titrait la une. Elle nota stupidement la présence d’une allitération en « p ». Le genre de petit détail qui accrocherait le lecteur.

– Oh, non, pauvre folle, je ne crois que nous ne pouvons guère reporter notre conversation.

Elle détacha son regard du journal et se leva pour emporter son livre dans sa chambre. Il était hors de question qu’elle passe une seconde de plus avec un homme qui ne cherchait pas à la comprendre et l’insultait.

– Vous avez bu, vous avez passé une nuit agitée et vous êtes d’une humeur massacrante, ça attendra.

Le coup la prit totalement au dépourvu et la cueillit sous le plexus solaire. Elle se retrouva étalée au sol, incapable de respirer et sidérée. Avec une précision calculée, Fid appuya l’extrémité de sa canne dans le creux de son épaule, l’empêchant de se relever.

– Ton geste était prémédité ?

Elle tenta malgré tout de s’asseoir. Il enfonça la pointe, déclenchant dans tout son bras une décharge de douleur.

– Non, grogna-t-elle.

– Vraiment ?

– C’est à cause de l’affiche qui a été placardée partout. Le pamphlet. Il m’a mise en colère.

– Et tu t’es dit que passer tes nerfs sur Eugénia était une bonne idée ?

Le ton moralisateur fit naître une traînée de feu au creux de son ventre, que son souffle retrouvé lui permit de libérer.

– Pourquoi pas ? Elle me martyrise depuis des années, c’est sûrement elle qui est derrière ce texte ! Elle était en train de le lire devant tout le monde ! Elle le mérite !

Au-dessus d’elle, les yeux de Fid se réduisirent à deux fentes.

– Je ne t’ai pas fait accepter dans la Confrérie pour que tu assouvisses tes ridicules désirs de gloire et de vengeance !

Une vague de rage envahit Viya.

– Alors à quoi ça sert que je me coltine votre sarcasme et votre manque de compassion ? Hein ? Qu’attendez-vous de moi ? Que je vous serve de garde-malade quand George n’est pas là ?

Tout le corps du Légendier se contracta d’une fureur qu’elle n’avait encore vue chez personne. Il respirait à peine et dans ses yeux brûlait une colère animale. Viya se recroquevilla, certaine qu’il allait la frapper à nouveau. Ce fut à ce moment que George déboula dans la pièce.

– Ça suffit, vous deux !

Sa voix retentit avec une puissance qu’elle ne lui soupçonnait pas. Il étudia la scène un bref instant, puis marcha droit sur Viya, qu’il aida à se relever avant de se tourner vers son confrère avec un air courroucé.

– Mais qu’est-ce qui te prend, Fid ?

– Je ne tolère pas la bassesse, répondit-il d’une voix sombre.

– Parce que tes manières sont plus tolérables ?

– Elle a saboté une prestation d’Eugénia de Stalte.

« Parce que vous appelez ça une prestation ? », pensa Viya dans un brouillard de souffrance.

– C’est immoral, mais ce n’est pas une raison.

– C’est une petite orgueilleuse qui ne supporte pas la critique !

La voix de Fid avait déchiré l’air comme un grondement d’orage. George voulut esquisser un geste d’apaisement, mais déjà, Viya rétorquait :

– Ce texte est du mépris pur ! Eugénia me veut du mal, elle ne recule devant rien ! Vous l’avez constaté vous-même ! Elle se croit invulnérable, il est temps de lui montrer qu’elle a tort !

– Il y a la Loi et les mots pour ça !

– Vous savez très bien qu’ici, la Loi ne fonctionne pas !

« Et que les mots sont utilisés à tort et à travers par des gens qui se pensent subtils alors qu’ils se chamaillent comme des enfants ! » faillit-elle ajouter avant de se taire face au regard halluciné que lui jeta Fid.

– Alors quoi ? Tu l’attaques comme une barbare ?

– C’est vous qui me parlez de barbarie ?

– Assez ! tonna George. Vous avez chacun vos torts et vous reparlerez de tout cela la tête froide.

Fid tituba soudain. George se porta vers lui pour le retenir, mais il le repoussa et souffla :

– Il faut prévenir Véra. L’Ordre va peut-être prendre ça pour une attaque personnelle, portée contre lui. Il nous a tous les deux expulsés, après tout. Il pourrait s’imaginer que je suis aussi impliqué. Que j’instrumentalise Viya pour mes propres fins et que c’est même là la raison qui m’a poussé à l’engager.

La jeune fille se figea. Elle n’y avait pas songé une seule seconde, mais elle venait d’offrir à l’Ordre des Orateurs et à tous les ennemis de Fid de quoi l’attaquer.

– Pas que toi, Fid. Tous ceux qui ont un grief contre nous.

Viya repensa aux paroles d’Archibald. L’équilibre des corporations était fragile. Murée derrière sa colère, elle avait refusé de voir à quel point son acte mettait les Légendiers en danger. À Hydendark, ceux qui maniaient les mots jouissaient d’un pouvoir et d’un droit presque illimité. Tant qu’elle touchait un membre d’une Corporation, la diffamation n’était pas vraiment prohibée. Lorsqu’on était attaqué, une sorte de code d’honneur malsain voulait que l’on se fasse un devoir de se montrer plus brillant et plus fin que son adversaire. Soit on l’écrasait et le différend se concluait, soit on se montrait trop faible et l’on se bornait alors à attendre que l’affaire s’estompe dans les esprits. En revanche, la violence physique était réprouvée. S’y adonner, c’était s’attirer un mépris unanime.

George sortit alors un télégramme de la poche de son pantalon et le leur agita sous le nez.

– Viya est convoquée face au Conseil pour s’expliquer, cette après-midi. Plusieurs personnes affirment l’avoir vue sur la place au moment de l’attaque, et l’usage de la Poudre d’Escampette désigne les Légendiers de manière évidente. Archie est en ville, il y siégera.

La gorge de la jeune fille se noua. Elle aurait dû se douter que l’instance régulatrice des Corporations exigerait qu’elle comparaisse devant elle. Fid marmonna un juron entre ses dents.

– Et Véra ?

– Cette convocation est tombée au dernier moment, elle n’avait pas prévu de venir à Hydendark aujourd’hui et n’a pas pris le bateau ce matin. Je ne pense pas qu’elle soit au courant de la situation. J’irai la trouver sur l’Archipel ce soir pour tout lui expliquer, et je serai de retour demain matin.

Fid acquiesça. Puis, il saisit trois livres au hasard sur une étagère et sortit de la bibliothèque, sans un mot supplémentaire, les ouvrages sous son bras libre. Ses gestes étaient empressés, comme si le fait de s’abandonner entre leurs pages était soudain devenu la chose la plus importante au monde. Il allait sans doute lire toute la journée.

– Attendez ! intervint Viya alors qu’il atteignait les escaliers. Vous ne m’avez pas dit ce que j’étais censée faire face au Conseil tout à l’heure !

Son mentor ne s’arrêta pas. Il ne daigna pas non plus répondre. Rien, dans son attitude, ne laissait même présumer qu’il l’ait entendue. Son dédain silencieux la glaça plus que tous ses mots. De toute évidence, il ne lui pardonnerait pas de sitôt. Comment le pouvait-il, s’il ne comprenait pas ce qui l’avait poussée à agir de la sorte ? Fid n’avait jamais eu à se battre pour se tailler une place dans le monde. Lorsque vous étiez le meilleur dans votre domaine et que vous le saviez, les critiques ne vous atteignaient pas. Pour Viya, la chose se révélait toute différente. La moindre moquerie s’appuyait sur un fond de vérité, car elle n’avait connu que l’échec. Qu’y avait-il d’étonnant à ce qu’elle finisse par se venger ? Fid ignorait ce que c’était que d’être seule, médiocre, hantée par les voix de ceux qui vous disaient que vous ne valiez rien, moquée, rejetée, toujours, sans cesse ! Et pendant que ce Légendier de malheur descendait tranquillement les escaliers, aveugle à sa rage souterraine - pendant qu’il l’abandonnait -, Viya était prise de l’envie irrépressible de hurler.

Mais seule une larme qu’il ne vit pas glissa en silence sur sa joue.

 

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Edouard PArle
Posté le 01/06/2023
Coucou Romane !
Dure cette confrontation entre Fid et Viya. Ca fait mal de voir tout ces mots durs sortir et en même temps, j'attendais cette scène après les actes de Viya. La voir rétorquer avec violence à son mentor permet au moins d'exprimer ses ressentis et son mal-être, ce qui peut être un pas dans la bonne direction. Surtout que la réaction de Fid ne soit pas adaptée / bienveillante colle plutôt bien avec sa personnalité je trouve. Il commençait à se relâcher, à faire confiance et il est très déçu.
C'est également très intéressant que Viya doive se confronter au Conseil, j'ai très hâte de découvrir cette scène. Même si ça risque de ne pas être une partie de plaisir.
Hâte de lire la suite,
A bientôt !
Louison-
Posté le 19/06/2021
Coucou ! :)
Et yey la réaction de Fid! Et affreux parce qu’elle est trop triste, dans le fond :’( je t’avoue que si je m’attendais à ce qu’il l’engueule un peu, j’avais oublié qu’il tombe vite dans la boisson, si bien que j’avais pas pensé qu’il puisse se présenter à elle ivre saoul. Et je sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose? D’un côté, ça m’a surprise, et je pense en bien parce que ce n’était pas la réaction à laquelle je m’attendais, puis je me suis demandé si Fid n’avait pas été, en fait, trop sympa avec Viya ces derniers temps? Parce que c’est vrai qu’à leur première rencontre, il n’avait pas été tout tendre, puis par après il est comme très proche de Viya, si bien qu’on oublie cette ambiguïté qu’on trouve chez lui, celle qu’il a d’avoir un bon fond et pourtant il dévie parfois. Enfin je sais pas, Fid est un personnage que j’adore mais je pense que c’est aussi un type de personnage super délicat à gérer, pour pas qu’il soit incohérent et qu’il garde cette ambiguïté qui le caractérise. Donc voilà, regarde de ton côté si tu comptes le retravailler, mais sache qu’en essayant de prendre un peu de recul, je me dis qu’il était peut-être « trop sympa » dernièrement avec Viya, et qu’il perd de ce fait sa texture première qui le rend si unique :) mais je sais pas, à voir ! A voir aussi comment il agira dans la suite :)

Mais sinon, toujours au top hihi ^^ ici on comprend mieux les conséquences de l’acte de Viya, et c’est vrai qu’elles sont lourdes.... de quoi donner l’envie de découvrir la suite !!

Voilà voilà, à très vite ! ;-)
Romane
Posté le 20/06/2021
Coucou Louison !

Merci pour ton retour !
Concernant Fid, c'est compliqué. Normalement, si je ne me suis pas trompée, ce que tu pointes s'expliquera par la suite ;-) Après, c'est vrai que l'écrire est parfois un peu délicat ^^ Je vais y réfléchir !

Merci beaucoup pour ta lecture, en tout cas !
Contesse
Posté le 08/06/2021
Coucou ! Ça fait un bail, mais je ne t'ai pas oubliée, ni toi ni Viya ;)

Je me doutais que la réaction de Fid serait violente, mais alors sa réaction bourrée, c'est pire que ce que j'imaginais xD Il a un sérieux problème d'alcoolisme. Il a un côté un peu hypocrite quand même : il est fort pour confronter les gens sur leurs failles et leurs erreurs, mais jamais il ne reconnait que ses problèmes à lui, son alcoolisme et ses crises, sont aussi graves ^^

Moi je suis #teamViya de toute façon : elle méritait d'avoir sa vengeance, je suis désolée ! Tu peux pas te battre justement et loyalement avec Eugénia de toute façon ! Mais encore une fois, j'ai de plus en plus peur de sa riposte... Et de la réaction du Conseil ! Même si je pense que les Légendiers vont faire front avec Viya quand même. A voir !

A bientôt ;)
Romane
Posté le 10/06/2021
Coucou Modeste ! Heureuse de te recroiser par ici ! :-)

Mmh, oui, la réaction de Fid est assez violente. Pour tout te dire, je l'ai un peu atténuée par rapport à la scène d'origine et j'ai malgré tout hésité à la conserver. Si je l'ai gardée, c'est parce que je voulais casser le côté un peu chevaleresque de Fid et montrer, comme tu l'as très bien cernée, sa dualité : très fort pour critiquer les autres, mais pas très doué face à ses propres démons.

Je garde la surprise intacte pour ce qu'il va advenir de Viya !

A bientôt !
Prudence
Posté le 17/05/2021
Bonjour CielOrage !

Le commentaire d'Isapass me laisse sans voix ! Elle a su mettre le doigt sur tous ces petits détails qui nous titillent l'esprit sans qu'on puisse les cerner et encore moins les mettre en mots ! J'aimerais réagir justement aux points qu'elle soulève, je ne sais pas si ça peut t'aider ??? Je vais m’attarder sur le « négatif » (je mets d’immenses guillemets, parce que ton histoire est vraiment géniale, et je ne me sens pas légitime de juger ceci ou cela comme « bon » ou « mauvais »).
Je suis d’accord avec beaucoup de points qu’elle a soulevé. Je trouve également qu’Hydendark reste très esquissée ; on ne rentre pas vraiment dans le détail. Je me demande de ce fait si ce lieu ne deviendra pas un lieu secondaire et si on ne va pas quitter la ville au fil de l’intrigue. Ses descriptions restent vagues, ou pas assez nombreuses pour installer une véritable atmosphère ? J’avais été particulièrement emportée par le décor du Dôme d’Argent, pour te donner un exemple de décor et d’atmosphère qui fonctionne super bien.
Développer un peu tout ce qu’il y a autour et à l’intérieur d’Hydendark, son essence-même, ses racines et son fonctionnement interne : les types d’architecture, l’histoire des lieux, les inégalités entre les nobles et les pauvres, etc. J’ai remarqué que tu nous le racontais beaucoup et assez brièvement mais sans vraiment impliquer le lecteur, sans vraiment montrer dans les faits (je ne fais que répéter ce qu’a dit Isapass qu’on me tape sur les doigts, ahem…). Ce sont souvent des faits rapportés par le biais de Fid, de gens autour de Viya mais nous ne sommes pas plongés avec elle dans la misère et la violence réelle des lieux.
Le système politique et les échanges commerciaux, toute la géopolitique de ton univers, je ne sais pas si on en saura davantage plus tard – si cette géopolitique s’affirmera de manière plus claire et détaillée plus tard – mais ça rendrait l’univers plus présent et plus stable dans l’esprit du lecteur… peut-être ? Cette histoire de complot est géniale pour rentrer à l’intérieur de l’intrigue, je ne demande qu’à lire la suite ^^
Ensuite, mmm…. C’est vrai que Fid a accordé sa confiance facilement, maintenant qu’Isapass le souligne. C’est peut-être ça qui le rend si mystérieux, on n’arrive pas à le cerner, ni à le comprendre vraiment, à comprendre ses motivations. Je ne sais plus si Viya lui a déjà demandé pourquoi il lui accorde tant de confiance, s’il a éludé la question ou pas. Ce sont des informations qui restent cachées et qui gagneraient parfois à être révélée, je ne sais pas. Plus tard, je suppose, il faudrait avoir lu le livre en entier pour être vraiment constructif dans ses remarques xD
J’aime beaucoup les pistes qu’ouvre Isapass sur l’histoire, c’est très enrichissant. Je me suis demandée aussi pourquoi Viya a si peu confiance en elle. Ça a l’air cohérent et pourtant je ne comprends pas. Comme si c’était évident : elle est comme ça, elle le sait mais pas nous. Et le fait qu’elle le sache et pas nous, je crois que ça nous éloigne d’elle. Peut-être pourrais-tu insérer des épisodes de sa vie antérieure, des bouts de souvenirs, des scènes qui explicitent son manque de confiance en elle. Pour ma part, je sais que le manque de confiance en soi peut venir de ça (et d'autres choses encore que je ne soupçonne pas, j'essaie de montrer quelques pistes potentielles à explorer) : des gens autour de nous qui se moquent ou nous méprisent, qui nous tiennent à l’écart, qui nous empêchent d’avancer. Ce sont des gestes quotidiens, des paroles qui font mal et qui s’insinuent en nous. Petit à petit et qui détruisent notre égo. Parfois, ce sont seulement des gestes et des regards, inconscients même, mais qui sait à quel point ils peuvent être nocifs quand ils sont répétés !
Pour Eugénia, la réaction qu’elle a eut à l’encontre de Viya m’a paru cohérente, c’est comme si tu nous l’assurais, on sait que tu nous emmènes quelque part… Mais il y a un manque d’informations, je crois, qui, pour m’a part m’a un peu frustrée : je n’ai pas compris cet excès de rage alors qu’Eugénia semble se contrôler émotionnellement. Il y a une certaine cohérence incohérente (je n’arrive pas à être plus claire, je suis désolée… xD). Tout cela ne saute pas aux yeux du lecteur mais il y a cette petite frustration de ne pas comprendre, vite dissoute par la suite. C’est comme si le narrateur savait des choses qu’il refusait de nous livrer.
De cela peut venir l’impression de passivité que renvoie Viya qui ne cherche pas à en savoir plus, à percer tous les mystères qui l’entourent ; ce qui peut être frustrant pour le lecteur, qui, comme le dit Isapass, a envie de la secouer un peu pour savoir !! xD
On a envie de partir à l’aventure avec elle, se lancer dans une longue et périlleuse enquête, parce que ça sent vraiment le roussi par là-bas et la catastrophe à plein nez, et j’imagine que ce que tu nous réserves sera bien mieux que tout ce que j’essaie d’entrevoir !
Ensuite, je suis d’accord par rapport à l’importance de la Sororité : on sent bien qu’elle est importante mais pour l’instant, on ne le voit pas, et de ce fait, toutes les intrigues qui y sont rattachées perdent de leur importance (l’importance de Viya et de son statut d’élue, Sœur Helena qui vient l’avertir de ce qui va lui arriver, etc.) Isapass l’explicite bien mieux que moi alors je vais m’en tenir là ^^
En tout cas, je te remercie toujours autant de nous partager cette histoire, c’est vraiment une perle ! (je me jetais sur chaque nouveau chapitre avant de me dire qu’assoiffée comme je suis, je devrais me laisser une petite marge de lecture xD) Merci aussi à Isapass pour ses commentaire, qui, même pour les autres lecteurs sont hyper enrichissants !!

(Je me pose la question de la pertinence de mon commentaire, je le poste tout de même, mais j’ai la tenace impression de répéter ce qui a déjà été dit, simplement d’un angle différent sans apporter beaucoup de nouveautés… Bref, j'espère au moins avoir été claire ^^')
Romane
Posté le 24/05/2021
Hello Prudence ! Merci pour ton commentaire complet et constructif, je suis désolée d'y répondre si tardivement , c'est un peu la course en ce moment !


Je note tout ce que tu me dis sur le côté descriptif/ explicatif de l'univers, je vaus y remédier.

La confiance que Fid accorde à Viya va s'expliquer petit à petit... Je tiens à garder le suspens, parce que c'est important pour leur relation, mais je me demande si je ne vais pas rajouter des doutes du côté de Viya.

Je vais vraiment travaillé sur le manque de confiance de Viya, pour ancrer ça dans quelque chose de plus évident pour le lecteur. Je pense en effet passer par des petits flash-backs ^^

Je vais aussi tenter de rendre Viya un peu plus... incisive ? Elle le sera de toute façon dans les chapitres suivants.
Et il faut que je réfléchisse à la façon de rendre l'arc de la Sororité plus saillant. Le truc, c'est que Viya elle-même n'a pas trop envie d'y penser, et puisque tout ou presque se passe de son point de vue... Eh bien c'est compliqué !

Tu as été très claire, merci beaucoup d'avoir complété le retour d'Isapass avec tes propres mots et ressentis !
dodoreve
Posté le 08/05/2021
Coucou CielOrage ! Je n'avais pas pensé que Fid se confronterait à Viya en étant ivre, mais je trouve que ça fait assez sens. Et ça permet de délier des choses : s'il avait été sobre, on aurait été trop tenté de lui en vouloir de ne pas la comprendre, mais ivre, la vérité ne la frappe que plus violemment. À ce propos, ça me surprenait assez qu'il la frappe -physiquement- mais en même temps, avec le recul, ça ne me semble pas si étonnant que ça. J'ai beaucoup aimé tout ce qui a été dit sur l'orgueil et la tolérance à la critique : Viya est persuadée que Fid n'a jamais vécu tout ce qu'elle a vécu, et si on sait qu'effectivement Eugenia ne lui a pas mené la vie simple, on en sait suffisamment peu sur le passé de Fid pour se dire que c'est un peu présomptueux de sa part de le prendre pour acquis comme ça. Surtout quand il s'éloigne en claudiquant : hem hem. Il nous reste quand même à apprendre d'où viennent ce traumatisme et cette maladie. Pas de nulle part.
Je me demande comment Viya va se tirer de ce Conseil. Dans une société si régie par les mots - et qui les utilise de manière assez "idéale" : évidemment que c'est préférable à la violence physique - je ne vois vraiment pas comment elle pourra justifier ce qu'elle a fait.
Autre chose : je viens d'écrire que ça semblait "idéal", mais j'ai l'impression que ton histoire permet aussi de montrer que ça ne l'est pas tout à fait. On le percevait déjà un peu plus tôt quand il était question du droit que Viya avait d'être en colère. Certains sentiments ne peuvent s'exprimer par les mots, et d'autres ne se disent pas, ils se montrent. Je me sens bien incapable de trancher sur la question d'un "droit à la violence", mais cette affaire interroge aussi à ce propos. Hâte de voir ce qui se passera durant ce fameux Conseil !
Romane
Posté le 09/05/2021
Salut Dodoreve ! Je te réponds un peu tardivement, désolée, les derniers jours ont été prenants !

En effet, c'était important que Fid soit ivre. Déjà, parce que ce n'est pas quelqu'un de violent, et je voulais atténuer l'aspect choquant de la scène (même si la violence physique n'est pour moi pas justifiable, d'où qu'elle vienne). Et en même temps, il me paraissait important qu'il dérape (quelque part, comme Viya elle-même, ils font les mêmes erreurs)

Viya est en effet très renfermée sur ses propres tourments. Tout l'enjeu pour elle est de s'en apercevoir ^^

Pour cette dimension "idéale" d'une société dirigée par les mots... c'est tout le propos du texte ;-) Au début je me suis dis : "trop chouette, ça doit être génial un monde comme ça !", et j'étais hyper emballée. Et puis, je me suis rendue compte qu'en réalité, il y avait plein de problèmes. De la violence verbale gratuite. Une possibilité de manipuler les gens. Une compétition extrêmement forte pour avoir sa place à la lumière. Du moins, c'est ce qu'il se passe dans mon univers à moi, peut-être que dans un autre contexte, les choses seraient différentes !

Je te remercie pour ta lecture !
Isapass
Posté le 06/05/2021
Salut Ciel !

Je me suis laissée prendre par ton histoire et j'ai tout lu d'un coup sans faire de commentaire. Ceci dit, ce n'est peut-être pas plus mal parce que ça m'a donné une vue d'ensemble que je n'aurais peut-être pas eu en m'arrêtant à chaque chapitre. Donc je me propose de te faire un retour sur mes réflexions, en notant bien que certaines de mes questions trouveront peut-être des réponses dans la suite, et surtout qu'elles ne sont issues que d'un ressenti personnel, auquel tu adhéreras ou pas, mais ce ne sont en aucun cas des vérités !
Alors déjà, je commencerai en disant que mon impression est très positive, aussi j'ai tendance à chercher la petite bête, mais dis-toi bien que mes suggestions sont vraiment de l'ordre de l'amélioration, voire du tuning, parce que ta fiction a d'ores et déjà beaucoup de qualités !

J'aime beaucoup cette idée que ceux qui savent manier les mots, les idées et les histoires ont beaucoup de pouvoir (évidemment : c'est un concept qui parle à nos ego d'écrivain !). Quant à la faille sur l'autre monde, c'est extrêmement prometteur. Les objets qui surgissent de "l'autre monde" m'ont un peu évoqué le musée d'Ophélie au début de la PM (ce qui n'est pas du tout gênant, hein, et la ressemblance est vague).
Comme je suis curieuse, je t'avoue que j'ai éprouvé un peu de frustration parce que ton univers est plus esquissé qu'explicité : Hydendark est un peu décrite, mais ce qu'il y a autour l'est très peu, y compris ce qu'il y a au nord vers la Sororité. Ceci dit, ce n'est vraiment pas gênant pour l'intrigue. Sauf peut-être qu'il faudrait préciser les rapports entre les terres de la Sororité et Hydendark : si cette dernière est une cité-état, j'imagine que les seuls liens sont commerciaux ? Ca, j'avoue que ce n'est pas très net pour moi.
Tant que je suis sur les flous : dans les premiers chapitres, j'ai eu du mal à comprendre de quoi tu parlais quand tu utilises les mots Ordre ou Confrérie. Ensuite, j'ai vu que tu les associais respectivement aux Orateurs et aux Légendiers, mais peut-être qu'il serait prudent de mettre plusieurs fois Ordre des Orateurs et Confrérie des Légendiers au début.
Bref, ça ne me perturbe pas plus que ça que tu aies conservé ce flou sur ton univers, mais si tu as envie de développer cet aspect, ça pourrait être sympa aussi.

Les personnages : j'aime beaucoup le personnage de Fid. S'il est encore mystérieux pour le lecteur à ce stade, il n'en est pas moins cohérent, y compris dans ses changements d'humeur (apparemment fonction de ses libations, me semble-t-il). On sent que tu le "tiens bien". J'ai envie de lui faire confiance mais je trouve qu'il a accordé sa confiance à Viya très facilement quand même. Alors soit il est moins sympa qu'il n'y paraît et il a des desseins secrets pour elle, soit il a eu un coup de foudre pour elle ou un coup de pitié. Dans le second cas, je pense que son propre sort et celui des Légendiers lui sont trop chers pour qu'il s'abandonne à ça. On verra bien.
Quant à Viya, je suis un petit peu moins convaincue. Je trouve ça très sympa d'avoir fait d'elle un personnage sujet à un syndrome aigu de l'imposteur, mais j'ai trouvé que ça la définissait un peu trop : j'ai trouvé que tu faisais très bien passé cet aspect de sa personnalité au début, mais ensuite ça revient très souvent et ça m'a semblé un peu trop. Non qu'elle doive moins douter, mais je pense que le lecteur l'enregistre très vite et qu'on sent que c'est très ancré. Du coup, si tu le répètes tout le temps, ça finit par être redondant et ça prend toute la place, au détriment de ses autres traits de personnalité (par exemple, quand elle dit à Fid qu'elle est ambitieuse, je me suis dit que ça ne transparaissait pas vraiment). Il y a beaucoup d'introspections qui reprennent cette idée de doute et de manque de confiance en elle. Peut-être que le rappeler uniquement par du "show" et supprimer le "tell" suffirait à maintenir l'impression.
A titre tout à fait personnel, je n'ai pas non plus senti dans ce que Viya raconte sur son passé d'où lui venait ce manque de confiance si prégnant. Pour toi, ça lui vient de son enfance à la sororité ou des maltraitances d'Eugénia chez les Orateurs ? Moi je n'ai pas su trancher. Dans la vraie vie, l'origine de ce genre de sentiment n'est pas forcément très net, mais dans un récit de fantasy, je pense qu'il faut qu'on "sente" pourquoi elle doute autant de ses capacités. Je suis peut-être la seule, mais ça n'a pas été mon cas.
De la même manière, je n'ai pas non plus "senti" pourquoi il était si inconcevable pour Viya de retourner à la sororité. Enfin, je comprends bien que ce n'est pas cool du tout d'avoir un destin qu'on a pas choisi, mais je ne sais pas, j'ai eu l'impression que c'était un peu ténu. Si j'ai bien compris, elle a été amenée à la Sororité quand elle était vraiment petite, et on lui a dit qu'elle était une sorte d'élue. Du coup je trouve ça étonnant qu'elle ait développé à ce point le sentiment qu'elle ne voulait pas être là. Peut-être qu'il faudrait développer davantage les passages sur son enfance.
A moins qu'il y ait eu d'autres choses qu'on ne sait pas encore (genre maltraitance ou autre) ?
Pour mieux illustrer ce que je veux dire, dans le dernier chapitre, Viya a l'impression que Fid l'abandonne. Là, l'explication et l'intensité de ce sentiment saute aux yeux, parce qu'on fait facilement le rapprochement avec le fait que ses parents l'ont "abandonnée" à la sororité quand elle était toute petite. Du coup, ça "s'emboite" mieux.
A tout cela, j'ajoute qu'il y a un passage de plusieurs chapitres (après son arrivée chez les Légendiers) pendant lesquels Viya n'a pas d'objectif. On ne s'ennuie pas du tout puisque tu mets en place tous les ingrédients du complot, le trucage des joutes, etc... mais en ce qui concerne Viya, on a l'impression qu'elle est complètement passive. Au début, son but est de ne pas mourir de faim, ensuite de convaincre Fid de la prendre chez les Légendiers, mais ensuite... elle n'a plus de but. On n'a pas vraiment l'impression qu'elle veut prouver sa valeur, ni qu'elle veut trouver mieux, ni se venger des Orateurs... Alors ce n'est pas interdit de ne pas avoir de but, mais comme ça s'ajoute au fait qu'elle a du mal à décider de faire confiance à Fid ou non, et à ses doutes sur elle-même, ça crée un flottement qui m'a donné envie de la secouer plusieurs fois. Alors que dans le dernier chapitre, dès qu'elle s'énerve contre Fid et exprime sa colère, ça me l'a tout de suite rendue plus attachante.
Bref, je tourne autour du pot mais en synthèse, je me demande si tu ne devrais pas lui donner un objectif (ou plusieurs objectifs successifs) plus tôt, pour enlever ce flou autour d'elle qui la fait paraître passive (voire qu'elle subit les choses) et du coup, moins attachante. Par exemple, tu pourrais en profiter pour mettre en avant son ambition et elle pourrait se fixer de réussir chez les Légendiers, ou au moins d'avoir son insigne rapidement ?
(Malgré mes phrase affirmatives, je précise encore une fois que ce sont mes impressions, et que d'autres lecteurs ou lectrices ne ressentiront peut-être pas ça.)
Pour ce qui est des personnages secondaires, rien à dire, ils sont nickel (j'ai un petit faible pour Archie, mais je ne dois pas être la seule XD)

En ce qui concerne l'intrigue, j'aime beaucoup le côté complot politique. Je n'arrive pas à savoir si Eugénia est un pion ou si elle mène sa petite guerre toute seule. J'aurais quand même plutôt tendance à penser que les Orateurs se servent d'elle, même si ça lui va très bien.
La petite remarque que j'aurais sur Eugénia, c'est que j'ai trouvé que sa haine envers Viya manquait un peu de contexte. Je m'explique : le début laisse croire qu'elle est ignoble avec Viya parce qu'elle méprise ses origines. Ce qui fait que malgré l'injustice, Viya ne se pose pas plus de questions que ça (et le lecteur non plus). Le problème, c'est qu'il n'y a aucune autre manifestation de cette intolérance, en dehors d'Eugénia. Les origines de Viya ne semblent poser de problème à personne d'autre. Du coup, on en déduit que c'est beaucoup plus personnel (ce qui se confirme à mesure de l'histoire). En tout cas, le lecteur déduit ça. Viya, en revanche, ne semble se poser aucune question, même après l'humiliation aux joutes et l'agression physique à la citadelle. Et ça ne plaide pas en sa faveur : encore un argument qui m'a donné envie de la secouer un peu en lui disant "Eh, ma grande, tu veux pas savoir pourquoi elle te déteste tellement ? Ce serait intéressant de le savoir, non ?"
Or, ça ne t'arrange peut-être pas qu'on le sache dès maintenant ? Du coup, pour que l'aspect personnel de la haine d'Eugénia soit masqué par le contexte (même aux yeux du lecteur), est-ce qu'il ne faudrait pas le dissimuler au cœur d'une intolérance plus générale ? Faire en sorte de montrer qu'en plus de son manque de compétences chez les orateurs, Viya est en but au mépris ?
Et si tu ne souhaites pas faire ça, il faudrait au moins montrer que Viya essaie de savoir depuis longtemps pourquoi elle est la cible d'Eugénia. Même si tu ne donnes pas la réponse, il faudrait au moins que ça interpelle Viya. Si quelqu'un s'en prenait à toi au point de te harceler pendant des années, tu ne voudrais pas savoir pourquoi ? Et pourquoi toi ? Je pense que c'est une question légitime et que ça va paraître étonnant que Viya ne se la pose pas.

L'arc qui concerne la Sororité, j'avoue que pour l'instant, j'ai du mal à voir où ça mène. Je ne doute pas que toi tu le sais parfaitement, mais je suis un peu frustrée par le fait que tu n'en aies pas lâché beaucoup sur le sujet pour le moment ! Du coup, encore une fois, j'ai du mal à me représenter l'utilité de la sororité. Est-ce que leur travail est critique ? Quels sont les risques si elles ne gardent pas la faille ? A quel point est-ce contraignant ? Quelles sont les valeurs et croyances liées à tout ça (parce que si elles y dédient leur vie, on imagine que l'enjeu est fort) ?... Du coup, je n'arrive à me positionner sur le fait que Viya ne veuille pas faire partie des douze. Si c'est pour protéger le royaume ou le monde (genre la garde de nuit dans GoT), on peut comprendre qu'il y ait une vraie question qui se pose, que Viya puisse culpabiliser à un moment ou un autre de renoncer à ça... Si en revanche, c'est un genre de marotte, on se dit qu'elle a bien raison d'envoyer balader Soeur Helena et qu'il n'y a pas forcément de quoi en faire un arc...
Tu vas sans doute nous en dire plus, mais est-ce qu'il ne faudrait pas contextualiser le rôle de la Sororité (et donc celui que les Douze veulent attribuer à Viya) plus tôt ?

Voilà mes impressions en arrivant à la fin de ce chapitre 15. Je m'étends sur les points qui m'ont un peu gênée ou posé question, mais encore une fois, j'ai tout avalé d'un coup et j'aime vraiment beaucoup ton histoire ! C'est peut-être pour ça que je pinaille, d'ailleurs : qui aime bien châtie bien ;)
Si je n'ai pas été claire sur mes remarques et/ou si tu veux approfondir un point, n'hésite pas à me le dire. Souvent l'échange permet d'avancer !

Vivement la suite !
Romane
Posté le 08/05/2021
Coucou Isa !


Déjà, je suis vraiment heureuse de savoir que l'histoire t'as embarquée et que tu as tout lu d'une traite ! :o Ce n'est pas un petit morceau, mine de rien...

Je te remercie pour ce très long message, qui m'éclaire beaucoup ! Tu soulèves de nombreuses pistes intéressantes. Je compte peaufiner le texte pendant l'été, et tes remarques me seront très précieuses.

Je vais essayer de reprendre quelques points. Globalement, je suis plutôt d'accord avec les problèmes que tu soulèves.

L'univers un peu trop esquissé : malheureusement, c'est un travers que j'ai et qui prend source dans une peur toute bête : noyer le lecteur sous les infos. J'ai conscience que je développe un univers minimal... Pour répondre à ta question, la Sororité est plutôt une sorte de hameau enclavé qu'une cité. Elle est aussi relativement auto-suffisante. Je me rends compte que je dois préciser tout ça.

Pour Fid : les choses vont se mettre en place, mais tu as raison d'être alertée par ce côté "trop sympa" ^^ Normalement, il est justifiée par la suite, mais j'espère que l'attente ne crée pas dans l'esprit du lecteur un sentiment d'incohérence

Pour Viya : Je te rejoins sur le fait d'établir des petits objectifs.
Je vais aussi essayer de retravailler le lien émotionnel qui unit Viya à la Sororité. Je t'avoue que je vais devoir me creuser la tête, parce que sa répulsion découle justement de ce sentiment d'être prisonnière d'un destin qu'elle n'a pas choisie. J'ignore si c'est suffisant. Pour le moment, la seule piste que j'ai pour affiner un peu, c'est insister sur la sensation d'avoir été arrachée à ses parents.
Au-delà de cette question, il y a l'origine du manque de confiance que tu soulèves. Je t'avoue que je suis moi-même dans une sorte de flou quant à sa source. Comme tu le soulignes, dans la vie réelle, il est difficile de trouver un point de départ (je manque moi aussi de confiance, et je serai bien incapable de rattacher cela à un élément précis). C'est donc à creuser. Une piste, pour l'instant, ce serait que Viya aurait perdu sa confiance à force de "ramer" pour s'intégrer chez les Orateurs...


La haine d'Eugénia s'explique plus tard dans l'histoire. D'un côté, donc, c'est plutôt une bonne chose qu'elle t'intrigue... Mais si en même temps le comportement de Viya est passif face à ce mystère, c'est vrai qu'il y a un problème...
Je ne veux pas en dévoiler la raison maintenant. Techniquement, je pourrais cristaliser sur Viya un mépris général du fait de son appartenance à la Sororité, mais le problème, c'est que c'est quelque chose qu'elle a tendance à cacher et c'est important pour l'histoire. Peut-être donc qu'il faudrait que je la pousse à creuser un peu plus. À chaud (enfin pas vraiment, parce que j'ai déjà un peu cogité sur tes remarques), je me dis que je pourrais créer une vraie confrontation au Palais-Citadelle, en restant assez évasive, mais en donnant un début de réponse.

L'arc de la Sororité ; il va devenir central. La mision de la Sororité est capitale, mais la plupart des gens n'en ont pas vraiment conscience (pour la plupart des gens, ce sont des femmes qui vivent recluses au bout du monde et sont un peu folles). C'est vrai que tout ça aurait plus de poids si je contextualisais davantage. En plus, je me dis que je peux facilement le faire par l'intermédiaire de Fid, qui a une vision plus objective que Viya sur la Sororité, vu qu'il commerce de temps en temps avec le Prieuré.

Je t'avoue un truc, qui m'angoisse beaucoup, et qui explique sans doute le déficit d'approfondissement de certains éléments : mon nombre de mots. Je suis à 110.000 mots et j'ai conscience que ça peut être un frein si j'envisage une publication. Mon style est plutôt sobre (du moins, c'est l'impression que j'ai), et j'ai l'impression que tous les éléments sont importants... Du coup, je ne sais pas où couper et je manque de place ! Ce nombre de mots est une barrière psychologique, mais une barrière tout de même... ^^

Je te remercie une fois encore sincèrement pour tous ces axes d'amélioration. C'est incroyablement constructif pour moi et tu m'aides vraiment.

Je te dis à très bientôt ! (Prochain chapitre ce soir ou peut-être demain, normalement ;-) )
Isapass
Posté le 10/05/2021
Je suis ravie de savoir que je t'ai aidée, j'avais un peu peur d'être décourageante avec mes remarques de fond... Ce n'est pas toujours facile d'en recevoir quand on n'y est pas préparé (quand on a demandé une BL, c'est pas pareil, par exemple).
Bref, je te livre les idées qui me sont venues en lisant ta réponse.

D'abord, pour ce qui est de noyer le lecteur sous les infos : je dirais qu'il n'y a pas de risque si tu donnes les infos au moment où le lecteur va "en avoir besoin" ou en tout cas, se poser la question. Par exemple, quand Fid révèle qu'il connaît Soeur Helena, tu peux en profiter pour expliquer comment il peut la connaître en donnant une ou deux infos sur les relations entre Hydendark et la sororité. Quand tu parles de l'influence des trois ordres sur la vie d'Hydendark, tu peux développer un peu la géopolotique. Si tu distilles au bon moment, à mesure de l'intrigue, je ne pense pas qu'il y ait de risques.

J'ai une suggestion qui pourrait répondre à pas mal de choses : ajouter un prologue ou un chapitre flashback où tu montrerais la vie de Viya à la Sororité avant ses 12 ans. Ca te permettrait de 1) poser cette partie de l'univers, 2) introduire des éléments sur la mission de la Sororité et les relations avec le reste du monde, 3) montrer (plutôt que raconter) à quel point ça rend Viya malheureuse qu'on lui impose son destin, 4) étayer son manque de confiance en elle.

Sur ce dernier point, pour avoir fait une thérapie de plusieurs années, je peux te suggérer que l'origine du manque de confiance de Viya pourrait venir d'un sentiment de ne pas "être comme il faut". Du coup, tu pourrais montrer qu'à la Sororité, même si les Sœurs sont globalement gentilles avec elle et qu'elle a une place spéciale, on l'a beaucoup reprise en mode "ne fait pas ça/ne te tiens pas comme ça/ne mange pas ça/ne pense pas ça..., parce qu'une élue ne doit pas faire ça". Bref, si elle passe sa vie à entendre qu'elle n'est pas au niveau où on l'attend, même sans aucun sadisme, ça peut faire de gros dommages. Surtout si ensuite, ça a été pareil chez les Orateurs.

Pour ce qui est de ton stress lié à la longueur de ton roman, tu peux aussi continuer à écrire sans t'en soucier, et prévoir les coupes ensuite en fonction de ta longueur finale. En fantasy, 110k n'est pas du tout une longueur exceptionnelle, il me semble. Ca fait environ 500 pages en grand format jeunesse (c'est ce que m'avait dit Gallimard pour un manuscrit de 114k que je leur avais envoyé).

N'hésite pas si je ne suis pas claire.
A+
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